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4.38/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Rennes , 1973
Biographie :

Formé à l’université de philosophie de Rennes I, passionné d'histoires et de littérature, Cyrille Cléran est un auteur éclectique qui n’a peur ni de dérouter, ni d’enthousiasmer ses lecteurs. Il a publié Chroniques ivoiriennes (carnet de voyage relatant une authentique aventure en terre ivoirienne).

Après s'être démené dans des activités associatives et des projets philanthropiques (construction d'une bibliothèque sur pilotis au Cambodge ; installation d'une ludothèque et d'une bibliothèque à Kolia en Côte-d'Ivoire ; co-rédaction d’un journal consacré à la bande-dessinée), il partage son temps entre les textes d'auteurs qu'il édite et les textes qu'il écrit. À ce jour, tantôt il poursuit son œuvre littéraire, tantôt c'est celle-ci qui le poursuit. C'est ainsi que Derrière les géraniums, un roman plein d’ironie et de tendresse sur la vie à Rennes-la-Belle, est paru dans l'indifférence la plus totale aux Éditions Le Manuscrit.
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Source : Editions de la rue nantaise
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Bibliographie de Cyrille Cléran   (6)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
7 impasse des feuilles volantes
(Nicolas Maier)



- Vous n'auriez pas vu Nathanaël ce matin ?
Oh, eux, pour voir quelque chose, quelqu'un, s'intéresser aux traces matérielles d'une existence, il leur faut un casque. Je n'y comprends rien mais il paraît qu'ils font du cinéma. Monsieur et Madame sont cinéastes virtuels et ressentent des choses.
Je réponds par la négative à sa question.
"Je croyais que vous veniez pour ça. Ils en ont fait du boucan avant-hier soir. Ils devaient bien être cinq ou six. On en a vu monter deux. Et habillés bizarrement. Ils allaient à un bal costumé ?!!!
- Oui... Il m'avait dit qu'ils ne resteraient pas longtemps. Je lui en parlerai. Au revoir."

Cinq ou six ? Non, ce n'est pas possible. Comment pourraient-ils tenir là-haut, faire du boucan, bouger ? A deux, passe encore. Mais... avant-hier je n'ai pas vu monter deux personnes. Je l'aurais su.
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Rosalie (hurlant, hystérique): Sornettes, Monsieur Dumont ! Tout ceci n'est qu'un ramassis de sornettes tout droit sorti de la bouche pourrie d'un psychopathe hypocrite et crispant ! Vous n'avez pas d'alibi et vous aviez mille raisons de tuer Monsieur Xan : comment voudriez-vous que l'évidence de votre culpabilité ne nous sautasse pas immédiatement aux yeux ?

Jean : Je savais qu'on avait tous un côté plus ou moins tocard mais là, je suis bluffé. Qu'est-ce qu'on vous apprend dans vos écoles de police ? Vous êtes enquêtrices ou juges ? Ce n'est pas la même chose. Vous me brusquez, vous me molestez, vous enquêtez sur ma vie privée, vous portez des jugements sur mes activités intellectuelles, vous me... vous m'emprisonnez ! Et vous voudriez de surcroît que je me répande en aveux pour un crime que je n'ai pas commis ?

Viviane (redevenue mielleuse): Ne jouez pas les vierges effarouchées, Monsieur Dumont. Nous ne doutons pas une seule seconde de vos talents de dialecticien. Nous avons parcouru vos œuvres révolutionnaires - dignes d'un Cohn-Bendit pré-pubère - où toutes vos saloperies étaient déjà en germe. Visiblement, vous n'avez pas fait que mettre en pratique les savantes théories que votre cerveau échafauda pour créer le désordre sur les bancs de l'université, et plus si affinités. Votre inconscience d'étudiant libertaire s'est muée en une sorte de délire terroriste et criminel. Vous n'êtes pas le premier à évoluer ainsi et c'est d'ailleurs pour freiner les gens de votre espèce qu'ont été conçus les quartiers de haute sécurité.

