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Critiques de Dalie Farah (90)
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Retrouver Fiona



Il s'agit bel et bien d'un roman comme indiqué sur la couverture. Pourtant les bases sont celles du fait-divers, et il faudra peu de temps pour se remémorer l'affaire Fiona sous la verve de Dalie Farah.

Rappelez-vous. Été 2013, la France plonge dans la compassion d'une mère éplorée face caméras et se met à rechercher les beaux yeux de Fiona, 5 ans, disparue dans un parc de Clermont-Ferrand le temps d'un assoupissement de sa mère sur un banc. La narratrice-autrice ouvre le dossier papillon en pensant à sa mère berbère et à un épisode des Simpson – « On ne soupçonne pas les papillons » dixit Bart, la société quant à elle s'exprime via les réseaux sociaux, organise une marche non pas blanche mais de soutien, car « Fiona n'est pas morte », du moins pas encore. Quatre mois plus tard, Cécile Bourgeon avoue que Fiona est enterrée près d'un lac, morte sous les coups de son compagnon. C'est l'indignation qui s'exprime désormais, avec les questions sur la mère : « Comment ont-ils pu laisser quelque part le corps d'une gamine morte ? Comment une mère peut-elle oublier où est le corps de sa fille ? ».

Retrouver Fiona ne sera dès lors plus l'affaire de la société, mais passera dans les mains d'une police et d'une justice, pour retrouver le corps de Fiona. Dix ans et quatre procès, d'appel en pourvoi, de report en renvoi, l'affaire Fiona bégaie dans les couloirs de la justice, se noie dans les aveux troubles d'une mère et d'un beau-père drogués. Une mère qui se verra condamnée bien différemment au fil des procès, un beau-père inculpé. Les différents procès se heurteront ainsi de plein front à la difficulté d'une condamnation sans corps : « La mort de Fiona semble une abstraction, quelque chose qui n'a pas eu lieu, un truc dont on parle, une énigme à résoudre, coincée entre les mots d'hier et ceux d'aujourd'hui ».

Mais l'affaire Fiona se transcende sous la plume vivifiante de Dalie Farah, sa narratrice à proximité immédiate du fait divers, inquiète le soir de la disparition du bruit des rotors de l'hélicoptère aux alentours du parc Montjuzet, aux « notes graves et aiguës et qui s'engouffrant dans les tympans». Elle suivra l'affaire et les procès dix ans durant dans un « tournis des coïncidences communes ». Retrouver Fiona devient dès lors la symbolique d'une quête impossible, noyée dans la mémoire embrumée, le déni de violence. C'est par l'entremise du fait-divers et par l'écriture documentaire qu'elle creusera les sillons vers son inconscient traumatique – « mon je se confond avec une légion infinie de gamins signés du sceau de l'insignifiance », et c'est vers sa propre histoire que se tournera l'autrice, avec ses secrets enfouis.

Voilà en tout cas un roman à l'écriture alerte et nerveuse qui scanne avec pudeur et sensibilité, sans pathos ni rancoeur, les stigmates enfouis de la narratrice-autrice sur sa propre enfance violentée. Mais « Retrouver Fiona » devient aussi par l'entremise de sa quête personnelle un profond et émouvant texte aux accents thérapeutiques, avec son parcours de réflexions sur la violence, sa reproduction, la maternité ou le filicide, entre autres.



« J'ai 48 ans, et je continue de déterrer l'archéologie de ma vie, mon puzzle intime se reforme à chaque livre »
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Impasse Verlaine

Il est bien écrit « roman » sur la couverture, pourtant il s’agit bien d’un récit d’enfance qui puise dans le vécu de l’autrice.

Dalie Farah raconte sa mère, Vendredi, jeune kabyle rebelle mariée à 16 ans à un homme beaucoup plus âgé qui l’emmène en France où il travaille comme manœuvre. Voilà la jeune fille analphabète mais intelligente, confrontée à une autre culture dans un monde inconnu dont elle doit apprendre les codes.

« Vendredi se méfie de la noirceur des nuits auvergnates, elles n’ont pas la franchise des Aurès, elles n’ont rien de la tendresse du douar d’Algérie. »

La première née n’est pas désirée. La fille raconte la mère qui la maltraite et ne sait pas donner de l’affection, Malgré cela, elle va surmonter les humiliations et les brimades en se rattrapant à l’école car savoir lire et écrire lui donne un certain pouvoir :

« A sept ans, je suis le nègre de ma mère »

Une fille ne doit pas sortir mais aider sa mère aux tâches ménagères, et celles-ci commencent tôt le matin et s’avèrent lourdes mais la fille obéit à la mère toute puissante. Elle s’évade grâce à l’école et aux livres qu’elle dévore en cachette et qui lui apporteront la résilience.

Les coups marquent de bleus sa peau et, pourtant, personne ne semble les voir.

