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Critiques de Dalton Trumbo (21)
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Johnny s'en va-t-en guerre

Un livre poignant et émouvant!

En ouvrant Johnny s'en va-t-en guerre, je m'attendais à y trouver des scènes de guerre, des moments trouble de la grande guerre, beuh non, c'est bien plus frappant que ça, il ne s'agit que d'un personnage, mais dont l'histoire est troublante, et l'écriture est tout autant bouleversante. On vit les émotions de Joe, on pénètre ses souvenirs, ce qui lui reste de plus cher quand son corps, mutilé, ne peut plus obéir à son cerveau. Je ne dirais pas que j'ai savouré ce livre mais à chaque mot, à chaque phrase, quand bien même qu'il y ait eu beaucoup de reprises, à chaque page tournée, j'ai senti quelques titillations dans mon cerveau imaginant mon corps dans l'incapacité de m'obéir, ce que l'auteur réussit à vivre au lecteur! C'est une réussite, ce livre!
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Johnny s'en va-t-en guerre

Dalton Trumbo est une personne qui comptait dans l'Amérique des années 40 : c'est un homme apprécié des studios américains pour ses scénarios , il recevra d'ailleurs l'Oscar du meilleur scénario en 1941 et sous d'autre identité en 1954 et 1957 .

Oui mais , tare impardonnable , il est communiste . Etre communiste signifie-t-il qu'on est un ennemi de l'Amérique ? C'est ce que pense l'HUNAC ( commission des activités anti-américaines ) . De plus Trumbo fait la mauvaise tête : il refuse de répondre à la question " êtes-vous adhérent au parti communiste " .... ils sont dix dans son cas .... UN AN DE PRISON pour outrage au congrès et interdit de travail à Hollywood . Son talent étant indéniable , il réussit quand même à écrire pour le cinéma sous fausse identité . " Vacances romaines " , " Spartacus " et " Exodus " sont de lui .

L'Amérique grâce au maccarthysme se priva du talent de Chaplin , Orson Welles ou Bertold Brecht , ce qui n'est pas un honneur pour " la démocratie " qui donne des leçons à la planète entière .

Trumbo met lui même en scène son livre , en pleine guerre du Vietnam , et il est clair que la " morale " du propos est plus qu'antimilitariste , ce qui ne passe pas facilement chez les va-t-en guerre et patriotes acharnés .

Toute association d'idée avec la politique de Trump ( l'oncle Donald ) ou notre actuel état d'urgence relève de la pure médisance .

La question à se poser après lecture de ce livre : Comment sommes nous manipulés pour consentir à participer à une guerre alors qu'à chaque fin de conflit , il se dit :" plus jamais ça " . Aurions-nous perdu la mémoire ?
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Johnny s'en va-t-en guerre

En 1917, quand les Etats-Unis entrent en guerre, le jeune Joe Bonham, simple boulanger du Middle West, se retrouve embarqué dans le conflit, incité qu'il est par des va-t-en guerre qui lui racontent qu'il doit partir pour sauver la liberté et la démocratie. Malheureusement pour lui, il se retrouve atrocement mutilé par l'explosion d'un obus. Il doit être amputé des quatre membres. Il est complètement défiguré. Sourd, muet et aveugle, véritable mort vivant, il ne sait comment s'y prendre pour communiquer à nouveau avec ses semblables.

Plus conte philosophique et pamphlet virulent contre l'horreur de la guerre « Johnny s'en va en guerre » n'est en aucune façon un témoignage. Il fut écrit dans les années trente et parut en 1939. Il devint très vite un livre culte d'abord revendiqué par les isolationnistes de droite opposés à l'intervention américaine pendant la Seconde Guerre mondiale puis encensé par les pacifistes de gauche luttant contre la guerre du Viet-Nam. D'un style très parlé, quasi célinien, donnant l'impression d'un texte écrit au fil de la plume, plus hurlé qu'écrit, cet ouvrage mérite largement sa réputation de chef d'oeuvre de la littérature antimilitariste. Il laisse une très forte impression et réussit le tour de force d'arriver à faire partager tous les sentiments ressentis par cet homme réduit à l'état de légume à cause de la folie des hommes. On peut avoir quelque peine à entrer dans cette histoire qui part un peu dans tous les sens au début, mais très vite on se prend de pitié et de compassion et on ne peut plus lâcher plus ce bouquin atypique qui sonne comme un grand cri du cœur avec sa fin lyrique et pleine d'humanité. A lire absolument.
Lien : http://etpourquoidonc.fr/
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Johnny s'en va-t-en guerre

