Je positionne mon membre contre son intimité et entre en elle en soupirant d'aise. Je reste quelques instants sans bouger afin de lui laisser le temps de s'habituer à mon intrusion mais également afin de m'éviter la honte d'éjaculer tout de suite. Je suis dans un état second, plus rien d'autre n'a d’intérêt, la terre pourrait s'ouvrir en deux que je n'en aurais rien à faire.
Je sens mon rythme cardiaque s’intensifier à la simple idée qu'une personne ait pu lui faire du mal émotionnellement ou bien physiquement.La première personne qui me vient en tête est son petit ami, Hugo. Il est bien trop parfait pour être honnête, je ne l'ai jamais aimé. Je dois bien avouer qu'une part de jalousie m'empêche d'être très objectif le concernant.
Ses ongles s'enfoncent dans mes omoplates et sa langue investie désormais ma bouche. Je suis tellement stupéfié que je peine à savourer pleinement ce qui est en train de se dérouler. Je me presse néanmoins un peu plus contre elle et tente de glisser une main sous son t-shirt.
Peu importe à quel point je tente de me voiler la face, elle est encore présente dans mes veines.
Je contemplais sans vraiment les voir les images qui défilaient devant mes yeux : le reflet des gyrophares sur les murs de la maison dont j’avais si souvent franchi la porte, le sapin de Noël qui brillait de tous ses feux sous sa prison verglacée, des égoportraits d’Aurélie prélevés sur les réseaux sociaux qu’elle fréquentait compulsivement… Et surtout, surtout, David. Mon meilleur ami depuis plus de trente ans, sortant de chez lui les mains menottées derrière le dos, son visage à peine camouflé par un capuchon mal rabattu, avec une expression qui m’a glacé le sang, une sorte de croisement entre l’ahurissement et la résignation.
Je dois prendre mes désirs pour des réalités. Je réajuste mon jean en me raclant la gorge. Il faut que je songe sérieusement à me masturber avant de partir, le sperme doit brouiller le peu de neurones qu'il me reste.
Je cesse immédiatement de penser avec ce qui se trouve entre mes jambes, il y a un problème et il est bien plus grave que prévu si je me réfère à sa physionomie.
David était incapable de blesser la plus idiote des mouches et éprouvait une terreur presque irrationnelle à l’idée d’être victime d’une balle perdue, ce qui réduisait à zéro son engouement pour la chasse. Aurélie avait bien tenté de l’intéresser à ce loisir, se faisant au passage un devoir de ridiculiser ses craintes, avant de se lasser de la peur carabinée – désolé pour le jeu de mots facile – qu’inspiraient les armes à son mari.
Il était présent dans chacun de mes plans futurs. Plus rien n’a de sens. Il était mon pilier, mon bouclier ainsi que ma force, je puisais en lui pour avancer. Il était là pour panser chacune de mes blessures, il m’a toujours soutenue… Malheureusement, je lui ai aussi offert une chance de me détruire. Je n’aurais jamais dû lui donner mon cœur ni ma confiance.
Aurélie était morte, soit, mais elle avait eu le temps d’infliger deux décennies de cruauté mentale débilitante à son mari. Elle s’était appliquée à le réduire à néant, telle une gamine sadique qui capture des insectes pour leur arracher les pattes et les ailes, une par une, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un tronc remuant sur place.