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Critiques de Cyril Dion (171)
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Demain : Un nouveau monde en marche

" L'humanité est confrontée à une crise mondiale. Peut être la plus grande de notre génération."

Yuri Noal Harari, The World After Coronavirus.





Cyril Dion parlait déjà, en 2015, de "Un nouveau monde en marche"...

Dans les années 50/60, l'agriculture ne pouvait pas satisfaire la demande, face à la croissance démographique. "Cette approche productiviste a contribué à la pauvreté rurale (endettement, engrais et pesticides) et à accroître les problèmes de santé liés à une alimentation de mauvaise qualité."

On a privilégié la Quantité à la Qualité !





Tout le monde en parle, mais les alternatives sont rares (à cause des lobbyings, bureaucratie, règles contradictoires...?)

Ou encore à cause des géants de l'agroalimentaire, des grands céréaliers, firmes agrochimiques...





Un début d'alternative, par le "Food Lab" avec leur credo: PPP (les profits, les personnes, la planète) qui fut inspiré du réseau BALLE: Business Alliance for Local Living Économies.

Une agriculture urbaine, pour rebâtir des communautés et vivifier les villes.





Un truc à la mode, en 2012, le Manger Local?

Dès le début, ce fut 800 fermes entre les buildings de Boston, Seattle, Washington et 20 000 parcelles communautaires cultivées...

La France était à la traîne?...





Est-elle toujours et encore en queue de peloton?





Rencontrez Nick Green, docteur en biochimie devenu un "paysan urbain.

On le croirait sorti d'un roman de Tolkien."





Ou encore Pam Warhurst qui tient un café coopératif, le Bear Café !





Pour en revenir à la France: seulement à peu près 30 supermarchés coopératifs en 2018, le "permis de végétaliser" en ville, autorisation à demander à la mairie (Toujours la bureaucratie...) Et le "Locavore" peine à trouver sa place...





Que sera demain, après le Covid19 ?

Le budget alimentaire des ménages a augmenté de 30%, pendant le confinement mais a été compensé par le budget lié aux sorties ( bars, restos, ciné...etc) . Et on a consommé des fruits et légumes français ( plus chers!)

J'ai peur, quant à moi, que les mauvaises habitudes ne reprennent...

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Animal

« Approche petit, approche que je te parle aujourd'hui de l'abeille. »

Le vieil homme ouvrit le livre, des images, des dessins d'animaux, des insectes, des oiseaux, peuplaient les pages, couraient, prenaient leur élan, prêts à s'envoler...

« Dis, grand-père, ce sont bien les abeilles qui autrefois donnaient le miel ?

- Oui, c'était comme cela qu'on produisait le miel avec ta grand-mère. Tu te rappelles, je t'ai montré les ruches au fond du jardin. Elles sont désormais vides... »

Une ombre mélancolique traversa le visage du vieil homme, son regard perdu dans le vague.

« On les entendait bourdonner du matin jusqu'au soir... C'était comme un chant qui se mélangeait à celui des oiseaux.

- Des oiseaux ? Il y avait des oiseaux dans le jardin ?

- Oui, un vrai festival, avec des variétés différentes. Des rouges-gorges, des mésanges, des pies, des geais, des roitelets... Une vraie volière ! Ça piaillait, ça jacassait, ça sifflait à tue-tête. Avec ta grand-mère on ne s'entendait parfois plus parler, mais je préférais cela au silence d'aujourd'hui. C'est terrible, le silence.

- Pourquoi les oiseaux ont-ils disparu ?

- C'est à peu près pour les mêmes raisons que les abeilles ont disparu. Les pesticides ont détruit tous les insectes et les oiseaux avaient besoin aussi d'insectes pour se nourrir. Même les mouches aussi ont disparu. Je regrette le temps où elles nous agaçaient, c'était à cause des vaches dans le champ du voisin. »

Le vieil homme s'est mis à rire.

« Les vaches ?

- Oui, tu sais bien, celles qui nous donnaient du lait. C'était comme cela autrefois, pas comme maintenant...

Une autre page se tourna, avec des vagues, des embruns, la mer bleue, l'horizon à perte de vue... Puis, au détour de la page vinrent des baleines, des tortues de mer, des dauphins...

« Et les baleines aussi ont disparu ?

- Oui comme la plupart des espèces maritimes. Là c'est une autre histoire, c'est à cause des plastiques qui pullulaient les océans, sans compter les pêches industrielles, même celles interdites... »

L'enfant continua de tourner les pages du livre et immobilisa son regard sur le dessin du loup. Un magnifique loup blanc.

« Je me souviens que tu me racontais l'histoire du loup quand j'étais plus petit. Lui aussi a disparu ?

- Ils ont fini par les exterminer jusqu'aux derniers... C'était une louve avec ses petits... Ils pensaient bêtement que les loups ne pouvaient pas cohabiter avec les humains.

- Et nous, grand-père, est-ce qu'on va disparaître, nous aussi ?

Il y eut un long silence.

Le vieil homme demeura muet, les yeux perdus dans le vague. C'est terrible, le silence...

C'est alors que je me suis réveillé en sursaut, je venais de faire un cauchemar. Sur la table de chevet il y avait ce livre formidable, Animal, de Cyril Dion, dont je venais d'achever la lecture la vieille au soir... Un livre inspirant, pédagogique, fouillé, riche d'exemples et de pratiques...

Si le climat est devenu un sujet incontournable, une autre crise écologique, sans doute aussi grave, est encore largement absente des préoccupations des politiques et de nous autres citoyens du monde : c'est celle de la destruction accélérée du vivant.

Les scientifiques appellent cette grande crise écologique la sixième extension de masse des espèces.