Et puis il y a les vacances et la découverte de l’Algérie, cet autre pays tellement différent. Là, l’adolescente maigre doit se faire laver, étriller au hammam où toute pudeur est abolie, ce que la mère terrorisante lui inculque par les coups.

La propreté obsède Vendredi qui ne veut pas que ses enfants soient de « sales arabes » ni que les poux colonisent leur chevelure frisée ce qui donne lieu à de véritables séances de torture au peigne à lentes.

L’adolescente se rebelle et pourtant, elle voit bien qu’en grandissant, elle ressemble à sa mère avec ses formes et sa « tête d’arabe »

« Je hais vendredi toutes les fois où je me renie pour lui obéir »

Un jour, enfin, elle quittera l’appartement HLM de l’impasse Verlaine.

Ce récit est une suite de fragments de vie, d’anecdotes, qui font entrer le lecteur de plain-pied dans l’intimité de cette relation mère fille brutale et sans tendresse. Le talent de Dalie Farah évite l’écueil du pathos et accomplit la prouesse de raconter cette violence quotidienne avec humour et dérision.

Ce récit est raconté d’une plume vive et authentique. Un premier roman étonnant.



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Impasse Verlaine

Un premier roman époustouflant, une auteure qui a le mot juste pour nous peindre une relation mère -fille quelque peu particulière.

C'est à la fois émouvant et plein d'humour de découvrir comment on peut se construire dans une relation sans tendresse ni amour maternel au sens naturel. Des coups par ci, des coups par là, pour un oui pour un non, pour un rien pour de trop, comment grandir sans lumière ni soleil qu'est une famille normale. Et pourtant, cette fille vaincra et par ses mots d'enfant, d'adolescente, elle nous contera son quotidien, ses rêves et ses douleurs, ses besoins et ses espérances, ses guerres et ses victoires.

C'est beau, et dur à la fois mais sans pathos, non juste une vérité vivante.

La peinture des années 70-80 est bien fidèle pour ceux qui l'ont vécu, un petit air de nostalgie.

Une lecture qui se dévore tant on est pris dans le sillage de Vendredi et de son destin qui se perpétue à travers la narratrice, sa fille.



C'est un très beau récit au style intéressant et plaisant.
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Impasse Verlaine

Naissance prématurée, après une grossesse contrariée et contrariante, racontées par sa mère comme une histoire drôle, après une gorgée de thé à la menthe : « On peut survivre à tout quand on survit à sa mère. » En trois pages, Dalie Farah donne le ton.

(...)

Un évènement littéraire.





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Impasse Verlaine

« On peut survivre à tout quand on survit à sa mère »

Voici la morale de ce premier roman fort et puissant.



J'ai été happée dès le premier chapitre qui donne de suite le ton, mêlant violence et poésie pour évoquer la naissance de la narratrice. Elle présente avec un recul glaçant toutes les tentatives maternelles pour se débarrasser avec « ingéniosité » de « cette excroissance malvenue ». Les mots sont durs, ils tranchent dans le vif. L'humour se fait ironie voire cynisme, « Maman m'aime tellement que pendant les mois où mon pronostic de vie est réservé elle ne mange pas un seul bonbon ».

Et en parallèle, on trouve de la douceur, de la lumière, de l'espoir. La narratrice fait montre d'une ténacité à toute épreuve et semble tenir sa force de toutes ses épreuves démesurées.



Ce mélange de tonalités et ce regard lucide de la narratrice parcourent l'oeuvre qui retrace les différentes strates de cette famille algérienne où règne une violence ancestrale. Le livre rapporte sa vie, de l'histoire de sa naissance à son émancipation au moment de l'obtention de son Bac, en passant très largement par l'évocation de sa mère Vendredi. Une histoire de femmes donc, qui évolue au fil de l'Histoire. Le livre est ainsi l'occasion de parler de l'Algérie, de la guerre d'Algérie, de religion, d'immigration.



Mais c'est surtout l'histoire d'une relation complexe entre une mère et sa fille. Les coups pleuvent de mère en fille, brimades physiques et psychologiques quotidiennes. Un harcèlement permanent. Haine et amour s'entremêlent.



Une histoire de liberté aussi, en particulier de la liberté que doivent gagner ces algériennes. Soumises aux carcans de leur condition. Des filles, épouses, mères, mais jamais femmes finalement. La narratrice gagnera sa liberté grâce aux mots, aux auteurs et poètes, à la culture.



Une lecture qui m'a soufflée.
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Retrouver Fiona

Le 12 mai 2013, Fiona, 5 ans, disparaît. Quelques mois plus tard, sa mère avoue au cours d’une garde à vue avoir enterré son corps avec son compagnon qu’elle accuse d’avoir porté les coups fatals. Après IMPASSE VERLAINE et LE DOIGT, Dalie Farah poursuit son enquête littéraire sur les violences familiales, ce « mal qui échappe autant à ceux qui le jugent qu’à ceux qui le commettent ». Elle assiste aux différents procès pour saisir le processus qui a conduit à cette disparition, comprendre sa propre survie aux coups reçus.

