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Citations de Constantin Cavafis (133)


189. ADDITION


Suis-je heureux ou malheureux, je n'y réfléchis pas.
La seule idée qui me remplissent de joie,
C'est que dans la grande addition — leur addition que je hais,
Leur addition à tant de chiffres — je ne compte pas, moi,
Comme unité. Dans la somme totale,
Je ne suis pas entré. Cette joie me suffit.
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CHE FECE...IL GRAN RIFIUTO

A quelques-uns arrive un jour
d'avoir à choisir entre le grand Oui
et le grand Non. Se révèle aussitôt celui
qui a le Oui tout prêt en lui, et de le dire

le fait aller plus loin dans l'honneur et dans sa conviction.
Celui qui refuse ne regrette rien. Si on lui reposait la question,
c'est non qu'il redirait. Et pourtant il l'accable,
ce non- dans sa jeunesse- durant toute sa vie.
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AU MÊME ENDROIT

Atmosphère de la maison, des cafés, du quartier
que j’ai sous les yeux et où je marche ; depuis des années.

Je t’ai façonnée dans la joie et dans les peines :
avec tant d’événements, avec tant de choses.

Et te voici, pour moi, devenue l’amour même.
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L'IMPOSSIBLE

Il existe une joie, mais elle est bénie,
une consolation jusque dans ce malheur.
C'est que la fin nous délivre de tout ce fatras
de journées insipides et triviales.

Un poète a dit : "La musique la plus douce
est celle qu'on ne peut pas entendre ".
Et moi, je crois que la vie la meilleure
est celle qu'on ne peut pas vivre.
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Mais j’ai eu tort de prononcer ce mot Amour. Il m’est tout simplement odieux. Il mêle tout : un besoin, un divertissement, - une danse animale -, une terrible maladie qui brouille l’esprit et les nerfs, - une idolâtrie
avec ses rites, ses superstitions, ses sacrifices, ou une sorte de somnambulisme, avec ses chutes du toit dans la rue.
Non, ce mot est trop commode. Et puis… il rend semblables. Je n’ai jamais pu supporter l’impression de répéter un refrain que tous ont fredonné. C’est pourquoi je hais la vie, la nature, la mémoire… Que sais-je ? C’est une sorte de folie chez moi. Je le sais. J’ai donc toujours essayé de ne pas me sentir redite.
L’afïaire AMOUR s’est présentée à mon esprit sous une forme assez étrange. Quand j’ai eu à peu près compris de quoi il s’aglssait, tout ce que j’en savais s’est comme simplifié, cristallisé en deux questions, qui n’en font peut-être qu’une ?...
Que peut-on faire d’un AUTRE ?
Que peut-on faire avec un AUTRE ?
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[1913]
Je suis allé
Je n'ai accepté aucune chaîne. Je me suis totalement donné et je suis allé ...
Vers des jouissances qui étaient en partie réelles
Et que j'avais en partie imaginées,
Dans la nuit éclairée, je suis allé.
Et puis, j'ai bu des vins forts, comme
Souvent en boivent les hommes qui se sont voués aux plaisirs...

[Traduction de Dominique Grandmont, p. 99]
Je n'ai pas voulu m'attacher. J'ai tout donné de moi, puis je suis parti.
Vers des jouissances qui se sont avérées à-demi réelles,
en même temps que les folles chimères de mon cerveau,
je suis parti dans la nuit illuminée.
Et j'ai bu des vins âpres, comment savent
en boire les hommes de plaisir.
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6. CIERGES


Les jours à venir se tiennent devant nous,
Rangée de petits cierges allumés,
Dorés, chauds et vivaces.

Les jours passés restent derrière,
Triste ligne de cierges éteints.
Les plus proches fument encore,
Froids, fondus et courbés.

Je ne veux pas les voir, leur aspect m'attriste
Comme m'attriste le souvenir de leur forme première.
Je regarde devant moi les cierges allumés.

Je ne veux pas regarder en arrière, je ne veux pas frémir de
 voir
La hâte de la ligne noire à s’allonger.
La hâte des cierges éteints à se multiplier.
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POÈMES

93.   POUR QU'ELLES REVIENNENT


Une bougie suffit.     Sa faible lueur
Convient mieux,     sera plus chaleureuse
Quand viendront, quand viendront    les ombres de l'amour.