Ces quarante dernières années 68% des populations d'animaux sauvages vertébrés ont disparu. Et l'hécatombe est loin d'être terminée, elle ne fait peut-être que commencer... En réalité, nous ne sommes pas à proprement parler entrés dans cette sixième extinction (une extinction de masse suppose la disparition de 75% des espèces), mais le rythme auquel les espèces disparaissent pourrait nous y conduire d'ici la fin du siècle. Alors le petit conte que j'avais imaginé pour introduire mon billet ne serait plus du tout une dystopie. Alors notre monde pourrait devenir inhabitable.

Animal est un livre qui nous parle de cela, nous emmène dans un voyage à travers le monde pour comprendre ce phénomène, remonter à la source du problème : notre relation au monde vivant, mais surtout imaginer comment nous pourrions l'enrayer.

Pourquoi ces espèces disparaissent-elles exactement ? Que pouvons-nous faire pour l'éviter ? Avons-nous notre part de responsabilités ? Avons-nous le droit de laisser faire ça (moralement, éthiquement, philosophiquement) ? À quoi servent toutes ces espèces ? Comment décider de les protéger ou d'empêcher de les éradiquer ? Comment renouer une relation avec le vivant ? En quoi pouvons-nous devenir acteur de ce changement, redevenir acteur de la destinée de notre humanité ?

C'est un peu à toutes ces questions que ce livre tente de répondre, d'une manière simple et didactique au travers de rencontres qui nous entraînent aux quatre coins de la planète.

Le livre nous met en immersion au coeur du réacteur. Nous visitons des élevages intensifs, nous essayons de comprendre comment on a pu en arriver là, à cette folie de la consommation, du toujours plus... le ton n'est pas accusateur, ni moralisateur. Comprendre notre part de responsabilités sans montrer du doigt.

Les belles rencontres de ce livre, ce sont aussi celles d'éminents et passionnants biologistes, des climatologues, des anthropologues, des philosophes, des naturalistes, des activistes...

Chaque rencontre donne lieu à un voyage. Nous rencontrons ce paysan qui a décidé de convertir toutes ces terres en agriculture biologique suite à un accident avec un herbicide. Nous rencontrons d'autres paysans qui mettent en place des écosystèmes différents et possibles. Nous entrons dans les coulisses du Parlement européen où se trament les lobbyings. Nous faisons la connaissance d'avocats activistes sur une plage près de Bombay devant un océan de plastique. Dans le Jura, des scientifiques parlent à des bergers et brusquement le dialogue s'instaure autour du thème du loup. Plus loin c'est au Canada sur une île dans le sud de l'Alberta que nous rencontrons une biologiste qui a su réintroduire sur ce territoire fragile une variété de renard gris qui avait disparu, le pygargue à tête blanche, le cochon sauvage, réinventer un écosystème qui était présent sur l'île du temps des Chumash, les Amérindiens qui vivaient sur l'île autrefois... J'ai aimé aussi cette rencontre avec l'éthologue britannique Jane Goodall, qui sait nous transmettre avec l'acuité de son engagement sa fascination pour le monde naturel.

Et puis arrive ce beau chapitre intitulé « Réensauvager et restaurer les habitats », qui m'a fait penser au livre que vient de chroniquer Sandrine (alias HundredDreams), Réensauvager la nature pour sauver la planète, dont la lecture de son merveilleux billet m'a donné envie de m'atteler à l'écriture de celui-ci, comme un écho... Ici ce chapitre nous montre cette très belle expérience du Costa Rica qui a réussi à entreprendre un reboisement de son territoire et développer des actions remarquables en faveur de l'environnement grâce à une politique volontariste, citant par exemple cette collaboration avec les indiens Brörán.

Le lien qui couture toutes ces histoires, c'est le vivant toujours.

Comment nous reconnecter avec le vivant ? Cette question est au centre d'Animal.

Ici des femmes des hommes, rencontrés aux quatre coins de la planète, qui agissent par des initiatives remarquables, transmettent l'espoir et l'enthousiasme, redonnent foi en l'humanité. Nous en avons plus que jamais besoin.

Le livre pose des questions sociétales essentielles : le changement doit-il passer par nous-mêmes ou par la loi ?

Face à des problèmes qui engagent le pronostic vital de l'humanité, devant l'inaction des gouvernements ou leurs mobilisations homéopathiques, on se dit alors que c'est à nous d'opérer la métamorphose.

Avec nos petits bras, nos petits pas sur le rivage des océans, avec nos petits jardins, nos petits balcons, nos enfants...

Parce que nous faisons partie du monde des vivants.

Agir à petits pas, c'est faire sa part du colibri.



« La question n'est pas seulement : « quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? » mais aussi : « Quels enfants laisserons-nous à notre planète ? » Pierre Rabbi

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À l'orée du danger

« À l’orée du danger

Face aux hordes sauvages

Et aux glaciers effondrés.