(...)



Si le sujet affiché de cet ouvrage, le récit d’un fait-divers, peut dérouter –souvent considéré comme destiné à « faire vendre du papier » – son traitement s’inscrit dans la démarche personnelle de l’auteur et conclut, ou tout au moins poursuit, son cycle sur la violence familiale contre les enfants. Au-delà des utilisations racoleuses, on pourrait retracer une longue tradition (Voltaire et l’affaire Callas, etc) de romans d’analyse empruntant leur matière première dans cette rubrique des journaux. Dalie Farah règle ses propres comptes mais parvient également à monter en généralité, avec une grande finesse et sans jamais sombrer dans le pathos. Elle met la littérature au service des plus vulnérables, contre « la violence non pas des forts, mais des impuissants, de ceux qui ont besoin d’une victime pour s’exercer à la domination ».



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Le doigt

Un matin pluvieux, devant son lycée auvergnat, la professeure adresse un doigt d'honneur à l'automobiliste qui la klaxonne alors qu'elle traverse en dehors du passage piéton pour ne pas salir ses chaussures. Elle récidive, quand celui-ci, sorti de son véhicule, lui demande par défi précisément de recommencer, et reçoit une gifle en retour. Est-elle responsable d'une violence qu'elle aurait suscitée ? Coupable même ? Un peu moins victime ? Ne jamais montrer sa peur : « le geste est né, une évidence réflexe. » Elle a parié sur « la lâcheté de l'homme » mais a perdu. Pour comprendre, la romancière analyse, avec une froideur clinique mais aussi beaucoup d'auto-dérision, d'autres agressions que son corps a subi, au collège quelques années plus tôt, et toutes celles, familiales, qui ont jalonné son enfance et son adolescence.

Elle raconte comment elle s'est longtemps sentie redevable à la République et à l'Éducation nationale au point d'en devenir une forme d'incarnation exemplaire, serviable au point d'en être servile, perfectionniste au point de vouloir être parfaite, infaillible au point d'oublier que chacun a ses failles quoiqu'il entreprenne : « Son existence est la démonstration d'un système vertueux et elle devient la vertu. » « Sa vie est un fait d'armes, sa survie aussi. Elle a gagné des concours d'éloquence, s'est extraite de son milieu social populaire et immigré, c'est une gagnante. » Professeure de français langue étrangère dans un collège d'éducation prioritaire, puis de littérature et de philosophie au lycée, elle se lève chaque matin, animée par sa seule mission , avec dévouement si ce n'est dévotion, abnégation : « Persuadée de devoir compenser, héroïne survivante d'une enfance douloureuse en banlieue nord clermontoise jusqu'à l'agrégation de lettres, elle pense devoir quelque chose à quelqu'un. le matin, aux portes du collège, elle porte une cape et une auréole, croit à son bon droit, celui de la perfection. Elle est capable de tout faire et personne ne la contredit. » de soudains déchainements de violence la ramènent pourtant toujours brutalement à la réalité.

Avec cette nouvelle autofiction, Dalie Farah poursuit et approfondit, avec un regard impitoyable mais sans se départir jamais de son sens de l'humour, son analyse des rapports qu'elle entretient bien malgré elle avec la violence. Après en avoir établi la généalogie dans "Impasse Verlaine", dont il ne faut pas s'attendre à retrouver ici toute l'émotion, elle oriente ici son étude vers la recherche des séquelles, avec une méthodologie beaucoup plus distante, à coup de scalpel. Elle comprend qu'elle a toujours refusé de montrer sa peur, préférant faire face, au risque de subir. Elle raconte comment l’administration jamais ne la soutient, au nom d’une « nécessaire impartialité partiale » ou pour lui faire payer ses accès d’insubordination, car « l’Institution allergique au désordre choisit toujours son propre intérêt. » Docile, mais rebelle dès qu’un sentiment d’injustice la titille, elle agace. « Elle n’arrête pas les coups de pute, en fait. Sous l’uniforme de l’Éducation nationale Madame reçoit des coups, Madame porte plainte, monte des dossiers médicaux et demande protection. Il ne faudrait pas que ça devienne une mode de mettre à nu un système et sa violence avec. Trois fois en dix ans, Madame abuse, Madame fausse les statistiques, pour qui elle se prend ? On la tolère et elle est déloyale. L’école de la République la sauve et l’ingrate fille des colonies fait des histoires. » Ainsi, se met-elle inconsciemment en situation de subir, comme par réflexe d’autodéfense. Instinctivement, elle « n’accepte pas les compromis qui la garderaient en sécurité » : « Elle est toujours en état chimique de se faire casser la gueule. » « Sa désobéissance est un choix par défaut, une défense de faible ; décider de désobéir, c’est dominer les maîtres qu’elle n’a pas choisis, qui ne méritent pas d’être choisis. De là vient la violence. La leur, la sienne. Un faux maître qui exige une soumission indue s’attire un second doigt d’honneur. C’est l’affrontement. »





Périlleux exercice que de prétendre rendre compte d’une entreprise aussi complexe, d’autant que cette espèce de contribution à une sociologie de la violence, mêlée à une sorte d’auto-analyse, revêt une forme littéraire pour mieux déjouer toute tentative d’étiquetage, déjouer les esquives et les mensonges. Pour Dalie Farah, la littérature est décidément un sport de combat !







