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Citations de Louis Constant Wairy (23)


Avant de livrer une bataille, l'Empereur recommandait toujours que dans le cas où il serait blessé, on prît toutes les précautions pour en dérober la connaissance aux troupes. "Qui sait, disait-il, quelle horrible confusion ne produirait pas sur une semblable nouvelle ? A ma vie se rattachent les destinées d'un grand empire. Souvenez-vous-en, Messieurs, et si je suis blessé, que personne ne le sache, si c'est possible. Si je suis tué, qu'on tâche de gagner la bataille sans moi ; il sera temps de le dire après."

Page 503.
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Quant à moi, je ne tairai point le sentiment pénible que j'éprouvai la première fois que je sortis dans Paris, et que je traversai les promenades publiques à mes heures de loisir ; je fus frappé de la quantité extraordinaire de personnes en deuil que je rencontrai , c'étaient des femmes, des soeurs de nos braves moissonnés dans les champs de la Russie, mais je gardai pour moi cette pénible observation.

Page 738.
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On ne comprend pas que des hommes se soient mis jusqu'à la bouche dans une eau chargée de glaçons, ramassant tout ce que la nature leur avait donné de force, tout ce que l'énergie du dévouement leur laissait de courage pour enfoncer des pieux à plusieurs pieds dans un lit fangeux ; luttant contre les plus horribles fatigues, éloignant de leurs mains d'énormes glaçons qui les auraient assommés et submergés de leur poids ; en un mot, ayant guerre, et guerre à mort avec le plus grand ennemi de la vie, le froid. Eh bien, c'est ce que firent nos pontonniers français. Plusieurs périrent entraînés par les courants ou suffoqués par le froid. C'est une gloire, ce me semble, qui en vaut bien d'autres.

Page 718.
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La chasse dura près de deux heures, pendant lesquelles environ soixante cerfs et chevreuils furent tués. L'espace que ces pauvres animaux avaient à parcourir était fermé par des toiles, de sorte que les monarques pouvaient les tirer à plaisir, sans se déranger assis aux croisées du pavillon. Je n'ai jamais rien trouvé en ma vie de plus absurde que ces sortes de chasse qui donnent pourtant à ceux qui les font la réputation de tireurs habiles. La grande adresse, en effet, que de tuer un animal que des piqueurs vont, pour ainsi dire, prendre par les oreilles, pour le placer en face du coup de fusil !

Page 480.
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Je me souviens d'une autre chasse qui eut lieu vers la même époque, dans la forêt de Saint-Germain, et à laquelle l'Empereur avait invité un ambassadeur de la sublime Porte*, tout nouvellement arrivé à Paris. Son Excellence turque suivit la chasse avec ardeur, mais sans déranger un seul muscle de son austère visage. La bête ayant été forcée, Sa Majesté fit apporter un fusil à l'ambassadeur turc pour qu'il eût l'honneur de tirer le premier coup ; mais il s'y refusa, ne concevant pas sans doute quel plaisir on peut trouver à tuer à bout portant un pauvre animal épuisé, et qui n'a même plus la fuite pour se défendre.

(Page 311)

*porte d'honneur monumentale du grand vizir à Constantinople, siège du gouvernement du sultan de l'Empire ottoman.
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Louis Constant Wairy
On a beaucoup parlé de la maladresse de leurs premiers courtisans, très peu habitués au service que leur imposaient leurs nouvelles charges, et aux cérémonies de l'étiquette ; mais on a beaucoup exagéré là-dessus, comme sur tout le reste. Il y eut bien, dans le commencement, quelque chose de cet embarras que les gens du service particulier de l'Empereur avaient éprouvé, comme je l'ai dit plus haut. Pourtant cela ne dura que fort peu, et messieurs les chambellans et grands officiers se façonnèrent presque aussi vite que nous autres valets de chambre. D'ailleurs il se présenta pour leur donner des leçons une nuée d'hommes de l'ancienne cour, qui avaient obtenu de la bonté de l'Empereur d'être rayés de la liste des émigrés, et qui sollicitèrent ardemment, pour eux et pour leurs femmes, les charges de la naissante cour impériale.