Ma main retombe souvent,

Raide comme une assiette



Ma main frêle

Où se lisent les plissures et les veines

Que la vie se plaît à gonfler

Pour une journée

Encore. »



Une journée encore pour découvrir un nouveau poète : Cyril Dion que je connaissais déjà comme essayiste et réalisateur. Une poésie à l’image du bonhomme, qui :



- s’insurge contre notre mode de vie, « ces jobs empestés qui ne nous promettent rien que pelouses et pavillons rayonnages et caddies pleins cocktail fluos et retraites à point », contre la société de consommation, avec « ces écrans qui vomissent burgers bagnoles baskets », et contre la course au fric, « qui n’est qu’un tas de papier, la merde sucrée, celle qui tue les enfants et fait gonfler les sexes » ;



- dénonce notre hypocrisie, ou plutôt notre schizophrénie : « tenir les codes temporairement éloigner le chaos, la sauvagerie qui nous tient par la gorge » et « tordre nos progénitures comme nous avons été tordus avant qu’elles ne nous tordent à leur tour qu’elles ne libèrent le désordre ardent que nous avons mis tant de temps à remiser nos faces hideuses»;



- s’interroge sur l’humain, sa place dans le monde : « où s’arrête réellement ce que nous appelons « nous-mêmes » et où commence ce que nous appelons « autre » quelle certitude nous permet d’affirmer que nous ne sommes pas arbre ? la danse des atomes et des particules n’établit pas ce type de limites ».



Heureusement il nous reste les caresses de l’autre et le sexe en attendant le delta et l’étendue de lumière. Et cette exhortation finale, en note optimiste, à « détourner nos regards des montagnes d’or et des rivières de sang » car « nous sommes ceux que nous attendions ».

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Imago

Dans ce roman, nous suivons la vie de trois personnes : Amandine, une mère et deux de ses enfants : Fernando et Nadr.

Elle a été forcée d'abandonner le cadet, issu d'un père palestinien et n'a pas été vraiment à la hauteur avec l'aîné, dont le père est un catholique lambda.

Ce livre est bien écrit, le style est clair et la psychologie des personnages approfondie.

Les sujets collent à l'actualité du moment (écrit en 2005) et l'écologie, dont l'auteur est devenu spécialiste, est aussi évoquée.

J'ai aimé les citations des poèmes de Mahmoud Darwich, célèbre palestinien.

Je n'ai guère apprécié la fin, un peu abrupte et peu explicite.
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Imago

En prenant pour toile de fond le conflit israélo-palestinien, l’auteur nous propose quelques fragments de vie de quatre personnages touchés par ce drame.



Nadr et Khalil sont frères et vivent dans la bande de Gaza. Si le premier aime les livres et les poèmes, Khalil, très tôt attiré par la violence se rapproche du Hamas et se laisse peu à peu embrigader par les forces du Djiad pour gagner la France et y commettre l’irréparable.

Fernando Clerc, depuis son bureau à Paris travaille pour une institution internationale, proche du FMI, chargé de procurer des fonds aux nations en voie de développement.

Amandine, mère désespérée préfère vivre seule, en forêt, pour tenter de préserver le peu d’espoir qu’il lui reste.



Il est difficile d’en dire davantage. «Imago » est une histoire qui se dévoile peu à peu à travers des destins brisés.

Cyril Dion signe un premier roman captivant, porté par une écriture percutante.

Une réelle réussite.







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Demain : Un nouveau monde en marche

En 2012, Cyril Dion, qui dirige alors l’ONG Colibris initiée par Pierre Rabhi, prend connaissance d’une étude annonçant la disparition possible d’une partie de l’humanité d’ici à 2100. Menée par un groupe international de vingt-deux scientifiques, l’étude synthétise des dizaines d’autres travaux sur l’augmentation de la population, la disparition massive des espèces, le changement du climat, la pollution, la déforestation, etc. Alors que cette nouvelle devrait faire la une de tous les médias, mobiliser largement, elle fait à peine l’objet d’un traitement de seconde zone. Cyril Dion change alors de stratégie. Plutôt que d’amplifier le concert des catastrophes auxquelles

l’humanité sera confrontée, il décide d’élaborer une vision désirable de ce que pourrait être l’avenir. Avec l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent, il voyage dans dix pays pour découvrir à quoi notre monde pourrait ressembler demain, si nous mettions bout à bout certaines des meilleures solutions que nous connaissons déjà dans l’agriculture, l’énergie, l’économie, l’éducation et la démocratie. De ce voyage sont nés cet ouvrage et le film Demain. Ce livre est le récit de la genèse du film mais aussi des différentes étapes de cette aventure extraordinaire qu’a représenté le tournage. Il permet au lecteur d’approfondir les thématiques abordées dans le film et de découvrir des initiatives qui n’ont pas pu y figurer. Cyril Dion raconte ces rencontres hors du commun avec des femmes et des hommes qui changent le monde. Tantôt sur le mode du récit, tantôt sur celui du dialogue, en texte et en image, ce livre nous entraîne sur la voie du changement et de la transition, de l’espoir et de l’initiative, sur celle d’« un nouveau monde en marche ».
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Petit manuel de résistance contemporaine

Ce petit manuel est simple à lire, même si les idées exposées sont déjà bien connues. Reste à les mettre en application...

La planète est en danger et Cyril Dion a le mérite de proposer des solutions, critiquables peut-être, mais la polémique est parfois utile.

"Les petits pas, les petits pas, ça ne suffit pas" chantaient les jeunes lors des manifestation contre le changement climatique, les Colibris font trop de petits pas et pas assez de grands et le "système" Pierre Rabhi est contestable mais c'est mieux que ne rien faire et rester les bras croisés en regardant le monde brûler...

