Ma grand-mère mentionne un chèque qu'elle a reçu d'Allemagne en "réparation". Elle me propose, j'ai huit ans, d'aller aux Galeries Lafayette " acheter la plus belle poupée". On prend le bus, on traverse la Seine, on va dans ce grand magasin. Au rayon Jouets, des dizaines de poupées, rondes, blondes, aux lèvres roses sont alignées. Aucune ne me plaît. Je me mets à pleurer, je ne veux aucune poupée. Je n'arrive pas à faire plaisir à ma grand-mère, choisir la plus belle poupée, payée par les Allemands, avec l'argent de la "réparation". Je les trouve toutes laides ces poupées. Nous rentrons toutes les deux, elle me tient la main. Elle ne me demande pas pourquoi je ne voulais pas de poupée, je ne lui demande pas pourquoi les Allemands veulent la " réparer". Rien ne pourra réparer sa détresse. Sa main tiède ne quitte pas la mienne.