L'aube pointait. Une coulée d'or s'intercala brusquement entre la mer et le ciel. À mesure que le soleil montait, l'or éclipsa peu à peu la brume bleutée. La nuit avait été très humide, et les arbres couverts de rosée luisaient sous les premiers rayons; leur masse sombre était éclairée par des fleurs roses vif, jaune tendre ou ivoire. Le chant des oiseaux de paradis s'élevait dans les frondaisons, tandis que les fougères et les broussailles murmuraient sous la brise.
Pour les indigènes, le cannibalisme est une pratique écologique; ils estiment que c'est du gâchis d'enterrer les morts ou de les incinérer. Quand leurs parents décèdent, ils les mangent. (...) Tout étranger peut être considéré comme un cochon gratuit.
Cet endroit a quelque chose d'inquiétant...Ne te moque pas de moi, Charley, je le sais, je le sens...C'est le personnel. Je perçois de l'hostilité malgré leurs sourires et les fleurs qu'ils ont aux oreilles. Ça me rappelle ce voyage aux Fidji...les indigènes étaient tous accueillants et charmants et, le lendemain de notre départ, ils ont mis le feu à l'hôtel. Il ne suffit pas de construire un établissement de luxe quelque part pour que tout change.
Peut-être le tourisme n'engendre-t-il pas l'amitié entre les peuples, mais au contraire l'hostilité. Peut-être ne fait-il qu'accroître les préjugés raciaux et provoque-t-il chez eux de la haine à notre égard.
Maxine croyait fermement qu’il était possible d’améliorer son apparence, en particulier grâce à la chirurgie esthétique. C’est une chose qu’on se doit à soi-même, affirmait-elle. Dents, yeux, menton, seins, tout chez elle avait été remonté et consolidé, à tel point qu’elle n’était plus qu’une collection d’invisibles coutures. Malgré tout, ce n’était pas une beauté, mais quand elle repensait à son adolescence et se remémorait son nez proéminent, ses dents de cheval et son maintien embarrassé, elle était heureuse qu’on l’eût poussée à y remédier.
Malgré leur corps de femme, les élèves de l’Hirondelle étaient encore des enfants. Avec une vigueur et une exubérance de jeunes chiens, elles riaient à tout propos, gambadaient, folâtraient, poussaient des cris et, dans l’ensemble, elles se conduisaient plutôt stupidement. Les cours les ennuyaient, l’amour les fascinait ; c’est la passion qu’elles auraient voulu étudier et leur unique ambition était de tomber amoureuses. Une troublante atmosphère d’attente s’était installée et elles se préparaient à être des femmes !
Il lui était parfois difficile de concilier les deux faces opposées de son image publique. D’un côté, elle aimait être considérée comme une femme chaleureuse, directe, travailleuse, une femme qui va déjeuner d’un hot-dog au coin de la rue, une femme laborieuse, semblable à ses lectrices. D’autre part, ces mêmes lectrices s’attendaient à lui voir mener une fascinante vie mondaine, à ce qu’elle s’habille comme elles auraient souhaité s’habiller et à ce qu’elle se conduise comme une célébrité.
Malgré tout, l'épouse d'un futur président de la Nexus jouait un rôle semblable à celui d'une femme d'ambassadeur, et elle se devait d'être élégante.
La vulnérabilité était un gros handicap dans les affaires et Judy préférait avoir une réputation d’enfant terrible, de tyran miniature et d’une redoutable directrice de journal qui avait fait du chemin et qui entendait aller encore plus loin. On la considérait comme une femme avec qui il faut compter, une femme qui vous oblige à réfléchir plus vite, mais dotée d’un faible pour les belles chaussures.
Ce nouveau livre allait sûrement faire un malheur ; encore un best-seller en perspective. Vraie ou fausse, l’histoire de Lili devrait être un numéro gagnant. Elle était belle, romantique, irrésistible, fascinante, et le public était friand de détails sur sa vie.