Et le mérite de ce livre consiste aussi à élaborer un autre récit que celui des médias officiels.
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Imago

Une terre, du sang, des larmes

En racontant la vie de Khalil et Nadr dans la bande de Gaza, Cyril Dion décortique la question palestienne et illustre les possibles dérives de cette situation.



https://www.demain-lefilm.com/



Cyril Dion, que l’on connaissait surtout pour son documentaire à succès intitulé Demain, réalisé avec Mélanie Laurent, fait ses premiers pas avec un roman bien davantage à vertu pédagogique que militant. Mais quand bien même, il n’est pas question pour lui de prendre parti dans le conflit qui oppose israéliens et palestiniens, il suffit de décrire les conditions de vie des habitants de la bande de Gaza pour comprendre combien elles sont aujourd’hui à la limite du supportable. Depuis 1967, Rafah n’est plus que l’ombre de la cité qu’elle était avant le conflit avec Israël. Depuis un demi-siècle et quelques conflits meurtriers – sans oublier les acrochages fréquents – le quotidien des habitants ressemble à un mauvais rêve. Le narrateur d’Imago nous décrit ainsi celui de l’un de ses personnages principaux: « Nadr habitait au nord de Rafah, quelque part au milieu du champ d’ordures qui faisait face à la mer. Chacune de ses journées commençait au lever du soleil, à l’heure où les premières chaleurs le tiraient du lit. Il se lavait au-dessus du seau, puis se plantait devant l’entrée du petit bâtiment. Devant lui, il posait ses deux seuls livres, qu’il lisait et relisait. L’un de Darwich, l’autre de Rûmî. Vers huit heures commençait le défilé: jeunes, vieux, femmes, enfants. Il les regardait s’agiter dans la poussière et les détritus, le dos bien calé sur son vieux siège de toile. Ce qu’ils appelaient encore “le camp” (mais qui, d’un camp de réfugiés avait progressivement été transformé en quartier sale et délabré) était aux portes de la ville et, dès les premières heures du jour, de petites grappes d’hommes s’en échappaient, quittaient les amas de ferraille et de pierres, les ruelles aux édifices morcelés, les dédales de fils électriques et de canalisations sauvages, pour rejoindre les rues animées du centre. Pas un ne pouvait déloger Nadr de son trône en lambeaux. Il leur criait de foutre le camp et restait assis à contempler le vide, faisant crânement rebondir son couteau dans sa paume. Il ne s'intéressait pas aux informations et se contentait de hocher la tête à celles qu'on lui rapportait d'Al Jazeera, de CNN, d'Euronews, d'Al Arabiya, de la MBC, de la BBC... Autant que possible, il évitait de s'éloigner du quartier. »

Nadr est est né en 1987, dix ans avant Khalil, son demi-frère. Ensemble, ils vont se débrouiller, même si au bout du compte leurs trajectoires vont suivre des voies totalement opposées. « Tous deux travaillaient à la carrosserie de Jalil ou au restaurant de leur oncle Mokhtar, chaque fois qu’on avait besoin d’eux. Grossissant les petits groupes d’hommes qu’on voyait se presser dans les échoppes et les ateliers, passant le plus clair de leur temps à fumer et à rire, tandis que deux ou trois d’entre eux se concentraient sur leur ouvrage. Khalil méprisait leur condition. Rêvait d’autre chose que de moisir dans une prison en ruine. Depuis quelque temps, il s’était rapproché du Hamas, s’agitait autour des cadres du parti, haranguait les foules aux rassemblements, s’inventait une piété. Embarrassait Nadr. Lui aussi avait été démarché par ces types. Mais il ne parvenait pas à les aimer. Leurs discours étaient gorgés des mots du prophète mais rien de ce qu’il percevait ne collait vraiment avec son idée d’Allah, de la beauté, de l’éternel. "Ou bien parais tel que tu es, ou bien sois tel que tu parais", écrivait Rûmi. Aucun de ces hommes n’était à la hauteur de cette phrase. »

Mais Khalil est d’un autre avis. Quand son frère lit des livres, lui apprend à manier les armes et entend se battre, quitte à perdre la vie dans un attentat-suicide. Quand il décide de mettre son plan en éxécution, Nadr n’a d’autre issue que de tenter de l’arrêter en partant à sa recherche.

Il s’engage dans l’un des tunnels qui mènent en Egypte, puis prend la direction d’un port où un bateau le mènera jusqu’à Marseille, puis Paris « Nadr progressait dans le sable, longeait la mer, deux ou trois cailloux dans chaque chaussure. L’horizon s’éployait à perte de vue, le manque d’eau et de nourriture l’étourdissait, la chaleur le faisait chanceler. Pourtant, son cœur était léger et sa poitrine fière, soulagée d’un immense fardeau. Chaque nouvelle foulée, chaque minute hors de cette prison était une promesse encore indistincte. »

L’occasion aussi de revenir sur son histoire mouvementée et sa double appartenance. Car son père est palestinien et à arraché son fils à sa mère française. Cette dernière a participé à la création d’une organisation non gouvernementale qui a pour nom «International Human Nature Rights et qui se définit comme la «première ONG à mettre sur le même plan les droits humains et ceux de la nature». Dans cette constellation, on retrouve aussi Fernando Clerc, fonctionnaire d’une organisation internationale chargé de valider des dossiers d’aide et dont le petit confort va soudain être remis en cause par une mission d’évaluation sur le terrain.

Dans cette course contre la montre, tout l’enjeu est dès lors de savoir lequel parviendra le premier à son imago, c’est-à-dire suivant le définition de ce terme qui donne son titre au roman «au stade final d'un individu dont le développement se déroule en plusieurs phases».

Cyril Dion réussit son pari en faisant de cette quête intime une démonstration qui a valeur universelle. Oui, «Chacun d’entre nous vit avec sa propre prison, plus ou moins large. Et fait ce qu’il peut pour en sortir… »


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Demain : Un nouveau monde en marche

Tout commence par un rappel sur la situation environnementale et ses conséquences dramatiques si nous n’agissons pas. Mise au point nécessaire puisque nous, humains, malgré toutes les informations en notre possession, sommes globalement sans réaction et très lents pour prendre des décisions politiques face aux désastres écologiques et économiques annoncés.



