AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cyrille Legendre (35)


La seule chose qui lui permettait encore d’entretenir l’illusion d’être un producteur influent d’Hollywood alors même que son dernier fait de gloire avait été d’accueillir dans sa résidence les bimbos et les bellâtres sans cervelle d’une émission de télé-réalité française.
Commenter  J’apprécie          70
Simplement, pour combattre un système, le mieux c’est encore de l’infiltrer.
Commenter  J’apprécie          60
Il me laissa passer et me présenta formellement le président du CSA. Une caricature d'énarque. Vous savez, ces gens qui s'appellent entre eux et en toute simplicité les "beautiful people". Distingué, hautain, suffisant, il m'assura qu'il aimait beaucoup ce que je faisais. C'était tout juste s'il ne s'était pas pincé le nez en le disant. Après tout j'étais populaire. Il fit comme si mes deux compagnons n'existaient pas. Il ne fallait pas trop lui en demander. De chef de cabinet du ministre de l'Intérieur, il était passé président d'un organe de contrôle dont tout le monde se fichait. Il n'allait tout de même pas s'abaisser jusqu'à saluer ce qui était pour lui la lie de l'humanité. Il s'éclipsa donc, non pas discrètement, car il n'avait jamais appris à le faire, mais sans un mot, car la grossièreté, en revanche, lui était naturelle.
Commenter  J’apprécie          40
J'avais été photographié très officiellement avec le président de la République lors de la remise de ma décoration de Chevalier des Arts et Lettres. Quelle bonne blague ! Comme si j'avais apporté quelque chose à la création artistique. J'avais jeté le cliché.
Commenter  J’apprécie          40
Cindy était anéantie. Une larme coula sur sa joue. Le réalisateur réagit encore plus vite que moi. Dix millions de téléspectateurs purent la voir rouler jusqu'à la commissure de ses lèvres. C'était désormais à moi de jouer. Je me hâtai de combler la dizaine de mètres qui séparait mon pupitre de celui de la malheureuse. Je la pris dans mes bras et l'étreignis longuement. Vague d'émotion dans le public et chez les téléspectateurs. Cindy s'était légèrement désaxée. La caméra mobile, portée à l'épaule par un cadreur, entra en jeu et s'approcha de nous. J'avais la tête dans ses cheveux laqués et permanentés. C'était juste ignoble. Je me concentrai, fermai les yeux. En deux ou trois clignements je parvins à les humidifier. Ca n'échappa pas à la mobile. Ca n'échappa à personne. Après un baiser très appuyé, je décidai qu'il était temps de se séparer. Je lui tins la main jusqu'au sas qui symbolisait la sortie. J'effectuai deux pas de côté et la fis applaudir par le public sans oublier de lui rappeler qu'elle ne partait pas les mains vides. La chaîne lui offrait un séjour d'une semaine dans un club de vacances bas de gamme que je décrivis comme un véritable palace. Un dernier adieu et il était temps de passer aux choses sérieuses.
Commenter  J’apprécie          40
Ne te fie surtout pas à son physique fluet. Pour lui tous les coups sont permis. Sa spécialité est d’éclater à coups de Rangers la tête de ses ennemis. Certains, qui ont croisé sa route, sont aujourd’hui réduits à l’état de légume.
Commenter  J’apprécie          30
Il n'y a rien d'authentique sur un plateau de télévision. Ni le décor de carton-pâte. Ni le public qui surjoue ses émotions. Et encore moins l'animateur dissimulé derrière ses artifices. En ce qui me concerne, c'était l'impression, pendant deux heures, d'être le centre du monde qui me procurait une énorme jouissance. Ma revanche. Enfin j'étais séduisant.
Commenter  J’apprécie          20
_ Vous vous rendez compte que cela fait vingt-cinq ans que, quoi qu'il arrive, attentats, catastrophes naturelles ou je ne sais quel autre bordel, j'ai tous les jours que Dieu fait ma gueule à la télévision ? Depuis vingt-cinq ans. Rien que ça. Vous n'imaginez pas la pression que c'est d'être une vedette de la télé. Toujours scruté, harcelé. Le public, les médias, ils ne vous laissent jamais de répit. Non franchement si c'était à refaire...