Retrouver cet article sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
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Impasse Verlaine

Un tout premier roman pour cette auteure. Une plume donc que nous découvrons à travers une histoire de lien mère fille. Une enfant raconte sa naissance, raconte sa mère Vendredi, Djemaa en arabe. Celle-ci est née au bord d'une petite ville Berbère, " L’Algérie, c’est l’Éden de ma mère. " En effet cette petite algérienne dévore les paysages de son enfance, " dévale la pente comme un ballot de tissus multicolores" voue un grand amour à son père, berger. Malheureusement celui ci va être tué par des tirailleurs dans d'ignobles conditions. "Ce jour-là on se bat en Algérie, des hommes blancs torturent des hommes bruns qui eux-mêmes en égorgent d’autres. Et blancs et bruns se plaisent à aimer ensemble le ciel, les raisins et la colère du ciel. " Orpheline de père, La violence de la mère va s'intensifier à l'égard de Vendredi, jusqu'au jour du grand départ pour la France, mariée à un cousin veuf.



"À la descente du bateau, Vendredi déteste Marseille. Elle déteste l’odeur des poissons grillés et la chambre étroite du beau-frère tatoué célibataire qui travaille sur le port. L’homme l’a dévorée des yeux. Elle a dû dormir dans une pièce unique, se tenir entre un placard et un canapé et manger des sardines non assaisonnées dans une gargote où les hommes l’ont jaugée en souriant." C'est une nouvelle vie, Vendredi est belle et avec son mari ils vont d'abord s'installer dans une petite maison à Ponteix, en Auvergne où elle mettra au monde trois enfants, trois petite frisottés. Puis, un nouveau départ pour un autre logement, dans les nouveaux logements neufs communautaires en pleine effervescence à cette époque.



C'est l’histoire de deux petites filles, l'une devenue mère de l'autre. Et l'autre se raconte, raconte son enfance, sa sœur chérie, son amour des livres, de l'instruction, de l'école et ce sera là un des chemin qu'elle va prendre pour échapper à cette mère qui l'aime tant mais ne sait pas le montrer comme son enfant le souhaiterait. Histoire de lien mère fille, histoire d'exil et de violence, histoire d'émancipation .. très touchant seulement les mots sous la plume de l'auteure, malgré leur poésie, s'enchainent rapidement, trop vite, une véritable course à la vie ! Un peu à regret pour moi. Nous n'avons pas le temps de savourer par exemple cette enfance algérienne, cette vie de famille en France, jamais il n'est question des frères, cette petite sœur, nous comprenons bien qu'elle est à un moment donné de la vie de la narratrice son sauveur, cependant on ne découvrira rien d'elle ...

J'ai tout de même l'impression d'avoir déjà vécu ce sentiment d'écriture "vive", rapide dans mes dernières lectures de nouveautés, serait-ce là un nouveau courant ? Cela change de ma lecture dernière d'Anjana Appachana, c'est peut être pour cela que je me fais cette remarque par ailleurs !
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Impasse Verlaine

Un très beau premier roman sur une relation mère fille aussi forte que dure.

Vendredi arrive en France avec un mari qu'elle n'a pas choisi. Elle arrive dans un pays et un mode de vie qu'elle n'a pas choisi non plus. Elle s'adapte tant bien que mal.

Son histoire est racontée par sa fille. Cette fille qu'elle a aimé quelquefois, qu'elle a battu souvent tout en voulant très fort qu' elle réussisse, tout en étant fière d'elle.



Cette fille que les livres ont sauvé et qui lui ont permis de partir de chez elle.

Un récit poignant où se mêlent la violence des actes sans apitoiements et une écriture pleine de poésie. Une plume singulière et une belle promesse pour les romans à venir.
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Stop

68 textes. Quelques 300 pages. 68 hommes et femmes pour jeter une bouteille à la mer, dire leur colère, leur amertume, leur désespérance.

