L'amour de la liberté naît toujours de la fuite d'un quelque chose, d'une quelque part.
Elle n’existait qu’à travers le regard de l’écrivain. Il lui avait permis de traverser son enfance et son adolescence de manière détachée. Il était alors son unique protection, que jamais personne ne lui ôterait. Elle se l’était juré. Une promesse faite à cette petite fille d’alors, malmenée et dont la parole n’avait aucun poids, condamnée au silence, à une stricte obéissance abrutie. Un pacte à travers les années, entre un passé révolu mais vivace et u futur en pointillés, sous forme d’attente.
Elle rêvait d’une oeuvre majeure dans laquelle son véritable talent d’écrivain serait applaudi. Elle n’avait jamais douté de la plume délicate tenue par l’artiste sommeillant en elle, un animal de cirque privé de son milieu naturel et destiné au seul divertissement. Elle avait l’impression d’écraser davantage ce don chaque jour,de ne l’exploiter que de manière vulgaire, de lui faire honte même.
devant le corps sans vie d'une mère absente, Gabrielle devine le ventre camouflé et ce qu'il a fait naître, trois êtres que rien de rapproche, aux âges différents, aux existences éparpillées, aux prétentions divergentes. Elle veut considérer l'abandon mais n'ose pas. N'a jamais osé.