(page 164)
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L'Empereur se plaisait à le [Corvisart] taquiner en parlant de la médecine, dont il disait que ce n'était qu'un art conjectural, que les médecins étaient des charlatans, et il citait ses preuves à l'appui, surtout sa propre expérience. Le docteur ne cédait jamais quand il croyait avoir raison. (...) M. Ivan, chirurgien ordinaire, avait, aussi bien que M. Corvisart, sa bonne part de critiques et de médisances contre son art. Ces discussions étaient fort amusantes ; l'Empereur y était très gai et très causeur, et je crois que quand il n'avait pas d'exemples sous la main à citer à l'appui de ses raisons, il ne se faisait pas scrupule d'en inventer. Aussi ces messieurs ne le croyaient-ils pas toujours sur parole.

(page 214)
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On a beaucoup parlé de la maladresse de leurs premiers courtisans, très peu habitués au service que leur imposaient leurs nouvelles charges, et aux cérémonies de l'étiquette ; mais on a beaucoup exagéré là-dessus, comme sur tout le reste. Il y eut bien, dans le commencement, quelque chose de cet embarras que les gens du service particulier de l'Empereur avaient éprouvé, comme je l'ai dit plus haut. Pourtant cela ne dura que fort peu, et messieurs les chambellans et grands officiers se façonnèrent presque aussi vite que nous autres valets de chambre. D'ailleurs il se présenta pour leur donner des leçons une nuée d'hommes de l'ancienne cour, qui avaient obtenu de la bonté de l'Empereur d'être rayés de la liste des émigrés, et qui sollicitèrent ardemment, pour eux et pour leurs femmes, les charges de la naissante cour impériale.
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"M. de Bourienne a peut-être raison de traiter avec sévérité l'homme politique ; mais ce point de vue n'est pas le mien. Je ne puis parler que du héros en déshabillé ;
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Sa Majesté ne se fit point connaître ; elle aimait, en répandant ses bienfaits, à garder l'incognito. Je connais dans sa vie un grand nombre d'actions semblables à celles-ci. Il semble que ses historiens aient fait exprès de les passer sous silence, et pourtant c'était, ce me semble, par des traits pareils qu'on pouvait et qu'on devait peindre le caractère de l'Empereur.

(page 298)
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(...) car si, en politique, des opinions, quelles qu'elles soient, ne sont jamais coupables, on n'en doit pas moins être puni sous tous les gouvernements possibles, lorsque par opinion, on se fait voleur et assassin.

Page 553.
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(...) Il [Charles Sulmetter, commissaire général de la police de Vienne] avait commencé par être premier espion de l'Empereur, et ce métier avait été profitable pour lui au point de lui faire amasser quarante mille livres de rente. Il était né à Strasbourg, avait commencé par être chef de contrebandiers en Alsace, et la nature l'avait merveilleusement organisé pour cet état comme pour celui qu'il exerça ensuite ; il le disait lui-même en racontant ses aventures, et prétendait que la contrebande et la police avaient ensemble beaucoup de points de ressemblance ; que le grand art d'un contrebandier était de savoir éviter, comme celui de l'espion de savoir chercher.

Page 546-547.
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L'introduction en France des marchandises anglaises était alors [septembre 1811] sévèrement défendue, toutes celles qu'on parvenait à saisir étaient brûlées sans miséricorde. De tout le système de politique offensive établi par Napoléon contre la tyrannie maritime de l'Angleterre, rien ne lui tenait plus à coeur que l'observation rigoureuse des décrets de prohibition. La Belgique renfermait alors beaucoup de marchandises anglaises, qu'elle tenait cachées avec soin, et dont chacun se montrait naturellement très avide, comme on l'est d'un "fruit défendu". Toutes les dames de la suite de l'Impératrice en firent d'amples provisions, et on en chargea plusieurs voitures, non sans crainte que Napoléon en fût informé et ne fît tout saisir en arrivant en France.

Page 651.
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Il est certain aussi que, à part tout sentiment religieux, la fidélité du peuple à ses anciennes habitudes lui faisait retrouver avec plaisir le repos et la célébration du dimanche. (...) Le fait est qu'il y avait, pour la classe ouvrière, et pour toutes les classes occupées d'un travail pénible, trop d'intervalle d'un décadi* à l'autre. Je ne sais si c'était l'effet d'une routine enracinée ; mais le peuple, habitué à travailler six jours de suite, et à se reposer le septième, trouvait trop longues neuf journées de travail consécutives. Aussi, la suppression des décadis fut-elle universellement approuvée.

décadi : en italiques dans le texte - période de dix jours dans le calendrier républicain.