Ce roman serait un livre-culte pour la "génération mai 68" ; un film tout aussi fameux, sinon davantage, en aurait été tiré. Sauf que je suis né bien après 68, et que mon inculture cinématographique est, hélas ! assez abyssale... Je ne savais donc rien de "Johnny s'en va-t-en guerre" avant d'en entamer la lecture, hormis qu'il s'agissait d'un roman antimilitariste mettant en scène un jeune Américain engagé dans la Grande Guerre. J'ai été surpris, et plutôt deux fois qu'une.



Première surprise, et première contrariété : les scènes de guerre sont quasi inexistantes. Espérant lire une sorte de "Red Badge of Courage" version 14-18 dans lequel le personnage principal ne deviendrait jamais un héros, j'en fus pour mes frais. Cloué à son lit d'hôpital, réduit à l'état d'homme-tronc, Joe Bonham se souvient : de ses parents, de ses copains, de ses amours, de ses petits boulots, mais pas du combat, ou si peu.



Deuxième surprise, et deuxième contrariété : le style d'écriture. Ce n'est pas tout à fait un style oral à la manière du "Voyage au bout de la nuit" même si on s'en approche parfois. Le problème qui dans un premier temps me parut insurmontable tient à l'absence totale de virgules : chaque phrase semble prononcée dans un seul souffle, sans pause, sans accentuation, comme le ferait un comédien débitant son texte sans le comprendre. Le résultat est très déstabilisant.



Avec ces deux contrariétés initiales, j'ai pu craindre le pire. Dans mon esprit, ce roman a débuté à deux étoiles : le fond est intéressant sans être passionnant, mais c'est illisible, jamais je n'irai au terme des 300 pages avec un style pareil. Il est passé à trois étoiles au bout d'une cinquantaine de pages : finalement on s'habitue à cette écriture si particulière, et ce pauvre gars commence à devenir attachant. Puis, une fois passée la moitié, après de passionnantes réflexions sur la liberté, la démocratie, la valeur de la vie, je savais que je tenais un très bon roman et que celui-ci me passionnerait jusqu'à la dernière ligne, méritant largement ses quatre étoiles.



Je ne sais pas si la lecture de "Johnny s'en va-t-en guerre" m'aura rendu plus sensible à l'absurdité de la guerre : je continuerai sans doute d'osciller entre horreur et fascination pour ce qui constitue, et ce depuis l'époque de l'homme des cavernes, l'une des grandes affaires humaines ; il n'est pas dit que le malheureux Joe Bonham aura fait remporter une victoire décisive à la partie de moi-même fondamentalement antimilitariste, au détriment de celle qui rêve aux exploits guerriers d'Alexandre et de Napoléon, aux hussards et aux chevaliers... En revanche ce qui est certain, c'est que ce roman m'aura offert un moment de lecture émotionnellement très fort, et je sais que je le relirai.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Un des très grands livres de l'antimilitarisme, ce "témoignage" d'un rescapé privé de ses membres et de quasi tous ses sens est un grand coup de poing en pleine figure. A lire absolument.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Une plongée au fond de l'horreur. Le long cheminement d'un "rescapé"(!) de la grande guerre depuis son retour à un état de conscience pour découvrir qu'il n'est plus qu'un tronc jusqu'au refus d'abolir toute dignité pour devenir un animal de foire. La lente élaboration d'un moyen de communication, le paradis d'un rayon de soleil sur le visage, la joie d'une main douce sur le "corps".

