Même les plantes les plus faibles se frayent un chemin à travers les fissures des roches les plus dures.
On n’est pas un homme si l’on n’a pas été angoissé. On n’est pas humain si l’on n’a pas passé du temps à se désoler.
L’oeil qui voit ce qui n’est pas visible est plus important que le terrain visible.
Kim se demanda de nouveaux pourquoi il avait été choisi parmi les nombreux experts en géomancie : il n’était guère différent des autres. Pour devenir géomancien, il fallait d’abord apprendre la théorie, puis faire son apprentissage auprès d’un maître pour être ensuite capable de prévoir les mouvements des vents et les sens des cours d’eau. Il fallait aussi pouvoir distinguer, dans une maison ou une chambre, les lieux remarquables des lieux malfaisants. Après avoir terminé cet apprentissage, on pouvait exercer dans la fonction publique en passant un concours d’État ou se mettre à son compte. Kim avait suivi tout ce processus et passé le concours d’État.
Contrairement aux autres géomanciens, c’est son père qui lui avait enseigné toutes ces choses. Il avait d’abord été initié à la pratique et non à la théorie. Enfant, il ignorait tout de la géomancie, mais il avait grandi en regardant son père parler du yin et du yang. Contrairement aux autres géomanciens qui achètent leur boussole, la sienne, qui provenait de Chine, il l’avait héritée de son père. Aujourd’hui il avait la chance de l’utiliser. A la pensée qu’il examinerait l’énergie du dragon(*) qui ruisselait depuis le Baegaksan vers le pays Gyeongbok, son cœur se mit à battre la chamade, mais Kim répondit avec indifférence :
– Puisque je suis ici, j’aimerais seulement visiter le Gyeongbokgung.
(*) Le géomancien doit d'abord scruter le dragon, terme technique qui désigne les montagnes.
L'image vacillante du géomancien Kim se refléta dans l'étang qui entourait le pavillon. Contrairement à son esprit agité et troublé, les poissons, comme s'ils retenaient leur souffle, étaient immobiles.