« Les plus grands défis de l’humanité ne sont pas la faim, la pauvreté, le développement durable, la paix, l’éducation, l’économie, les ressources naturelles... mais notre capacité à nous organiser collectivement pour pouvoir les résoudre. » Jean-François Noubel.



Cyril Dion fait justement le choix de présenter, de façon positive, différentes initiatives menées de part le monde, à différentes échelles. Même si bien sûr elles ont des limites, ces actions ont le mérite d’exister. Ces histoires se veulent inspirantes. Elles sont là pour nous amener à nous mobiliser, à trouver des solutions, à sortir des intérêts personnels avant de basculer dans l’irréparable.



Livre très intéressant et qui montre l'importance d’une plus forte participation de la population pour obtenir une meilleure politique, du dialogue et de la concertation entre citoyens pour décider du futur de nos sociétés, en évitant la « pollution » des médias.
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Demain : Un nouveau monde en marche

Préparer demain.



Les crises se succèdent et semblent insolubles. Cyril Dion a décidé de montrer et mettre en valeur des pionniers. Leur but ? Faire face aux défis de demain.



Cette lecture fût très intéressante. J'avais entendu parler du film et j'ai découvert qu'un livre en était tiré. Cyril Dion a voyagé autour du monde pour rencontrer des acteurs qui pensent le monde de demain. En effet, face aux crises écologiques, économiques et sociales il est urgent de trouver des solutions.



L'auteur a travaillé autour de cinq thèmes: l'agriculture, l'énergie, l'économie, la démocratie et l'éducation. Cinq thématiques où des initiatives portées par la société civile fonctionnent. Celles-ci apportent de l'espoir pour l'avenir.



J'ai particulièrement aimé les initiatives prises en Islande. Il s'agissait d'un des États les plus touchés par la crise de 2008. Toutefois, au lieu de finir comme la Grèce, la dette a été épongée par la mise en faillite d'une des plus grandes banques du pays. Cela a été possible par la mise en place d'une démocratie locale, où la population a décidé que les banques devaient payer la dette induite par la crise.



Le modèle éducatif finlandais est également intéressant. Chaque élève est considéré comme un individu a part entière. Ses points forts sont mis en avant et ses points faibles sont corrigés avec des cours de soutien. De plus, les matières intellectuelles et les matières manuelles sont traités sur un point d'égalité. Chacun étant considéré comme utile à la société.



En définitive, c'est un très bon essai. Il montre qu'il est toujours possible d'agir et ce, à n'importe quel niveau.
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À l'orée du danger

Poèmes en vers libres au souffle fluide, souvent acide, parfois suave, interrogatif, interrogateur, tournant autour des angoisses du temps : les enjeux climatiques ; la surutilisation du numérique et son impact sur la vie sociale, intellectuelle, politique ; la société capitaliste ; la guerre ; le traitement de l’humain ; l’amour.



Une voix très personnelle, un phrasé, un rythme qui personnellement m’ont globalement séduite.

Il s’agit ici de son second recueil de poèmes, je serais curieuse de découvrir le premier, et le prochain ;-)
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Demain et après...

Nouvelle édition du livre " Demain : un nouveau monde en marche ", augmentée d'un aperçu des répercussions du film en France et dans le monde.



Je suis contente de cette édition car, en plus, le DVD est inclus. À noter que le livre et le film ne se répètent pas mais se complètent. On a parfois l’idée qu’un « documentaire » sera moins passionnant qu’une fiction… Or cet ouvrage est tout aussi émouvant et stimulant, il y a des défis, des stress, des enjeux audacieux et des réussites inédites. Il nous rappelle que l’homme est naturellement créatif, qu’il est capable de résoudre des problèmes complexes et d’en tirer une grande satisfaction. La reconnaissance sociale sera là aussi, non vis à vis d’un gars qui éblouit tout le monde par ses signes extérieurs de richesse (ce qui est à double tranchant), mais vis à vis d’un gars qui donne du travail à tout un quartier, plante des fruitiers, protège les nappes phréatiques, etc.



Le livre est constitué de deux choses : d'une part, la transcription des interviews des personnes les plus qualifiées pour répondre aux questions que l'on peut se poser sur l'état de l'environnement et de la société, ainsi que des moyens efficaces et vérifiés pour s'en sortir. Et d'autre part, la description des expériences innovantes, récentes ou moins, que l'équipe du film est allée visiter. Il est structuré comme le film : agriculture, énergie, économie, démocratie, éducation.



Les informations, parfois surprenantes, recueillies auprès des scientifiques les plus experts sur les différents sujets, sont livrées sous forme de conversations simples et passionnantes.



Mais la description concrète des incroyables initiatives pionnières qui fonctionnent bien est encore plus intéressante. Les innovations qui ont lieu à Detroit, Todmorden, Malmö, San Francisco, Bâle, Bristol, Kuttambakkam... et aussi en France sont captivantes à lire. Les perspectives qui s’ouvrent à nous sont plus agréables que je n’osais l’espérer. En effet, les réjouissantes nouveautés créées ici et là vont certainement participer à en encourager de nouvelles. C'est du moins ce qu'on peut comprendre dans la dernière partie du livre.