Un combat, ou 10, ou 100... L'anthropocène devenu capitalocène et anthropocide; la folie guerrière qui jette ses filets pour prendre les dollars des marchands de guerre; l'ineptie d'empoisonner la terre au principe de nourrir les populations; l'injure faite aux majorités dans l'injonction de faire plus et mieux quand ils donnent quasiment tout; le mépris jeté à la face de jeunes qui n'ont d'avenir assuré que leur lendemain; l'abrutissement orchestré dans une virtualisation offerte comme un pis aller rassurant; la compétition stérile et injurieuse sans cirque mais nourris de pouces baissés...

68 textes, cela fait beaucoup de mots et pourtant si peu quand il faudrait reboiser les esprits de milliers de gens.

Mais peu de mots au carré, au cube, à la puissance de 1000 lecteurs, voilà que cela devient une marée, un tsunami.

Romanciers, poètes, dessinateurs, réalisateurs, journalistes, sociologues, ces hommes et femmes ont joué le jeu d'un appel lancé par Oliviet Bordaçarre. Ecrire pour marquer un Stop, pour dire la colère et la peur.

Bribes de réflexion, manifestes, poèmes, courtes nouvelles, ces textes empoignent le cœur, rallument l'effroi ou offrent un peu d'espoir. Mais tous sans exceptions, secouent la torpeur insouciante qui sait que la situation est grave mais veut croire que l'humanité, en bonne élève, poursuivra sa course, persuadée de l'impossibilité de son extinction.

Collapsologie, pourront penser certains, oublieux des chiffres qui disent chaque jour la disparition de nos voisins aquatiques, volatiles, férus de froid, ou de forêts luxuriantes.

C'est peut-être un coup d'épée dans un océan d'impossibles, mais il a le mérite d'exister.

Alors, je sais gré à chacun de ces hommes et femmes, sentinelles, qui posent des mots comme on gratte une plaie, pour qu'elle suppure, gangrenne, et qu'enfin on coupe le membre.

Qu'importe le temps qu'il nous reste. Toutes les civilisations se sont éteintes un jour, mais, sans doute pouvons nous gagner un peu de temps avant que, pour citer cette belle expression de Mouloud Akkouche, la planète ne baisse définitivement ses paupières.

Un grand coup de chapeau à l'éditeur, la manufacture des livres, qui a joué le jeu.

Et, cerise sur le gâteau, tous les droits du livre dont reversés à des associations et collectifs locaux qui, en fourmis travailleuses, œuvrent sans relâche pour faire leur part du colibri.
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Le doigt

Le sujet du livre m'attirait car il était original. Un matin d'hiver, à Thiers, une prof de français se hâte vers le lycée où elle enseigne et traverse une rue en dehors des clous. Arrive un automobiliste qui la klaxonne. La prof sursaute et fait un doigt d'honneur au chauffeur. Celui-ci descend de voiture et elle récidive alors. Alors il la gifle.

A partir de là, c'est une réflexion sur la violence en général et les violences particulières qu'elle a subies dans son enfance et dans sa carrière. Elle évoque alors sa difficulté à être entendue et comprise par l'Education nationale, l'inertie et le désengagement du rectorat.

L'auteure s'analyse et fait son introspection. Un style épuré, une écriture au scalpel mais je suis passée à côté. Je n'ai pas été plus touchée que ça par le parcours de cette femme qui se victimise beaucoup.

Je n'étais pas la bonne cible pour ce livre.

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Impasse Verlaine

Ce roman se situe dans cet entre-deux sensible et pose cette question : chez l'humain, qui l'emporte sur l'autre, le naturel ou l'acquis ? En outre, d'autres thèmes se glissent dans la fiction pour compléter le thème central : l'exil, la terre natale, l'identité, le corps…



L'écriture est limpide, mêlant sensibilité et force. La narration est assurée à la fois par un narrateur omniscient et la fille de Vendredi. Ce procédé narratologique permet de créer des mystères dans la fiction et incite le lecteur à poser des questions.



La romancière a inséré discrètement des fragments autobiographiques : comme la fille de Vendredi, Dalie Farah est née en Auvergne (lieu de la fiction) en 1973 (date de naissance du personnage), de parents algériens (troisième élément autobiographique). Bien que le roman ne soit pas une autobiographie ou une autofiction, la romancière essaie de se retrouver à travers son personnage, ou du moins de retrouver une partie d'elle.



Enfin, Impasse Verlaine est un questionnement humain qui se situe entre l'inné et l'acquis, la nature sauvage et la civilisation. Simple et puissant, nourri d'humour et de réflexions, le roman est une belle robinsonnade féminine, un pont entre l'Algérie et la France, et un dialogue intergénérationnel qui se dit par les corps, non par les mots.



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Retrouver Fiona

Je me suis intéressée à ce livre dans le but de comprendre « l’incompréhensible » affaire Fiona, du nom de la fillette âgée de 5 ans disparue en mai 2013 à Clermont-Ferrand et dont le dénouement affreusement improbable a bouleversé la France entière. Faussement enlevée, Fiona est morte sous les coups de sa mère, Cécile Bourgeon et de son beau-père Berkane Makhlouf, qui ont ensuite orchestré l’abandon du corps qui n’a jamais été retrouvé et la comédie de la famille éplorée devant les journalistes et la justice.



