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Citations de Colson Whitehead (735)


Sa mère étant mexicaine, on ne savait pas où le mettre. Il avait d’abord été placé chez les Blancs, mais il était revenu si foncé de son premier jour de travail dans les citronneraies que Spencer l’avait expédié côté noir.
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Ils l’avaient appris très jeunes, à l’école, dans les rues et sur les routes de leurs villes poussiéreuses. Nickel le leur avait bien fait entrer dans le crâne : Vous êtes des Noirs dans un monde de Blancs.
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Voilà ce que je voudrais que tu saches : en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition – un héritage. L’esclavage n’a pas consisté simplement à emprunter la force de travail des Noirs : il n’est pas si facile de demander à un être humain d’engager son corps dans une activité qui va à l’encontre de son intérêt le plus élémentaire. L’esclavage doit donc être fait de violents coups de colère, de massacres perpétrés au hasard, de visages balafrés et de cerveaux qui explosent au-dessus d’une rivière alors que les corps cherchent à s’échapper. L’esclavage implique le viol, répété avec une telle régularité qu’il en devient industriel. Il n’y a pas de manière exaltante de dire ça. Je n’ai pas de chants de prière à te proposer, ni de vieux negro-spirituals. […] Pendant l’esclavage, l’âme ne s’échappait pas. L’esprit ne filait pas non plus à tire-d’aile sur un air de gospel. L’âme, c’était le corps qui nourrissait le tabac ; l’esprit, c’était le sang qui arrosait le coton ; à eux deux, ils ont fait pousser les fruits du jardin américain. Ces fruits étaient gardés et protégés grâce aux raclées qu’on administrait aux enfants avec le bois de chauffage, grâce au fer brûlant qui épluchait la peau comme une feuille de maïs. […] Les corps étaient pulvérisés, ils étaient devenus un simple stock, pour lequel on contractait une assurance. Les corps, aussi lucratifs que les terres indiennes, permettaient de rêver à une véranda, à une belle épouse ou à une maison de vacances à la montagne. Pour les hommes qui avaient besoin de se croire blancs, les corps étaient le sésame d’un club mondain ; le droit de casser les corps étaient la marque de la civilisation.
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Le fait que sa fille ait un ami noir certifié constituait donc une circonstance atténuante. Après tout, c'était bien pour ça qu'ils avaient marché sur Washington ! Les images de ce jour de 1963 sont majestueuses et sacrées : la mosaïque noir et blanc des visages et des pierres, la force du peuple telle qu'elle éclipse l'étang et le monument, efface le rictus arrogant des édifices. (p. 22)
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Elwood ne voulait pas rire, estimant que ce serait faire une infidélité à sa souffrance (96)
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Elle songea à la cueillette qui déferlait sur les sillons, aux corps africains qui travaillaient comme un seul homme, aussi vite que le permettaient leurs forces. Les vastes champs éclataient de centaines de capsules blanches, reliées entre elles à l'image de constellations dans le ciel par la plus claire des nuits claires. Quand les esclaves en avaient fini, les champs se retrouvaient dépouillés de leur couleur. C'était un processus magnifique, de la graine au ballot, mais aucun d'entre eux ne pouvait s'enorgueillir de son labeur. On les avait spoliés. Saignés.
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Comme je t'ai dit, c'était un chouette boulot. Le jeudi soir, c'était ouvert aux Noirs et les gens venaient de partout, de toutes les ligues noires, et y avait une super ambiance, mais le reste du temps, les clients, c'était juste des ploucs de la ville. Des gros cons, d'autres moins cons - des Blancs, quoi.
P. 117
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Nous venions de cesser d'être jumeaux. Nous étions nés à dix mois d'écart, et jusqu'à ce que j'entre au lycée nous étions appariés, plutôt siamois que fraternels ou identiques, définis par une inquiétante inséparabilité. Nous étions rattachés non par la hanche, la rate ou le système nerveux, mais en ce point bien plus crucial: celui où le moi rencontre le monde. (p. 14)
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Si le Nord avait éliminé l'esclavage, un jour l'abominable institution s'effondrerait partout. L'histoire des Noirs dans ce pays avait peut-être commencé par une déchéance, mais un jour triomphe et prospérité leur seraient acquis.
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S'ils peuvent tuer un esclave parce qu'il apprend à lire, que vont-ils donc penser d'une bibliothèque? Nous sommes dans une pièce qui déborde d'idées. Trop d'idées pour un homme. Ou une femme.