Si vous cherchez à quoi le monde pourrait bien ressembler si on s'y met tous, chacun avec ses compétences propres... Pour nous, pour nos enfants, pour notre environnement, je souhaite beaucoup de lecteurs à ce livre !
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Imago

Ce premier roman est engagé, comme son auteur qui a participé à la fondation du mouvement colibris avec Pierre Rabhi. Ces personnages ont la force et la cruauté du réel dans le conflit israélo-palestiniens et cherchent un sens, une existence un chemin. Ils inscarnent aussi ce décalage du regard européen à travers ce fonctionnaire Fernando Clerc, chargé de distribuer des aides internationales. C'est une richesse d'avoir la possibilité par ce récit d'experimenter au plus prêts l'histoire contemporaine qui nous entraîne tous dans nos vies.
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Animal

La disparition de l'espèce humaine aurait lieu en fin de siècle (?) selon les mesures qu'on prend ou pas pour y remédier. Des illustrations originales et sympa. Il est dit que de la lucidité nait le choix. Certains chiffres sont impressionnants comme celui là : on jette dans l'océan 8 tonnes de pollution chaque minutes. A se demander si c'est pas du troll!! Un certain parti pris politique: l'exigence avant tout de la transparence... Plus d'action, moins de blabla. Les problèmes sont surtout le rythme imposé par la croissance et l'auto centrage de l'humanité, qui s'éloigne toujours plus des autres animaux. "Le non humain" C'est un ouvrage assez récent (2021). Il y a beaucoup de considération... Les humanoïdes à tête de chat, etc... Peut-être là un moyen de mieux nous familiariser avec le "non humain" pour mieux porter attention. L'auteur "fait un peu son Nostradamus" L'amour de l'animal nous sauvera il? L'Homme serait supposé être un berger bienveillant... Des méga feux tuent des milliards d'animaux. En plus du problème des abeilles se rajoute celui des fourmis, défenseurs de la Terre, telles les microbes dans La Guerre des Mondes. On nous dit "c'est votre faute" alors qu'on a vraiment rien fait... Pollueur à mon échelle n'est sans doute pas 0,0001% du problème, et c'est à nous qu'on dit de faire attention!

Tout est interconnecté tel les escargots chez Anderson. L'Humain est jeune (200 000 ans).

Pas vraiment une lecture "plaisir" mais plus "sensibilisation". La fin est dispensable, un débat sur les loups, la recherche de solutions à petit échelle, documentaire "non humain"/ amour de l'animal. En conclusion l'auteur nous souhaite la sagesse.
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Animal

Voici un livre qui nous fait voyager un peu partout dans le monde. Le fil conducteur de ce voyage est l'écologie, la biodiversité et le développement durable.

Nous accompagnons deux jeunes gens tout au long d'une multitude de rencontres, toutes intéressantes et enrichissantes. Chaque rencontre répond à une question qui naît lors de la rencontre précédente. Ce qui diffère du livre du même auteur "Demain". Ce dernier était paru après le film éponyme. Ici, c'est l'inverse, c'est le livre qui précède le film.

Souvent les rencontre sont des témoignages de personnes qui "font" quelques choses pour "soigner" notre planète Terre. D'autres sont l'occasion de faire un diagnostic de la santé de notre planète Terre. Il y a en même qui est le témoignage d'une personne dont l'activité nuit à la santé de notre planète Terre. Mais ce dernier témoignage n'est nullement présent pour culpabiliser mais pour nous faire comprendre les difficultés rencontrées par certains et qu'ils sont dans l'impossibilité de changer. Ils sont prisonnier de notre société de consommation, ils ne peuvent changer tant ils sont endettés. Ces dettes ont été contractées pour répondre à une demande du monde politique surtout. " Il faut que tous puissent consommer au moindre coût ...!"

Cependant il y a de l'espoir et l'exemple du Costa Rica en est la preuve.

Ce livre est optimiste raisonnablement.

Maintenant j'espère voir le film.

Merci à Bella, Vipulan et Cyril Dion.
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Demain entre tes mains

Il y a un jeune maraîcher près de chez moi qui a appelé son lieu de travail « le jardin de Deux’Main ». Belle allusion à ce livre album pour enfants qui incite à se servir de ses mains pour contribuer à préserver la terre.

Une asso s’est même montée pour aider les enfants à connaître le vivant en mettant les mains à la pâte. Elle s’appelle « les graines de Deux’main ».

Tout un programme d’éducation à l’environnement, des activités de pleine nature chaque mercredi matin, en lien avec la biodiversité qui vit dans ce jardin.

Cerise sur le gâteau, un Tiers-Lieu a vu le jour, il s’appelle « l’Arbre ».

il y a des endroits où demain est aujourd’hui, maintenant.

Penser globalement et agir localement, la machine est en marche, les graines sont semées, elles ont germé, les jeunes pousses suivent la croissance des plantes qui se retrouvent dans leurs assiettes.

Un circuit court, qui enrichit le sol et fertilise les âmes.



Tel est le message de la rencontre entre Pierre Rabhi et Cyril Dion.

Le petit colibri a fait des émules, chacun est capable de participer, à sa façon, avec ses moyens, à sa mesure. C’est l’esprit coopératif qui permet la transformation pour construire l’avenir des générations futures.

Il est encore temps, demain est entre toutes les mains, maintenant.



Et pourtant...



L’être humain est la seule espèce vivante qui ne recycle pas spontanément ses déchets, alors que sa présence sur la Terre ne représente que deux minutes sur vingt-quatre heures.



« Un humain sur dix boit de l’eau si sale qu’on ne laverait même pas nos voitures avec. »

Par contre, nous utilisons de l’eau purifiée et buvable pour évacuer nos excréments dans les toilettes !



Humaniser, c’est rendre quelque chose plus humain, plus supportable à l’« homme ».



Autre considération :

« Toutes les communications et tous les écrits depuis l’aube des temps jusqu’à 2003 représentent l’équivalent de cinq milliards de gigabits ; aujourd’hui, nous produisons cette masse de données en deux jours. »

Stanislas Deprez, dans « Plaidoyer pour une démaîtrise ».



