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Citation de andrecaliremarie


Colson Whitehead

Le livre est une réflexion sur les fondements sombres de l’Amérique. Ce que résume fort bien Ridgeway, le chasseur d’esclaves brutal et cynique : “… moi, je préfère l’esprit américain, celui qui nous a fait venir de l’ancien monde pour conquérir, bâtir et civiliser. Et détruire ce qui doit être détruit. Pour élever les races inférieures. Faute de les élever, les subjuguer. Faute de les subjuguer, les exterminer. C’est notre destinée par décret divin : l’impératif américain. (p. 290).

L’écriture est celle d’un récit, d’une histoire contée calmement avec un certain détachement, on se croirait presque à une veillée, mais la réalité contée est dure, et la violence inouïe de l’esclavage dans le Sud souvent rendue par la compression extrême du style : "Peu après que l’on eut appris que Cora était devenue une femme, Edward, Pot et deux cueilleurs de la moitié sud, l’entraînèrent derrière le fumoir. Si d’aventure quelqu’un les vit ou les entendit faire, nul en tout cas n’intervint. Les femmes de Hob la recousirent. (p. 34)"
Manque d’intimité et de vie personnelle, promiscuité : chacun sait qu’elle a ses premières menstrues, viol collectif et brutal par des congénères, aucune solidarité : personne n’intervient, banalité du mal, perte de la valeur solidarité, l’exclusion sociale (le quartier de Hob est, dans la plantation, le quartier des exclus de la société noire où les conditions de vie et d’hygiène sont pires que dans les autres quartiers). Et d’où vient l’habileté des femmes âgées reléguées à Hob, sinon d’une connaissance traditionnelle de l’excision et de l’infibulation ?

À propos du tunnel et de sa signification symbolique : “… ceux qui avaient déblayé des millions de tonnes de roche, qui avaient trimé dans le ventre de la terre pour la délivrance d’esclaves comme elle. (…) Les chefs de gare, chefs de trains, sympathisants. Qui est-on quand on a achevé quelque chose d’aussi magnifique – et qu’on l’a par ailleurs traversé en le construisant, jusqu’à atteindre l’autre côté ? A un bout, il y a qui on était avant la clandestinité, avant de descendre sous terre, et à l’autre, c’est une personne nouvelle qui émerge à la lumière. Le monde du dessus doit être tellement ordinaire comparé au miracle en dessous, le miracle qu’on a créé avec sa sueur, avec son sang. Le triomphe secret qu’on garde dans son coeur. (p. 395)”
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