Dalie Farah est clermontoise, elle a été touchée de près par cette affaire car d’une part elle vivait à quelques pas du parc Monjuzet, endroit où la petite fille a soi-disant disparue au cours d’une sortie avec sa mère, et d’autre part car elle a également été victime de violences parentales lorsqu’elle était enfant. Sa quête obsessionnelle de comprendre le mécanisme de la violence envers les enfants l’incite à mener « une enquête littéraire » sur l’affaire durant neuf ans avant d’écrire ce livre. Dès le départ, elle a assisté aux recherches comme nombre de voisins qui refusent l’inacceptable. Elle a ensuite suivi l’affaire de près et assiste aux multiples procès jusqu’à la condamnation en 2020 à 20 et 18 ans de prison pour Cécile Bourgeon et son compagnon.



Mon avis est mitigé sur ce livre. Bien évidemment dans les faits racontés, j’ai été touchée, bouleversée au souvenir de cette affaire qui à l’époque m’avait déjà considérablement choquée, ayant moi-même une enfant du même âge que Fiona à la même période, mon incompréhension était totale face à cette mère (enceinte) qui joue devant les caméras à un jeu sordide et ce durant quatre mois et 1/2. J’ai donc apprécié trouver des mots, un ressenti sur cette affaire, autre que les articles de journaux. Dalie Farah analyse l’affaire de son propre point de vue, en apportant son propre rapport à l’évênement, qui comme un jeu de miroir lui évoque son enfance violentée. L’introspection est profonde, douloureuse tout en restant froide, détachée. On sent l’autrice emplie de haine, de colère par rapport à son propre vécu. On la sent consternée par l’inaction, l’inefficacité du gouvernement, des services sociaux, de l’éducation nationale, des médecins (un médecin consulté par C.Bourgeon a fait un certificat d’absence scolaire de 21 jours pour Fiona sans avoir vu l’enfant!!). Consternée, comment peut-il en être autrement ? A travers ses mots, on parvient à comprendre que cette quête soit devenue obsessionnelle. Les réflexions sur les violences faites aux enfants sont terriblement pertinentes, claquantes. Quelle place donne t-on aux enfants, qui sont pourtant nos adultes de demain dans notre société? Certains reprocheront à l’auteure de vouloir faire de l’argent sur un fait divers, (c’est toujours le cas à propos de qui ose écrire sur un fait divers), mais à tort à mon avis, car écrire sur Fiona c’est d’abord refuser de l’oublier, refuser la banalisation de la violence et éveiller (ou plutôt secouer) les consciences car comme le prouvent les aveux tardifs de la mère, Fiona était régulièrement frappée : n’y a t-il jamais eu aucun témoin ? N’aurait-on pas pu tirer la sonnette d’alarme avant que le pire ne soit commis?



Le point négatif en ce qui me concerne est lié au style épuré, haché que j’ai eu peine à suivre. J’ai souvent eu l’impression de me perdre dans un fouillis de faits, de ressentis, d’allers et retours à différentes époques. Je m’attendais à un récit construit mais il tient plus du monologue incessant, épuisant parfois. Le livre est relativement court, ce qui m’a permis d’aller au bout de ce témoignage pour lequel l’adjectif « littéraire » ne convient pas. Mais ce n’est que mon humble avis !



Je remercie les Editions Grasset via Netgalley pour cette lecture.
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Impasse Verlaine

D'abord, un titre qui sonne comme un oxymore : Impasse Verlaine, le piège et le champ des possibles, le mur et la liberté. Et la poésie, qui délivre de tout.

Ensuite, le déroulé des vies. Celle de la mère, celle de la fille, étroitement imbriquées, toutes deux soumises à l'impasse, toutes deux tendues vers la liberté.

Pour la mère, Vendredi, belle et farouche, l'impasse, c'est sa condition de femme. La voilà mariée, déplacée loin de ses montagnes berbères, enceinte sans l'avoir voulu et sans l'accepter. Son corps même devient une prison dont elle n'aura de cesse de vouloir s'échapper jusqu'à la libération suprême : l'hystérectomie qui l'arrache enfin à sa condition de femme, de mère, d'objet.

Pour la fille, la narratrice, l'impasse, c'est sa mère. Sa mère dont elle guette le moindre geste de tendresse, patiemment, douloureusement, indéfiniment. A chaque espoir, chaque petite envolée, la brutalité de sa mère la ramène à sa condition misérable. Très vite, elle perçoit que son salut viendra des mots, de la littérature et de la poésie. L'écriture la rend visible aux yeux de sa mère, lui donne une existence et la mène à la libération suprême : s'affranchir de l'impasse pour aller étudier et vivre enfin.