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Les Blancs étaient venus sur cette terre pour prendre un nouveau départ et échapper à la tyrannie de leurs maîtres , tout comme les Noirs libres avaient fui les leurs. mais ces idéaux qu'ils revendiquaient pour eux-mêmes , ils les refusaient aux autres.
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Dans l'inventaire de ses deuils, les gens n'étaient pas réduits à des sommes mais multipliés par leur bonté. Les gens qu'elle avait aimés, les gens qui l'avaient aidée.
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«... J'ai quelque chose pour toi.» Il fourragea dans sa musette de cuir. «C'est l'édition de cette année, mais j'ai pensé que ça te plairait même si on est déjà en octobre. Quand je trouverai un endroit où ils ont celui de l'an prochain, je te le prendrai.»
Elle lui saisit la main. L'almanach avait une drôle d'odeur savonneuse, et il crépita comme un feu quand elle tourna les pages. Jamais elle n'avait été la première personne à ouvrir un livre.
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Poésie et prière donnaient aux gens des idées qui les faisaient tuer, en détournant leur attention de l'implacable mécanique du monde.
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Ce furent les chaînes qu’elle vit en premier. Des milliers de chaînes accrochées au mur, qui pendaient tel un inventaire morbide de menottes et d’anneaux, d’étaux pour les chevilles, les poignets et les cous, dans toute leur variété et leurs combinaisons. Des chaînes pour empêcher un individu de s’enfuir, de bouger les mains, ou pour suspendre un corps à fouetter. Toute une rangée était dévolue aux chaînes pour enfants, avec leurs minuscules menottes relié par des anneaux. Une autre exhibait des fers si épais que nulle scie ne pouvait les entamer, et des fers si fins que seule la pensée du châtiment empêchait celui qui les portait de les rompre. Une collection de muselières ouvragées avait droit à son propre pan de mur, et dans un coin s’empilaient des boulets et des chaînes. Les boulets disposés en pyramide, les chaînes déployées en forme de S. Certaines entraves étaient rouillées, d’autres brisées, d’autres encore semblaient avoir été forgées le matin même. Cora s’en approcha et toucha une bouche de métal garnie de pointes qui rayonnaient vers le centre. Elle conclut que c’était censé se porter en collier.
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Parfois, une illusion utile vaut mieux qu’une vérité inutile.
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Quel est ce monde, pensa-t-elle, qui fait d'une prise vivante votre seul refuge. Etait-elle libérée de ses liens ou prise dans leur toile ? Comment décrire le statut d'une fugitive ? La liberté était une chose changeante selon le point de vue, de même qu'une forêt vue de près est un maillage touffu, un labyrinthe d'arbres, alors que du dehors, depuis la clairière vide, on en voit les limites. Etre libre n'était pas une question de chaines, ni d'espace disponible. Sur la plantation, elle n'était pas libre, mais elle y évoluait sans restriction, elle goûtait à l'air frais et suivait la course des étoiles d'été. C'était un endroit vaste dans son étroitesse. Ici, elle était libérée de son maitre, mais elle tournait en rond dans un terrier si minuscule, qu'elle ne pouvait même pas y tenir debout.
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« Fanny Briggs était une esclave qui a appris à lire toute seule. » (…)
Les temps changent. Dans une ville où la population de couleur s’exprime de plus en plus (et ne peut s’empêcher d’organiser des manifestations assommantes pour le compte de journaux à sensation ou de jeter des légumes pourris sur les orateurs de meetings trop policés), il était logique de baptiser le nouveau bâtiment municipal du nom d’une des héroïnes de la communauté noire. Le maire n’est pas un imbécile. On ne devient pas le patron d’une ville aussi grande et aussi démente quand on est un crétin. Le maire sait que, ici, on n’est pas dans une ville du Sud, ni dans une ville de nouveaux riches ni dans une ville d’anciens riches, mais dans la ville la plus célèbre du monde, et que les règles y sont différentes. Le nouvel édifice municipal fut baptisé le Fanny Briggs Memorial Building, et ce choix suscita peu de protestations et encore moins de jets de tomates pourries.
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Si les nègres étaient censés jouir de leur liberté, ils ne seraient pas enchainés. Si le Peau-Rouge était censé conserver sa terre, elle serait encore à lui. Et si le Blanc n'avait pas été destiné à s'emparer de ce nouveau monde, il ne le posséderait pas.
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And America, too, is a delusion, the grandest one of all. The white race believes - believes with all its heart - that it is their right to take the land. To kill Indians. Make war. Enslave their brothers. This nation shouldn't exist, if there is any justice in the world, for its foundations are murder, theft, and cruelty.
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