Lorsque ma mère me coucha dans ma tombe, la terre prit sur elle d'être pour moi une mère de substitution. Elle se montra abondante et nourricière, prodigue d'aliments et de paroles et de présence. Elle me réchauffa et elle me sauvegarda. Et pourtant, ma mère est ma mère. malgré ces secours plus que généreux, le meilleur de ce que la terre pouvait offrir, je n'ai jamais lâché l'idée de la voir revenir.
Lorsqu'elle n'avait pour se guider ni la certitude du soleil ni les fleurs à tête héliotropique, Jessie campait et attendait le soir. Dans la montagne, une journée couverte était souvent suivie d'une nuit claire où elle arrivait toujours à repérer la Croix du Sud et la première étoile brillante en dessous, et elle savait que le sud était à mi-chemin entre le pied de la Croix et la belle étoile, soit la distance de ses mains tendues.
Si la terre pouvait parler, de qui raconterait- elle l’histoire ? Sa préférence irait- elle à ceux qui, à genoux sur elle, se sont écharpé les doigts à la retourner à mains nues ? À ceux qui, soir après soir, s’y laissaient choir comme sur le sein d’une mère, l’arrosant de leurs larmes et de leur sang ? Ou à ces autres qui aspirent à s’en éloigner, aussi loin que les oiseaux, coupant le ciel dans une stridence qui ne connaît pas les pleurs ? Tel est sans doute le désir de la terre, pour ceux que des ailes tiennent en suspens. En bas où je suis, j’ai fini par comprendre deux choses : les oiseaux retombent et la terre sait attendre. Tôt ou tard, tout lui sera remis, avec les dents et la peau et les rognures d’os. Un jour, ceux- là mêmes qui cherchent à planer là- haut se retrouveront plantés comme une racine torse dans sa noirceur compacte. Comme moi. Telle est sans doute la leçon de la terre.
Nos sentiments ne valent pas nos deux vies, Jack Brown.
Les jours où sa propre existence lui semblait à tel point inconsistante qu'il craignait d'être littéralement emporté par le vent, il se rappelait donc le fait de la gravitation. Il y trouvait une consolation.
Si la terre pouvait parler, de qui raconterait- elle l’histoire ? Sa préférence irait- elle à ceux qui, à genoux sur elle, se sont écharpé les doigts à la retourner à mains nues ? À ceux qui, soir après soir, s’y laissaient choir comme sur le sein d’une mère, l’arrosant de leurs larmes et de leur sang ? Ou à ces autres qui aspirent à s’en éloigner, aussi loin que les oiseaux, coupant le ciel dans une stridence qui ne connaît pas les pleurs ? Tel est sans doute le désir de la terre, pour ceux que des ailes tiennent en suspens. En bas où je suis, j’ai fini par comprendre deux choses : les oiseaux retombent et la terre sait attendre. Tôt ou tard, tout lui sera remis, avec les dents et la peau et les rognures d’os. Un jour, ceux- là mêmes qui cherchent à planer là- haut se retrouveront plantés comme une racine torse dans sa noirceur compacte. Comme moi. Telle est sans doute la leçon de la terre.
C'était une de ses nuits où Jack Brown sentait le monde se réduire aux limites du cercle éclairé par son feu de camp.
Son sommeil était peuplé de cauchemars de Fitz, si bien qu'elle ne cessait, jour et nuit, de ricocher sur les murs de son passé. Elle avait l'impression d'être retournée en prison, à ceci près qu'elle était maintenant sa propre geôle. (p. 149)