J'ai beaucoup aimé ce livre, cette intense histoire de filiation, d'attraction et de rejet, d'émancipation et de soumission. Certaines scènes sont d'une violence dévastatrice et leur répétition est éprouvante. Mais l'auteure parvient à recouvrir du voile de la poésie les lignes les plus douloureuses... Un beau premier roman, intense et percutant, sur un sujet universel : le lien de filiation, ou comment s'en affranchir sans se perdre tout à fait.
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Impasse Verlaine

Dès le premier chapitre, nous comprenons que le récit sera douloureux. Pourtant, la première phrase aurait pu nous tromper : « Ma mère adore les histoires drôles.» (p. 8) Puis, la narratrice enchaîne sur les stratagèmes que sa mère, alors âgée de dix-sept ans, a utilisés pour empêcher sa naissance. Le bébé est né le 22 février 1973, après sept mois de grossesse. Prématuré, il a failli mourir. Vendredi, la maman, a pleuré sur ce petit être qui s’est attaché à la vie, mais quand elle revient sur les évènements, elle s’esclaffe. Alors que le ton semble léger et virevoltant, les mots sont empreints de douleurs et de souffrances sous-jacentes. La forme et le fond semblent composer un oxymore.



Dans la première partie, l’auteure déroule l’enfance et l’adolescence de Vendredi, en Algérie. Elle relate les traumatismes, qui ont façonné la personnalité maternelle. Comment être mère quand on n’a pas pu, soi-même, être fille ? Même si le corps de Vendredi était prêt à enfanter, son éducation ne lui a pas appris à être maman. Son mariage, avec un homme bien plus âgé, l’a menée en France. Son destin d’enfant émeut quand son attitude de mère révolte…



« On peut survivre à tout, quand on survit à sa mère. » (p. 9) La narratrice déroule ensuite son amour pour cette mère, qui exprime le sien par les coups. J’ai été bouleversée par les tourments de cette petite-fille qui quête les preuves d’affection, qui s’accroche aux miettes d’attention pour élaborer un portrait maternel aimant. Il est tellement difficile d’affronter la vérité du rejet qu’interpréter le moindre geste tendre est vital. J’ai été meurtrie par la violence qui émaille son quotidien et par le silence des voisins et des enseignants, qui détournent le regard. Pour se confier, elle recourt à un humour distancié et protecteur. Elle ne rêve que d’éveiller l’amour de sa mère et de crier le sien. Or, Vendredi oscille entre douceur et dureté et distribue espoirs et désillusions. C’est après un voyage, en Algérie, que l’héroïne devient réellement la fille de sa mère. Elle comprend qu’elle seule peut se sauver. « A mesure que je deviens la fille de ma mère, je commence à la quitter. Cela m’émeut, m’étreint, me terrifie. » (p. 220)



Pour des raisons différentes, j’ai été cette petite fille pour qui l’école et les livres étaient un refuge ; j’ai été très touchée par Impasse Verlaine.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Impasse Verlaine

Impasse Verlaine de Dalie Farah

Editions Mon poche

Prix Dubreuil du premier roman 2019 par la Société des Gens de Lettres.



Premières phrases : » Ma mère adore les histoires drôles. Il en est une qui me concerne, charmante et éclairante. Elle la raconte entre une gorgée de thé à la menthe et la dégustation d'un petit gâteau sablé saupoudré de sucre glace. »



L'impasse Verlaine à Clermont-Ferrand, c'est dans cette cité que nous partons à la rencontre d'un duo mère-fille au parfum de fleur d'oranger et de thé à la menthe. Vendredi la mère, est fille de l'Algérie, des montagnes, des grands espaces et du vent des Aurès.

A peine le pied posé sur le sol français que la voici enceinte à 16 ans, son mari de 20 ans plus âgé est un cousin éloigné, veuf bien trop tôt, qui cherchait au bled une fille à marier.

Vendredi est une mère parce que son corps est prévue pour, mais sa fille ne trouvera jamais de place dans ses bras, jamais un regard bienveillant et encourageant ne sera posé sur elle, jamais de paroles ne consoleront ou n'apaiseront les larmes. Vendredi ne sera jamais une maman.

Finalement comment pourrais t'elle offrir ce qu'elle n'a pas reçu ?

Vendredi frappe, tape, brutalise sa progéniture…elle cache ses faiblesses avec talent mais cogne sur ses enfants avec rage.

Mais sa fille, elle, grandit et même si les coups font mal et si elle cherche encore et toujours un peu de tendresse, c'est ici dans cette barre d'immeuble grise et triste qu'elle avance et que bon gré mal gré elle se construit, dévore des romans, passe son bac et peut-être un jour prendra son envol de cette impasse.