Nous devenons les esclaves de nos possessions et de nos comportements.



« Un pêcheur vient de finir son travail, sa barque est amarrée à côté de lui sur le bord d’une plage, son filet est étendu dessus et , il se repose.

Passe un homme sérieux, qui regarde la barque :

- Monsieur, vous devriez être en mer à cette heure-ci !

- Pourquoi ?

- Enfin, pour gagner votre vie, vous n’arriverez jamais à rien en restant là à faire la sieste. Elle est à vous, cette barque ?

- Oui.

- Oh, mais elle est petite…

- Oui, elle l’est…

- Vous pourriez en avoir une plus grande…

- Et après ?

- Ben, après, vous pêcherez beaucoup plus de poissons !

- Et après ?

- Vous aurez gagné tellement d’argent que vous pourrez acheter un bateau encore plus grand !

- Et après ?

- Vous embaucherez des gens pour faire le travail à votre place…

- Et après ?

- Vous vous reposerez !

- Eh bien, c’est ce que je suis en train de faire... »



Vous l’aurez compris, les auteurs de cet album plaident pour la sobriété et pour le mieux vivre ensemble.

32 artistes de l’agence « Costume trois pièces » ont participé à rendre les écrits vivants et saisissants en illustrant les pages de ce récit.

L’exemple d’un marteau dont le manche est planté de clous pour témoigner du travail et de la consommation.



L’histoire du pêcheur nous ramène au but de l’existence.

Il est heureux dans sa sobriété parce qu’il a la place de vivre dans la nature.

Cette situation est-elle compatible avec bientôt dix milliards d’humains sur la planète Terre ?

L’Amazonie et la Papouasie ne sont plus que des îlots de « paradis terrestre ». Peut-on encore construire l’avenir dont nous rêvons en augmentant notre population et en réduisant notre espace vital ?

Depuis que cet album est paru en 2017, seulement six années, le climat a plus changé que lors des dix-huit premières années de ce nouveau siècle.

Canicule, sécheresse, incendies, tempêtes et montée des eaux sont devenus notre quotidien.

Les humains vont devoir vivre en apprenant à s’entraider davantage.

Personnellement, l’évolution des cinquante dernières années me laissent à penser que l’être humain est plus voltairien que rousseauiste.



Mais nous n’avons pas le droit de tout laisser tomber. Il est encore temps de changer nos comportements. Pour nos enfants, avec eux, c’est l’espoir qui fait vivre !

Cet album a été réalisé aussi pour mettre en pratique les 4 « R » : Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler.

Le chantier est colossal, mais nous avons chacun.e deux mains pour y contribuer. Deux mains pour maintenant, car demain est déjà aujourd’hui.



Pour cela,

« Nous pouvons choisir entre l’amour et la peur, entre le bonheur et le malheur, entre le partage et l’égoïsme, entre réaliser nos rêves et faire comme tout le monde. » 

 

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Demain entre tes mains

Voici une très belle entreprise éditoriale qui offre une oeuvre collective destinée à essaimer le rapport à la nature des contes et réflexions de Pierre Rabhi et Cyril Dion. Portés par le message, 32 artistes illustrent les propos offrant ce qui se fait de mieux actuellement en terme de graphisme. Nul doute, étant porté par tant d'espoir, que cet ouvrage trouveras rapidement sa fonction livre-cadeaux pour se faire connaitre par le bouche à oreilles au plus grand nombre.
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Demain : Un nouveau monde en marche

Demain est un livre qui fait réfléchir et voir le monde autrement.



Si toutes les expériences racontées dans le livre sont intéressantes, j'ai été particulièrement sensible aux passages sur la démocratie délibérative et sur la permaculture.



Je précise que j'ai lu ce livre (qu'on m'a offert à Noël) sans avoir vu le film, et que j'attends désormais avec impatience la sortie du DVD pour pouvoir mettre des visages sur toutes les personnes rencontrées dans le livre et continuer à faire un bout de chemin avec elles vers un nouveau monde.
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Imago

Comment faire toucher du doigt la complexité du monde actuel sans s'encombrer de démonstrations aussi longues qu'illisibles ? En choisissant le roman, pardi ! Parce qu'un bon roman vaut mieux que tous les longs discours.

Et c'est un roman "monde" que nous offre Cyril Dion. Un premier roman très maîtrisé à travers lequel il propose quelques clés de compréhension des colères qui transforment notre terre en un vaste terrain de guerre. Cofondateur avec Pierre Rahbi du mouvement Colibris, l'auteur puise dans cet engagement une inspiration qui irrigue son propos qui prend appui sur les liens qui relient les hommes entre eux aux quatre coins de la planète. A la suite des personnages qu'il campe avec un réel savoir-faire et une belle dose de réalisme, l'auteur offre un terrain d'observation à plusieurs niveaux. La Palestine vécue par Nadr et Kahlil n'a pas le même aspect que celle que Fernando Clerc dessine par le biais de chiffres, de graphiques et d'analyses statistiques pour le Fonds dont il est l'employé, un organisme chargé de distribuer crédits et aides aux nations en développement. Entre les deux frères, pourtant élevés ensemble, les visions diffèrent également. Question d'influences. Kahlil se laisse embrigader par les jihadistes tandis que Nadr, plus pacifiste cherche à l'empêcher de commettre l'irréparable.

Le livre de Cyril Dion commence par deux magnifiques pages, une mère et son enfant nouveau-né, à peine le temps de se découvrir avant l'arrachement... Comme l'annonce du destin de l'humanité.