Jean : Je n'aurai pas le loisir d'y goûter puisque très bientôt, n'est-ce-pas, vous allez me relâcher, faute de preuve qui tienne debout.

Rosalie (un peu essoufflée, à bout, se retenant de hurler): Les lois contre la subversion intellectuelle nous autorisent à vous garder en nos murs tout le temps qu'il nous plaira. Vous finirez bien par avouer.

Jean (tonitruant): Ces lois sont des foutaises !

Le squelette (à voix basse): Ce n'est pas moi qui dirais le contraire.

Rosalie : Vous n'aurez qu'à écrire un livre sur le sujet. Là où vous serez, vous aurez tout le temps d'assembler les chapitres de plusieurs tomes.

Jean : Soyez gentilles avec moi, Mesdames. Vous suivez une fausse piste, je vous assure. Ce n'est pas parce que j'ai commis un ouvrage ou deux qui dénonçaient le scandale des hérissons écrasés sur nos routes, par nos voitures, ou celui du génocide perpétré à l'encontre des pucerons exterminés par des milliers de tonnes d'insecticides répandus sur nos tristes espaces verts, que j'ai tué Monsieur Victor ! Vous n'avez pas le droit de penser une chose pareille ! N'avez-vous donc aucune pitié ? Vous êtes-vous déjà penchées sur mes théories ? Elles sont étayées ; ce qui n'est pas le cas de vos accusations... Savez-vous par exemple qu'à force de réduire la biomasse et qu'avec nos manies de tout nettoyer, de tout "civiliser", toujours plus vite, avec toujours plus de moyens, nous allons à l'encontre de nos intérêts vitaux ?

Viviane : Non seulement vous êtes innocent mais en plus vous êtes pédagogue et prophète ?
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La vengeance du dindon farci
(Stéphane Grangier)

Dans une demi-heure environ, une des branches merdiques de l’arbre généalogique se permet de ramener sa suffisance dans ma maison à moi. Il y a une heure ma mère a commencé :
- Va mettre tes beaux vêtements ! elle m’a dit.
Instantanément, activant une mimique calibrée dont l’expérience m’avait laissé l’entière exploitation, une poignante gravité s’est affichée sur mon visage et j’ai répondu :
- Mais ils sont bien ceux-là !
J’envisageais le territoire de l’apaisement, et deux trois termes destinés à l’y amener, elle : dialogue, ouverture, compromis. Ma mère enfonçait déjà des poings grossiers dans le creux de ses hanches, l’inéluctable invective gonflant comme une bulle de salive sur le purpurin de sa lèvre inférieure, quand mon père d’1 m 90 a déboulé de la cave, bras poilus surchargés de bûches inégales.
J’ai tenu le coup. Mais le climat glacé m’inclina à percevoir significativement la dureté de la chose.
- Fais ce que dit ta mère. Il a dit, refusant par là, et implicitement, de se mouiller.
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Sabine (immobile comme une statue) : Je crois qu'on a sonné.

Marie : Alors allez ouvrir au lieu de rester plantée là comme une andouille !

Sabine : Comme une quoi ?

Marie : Comme une buse.

Louise : C'est sûrement Jean.

Marie (attrapant son amie par la manche) : Tu sais Louise, entre lui et moi, c'est toujours resté à un niveau entièrement platonique ; nous ne nous sommes toujours rencontrés qu'en tout bien tout honneur.

Louise : Tu n'as pas besoin de me le dire ; j'ai une absolue confiance, en toi comme en lui.

Marie : Dieu merci. Je n'aurais pas aimé qu'une sombre histoire de meurtre sordide ne vienne polluer la belle relation d'amitié que toi et moi entretenons depuis tellement d'années.

Sabine (revenant seule, très embarrassée, un peu apeurée) : Madame ! Elles sont revenues !

Marie : Qui ça ?