Une bougie suffit.     Que la chambre ce soir
N'ait pas trop de lumière.     Livré au rêve
Et aux évocations,     dans la faible lumière
Ainsi livré au rêve,     je ranimerai les visions
Pour que reviennent, pour que reviennent    les ombres de
 l'amour.
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Une autre Odyssée

... Alors il est parti.

Tandis que les côtes d'Ithaque
s'estompaient peu à peu devant ses yeux
et qu'il mettait pleines voiles vers le couchant,
vers le pays des Ibères, les colonnes d'Hercule, -
loin des eaux achéennes, -
il se sentit revivre, en rejetant ainsi
ces liens devenus insupportables
du ménage et la routine des affaires courantes.
Et son coeur d'aventurier
en éprouvait une jouissance froide, dépourvue d'amour.

p. 245
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LEUR ORIGINE

Leur plaisir coupable vient de connaître
son assouvissement. Ils se sont levés du lit,
et s’habillent à la hâte, sans parler.
Ils sortent de la maison l’un après l’autre, furtivement ; et comme
ils marchent avec une certaine inquiétude dans la rue, on dirait
qu’ils redoutent que quelque chose sur eux ne trahisse
à quel genre d’amour ils viennent de céder.

Mais la vie de l’artiste n’a eu qu’à y gagner.
Demain, après-demain, ou des années plus tard, s’écriront
les poèmes brûlants dont l’origine était ici.
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QUAND ELLES SURGISSENT

Essaie de les retenir, poète,
même s’il y en a peu qui s’arrêtent.
Les visions de ton désir.
Glisse-les, à demi voilées, dans tes phrases.
Essaie de les retenir, poète,
quand elles surgissent dans ton cerveau,
la nuit ou dans le plein éclat de midi.
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IONIENNE
Nous avons beau avoir brisé leurs statues,
nous avons beau les avoir chassés de leurs temples,
les dieux n’en sont pas morts pour autant.
Ô terre d’Ionie, c’est toi qu’ils arment encore,
toi que leurs âmes se rappellent.
Quand se lève sur toi un matin du mois d’août,
un frisson de leur vie pénètre ton atmosphère;
et parfois, vaporeuse, une silhouette d’adolescent,
indistincte, d’un pas rapide,
passe à travers tes collines.
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Jours de 1903 -

Je ne les ai plus retrouvés - eux que j'aurai si vite perdus...
les yeux pleins de poésie, la pâleur
du visage... dans la nuit qui gagnait la rue...

Je ne les ai plus retrouvés - eux que le hasard seul m'a donnés,
et dont je me suis si facilement détaché ;
pour les désirer ensuite avec angoisse.
Les yeux pleins de poésie, cette pâleur du visage,
ces lèvres-là, je ne les ai plus retrouvés...

(extrait de "Poèmes 1916-1918")
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ITHAQUE

Lorsque tu feras voile pour Ithaque
souhaite que la route soit longue
pleine d’aventures, pleine d’expériences.
Les Lestrygons et les Cyclopes
le furieux Poséidon, ne les crains pas,
tu ne trouveras pas de choses pareilles sur ta route
si ta pensée reste élevée, si une délicate émotion
anime ton esprit et ton corps.
Les Lestrygons et les Cyclopes
le farouche Poséidon, tu ne les verras pas
si tu ne les portes dans ton âme
si ton âme ne les dresse devant toi.

Souhaite que la route soit longue.
Que soient nombreux les matins d’été
où – avec quel plaisir, quelle joie –
tu entreras dans des ports vus pour la première fois ;
arrête-toi dans des bazars phéniciens
et achète les bonnes marchandises,
nacres et coraux, ambres, ébènes,
et parfums voluptueux de toutes sortes,
le plus possible de parfums voluptueux.
Va dans plusieurs villes égyptiennes
apprends et apprends encore auprès des sages.

Ithaque doit toujours être présente à ton esprit.
Y arriver est ton destin.
Mais ne presse nullement le voyage.
Mieux vaut qu’il dure plusieurs années
et que, vieillard enfin, tu abordes dans l’île,
riche de ce que tu auras gagné en chemin
n’espérant pas qu’Ithaque te donne des richesses.

Ithaque t’a donné le beau voyage.
Sans elle tu n’aurais pas pris la route.
Elle n’a rien d’autre à te donner.

Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
Sage comme tu l’es devenu, avec tant d’acquis
tu dois avoir déjà compris ce que sont les « Ithaques ».

(p. 51-52 - traduction de Ange S. Vlachos)
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Gris 
 
Alors que je contemplais une opale plutôt grise, 
Je me suis souvenu de deux beaux yeux gris. 
Ce sont bien là vingt années qui, depuis, ont passé ... 
Notre amour dura un mois. 
Ensuite, il s’en est allé, à Smyrne, me semble-t-il, 
Pour travailler là-bas, et nous ne nous sommes plus revus. 
 
Ils auront bien changé, les yeux gris – s’il est encore de ce monde – 
Et il aura perdu tout son éclat, le beau visage .... 
 
Ma mémoire, garde-les, toi, tels qu’ils étaient alors. 
Ma mémoire, tout ce que tu pourras, de cet amour mien,  
Tout ce que tu pourras, ce soir, apporte-le moi ... 
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EROS. chapitre I, le corps.
L'érotisme, particulièrement chez les sujets masculins, dit-on, l'érotisme naît de la perception d'abord visuelle d'une personne, d'un corps qui va provoquer ainsi une attirance particulière. Même si tout cheminement érotique devrait être in fine l'acte sexuel espéré, la retenue due à une délicieuse frustration patiente est engendrée par l'imagination libérée mais ne survit que dans la perspective, évidemment, d'une future et éventuelle exploration de l'être convoité.
p. 33
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31. ITHAQUE (Traduction C. ZERVOS et Patricia PORTIER)


Quand tu partiras pour Ithaque,
Souhaite que la route soit longue,
Riche d'aventures et d'enseignements.
Ne crains pas les Lestrygons,
Les Cyclopes ou la colère de Poséidon.
Tu ne verras rien de tel sur ta route
Si ta raison reste haute, si ton âme et ton corps
Ne sont touchés que par des émotions choisies.
Tu ne rencontreras pas les Lestrygons,
Les cyclopes ou Poséidon déchaîné
Si tu ne les portes pas en toi,
Si ton âme ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que la route soit longue,
Que nombreux soient les matins d'été
Où tu entreras — avec quel délice,
Avec quelle joie ! — dans des ports inconnus.
Attarde-toi dans les comptoirs phéniciens
Et fais de beaux achats :
Nacres et coraux, ambres et ébènes,
Parfums voluptueux de toutes sortes,
Toujours plus de parfums voluptueux.
Rends-toi dans de nombreuses villes d'Égypte,
Apprends encore et encore de leurs érudits.

Garde toujours Ithaque dans ton esprit,
C'est vers elle que tu vas.
Mais ne hâte pas ton voyage :
Mieux vaut qu'il dure beaucoup d'années,
Que tu sois vieux déjà en abordant ton île,
Riche de ce que tu auras gagné sur ta route,
Et sans espoir qu'Ithaque te donne des richesses.

Ithaque t'as donné ce beau voyage.
Sans elle, tu n'aurais pas pris la route.
Elle n'a plus rien à te donner.

Même si elle te paraît pauvre, Ithaque ne t'as pas trompé :
Maintenant que te voilà sage avec tant d'expérience,
Tu auras compris ce que les Ithaques veulent dire.
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J'ai tant contemplé la beauté
que mes yeux en sont tout emplis.
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VOIX

Voix sublimes et bien-aimées
de ceux qui sont morts, ou de ceux
qui sont perdus pour nous comme s'ils étaient morts.

Parfois, elles nous parlent en rêve ;
parfois, dans la pensée, le cerveau les entend.

Et avec elles résonnent, pour un instant,
les accents de la première poésie de notre vie -
comme une musique qui s'éteint, au loin, dans la nuit.
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J’AI TELLEMENT FIXÉ

J’ai tellement fixé la beauté
que mes yeux en sont pleins.

Lignes des corps, lèvres rouges, membres voluptueux.
Chevelures comme empruntées
à des statues grecques ; toujours belles
même si en désordre, et qui tombent,
un peu, sur la blancheur des fronts.
Visages de l’amour comme les voulait mon art…
Dans les nuits de ma jeunesse,
dans mes nuits, furtivement, rencontrés…

(p. 88 - traduction de Ange S. Vlachos)
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