AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Dai Sijie (263)


Balzac lui a fait comprendre une chose: la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix.
Commenter  J’apprécie          401
Deux mots sur la rééducation : dans la Chine rouge, à la fin de l'année 68, le Grand Timonier de la Révolution, le président Mao, lança un jour une campagne qui allait changer profondément le pays : les universités furent fermées, et les "jeunes intellectuels", c'est-à-dire les lycéens qui avaient fini leurs études secondaires, furent envoyés à la campagne pour être "rééduqués par les paysans pauvres". (...) La vraie raison qui poussa Mao Zedong à prendre cette décision restait obscure : voulait-il en finir avec les Gardes rouges, qui commençaient à échapper à son contrôle? Ou était-ce la fantaisie d'un grand rêveur révolutionnaire, désireux de créer une nouvelle génération? (...) Notre conclusion fut la suivante : Mao haissait les intellectuels.
Commenter  J’apprécie          384
- C'est où Pekin?
Cette question nous donna un choc mais comme nous comprîmes qu'il ne connaissait vraiment pas Pékin, nous rîmes comme des bossus. Un instant, j'enviai presque son ignorance totale du monde extérieur.
Commenter  J’apprécie          360
Quand les yeux sombres de la femme se détachent avec éclat sur la toile blanche, un sourire de satisfaction se dessine sur les lèvres du peintre, car il sait mieux que personne qu'il est impossible de rater un portrait quand les yeux sont réussis.
Commenter  J’apprécie          292
Luo me rejoignit à côté du feu. Il s'assit, pâle, sans une plainte, ni une protestation. C'était quelques heures avant la folie de l'autodafé.
- Elle est partie, lui dis-je
- Elle veut aller dans une grande ville, me dit-il. Elle m'a parlé de Balzac.
- Et alors ?
- Elle m'a dit que Balzac lui a fait comprendre une chose : la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix.
Commenter  J’apprécie          291
Le forgeron lui demanda pourquoi il avait besoin d’une arme. Il lui répondit qu’il comptait se rendre dans les montagnes du Guizhou, où les terres cultivables étaient des plantations d’opium et où les paysans étaient armés. Quand venait la morte-saison, et qu’ils n’avaient plus grand-chose à faire dans les champs, ils se regroupaient pour attaquer en bandes les voyageurs qui s’aventuraient dans leur contrée. Cette situation étant connue, il parut naturel au forgeron qu’il voulût un fusil pour assurer sa propre sécurité. 
Commenter  J’apprécie          280
Avant nous, dans ce village, il n'y avait jamais eu ni réveil, ni montre, ni horloge. Les gens avaient toujours vécu en regardant le soleil se lever ou se coucher.
Nous fûmes surpris de voir comment le réveil prit sur les paysans un véritable pouvoir, presque sacré. Tout le monde venait le consulter, comme si notre maison sur pilotis était un temple. (p. 23)
Commenter  J’apprécie          270
Deux mots sur la rééducation : dans la Chine rouge, à la fin de l'année 68, le Grand Timonier de la Révolution, le président Mao, lança un jour une campagne qui allait changer profondément le pays : les universités furent fermées, et les "jeunes intellectuels", c'est-à-dire les lycéens qui avaient fini leurs études secondaires, furent envoyés à la campagne pour être "rééduqués par les paysans pauvres" (...)
La vraie raison qui poussa Mao Zedong à prendre cette décision restait obscure (...)
Notre conclusion fut la suivante: Mao haïssait les intellectuels. (p. 13-14)
Commenter  J’apprécie          270
Ce petit livre s'appelle "Ursule Mirouët"....
Brusquement, comme un intrus, ce petit livre me parlait de l'éveil du désir, des élans, des pulsions, de l'amour, de toutes ces choses sur lesquelles le monde était, pour moi, jusqu'alors demeuré muet.
Commenter  J’apprécie          270
Le colombier était un riche ouvrage, dont les poutres du toit et les colonnes étaient sculptées et peintes. Chaque compartiment était pourvu d’une porte coulissante rouge corail, le sol était recouvert d’un épais tapis de gazon, et les murs d’une quantité de petits miroirs. À la tombée de la nuit, quand les compartiments s’allumaient, le reflet des colombes, multiplié à l’infini par les miroirs éclairés, les jeux d’ombre et de lumière féeriques sur les colonnes et les poutres sculptées, donnaient l’impression que le bâtiment, échappant à la gravité de ce bas monde, allait s’envoler dans le ciel, et disparaître avec tous ses locataires. 
Commenter  J’apprécie          260
P. 65