Un texte qui vous emporte loin et vous ramène dans le même temps…durement à la réalité



Emma aime :

-Un premier roman percutant

-Sentir le vent des Aurès

-Rebondir plus haut

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Impasse Verlaine

J'ai lu le premier roman de Dalie Farah en fin de nuit et achevé aux premières lumières de l'aube. C'est un livre qui mérite mille fois les premiers instants du jour. Une pure merveille. Les enfances ne se ressemblent pas et pourtant ceux qui racontent la leur trouvent souvent celles des autres: c'est le cas de ce roman. Aussi différente de celle de Dalie que soit mon enfance - encore que nous ayons indirectement l'Algérie en commun et le même voyage scolaire sur les traces du Grand Meaulnes - j'ai trouvé dans ce livre bien des émotions, bien des situations que j'ai moins même connues. C'est là le sceau des grands romans: atteindre l'universel en parlant du particulier. Ce roman mérite encore les premières lueurs du jour parce qu'il marque l'aurore d'une nouvelle écrivaine, lumineuse et sans doute un peu malicieuse dans sa façon de jouer avec les mots: ce n'est pas tous les jours que cela se produit!

De même, ce n'est pas non plus tous les jours que l'on a envie de dire merci après avoir terminé un roman.

Merci donc.
Lien : http://www.transhumances.eu
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Impasse Verlaine

Rencontrer les mots de Dalie FARAH fût une révélation. Depuis bien des années je ne lisais plus vraiment de roman, sans doute saturé par les flots d'informations venus du numérique ou déçu par des romans désincarnés. Impasse Verlaine, je l'ai lu en quelques heures, goulument, captivé par un style unique, une histoire que se lie à mes sensibilités. Chaque mot est soigneusement pesé, pas de superflu ni remplissage, c'est brut et fort, sensible et positif. Depuis, je relis avec un plaisir non dissimulé et retrouve mon imaginaire d'enfant. Pour tout cela, merci Dalie Farah.

Je souhaite que votre talent s'exprime encore plus fort pour les années à venir.
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Impasse Verlaine

Quel talent de raconter une enfance difficile avec autant d’humour et de poésie , très beau livre , on a envie d’en souligner les phrases pour se les remémorer tellement elles ont du sens et de l’humour. Beaucoup de réalité , un peu de romance et Une si jolie écriture en font un roman atypique que je recommande pour découvrir les conditions des femmes berbères et de leurs descendances.
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Impasse Verlaine

Ce premier roman est un bijou. Un bijou brut, sans détour, qui décrit avec honnêteté et pudeur une enfance dans un milieu populaire issu de l’immigration Algérienne.

C’est l’histoire d’une petite fille qui rêve de s’extraire de la famille qu’elle n’a pas choisie. Vendredi, la mère de la narratrice porte en elle l’ambivalence d’une femme devenue mère trop jeune, aux valeurs fortes, parachutée en Auvergne à la suite de son mariage avec un homme plus âgé. Son amour de femme et de mère se manifeste avec ambiguïté. Cette vie à la Française, parfois joyeuse, souvent cruelle, nous plonge dans une époque pas si lointaine où l’autorité parentale fait loi, la crainte de ses parents remplace le respect et où l’école ferme les yeux sur ce que l’on nommerait aujourd’hui de la maltraitance.



L’écriture de Dalie Farah est précise, l’humour est présent pour contrer le malheur et l’histoire mêlée de deux femmes, la mère et la fille, est mêlée de paradoxes pour exprimer un amour filial que l’on ne doit pas montrer.

La fierté se cache dans les gifles, la reconnaissance dans le mépris et le partage dans les humiliations.

A priori, c’est une histoire banale dans le sens sacré du terme : banal, car il s’agit de la vie ordinaire, celle de tous les jours, d’une famille habitant un HLM dans une impasse qui porte le doux nom de Verlaine.



Percutant, serait l’adjectif le plus approprié pour cette lecture aussi passionnante que dérangeante.

Lorsque l’on comprend que la seule issue de la narratrice pour échapper aux coups et aux incompréhensions familiales est la fuite, l’espoir est permis. Grâce à la poésie raffinée et efficace dont est ponctuée le récit, on attend fébrilement la libération.

La littérature tient une place prépondérante dans la vie de cette jeune fille dont les parents ne savent ni lire ni écrire ; très tôt c’est elle qui est chargée de remplir les papiers administratifs de la maison. Les grands classiques sont un réconfort dans ce monde violent où les retards, l’insolence et la fainéantise ne sont pas permis, ils sont pour la narratrice comme une armure invisible dont elle se pare pour se sentir forte et protégée.



C’est un texte bouleversant où la vie gagne à la fin, la rencontre avec une personnalité hors du commun qui surmonte les épreuves en attendant un geste tendre qui ne viendra pas, sans pathos l’auteure nous entraîne dans une vie vraie que l’on espère plus tendre pour la narratrice dans sa vie d’adulte.

Après ce coup de cœur, j’attends avec impatience de lire à nouveau la plume de Dalie Farah !
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