Un livre coup de poing qui vous donne envie de hurler, un livre qui va vous poursuivre mais qu'il est indispensable d'avoir lu. Un monument d'humanité.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Johnny s'en va-t-en guerre est un chef d'oeuvre de la littérature américaine de propagande antimilitariste. L'ouvrage, paru en 1939, a été épuisé en quelques semaines et connut une nouvelle édition en 1945 seulement. Dalton Ttumbo raconte le calvaire vécu par Joe BONHAM, jeune soldat enthousiaste atrocement mutilé pendant la guerre 14-18 dans une explosion. Il a perdu 4 sens, l'ouïe, le goût, la vue et l'odorat. il ne lui reste que le toucher qu'une infirmière va exploiter pour lui mettre un peu de baume au coeur. Il a également perdu ses deux bras et ses deux jambes. L'auteur traite le récit du point de vue du mutilé. La puissance narrative est telle que le lecteur s'identifie au grand blessé, ce qui rend la lecture terrifiante. Au vu des mutilations atroces, Joe est-il encore un être humain, doit-il vivre endurant des souffrances terribles? Voilà une question qui pose débat au corps médical. Ce livre a très souvent été cité et utilisé dans les campagnes pacifistes pendant la guerre du Vietnam pour démontrer le caractère absurde de la guerre. A lire absolument. (lu en 2017)
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Johnny s'en va-t-en guerre

Johnny s'en va-t-en-guerre est l'un des plus beaux fleurons anti-militaristes que les écrivains et/ou cinéastes, aient donné à lire ou voir. Comment qualifier cette oeuvre ? Pamphlet ? Réquisitoire ? Manifeste ? Ecrit en 1938, publié en 1939, une autre sale période pour l'histoire, récupéré, oublié durant les années Mc Carthy au cours desquelles Trumbo a dû s'exiler et écrire sous pseudo, il n'a finalement connu la notoriété qu'en 1971, lorsque l'auteur a décidé d'en faire un film, connu sous le titre de Johnny got his gun. Au moment où une autre boucherie, celle du Vietnam bat son plein avec son cortège de gueules cassées au napalm, version actualisée du gaz moutarde, il rappelle brutalement à l'opinion publique et sa conscience collective que le pacifisme n'est pas synonyme de lâcheté.





Joe Bonham est l'américain type. Il part, la fleur-au-fusil, défendre la démocratie, principe inculqué par son père. Pas de chance pour lui, la veille de l'armistice, quand "mourir le dernier est aussi con que mourir le premier" (dixit Pierre Lemaître), un obus le transforme en homme-tronc, aveugle, sourd et muet. Les médecins à son chevet décident "qu'en cas de mouvements violents et répétés, ils doivent être traités comme des spasmes de réflexe musculaire, donc pas de sédatifs... le cerveau a subi des dégâts massifs et irréparables.... La seule raison de prolonger son existence est d'enseigner à soigner les autres. Il est impossible à un être décervelé d'éprouver douleur, plaisir... Il n'aura ni sentiment, ni pensée, et ce, jusqu'à sa mort."





Et voilà Joe transformé en cobaye, mais les médecins ne savent pas tout : son cerveau est intact, il est capable d'émotions, de comprendre. Il rêve, se souvient de son passé, de sa vie en famille, de Kareen, sa fiancée avec qui il a connu des adieux sexuellement et affectivement très tendres. Il réussit à entrer en communication avec une infirmière, qui ouvre les volets, pour lui demander d'abréger ses souffrances. Celle-ci disparaît brutalement de sa chambre, mutée plus loin.





En plus de l'implacable réquisitoire, faut-il voir aussi dans Johnny got his gun un plaidoyer pour une fin de vie dans la dignité ? A chacune et chacun en découvrant cette oeuvre majeure sur la grande guerre et toutes les autres, de trouver – ou pas – des réponses aux questions universelles posées.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Un réquisitoire contre la guerre, un ouvrage de référence pour les pacifistes, qui ramène la vie à sa juste valeur. Ce récit qui narre le désespoir d'un blessé de la guerre de 14 est d'une actualité frappante ! Il nous plonge dans l'absurdité des conflits et ses drames humains à travers les souffrance du protagoniste dont le seul moyen d'expression est la pensée intime. A conseiller vivement à tous les va-t-en-guerre....

