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Citation de JohannesK


Il y a quelque chose de brutal, ou peut-être d'animal seulement, dans la promptitude avec laquelle un enfant retourne à ses jeux après l'un de ces intermèdes qui ont suspendu au-dessus de sa tête le mouvement des sphères. Il semblait impossible de le voir quitter ce sortilège sans armes ni rébellion. Mais comme si il émergeait d'un songe, à la façon des animaux et des miraculés qui vont en quête de nourriture à l'instant même où ils ouvrent les yeux, il aura tôt faire de dire j'ai faim, et après avoir pris avidement sa part de goûter, c'est à cloche-pied qu'il s'échappera pour la manger ailleurs : non sans un soupçon d'effronterie, comme si pousser des cris ou chanter à tue-tête était une manière d'afficher son détachement. Il se retournera de préférence, alors, vers le monde des bêtes, et qu'il tire le chien par le collier ou empoigne le chat, il se jettera avec eux dans une course folle à travers le jardin.
Non pas que l'enfant ne vive dans un rapport parfait avec les objets qui l'entourent. Au contraire. Immergé dans la grâce d'une sensualité sans défaut, ses mains saisissent l'orange, elles s'enfoncent dans la richesse d'un pelage ou d'une eau vive avec tout l'aplomb d'un ange et la même vélocité. Mais l'enfant ne le sait pas. Il ne pourra le savoir que le jour où sa mémoire se refermera comme un cercle sur ses propres commencements. Le vieux le sait en revanche. Leur dialogue se déroule entre un jardin où l'on est nu sans le savoir et un vestibule où l'on s'est dénudé.
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