Il marqua une pause.
_ Et bien, je le referais ! ajouta-t-il en s'esclaffant. Faut être honnête, c'est quand même bon d'être dans le camp des privilégiés. Je ne suis pas beaucoup au contact des vraies gens mais j'en ai un échantillon chaque jour sur mon plateau. Eh bien, croyez-moi, je n'ai pas envie de leur ressembler.
Commenter  J’apprécie          20
_ Je l'ai eu par textos peut-être un quart d'heure avant qu'il meure, ajouta Sheila en baissant la tête, affligée. Mais bon, "the show must go on", fit-elle en relevant le menton et en faisant claquer ses mains. Je suis sûre que c'est ce qu'il aurait voulu. Il était comme ça, Samuel, toujours à aller de l'avant.
Bel hommage, songea Daniel. Bref et tellement sincère. Il repensa à la nature de leur relation. Si Sheila avait un jour aimé ce garçon, elle était la championne de la résilience. Elle semblait aussi affectée que lors du décès de son dernier poisson rouge. Ou peut-être était-elle tout simplement très pudique ?
Commenter  J’apprécie          20
Le casting était draconien. Je voulais des pauvres. C'était mon premier critère. Pas par morale. j'aurais pu tout autant balancer cet argent à un grand patron du CAC 40. Mais par pragmatisme. Les couches populaires étaient les dernières à regarder encore assidûment la télévision traditionnelle. C'était gratuit. Il fallait donc leur mettre à l'écran des gens qui leur ressemblaient. Phénomène d'identification. Restait à trouver des pauvres qui aient de la culture. Si l'on s'exonérait des a priori stupides, pourtant très en vogue dans le milieu de l'audiovisuel, qui voulaient que les défavorisés soient des imbéciles, ce n'était pas si difficile. Les questions du jeu étaient sélectives. Je ne transigeais pas. Il avait toutefois fallu convaincre la chaîne, plus encline à flatter le téléspectateur en lui proposant des questions faciles dont il pourrait s'enorgueillir de connaître la réponse. Elle avait cédé. On ne me refusait rien.
Commenter  J’apprécie          20
Le bien, le mal, vous êtes persuadé que ça existe. Alors que ce n’est que de la littérature. Au fur et à mesure de notre évolution, nous avons donné une signification émotionnelle à ce qui n’est qu’une stratégie de survie au sein de la meute. Nous sommes conditionnés pour conférer du divin à l’utile.
Commenter  J’apprécie          10
Assis dans son transat il semblait léviter. Il était hors sol, brillant de mille feux des diamants de la marque hôte qu'il avait fichés dans ses oreilles, son nez, ses arcades sourcilières, autour de son cou et de ses poignets. Comme un automate et sans jamais se lever, il ne fallait pas qu'il se blesse, il attrapait les chanceux sélectionnés par les épaules pour le cliché souvenir. Sans grande originalité, tous lui demandaient en aparté ce que cela lui faisait d'être le joueur le plus cher de la planète. Question à laquelle il répondait invariablement, dans un laïus appris par coeur, que ce n 'était pas lui qui avait fixé le prix de son transfert et que l'important c'était de s'amuser sur un terrain, de prendre du plaisir, et patati et patata...Comme si à ces prix indécents la notion de jeu existait encore. Balivernes. La vérité, c'est que ce jeune homme ne s'appartenait plus. Il était ailleurs, dans une autre dimension, différente de celle du commun des mortels. Il n'avait pas pété les plombs, comme on disait vulgairement, ils avaient littéralement fondu et le métal avait envahi chaque interstice de son cerveau. Comment pouvait-il d'ailleurs en être autrement tant le contraste entre sa vie de nabab et son enfance dans une cité miséreuse de la région parisienne était violent ? Il n'était plus désormais pour son entourage qu'une cash machine.
Commenter  J’apprécie          10
_ Oh oui, oui, oui, oui, c'est la bonne réponse et Daniel est notre nouveau champion ! cria-t-il.
