Ce qui m'a rappelé un propos de Varvara : "Si j'étais un homme, je serais amoureux de ton mari". J'aurais dû lui demander ce qu'elle entendait par là. Au risque de me faire prendre pour une idiote. Depuis, je me suis rendu compte qu'il y a des silences aussi bêtes que des paroles.
De retour chez elle pour prendre un dernier verre, nous avons retrouvé Yvette qui nous attendait. Yvette l'esclave, l'adoratrice, la victime, le paillasson. Yvette devait être jolie, dans son genre un peu mièvre, durant la brève période où Léda l'avait mise dans son lit. Rejetée, humiliée, elle était, paraît-il, heureuse, et pourquoi pas ? Yvette est toujours là, assiste au défilé des amours, aux scènes, aux répudiations. Elle mange, elle est devenue très grosse.
Je sais qu'il y a des gens à qui c'est égal de vivre dans l'à-peu-près, ce n'est pas mon cas, je passe mon temps à vérifier, par exemple à traquer mes possibles fautes d'orthographe ou de grammaire. On dit que le langage sert à exprimer sa pensée. Pour moi c'est l'inverse, les pensées me viennent souvent des mots. Ainsi, en écrivant le mot, je me suis demandé tout à coup si les sentiments n'obéissent pas à une grammaire plutôt qu'à une logique.