Son parfum subtil envahissait l'habitacle, et il en conçut un trouble surprenant. De nouveau, la vague de tendresse qu'il avait éprouvée en la découvrant sous les arbres déferlait en lui. Il ignorait tout d'elle, sinon qu'elle devait appartenir à la même race que ceux qu'il avait vus à l'intérieur de l'épave, et pourtant, il se sentait lié à elle par un lien mystérieux...
Les passagers de l'Arche auraient à leur réveil d'autres soucis, sans avoir à partager ceux des derniers Terriens... Le message ultime de leurs ancêtres devait rester enterré sous la surface d'un monde qui reprendrait un nouveau départ.
Mylan regarda pensivement le disque lumineux de Lusinia qui diminuait sur l'écran du hublo-visor de sa cabine, puis se tourna vers Dourma Salvi qui paraissait somnoler dans un fauteuil de relaxation :
" Fatiguée, chérie ? " demanda-t-il.
Un tueur calme, Bobby. Discret et efficace. Sa spécialité, c'était les meurtres de femmes. Un artiste dans le genre ! Et qui aimait son métier...
Fuller, lui, se moquait pas mal des gens qu'il devait éliminer. Homme à tout faire, il ne lésinait jamais sur le travail, et là aussi, il y avait de l'efficacité !
En un mot comme en cent, ils représentaient à eux deux une bonne petite équipe d'ouvriers qualifiés. Et cela durait depuis des années. Sans un accroc ! Avec un casier aussi vierge qu'une rosière de sous-préfecture ! Un petit détail qui faisait sérieusement monter les prix...
Elle se réfugiait littéralement dans l'amour, comme si ce bref refuge pouvait la mettre hors de portée de la réalité pour un temps. Ils s'aimèrent avec une sorte de désespoir farouche. Ils n'étaient plus que deux êtres passionnés.
Le petit groupe arriva en vue du palais, alors que le soleil blanc qui baignait la planète d'une lumière presque irréelle arrivait sur l'horizon. Deux lunes blêmes, minuscules mais très lumineuses, prenaient le relais dans un ciel envahi par de longues traînées nuageuses.
La même anarchie architecturale régnait sur le palais, dont les parois colorées changeaient perpétuellement de nuance. Sans doute une des propriétés du matériau qui les composait… Maintenant, les murs viraient à l'ocre rouge, en émettant des lueurs pâles qui sourdaient de la matière elle-même.
Un marginal, voilà ce que je suis ! Un mutant à rebrousse-poil ! Un affreux conservateur attaché à l'idée qu'un être humain doit se forger lui-même son destin ! Ou tout au moins refuser qu'on lui en impose un tout tracé.
Harry Fuller transpirait en silence. C'était toujours ainsi quand il restait immobile à l'intérieur d'une voiture. Surtout quand l'orage menaçait, comme c'était le cas ce soir-là sur Manhattan. Harry Fuller était ainsi, et il n'y pouvait rien ! A Brooklyn, un certain nombre de gars à la coule l'appelaient "Harry la Sueur", mais il s'en foutait.
Et une étrange évolution s'amorça, lentement.
Il fallait redécouvrir une autre façon de vivre, après des siècles de civilisation réglée par l'automatisme, l'électronique, la science en général.
Quand Jullian entra dans la pièce, précédé de Milran Damooz, la jeune femme se tourna aussitôt vers lui et esquissa un sourire teinté d'une certaine tristesse.
- Vous être Jullian de Cerny, n'est-ce pas ? demanda-t-elle. Milran m'a parlé de vous...
Jullian échangea un coup d’œil avec le médecin.
- Je vois que vous avez fait connaissance, dit-il en souriant à son tour et en venant baiser la main de la jeune femme.
- J'avais déjà entendu prononcer votre nom, murmura Valia. Une sorte de chevalier de l'espace, à ce qu'on dit...
- Pour vous servir, murmura Jullian en s'inclinant galamment.
Valia Galek considéra un moment la silhouette de l'homme qui venait de s'incliner devant elle. Elle se demanda aussitôt s'il produisait la même impression sur toutes les femmes qu'il rencontrait... Elle regretta soudain la classique combinaison de vynicron qu'elle portait, en remarquant qu'il était habillé d'un complet sport en matière synthétique aux reflets satinés qui mettait en valeur une musculature irréprochable.