(page 94, au sujet du rétablissement du culte par Napoléon Bonaparte)
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L'Empereur était impitoyable pour tous ceux qui portaient les armes contre leur patrie ; et combien de fois ne lui ai-je pas entendu dire qu'il n'y avait pas de plus grand crime à ses yeux !
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Toutes les fois que Napoléon jetait les yeux de ce côté, il était visible que de bien tristes réflexions lui venaient à l'esprit, quoi qu'il n'eût plus ces mouvements d'impatience qui le prenaient fréquemment lors de son premier séjour au palais, quand il voyait la flamme venir à lui et le chasser de ses appartements. Mais il était dans ce mauvais calme d'un homme soucieux qui ne peut dire où iront les choses. Les journées étaient longues au Kremlin. L'Empereur attendait la réponse d'Alexandre, réponse qui ne vint pas. A cette époque je remarquai que l'Empereur avait habituellement sur sa table de nuit l'histoire de Charles XII, de Voltaire.

Page 705.
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C'est le duc de Dantzick qui le premier entra dans Moscou. L'Empereur ne vint qu'après. Il fit son entrée pendant la nuit. Jamais nuit ne fut plus triste : il y avait vraiment quelque chose d'effrayant dans cette marche silencieuse de l'armée, suspendue de temps en temps par des messages venus de l'intérieur de la ville, et qui paraissaient avoir un caractère des plus sinistres. On ne distinguait de figures moscovites que celles de quelques mendiants couverts de haillons qui regardaient avec un étonnement stupide défiler l'armée. Quelques-uns firent mine de demander l'aumône. Nos soldats leur jetèrent du pain et quelques pièces d'argent. Je ne pus me défendre d'une réflexion un peu triste sur ces malheureux, les seuls dont la condition ne varie pas dans les grands bouleversements politiques, les seuls sans affections, sans sympathies nationales.

Page 695-696.
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Au silence de t'attente, qui avait suspendu comme par enchantement la marche de toutes les personnes répandues dans tous les quartiers de la ville, succéda un mouvement d'enthousiasme difficile à peindre. Dans ce vingt-deuxième coup de canon* était toute une dynastie, tout un avenir. Les chapeaux volaient en l'air ; on courait au-devant les uns des autres, on s'embrassait sans se connaître, en criant : "Vive l'Empereur !" De vieux soldats versaient des larmes de joie, en pensant qu'ils avaient contribué de leurs sueurs et de leurs fatigues à préparer l'héritage du roi de Rome, et que leurs lauriers allaient ombrager le berceau d'une dynastie.

*le 22e coup de canon annonce la naissance d'un garçon : Napoléon est père du futur roi de Rome.

Page 620.
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Voilà pourquoi je suis entré dans quelques détails sur celui-ci ; s'ils paraissent trop longs ou trop dépourvus de nouveauté à quelques lecteurs, je les prie de se souvenir que je n'écris pas seulement pour ceux qui ont vu* l'empire. La génération qui fut témoin de tant de grandes choses et qui a pu envisager de près, et dès ses commencements, le plus grand homme de ce siècle, fait déjà place à d'autres générations qui ne peuvent et ne pourront juger que sur le dire de celle qui les a précédées.

*vu : en italiques dans le texte.

(page 109-110)
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Si l'excès de la misère dessèche l'âme, quelquefois elle l'élève bien haut, comme on le voit. Beaucoup des plus misérables se brûlèrent la cervelle par désespoir. Il y avait dans cet acte, le dernier que la nature indique pour en finir avec la misère, une résignation et une froideur qui font frémir. Ceux qui attentaient ainsi à leurs jours se donnaient moins la mort qu'ils ne cherchaient à mettre un terme à des souffrances insupportables, et j'ai vu dans toute cette désastreuse campagne combien sont choses vaines la force physique et le courage humain là où n'existe pas cette force morale qui naît d'une volonté bien déterminée.

Page 717.
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Sur les traces d'un jeune artiste né en 1851 à Montpellier dans une famille protestante aisée, passionné de musique et pratiquant la peinture en dilettante. Après avoir abandonné ses études de médecine pour se consacrer entièrement à la peinture il rejoint l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre où il rencontre Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Claude Monet auxquels il se lie et qu'il soutient financièrement à plusieurs reprises. A distance de la peinture académique et partageant leurs idéaux esthétiques Frédéric Bazille fait partie du groupe naissant des premiers impressionnistes. Pourquoi n'a-t-il pu participer à la première exposition impressionniste de 1874 ? 😭✝️

Il s'était brouillé avec Claude Monet en 1873
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