Sabine : Les deux hyènes de tout à l'heure, elles sont revenues !
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Mon cousin Jack
(Cyrille Cléran)


Enfin, ce matin, Jack est heureux. Heureux au point de mettre ses chaussettes à l'envers. Il a réussi à construire une formule moléculaire qui donne les clés de la téléportation. Il exulte. Il est plus fier qu'un pape qu'on intronise. Sa joie est sans borne. La première fois que Jésus a marché sur l'eau, il a dû ressentir les mêmes picotements de satisfaction absolue. Ça ne fait pas l'ombre d'un doute. Quel bonheur ! Quel aboutissement ! Présentée à une brochette d'éminents spécialistes tout d'abord sceptiques comme de bien entendu, ainsi qu'à une bande de vieux potes journalistes, la formule connaît rapidement un vif succès. En quinze jours, la formule se répand à travers toutes les couches de la société. Elle gangrène les cinq continents. Elle est traduite en deux cents langues et huit cents dialectes. Les gens n'ont plus qu'elle à la bouche.
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La femme et le robot
(Nicole Madec)


Ann s'anime, la curiosité la sort de sa torpeur. Il s'approche du piano, s'assoit et commence à jouer. Il joue très bien. Une sorte de sérénité semble se dégager de lui et de sa musique. Ann se ressert un verre et le regarde. Il joue dans une demi-pénombre, uniquement éclairé par l'enseigne lumineuse. Il se dégage une noblesse de son visage d'acier penché sur le piano. Paradoxalement, ce produit de la technologie moderne semble être un chevalier raffiné d'une époque moderne. Ses doigts aux phalanges articulées évoluent avec adresse et douceur. Avec le jeu de lumières, la scène semble irréelle, féerique. Ann ferme les yeux. Elle sourit vaguement dans son ivresse. Elle est lascive. La musique s'arrête et elle ouvre les yeux. Le robot s'est détourné du piano et il semble la regarder étrangement.
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Ma vie se résume à une succession de pérégrinations. Toujours en voiture : j’ai horreur de l’avion parce qu’on ne peut pas s’arrêter à l’endroit de son choix et rien qu’à l’idée d’enfiler un parachute en toute urgence, je sue. Le train est lui aussi d’une tristesse épouvantable, principalement à cause de la promiscuité : du reste, mon amour immodéré, hystérique, absolu et inexpugnable pour tout ce qui possède quatre roues (vous ai-je parlé de ma passion pour les bagnoles ?) est si enivrant, si jouissif, si massif que si j’avais la chance de mourir derrière mon volant comme James Dean, plutôt que dans un lit d’hôpital qui pue la vieille pisse et l’aigreur, je serai la plus béate des créatures.
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Mademoiselle Liatta, bibliothécaire au Centre Culturel de Montruggi, que j’avais été consulter, portait des lunettes. Elle était assise derrière un bureau austère et poinçonnait des fiches. Ses mains menues en disaient long sur son amour des livres. Elle les empilait avec douceur et fermeté comme une institutrice qui met ses élèves en rang. Elle caressait les livres nouvellement couverts comme pour en enlever la poussière, comme un dernier contact avant de les mettre en sommeil.
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Angelino est une loque. Rarement présentable, il descend les escaliers en chaloupant, rebondissant du mur à la rampe, de la rampe au mur, retrouvant son équilibre précaire à chaque palier où il récupère son souffle sans parvenir à autre chose qu'éviter la suffocation. Puis ses emplettes faites ou ses poubelles descendues, l'œil digne, il remonte prestement chez lui, saluant ceux qu'il croise d'un grognement qui se veut le signe d'une sociabilité intacte.
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Lou avait besoin d'être rassuré, de se nettoyer le coeur, de se purger de ces incertitudes qui certes, comme des piments de Cayenne, relèvent les plats lorsqu'ils sont utilisés avec modération, mais brûlent le ventre à petit feu dès que les doses augmentent.
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