Souvent, après minuit, on éteignait la lampe à pétrole dans notre maison sur pilotis, et on s'allongeait chacun sur son lit pour fumer dans le noir. Des titres de livres fusaient de nos bouches, il y avait dans ces noms des mondes inconnus, quelque chose de mystérieux et d'exquis dans la résonance des mots, dans l'ordre des caractères, à la manière de l'encens tibétain, dont il suffisait de prononcer le nom, « Zang Xiang », pour sentir le parfum doux et raffiné, pour voir les bâtons aromatiques se mettre à transpirer, à se couvrir de véritables gouttes de sueur qui, sous le reflet des lampes, ressemblaient à des gouttes d'or liquide.
- Tu as déjà a entendu parler de la littérature occidentale? me demanda un jour Luo.
- Pas trop. Tu sais que mes parents ne s'intéressent qu'à leur boulot. En dehors de la médecine, ils ne connaissent pas grand-chose.
- C'est pareil pour les miens. Mais ma tante avait quelques bouquins étrangers traduits en chinois, avant la Révolution culturelle. Je me souviens qu'elle m'avait lu quelques passages d'un livre qui s'appelait Don Quichotte, l'histoire d'un vieux chevalier assez marrant.
- Et maintenant où ils sont, ces livres?
- Partis en fumée. Ils ont été confisqués par les Gardes rouges, qui les ont brûlés en public, sans aucune pitié, juste en bas de son immeuble.
Commenter  J’apprécie          250
Souvent, après minuit, on éteignait la lampe à pétrole dans notre maison sur pilotis, et on s'allongeait chacun sur son lit pour fumer dans le noir. Des titres de livres fusaient de nos bouches, il y avait dans ces noms des mondes inconnus, quelque chose de mystérieux et d'exquis dans la résonance des mots, dans l'ordre des caractères, à la manière de l'encens tibétain, dont il suffisait de prononcer le nom, " Zang Xiang", pour sentir le parfum doux et raffiné (...)
- Et maintenant, où ils sont , ces livres ?
-Partis en fumée. Ils ont été confisqués par les Gardes rouges, qui les ont brûlés en public, sans aucune pitié, juste en bas de son immeuble. (p. 65)
Commenter  J’apprécie          240
Durant tout le mois de septembre, après notre cambriolage réussi, nous fûmes tentés, envahis, conquis par le mystère du monde extérieur, surtout celui de la femme, de l'amour, du sexe, que les écrivains occidentaux nous révélaient jour après jour, page après page, livre après livre. Nonseulement le Binoclard était parti sans oser nous dénoncer mais , par chance, le chef de notre village était allé à la ville de Yong Jing, pour assister à un congrès des communistes du district. Profitant de cette vacance du pouvoir politique, et de la discrète anarchie qui régnait momentanément dans le village, nous refusâmes d'aller travailer aux champs, ce dont les villageois, ex-cultivateurs d'opium reconvertis en gardiens de nos âmes, se fichèrent complètement. Je passai ainsi mes journées, ma porte plus hermétiquement verrouillée que jamais, avec des romans occidentaux. Je laissai de côté les Balzac, passion exclusive de Luo, et tombai tour à tour amoureux, avec la frivolité et le sérieux de mes dix-neuf ans, de Flaubert, de Gogol, de Melville, et même de Romain Rolland.
Commenter  J’apprécie          240
Ce vieux Balzac, continua [Luo], est un véritable sorcier qui a posé une main invisible sur la tête de cette fille. Elle était métamorphosée, rêveuse, a mis quelques instants avant de revenir à elle, les pieds sur terre. Elle a fini par mettre ta foutue veste, ça ne lui allait pas mal d’ailleurs, et elle m’a dit que le contact des mots de Balzac sur sa peau lui apporterait bonheur et intelligence…
Commenter  J’apprécie          230
C'était difficile à comprendre, mais les "intellectuels bourgeois", auxquels les communistes avaient infligé tant de malheurs, étaient moralement aussi sévères que leurs persécuteurs. (p. 205)
Commenter  J’apprécie          230
... alors que ma colombe avait disparu dans le ciel, un son fin et aigu a retenti. On aurait dit des notes de violon. Puis les sept petits tuyaux ont résonné en même temps, et j’ai eu l’impression d’entendre un concerto d’instruments à cordes. C’était une pure merveille. On ne voyait plus la colombe, seulement des nuages blancs, à l’intérieur desquels se jouait une musique presque miraculeuse. J’étais plongé au cœur de la Voie des Oiseaux, dont nos anciens sages avaient rêvé. Ces oiseaux dont on ne discerne pas la trace, mais dont on devine le passage à l’écho ondoyant de leur vol. 
Commenter  J’apprécie          220
Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. A l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais: Dickens, Kipling, Emily Brontë...

