D. Kaaen

« C’était ça ou chez ma sœur qui habite dans le coin aussi. Mais elle a deux espèces d’affreux machins qui mordent et bavent.



– T’aimes pas les chiens ? interrogea Clément.



– Les chiens, si, les gamins, non. »



Le châtain eut un sourire. Ses lèvres se plissèrent et il monta la main à son visage pour cacher sa dent lors de son éclat de rire. Les yeux gris s’éclairèrent malgré les cernes.



« T’exagères, marmonna Clément, résistant au fou rire.



– Dans convenance, j’entends toujours con, moi, du coup, j’ai du mal. Et mes neveux sont vraiment, vraiment affreux, une vraie pub pour la vasectomie. »



Clément finit par se laisser aller à l’hilarité.

Yassine : Help ! Je suis en train de mourir d’ennui.

Evie : T’as encore jamais épluché dix kilos de patates, tu connais pas l’ennui.

Simon : Tartiflette forever !

Evie : Je vais voir si je peux en ramener.

Yassine : Je peux venir ?

Simon : T’es qui ?

Yassine : Celui qui amène les bières.

Simon : Yass, mon pote d’amour ! Mi casa es su casa.

Evie : On dit vingt heures. À ce soir !

– J’ai hâte de voir comment le tas s’est multiplié comme par magie en l’espace de cinq petites minutes, soupira-t-elle.

– C’est étrange en effet, ajouta Mathieu sans le moindre sourire.

– Flippant même, continua Ethan. J’l’ai jamais senti cette maison, y’a un truc louche.

– Ouais, des ados. C’est complètement démoniaque ces sales bêtes, ironisa leur mère.

– Jette-nous du sel ! blagua Ethan

– Ou des herbes de Provence, tant que ça reste dans le domaine des condiments, c’est bon, non ? dit Mathieu. »

Ils éclatèrent de rire à l’évocation du péché coupable de leur mère : deux frères chasseurs de monstres qui n’hésitaient pas à recourir au sel de table. Chris leur caressa à chacun le haut du dos avant de monter s’occuper de la pile de linge. L’aîné des frères pria pour ne pas l’entendre hurler… Peine perdue.

« Ethan ! cria-t-elle. La prochaine fois que tu me mets une semaine de linge d’un coup, je te fais laver tes fringues au vieux lavoir de la ville ! À poil ! P’tit con, va ! »

« Clément, Gwen, mon fils, Mathieu, présenta Christen. »

[...]

« Le troisième, précisa Étienne avec un froncement de sourcils.

– Ils s’appellent pas tous Mathieu, j’espère, ironisa Gwen, je veux bien qu’il y ait un manque d’imagination, mais tout de même…

– Ah, pour un aspect pratique, je valide l’idée, pouffa Chris. J’aurais les trois à table en un seul hurlement.

– On n’a pas de problème à venir à table, dit le gamin. Quand c’est Étienne qui cuisine. »

Chris échangea un regard avec son compagnon.

« Plus d’une décennie de dévouement balayée par des lasagnes. Honteux.

– Et de la tartiflette aussi, maman, n’oublie pas, ajouta Mathieu.

- Comment oublier ? Y’a eu une guerre de déclenchée pour lécher le plat. »

Je suis parfois convaincu qu'il existe des gens comme moi, quelque part. Des gens qui bloquent devant ces tee-shirts hideux dans les magasins de souvenirs. Peut-être même qu'ils en ont déjà acheté un pour l'anniversaire d'un pote, histoire de s'amuser. Ils se disent qu'il n'y a jamais personne qui les met, ces tee-shirts sauf leur vieil oncle au camping pour l'apéro. Moi, je les mets tous les jours. Et plus l'inscription est débile, plus le dessin est moche, plus j'aime. Enfin, aimer n'est pas le mot. C'est juste que je commence à en connaître les effets.

– J’ai appelé le service handicap de l’université. Ils ont proposé de te trouver un tuteur. Ils ont pensé à une deuxième année qui s’appelle Zia. J’ai laissé ton portable, ils lui communiqueront et elle t’appellera.

– Et Esteban et Tao, c’est pour bientôt ? »

Sa mère ouvrit grands les yeux.

« Mais c’est quoi, ces réfs années quatre-vingt ?

– Ta faute, m’man.

– J’assume. Ça va aller, trésor ? »

Laurie : Bon, qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi tu veux un guide ?

Gwen : En fait, j’ai plus besoin d’une corde que d’un guide à ce stade…

Laurie : Oh, p’tit chou ! Pas de problème, on t’envoie ça ! Tu veux la poutre avec ?

Gwen : C’est tellement bien d’avoir des amis comme vous, ça épargne le souci de se faire des ennemis.

Laurie : On a déjà dit, on a le droit de râler, de pleurer, d’être con aussi. Juste pas autant !

« Laisse faire le rigolo. J’t’aime bien, Barton, mais tu vois, j’ai un odorat raffiné.

– Barton ? interrogea Nour.

– Hawkeye est malentendant dans certains comics, expliqua Zia. Et en plus, vu le caractère sombre du personnage, ça correspond pas mal à notre gars, non ?

– J’préfère chaton, ronchonna Neyla, inquiète que son surnom passe à la trappe.

– Sinon, j’ai un nom, mais bon, comme tout le monde s’en fout… »

Impossible de retrouver mon parfum et de m’en asperger pour camoufler l’odeur de l’unique gel douche de la salle de bain : le Axe Attraction des garçons. Autant dire que je suis au top du top niveau phéromones ! C’est le moment de tester si c’est pas de la publicité mensongère leur truc. À moins qu’il faille obligatoirement être équipé d’un pénis pour que ça fonctionne.

Ça s’appelle un vibro, j’ai pris le nec plus ultra en la matière, et franchement, niveau efficacité, il a rien à envier à n’importe quel mec. Alors, pour ma détente et mes orgasmes, ne t’inquiète pas, je gère. Et deuxième avantage, j’ai pas à simuler. »