De plus je vous invite à visionner le film produit par l'auteur, aussi troublant et poignant que le roman.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Un livre terrible et touchant.. Johnny hurle intérieurement son désespoir et sa solitude contre un monde, sourd, aveugle et sans saveur. Entre rêve et réalité, Johnny souffre mais son cœur bat toujours......
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Johnny s'en va-t-en guerre

Un livre extraordinaire, un monument contre la cruauté de la guerre et la bétise humaine. Sans doute le meilleur livre anti-militariste qu'il m'a été donné de lire. Attention toutefois, il faut avoir le moral avant de commencer cette lecture qui peut se révéler difficile.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Cette violente charge anti-militariste de Dalton Trumbo est sans conteste un livre à lire au moins une fois dans sa vie de lecteur. Ne serait-ce que pour toucher du doigt l’horreur et l’absurdité de toutes guerres. Un livre qui relate le combat intérieur d’un mutilé de la grande guerre 14/18 du nom de Joe Bonham. Ayant eu les membres et une partie du visage arrachés par un obus. Lui supprimant au passage l’usage de la vue, de la parole, de son ouïe et de son odorat. Un homme-tronc dans l’incapacité de communiquer et dont la conscience toujours intacte est enfermée dans ce corps définitivement brisé.

Le récit oscille entre ses souvenirs d’avant-guerre. Et ses réflexions intérieures sur la prise de conscience de son état. Trumbo à travers Joe Bonham fait part de sa philosophie pacifiste. Pointant du doigt ceux qui décident de sacrifier toute une génération d’hommes pour leurs propres intérêts. Il dénonce aussi le traitement réservé aux blessés et mutilés de guerre. Des témoins gênant de l’atrocité de la guerre, finalement plus difficiles à gérer que les hommes tombés au champ d’honneur. Car ils portent dans leur chair des raisons valables pour la démobilisation générale.



Je dois, malgré tout, reconnaître que si le fond est pertinent et touche le lecteur au plus profond de son être. La forme, elle, est déconcertante et n’est clairement pas du même niveau. J’ignore si c’est un effet de style ou une bizarrerie de la traduction française, mais l’absence de ponctuation (virgules, points-virgules) rend la lecture suffocante. Dans certains passages on est pratiquement en apnée. Et on se prend par moment au gré des pages à placer soi-même, virtuellement, les éléments de ponctuation manquants. On s’y fait au bout de quelques pages, mais je pense que pour des lecteurs exigeants, ça peut être un motif d’abandon.



« Johnny s’en va-t-en guerre » écrit en 1938, verra sa publication retardée pour cause de second conflit mondial. Il trouvera un premier écho après guerre, lors du conflit en Corée. Mais ce sont surtout les milieux pacifistes contre la guerre du Vietnam qui vont s’en emparer à la fin des années 60.

Dalton Trumbo (scénariste pour Hollywood) adaptera lui-même son roman sur grand écran en 1971.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Je te préviens petit GI Joe en devenir, petit défenseur de la Liberté et de la Démocratie ; si tu lis ce livre, tu vas t'en prendre plein la tronche et t'en auras pour ton grade.



Si t'es masochiste alors ça va. Et pour les autres, pour les anti-militaristes, alors tout va bien. C'est un brin mélo, mais ça reste super violent (mentalement je parle).



Joe Bonham s'enrôle dans la guerre de 14/18 avec ses petits copains américains et anglais et se fait littéralement transformé en madeleine après qu'un obus lui tombe

dessus. Il se retrouve cloué dans un lit d'hôpital, bandé de partout.



Dans la première partie du roman, chaque chapitre évoque un souvenir de son enfance et se termine par la découverte de l'amputation d'un de ses membres. Aveugle, sans mâchoire (impossible de parler), pas de nez, plus de visage, plus de bras, plus de jambes, ...



Bref, un gros morceau de barbaque qu'on maintient en vie uniquement pour l'avancée de la médecine militaire (merci l'armée).



Joe va pourtant grâce aux vibrations captées dans sa chambre et à la chaleur du soleil, se constituer un calendrier mental et tenter de communiquer par ses propres moyens.



Ecrit bien avant Le Scaphandre et le Papillon (éditions Robert Laffont), ce qu'on lit n'est ni plus ni moins un locked-in syndrome. Le héros est enfermé à l'intérieur de son corps, qui peut s'avérer être une véritable prison dans laquelle même le suicide est impossible.