Même enthousiasme dans le public qui se leva, sous l'injonction du chauffeur de salle. Alors Daniel sut. Il était là pour ça. Il était fait pour ça. Il avait tué pour ça. Sortir enfin de l'ombre. Ne plus être transparent, invisible. Personne ne pourra plus l'oublier, l'abandonner. Il repensa alors à une phrase de Cioran qu'il avait retenue. "Ceux qui avaient renoncé finiront un jour par vous le faire payer." Daniel avait dû renoncer à être aimé. Samuel l'avait payé. Recevoir cette ovation, cet amour même artificiel, frelaté, le transportait. Son existence avait enfin de la valeur.
Commenter  J’apprécie          10
A cette même table, il en avait entendu des conneries, du style "ce n'est qu'un jeu" ou "on est là pour s'amuser". Des mensonges pour se couvrir en cas d'échec et ne pas se dire que l'on avait laissé passer une chance unique de gagner de l'argent mais surtout de se mettre en avant, d'exister enfin aux yeux d'inconnus et surtout des proches qui, après votre passage, s'il était couronné de succès, ne vous regarderaient plus jamais de la même façon. Votre voisin, votre concierge, votre boulangère vous respecteraient enfin. Les deux fils de Georges étaient devenus tellement fiers de leur père depuis qu'il gagnait tous les jours à la télé. Jusqu'à présent, il n'avait été pour eux qu'un vieux prof moisi, aigri et bedonnant.
Commenter  J’apprécie          10
_ Je sais ce que tu as fait. Je sais qui tu es réellement.
Evidemment qu'elle le savait. C'était elle qui m'avait porté vers le succès. En retour et pour lui prouver toute ma reconnaissance, je l'avais envoyée croupir dans un hôpital psychiatrique. J'étais persuadé qu'elle y était morte.
Commenter  J’apprécie          10
Maquilleuse, coiffeur, styliste, ils m'attendaient tous au garde à vous, un sourire crispé sur le visage. Ils avaient appris à être dociles. Quand on exerce ces métiers, on sait que le mégalo dont on doit prendre soin peut vous congédier d'un simple mouvement de doigt sans même vous regarder et vous faire virer de la production pour un coup de pinceau trop près du cil...je me repaissais de leur peur et les embrassai un par un. Je n'aimais pas embrasser.
Commenter  J’apprécie          10
Internet, c’est un réseau de réseaux. Le Web en est un par exemple. Mais il existe la possibilité de créer des réseaux parallèles, c’est le Darknet. Pour simplifier, c’est l’ensemble des communications qui visent à être cachées. Les gens qui l’utilisent veulent diffuser un contenu, mais en gardant le contrôle et surtout en préservant leur anonymat. C’est la clé. Grâce à des systèmes comme TOR, vous pouvez vous balader anonymement sur le Web, vous connecter sur un serveur IRC ou sur à peu près n’importe quoi. Vous allez passer par N relais pour au final parvenir à toucher celui, celles ou ceux que vous souhaitez toucher. On utilise pour y parvenir le chiffrement. Ce chiffrement vous permet de faire une chose incroyable sur Internet : fournir des services cachés. Le résultat est que l’on peut balancer de l’information sans jamais être tracé.
Commenter  J’apprécie          10
ne nous insultez pas, eructa Malmedov en serrant les dents.
Commenter  J’apprécie          10
Il se demanda alors comment la télévision pouvait générer tant d’agitation. Peut-être parce qu’elle demeurait une marque essentielle d’identification au milieu du salon de millions de dévots soumis à sa puissance hypnotique. Une maîtresse devant laquelle les fidèles se prosternaient.
Commenter  J’apprécie          00
C’est un dur. Il a eu comme ordre de tout prendre sur lui et c’est ce qu’il fera. On ne se procure pas non plus sous le sabot d’un cheval le genre de gaz qu’ils t’ont balancé. En plus d’un anesthésiant, il y avait également une substance paralysante dans leur panoplie de petit chimiste. Il y a de grandes chances pour qu’ils se soient fournis à l’étranger.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Cyrille Legendre (85)Voir plus

Quiz Voir plus

Du feu dans les titres

"Feu", tout simplement, un roman écrit par ... (indice : Bardot/Moreau)

Véronique Olmi
Maria Pourchet
Alice Zeniter
Sandrine Collette

10 questions
154 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}