Fernando Clerc va être brutalement confronté à la réalité du terrain, Amandine a choisi de vivre à l'écart du monde afin de se préserver de sa brutalité, Nadr croit encore qu'il est possible de changer le monde... Cyril Dion orchestre un vaste ballet contemporain dans un monde où les êtres se désolent de leur propre humanité.

L'un des premiers romans remarquables de cette rentrée. Brutal et poétique. Tragique et utile.
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Imago

Je découvre Cyril Dion et son premier roman, Imago, grâce aux 68 premières Fois.

Le titre vient du mot qui désigne le dernier stade d'évolution de la larve ou de la chrysalide qui devient papillon ; pour les lépidoptères, c'est le stade de reproduction et de dispersion. C'est l'auteur lui-même qui donne ces précisions sur le choix de son titre…

Personnellement et forte de mes études latines, je partais plutôt sur tout un imaginaire sur la représentation, tant physique que morale, tant concrète qu'abstraite… le dessein de l'auteur et mon interprétation ne paraissent cependant pas incompatibles.

Sur fonds de conflit israélo-palestinien et avec ces quelques réflexions préalables et la quatrième de couverture, je ne m'attendais donc pas à un livre facile. Décidément, pour ma troisième lecture, je commence à trouver que les 68 premières Fois ont sélectionné des romans courts, mais sur des sujets graves…



Je suis entrée difficilement dans ce livre ; ma lecture de la première partie me laissait insatisfaite. Malgré mon goût prononcé pour la polyphonie, j'avais du mal à passer d'un univers à l'autre, de la bande de Gaza au métro parisien, ignorant encore les rapports entre les personnages, mis à part celui annoncé entre Nadr et Khalil, un peu perdue comme dans un catalogue, supposant toutefois un lien entre Amandine et Nadr. J'ai eu du mal à comprendre le rôle du Fonds, sorte de FMI, hyper bureaucratisé, complètement déconnecté des réalités des nations en guerre. L'isolement écologique d'Amandine ne faisait pas sens.

La deuxième partie est plus concrète, plus riche en péripéties, passées, présentes et à venir. J'ai repris goût à ma lecture, interpelée par les passages à la première personne, monologues intérieurs, introspections, recherches de l'autre et de soi-même, passages intimistes qui isolent et démarquent d'autant plus le terroriste, le seul à ne pas se livrer, disparaissant avec son funeste projet. La clarification des liens entre les personnages met en oeuvre un schéma ternaire qui m'a paru significatif dans le partage des gènes et des ressemblances : j'entends par là que les personnages sont liés par groupes de trois, ce que vous comprendrez en lisant ce livre (deux fratries issues du même père OU de la même mère) et que Nadr est le seul à avoir un parent commun avec Fernando et Khalil. Les décors et les lieux aussi trouvent enfin leur place dans la trame narrative, s'y ordonnent et prennent sens depuis la bande de Gaza, les tunnels qui permettent l'accès à l'Égypte, Marseille et enfin Paris. La quête de Nadr, parti à la poursuite de son frère kamikaze, paraît bien peu plausible, de l'ordre de la recherche d'une aiguille dans une bottes de foin ; le départ de Fernando pour une enquête sur place en Palestine revêt un caractère surréaliste… Ces deux épisodes donnent une couleur de conte philosophique à la suite du roman, qui devient parcours initiatique.

La troisième partie est la seule qui soit consacrée à un seul personnage, à Fernando Clerc, ce haut fonctionnaire au nom prédestiné qui renvoie à la notion littéraire teintée d'ironie de lettré, savant, intellectuel ou à celle plus terre-à-terre d'employé d'une étude, d'officier public ou d'officier ministériel qui exercerait son emploi comme une forme de sacerdoce ritualisé. Sa rencontre avec le président palestinien replace le roman dans un contexte précis et élargit le conflit israélo palestinien au reste du monde. Imago montre ici que tout n'est pas littéraire à travers les difficultés et le ridicule de Fernando sur le terrain, confronté au réel, sans prise de distance, sans prisme protecteur : paradoxalement, « l'homme aux semelles de caoutchouc », son interlocuteur mal à l'aise à Paris, évolue avec une certaine assurance dans le monde réel.

La quatrième partie rassemble les trois hommes dans la même temporalité à Paris, laissant planer tous les possibles, toutes les retrouvailles, tous les déchirements entre ceux qui se sont cherchés et ceux qui se sont perdus. Le roman se referme sur une seconde d'éternité et sur une ouverture poétique.

Cyril Dion a sans doute voulu mettre en écriture le conditionnement, l'enfermement dans un contexte qui peut pousser à la violence et aux attentats. Il n'est pas anodin que le personnage qui veut empêcher son frère de commettre l'irréparable soit un lecteur passionné de poésie, car la littérature, par l'écriture et la lecture devient vision et compréhension du monde.



J'avoue une connaissance assez superficielle et distanciée du conflit qui oppose Israël et la Palestine ; je ne maîtrise absolument pas les conséquences du rôle des pays occidentaux dans ce partage de territoires qui ne satisfait personne… En outre, je ne connais pas les poètes et écrivains référencés dans les intertextes, Mahmoud Darwich, Rûmî, Fernando Pessoa… Autant dire que je n'étais pas vraiment dans une zone de confort pour m'approprier le roman de Cyril Dion…

Personnellement, j'ai lu dans les destins croisés des quatre personnages et dans les demi-fratries une métaphore d'un conflit aux multiples ramifications, durant depuis deux générations et opposant des nations, imbriquées dans des territoires et bloquées dans l'impasse d'impossibles négociations.

J'ai refermé ce roman avec un sentiment de tristesse et de profonde solitude. Comme Amandine, je me suis sentie très lasse et j'ai fermé les yeux...

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