Trumbo vomit la guerre. Le livre est publié quelques jours avant le début de la Seconde Guerre mondiale, il rencontre alors un franc succès, puis sera interdit, et de nouveau réédité. Un parcours de combattant pour une vision réaliste des nations qui poussent leurs enfants à se massacrer au nom d'une idée.



J'vous conseille de mater le film en complément, qui est tout aussi bon.
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Johnny s'en va-t-en guerre

« Vous aurez peut être la chance de mourir pour votre pays. Mais il se peut que vous ne mouriez pas il se peut que vous reveniez dans cet état.»



Le jeune américain Joe Bonham revient des tranchées comme un morceau de viande. Vivant mais atrocement mutilé, alité dans un hôpital européen. Cette vie gâchée, médite, repense à sa jeunesse. Sa souffrance physique, morale, l'amène à essayer de communiquer avec le personnel pour pouvoir être exposé comme séquelle de guerre .



C'est un récit intimiste fluide et remarquable qui implique le lecteur, dont la mélancolie et le sarcasme renvoient à l'absurdité de tous les conflits armées, à la survie malgré l'infirmité cruelle et à l'exigence de la responsabilité des donneurs d'ordre.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Comment se relever de la lecture de l'un des ouvrages les plus puissants que l'on ait jamais lu ?

En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à un roman antimilitariste, dénonçant donc les puissants et leurs envies de guerre à tout va, dénonçant les appels des jeunes gens n'ayant rien demandé. Et c'est ce que j'ai trouvé dans *Johnny s'en va en guerre*, mais c'est très loin d'être l'unique chose à en retirer.



Bien entendu la critique de la guerre perpétuelle, du "drafting" de la jeunesse qui n'a rien demandé pour aller se battre contre le dernier idéal à la mode et soi-disant en grand danger dans un endroit du globe (la liberté, la démocratie, *mettez ici le terme approprié*) est extrêmement puissante. On sent bien que l'auteur a vécu cette problématique de manière directe. Cette critique est puissante est puissante, mais surtout elle est encore tellement d'actualité dans notre monde actuel, tellement d'actualité qu'elle nous donne un pincement au coeur. L'homme ne tient jamais compte de ses erreurs.



Comme je le disais, l'exceptionnel portée antimilitariste de ce roman n'est pas son seul atout, loin de là. L'auteur aurait rapidement pu tomber dans un pamphlet sans grand intérêt pour étayer son propos, dans une sorte d'essai contre la guerre avec preuves et chiffres à l'appui. Rien de tout ça. Ici on suit la vie d'un unique soldat après la Première Guerre Mondiale. Sa vie après la guerre. Sa vie après avoir rencontré un obus qui le privera de ses jambes, ses bras, son nez, sa bouche, ses yeux et ses oreilles.

La première partie du livre intitulée *Les morts* passent donc un temps certain à relater l'horreur d'un soldat découvrant petit à petit les séquelles que la guerre auront laissé sur son corps. La perte de repères, l'enfermement, le mutisme, l'angoisse de vivre sa vie ainsi, la manque de notions aussi simple que le temps. Tout est un véritable coup de poing en pleine face. Cette partie est dure, très dure. Elle nous renvoie à nos craintes les plus primaires, les plus élémentaires et c'est en ça qu'elle s'imprime au fer rouge dans notre mémoire.

Donald Trumbo n'oublie pas malgré tout son travail de romancier. Et comme tout bon romancier, il peaufine son personnage. Un soldat mutilé, à la découverte de sa nouvelle vie de cauchemars, n'aurait probablement pas eu le même impact s'il n'avait pas passé un tiers de ce roman à nous le présenter, nous le présenter avant la tragédie. Ces périodes d'accalmie nous permettent de souffler, de nous remettre de toutes les horreurs qui s'enchainent, mais nous permettent de tisser des liens avec Joe, de nouer une véritable connexion avec lui comme rarement un ouvrage de 300 pages pourrait mettre en place. J'ai par exemple en mémoire ce chapitre où Joe part à la pêche avec son père. Tout se résume dans ce chapitre. Tout y est contenu. C'est le genre de chapitres, à priori, anecdotiques au regard de l'oeuvre entière, mais qui permet davantage au roman de s'envoler vers les cieux. Chapeau bas l'artiste.