Quel éblouissement! J'avais l'impression de m'évanouir dans les brumes de l'ivresse. Je sortis les romans un par un de la valise, les ouvris, contemplai les portraits des auteurs, et les passai à Luo. De les toucher du bout des doigts, il me semblait que mes mains, devenues pâles, étaient en contact avec des vies humaines.
Commenter  J’apprécie          220
P. 74
Je décidai de copier mot a mot mes passages préférés d'Ursule. C'était la première fois de ma vie que j'avais envie de recopier un livre. Je cherchai du papier partout dans la chambre, mais ne pus trouver que quelques feuilles de papier à lettres, destinées a écrire a nos parents.

Je choisis alors de copier le texte directement sur la peau de mouton de ma veste. Celle-ci, que les villageois m'avaient offerte lors de mon arrivée, présentait un pêle-mêle de poils de mouton, tantôt longs, tantôt courts, à l'extérieur, et une peau nue à l'intérieur. Je passai un long moment à choisir le texte, à cause de la superficie limitée de ma veste, dont a peau, par endroits, était abîmée, crevassée. Je recopiai le chapitre où Ursule voyage en somnambule. J'aurais voulu être comme elle : pouvoir, endormi sur mon lit, voir ce que ma mère faisait dans notre appartement, à cinq cents kilomètres de distance, assister au dîner de mes parents, observer leurs attitudes, les détails de leur repas, la couleur de leurs assiettes, sentir l'odeur de leurs plats, les entendre converser...
Commenter  J’apprécie          220
Lorsqu’il se réveilla, il ne portait plus le haut cornet d’infamie en papier, mais une plaque de ciment de dix kilos était attachée à son cou.
Au-dessus était collée une feuille, avec ces inscriptions :
Nom du chien : Yong Sheng.
Âge : 55 ans.
Statut : Pasteur contre-révolutionnaire.
Lieu de naissance : Putian.
Adresse : Pressoir à huile de Jiangkou.
Principal crime : Tromperie aggravée. Reproduction secrète de la Bible, avec le sang de sa langue.
Les masses révolutionnaires qui le croisent doivent le molester. 
Commenter  J’apprécie          214
... il trouva tout au long du chemin des traces du passage de l’Armée rouge, tels leurs slogans tracés à la chaux sur les murs, qui exigeaient la suppression des impôts trop lourds et invitaient les paysans à se rebeller contre les potentats locaux, que les habitants appelaient « commandants », chacun ayant sa propre armée et sa sphère d’influence.
Commenter  J’apprécie          210



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dai Sijie Voir plus

Quiz Voir plus

Balzac et la petite tailleuse chinoise

Combien de livres se trouve dans la valise bien ficelé ?

10
4 ou 3
5 ou 6
pas précisé

8 questions
411 lecteurs ont répondu
Thème : Dai SijieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}