Stanley Coren

L'homme a un grand pouvoir de parole, mais la plus grande partie en est vide et trompeuse. Celui des animaux est petit, mais ce peu est utile et vrai. Or, une chose petite et sûre vaut mieux que beaucoup de fausseté.

Léonard de Vinci, Carnets, vers 1500.

A en croire une vieille légende, le roi Salomon possédait une bague en argent sur laquelle son sceau était ciselé à côté du nom véridique de Dieu. Cette bague lui conférait le pouvoir de comprendre les animaux et de leur parler. Lorsqu'il mourut, on la cacha dans une grande demeure pourvue de nombreuses portes. Enfant, je rêvais d'avoir moi aussi une bague magique pour parler avec mes chiens.

Tout amateur de chiens vous assurera non seulement que les différentes races varient considérablement par leur intelligence, mais vous haranguera sur le mérite de certaines races comparé aux limites de certaines autres. Ces gens utilisent le mot "intelligence" dans le sens d'aptitude à être dressés, et leurs opinions se rapportent à l'intelligence de travail et d'obéissance. (...)
Le point de vue qui sous-tend, c'est que certaines races sont faciles à dresser, alors que d'autres sont sans espoir. La plupart des experts sont prêts à reconnaitre que chaque chien doit posséder un certain niveau d'intelligence instinctive pour être utile à l'Homme. Par ailleurs, ils présument que certains chiens sont trop lents ou trop indisciplinés pour être capables d'apprendre d'autres tâches que celles auxquelles les prédispose leur hérédité. Faut-il les croire ? Les races présentent-elles de si grandes différences en matière d'intelligence de travail et d'obéissance ? (...)
J'ai supposé qu'on avait dû effectuer de nombreuses études systématiques en laboratoire pour comparer les différentes races entre elles dans ce domaine. C'est, hélas, loin d'être le cas.
(...) C'est alors que l'idée m'est venue qu'une autre source possible d'informations sur l'intelligence de travail et d'obéissance des chiens était peut-être accessible. Il s'agissait, en l'espèce, des comptes rendus des concours d'obéissance canine...

De nombreux éléments liés à la personnalité sont déterminés génétiquement. Par conséquent, on peut élever les chiens pour leur personnalité exactement comme on le fait pour d'autres aspects de leur comportement, notamment ceux qui relèvent de leur intelligence instinctive.

Un chien qui a réellement un comportement spécialisé dans un domaine donné (...) convient sans doute mieux à ce domaine particulier d'activité et peut avoir du mal à s'adapter à des environnements où ce comportement ne serait pas requis ou apprécié. A contrario, un chien ne possédant aucune aptitude instinctive exceptionnelle sera sans doute doué d'une meilleure intelligence d'adaptation. Selon sa personnalité et un certain nombre d'autres critères, ce chien-là pourrait se révéler être le bon choix pour des situations où les tâches demandées et les environnements auxquels il faudra s'adapter sont complexes et variés.

Le fait qu'il soit doué pour la mémorisation et l'apprentissage n'implique pas automatiquement qu'un chien soit capable de résoudre des problèmes. Si certaines races manifestent du talent dans les deux domaines, d'autres pourront obtenir des résultats brillants dans l'un d'eux tout en étant seulement moyens dans l'autre. Par ailleurs, au sein de toute race, on rencontre des individus brillants et d'autres qui le sont moins.

De nos jours, on tient pour grossier, sexiste et "politiquement incorrect" le fait de sport référer aux différences de sexe lorsqu'on évoque le comportement, la personnalité ou l'intelligence. Et pourtant, certaines différences apparaissent clairement entre les comportements des chiens et ceux des chiennes dans le domaine de la résolution de problèmes et de l'obéissance.

Même dans les races les moins douées , certains chiens travaillent très bien, alors que d'autres, appartenant pourtant aux races les plus brillantes, sont incapables d'apprendre quoi que ce soit ou d'accomplir ce qu'on attend d'eux. L'un des juges m'a dit : "Cela dépend en grande partie de la personne à qui revient la tâche de dresser le chien."

C'est la volonté du chien de travailler pour l'homme qui compte, et non son niveau d'intelligence.

Un vieux chien reste toujours ce chiot que vous avez dressé dans le temps. Loin d'être indifférent, il reste toujours très attaché aux choses, il manque seulement de vigueur et commence à montrer des signes d'"usure".