La seconde partie de l'oeuvre intitulée *Les vivants* prend alors le contrepied de la précédente. Joe se bat alors pour survivre et se lance dans une opération commando, la véritable bataille de sa vie : celle de reprendre vie, de reprendre contact avec ses sens et avec l'humanité. C'est ainsi qu'il mettra au point une méthode pour compter le temps qui passe, ce qui lui redonnera du sens. Puis viendra le moment le plus important : celui de tenter de s'exprimer avec les autres, de se faire comprendre, de demander sa liberté. La force de cette partie est à l'image de sa soeur jumelle. Tellement puissante. Levant tellement d'enjeux que l'on veut voir Joe réussir. Plus que n'importe qui auparavant. On aspire de tout coeur à une issue favorable pour celui qui n'aura rien demandé à personne, pour celui qui se sera retrouvé mutilé contre son gré.



Et pour terminer, impossible de ne pas toucher un mot du style de Donald Trumbo. Encore une fois, quelle claque ! Quelle brutalité, quel génie, quel enchainement de phrases où la ponctuation manque, de phrases qui s'enchainent comme les tirs de balles d'une mitrailleuse, de phrases qui nous étouffent et nous collent à la peau, des phrases qui font mouche et nous laissent essoufflés et sur le carreau. Parfois perdu certes, mais rarement pris autant aux tripes. Ce style ne fonctionnerait probablement pas pour un autre roman, mais bon dieu qu'il est parfait pour celui-ci.



La conclusion sera simple, *Johnny s'en va en guerre* est de loin la meilleure oeuvre que j'ai lu depuis des années. Peut-être la meilleure oeuvre que j'ai jamais lu. Je ne saurais que trop la conseiller à quiconque aurait les nerfs un tant soit peu solide pour affronter sa brutalité.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Un livre poignant et dérangeant qui met le doigt sur une vérité pas bonne à dire : la guerre c'est une affaire de grands de ce monde, mais ce sont les petites gens qui la subissent.
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Johnny s'en va-t-en guerre

Encore un livre bouleversant ! Encore un parcours de vie tragique ! Et encore un roman qui vous prend aux tripes et qui vous fait réfléchir. J'aime ça. J'aime la façon dont le récit se déroule, comment on découvre l'ampleur des mutilations de Joe, comment on le suit à travers ses pensées, ses souvenirs, ses divagations, son combat pour encore exister parmi les vivants.
Lien : http://alypaper.eklablog.com..
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Johnny s'en va-t-en guerre

J'ai eu l'occasion de découvrir ce livre via une lecture scolaire.

Les thématiques abordées ne correspondent pas au genre que j'affectionne mais il est bon de changer d'horizon de temps en temps.

J'ai eu du mal à comprendre le procédé de lecture au début, entre la réalité, les souvenirs et les rêves. La répétition de certains mots m'a quelque peu perturbée aussi, ne sachant si cela était intentionnel ou pas.

L'absence de ponctuation est aussi un facteur étrange, qui donne l'impression qu'il n'y a pas de temps de pause. Cela ne nous laisse pas le temps de digérer les informations reçues.

Les événements subits par ce soldat sont horribles, mais le rythme de l'histoire ne m'a pas vraiment permis de le ressentir. Je n'ai gardé qu'un sentiment d'oppression à la fin. Toutefois, ce rythme reflète un peu la position de Joe qui est emprisonné en lui-même sans possibilité, ou presque, d'en sortir.

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Johnny s'en va-t-en guerre

Un roman d'une grande puissance, un réquisitoire contre la guerre quels que soient les pays et les époques, un hommage à tous ceux qui sont morts ou qui sortent atrophiés de la guerre en n'ayant jamais eu de mots à dire, sans savoir où ils allaient....
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Johnny s'en va-t-en guerre

terrrible réquisitoire contre la guerre : un jeune homme en pleine santé enfermé dans son corps meurtri de soldat c'est à la fois horrible et superbement écrit

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