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4.38/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bucarest
Biographie :

Écrit des poèmes et des fragments de prose depuis l’enfance mais ne cherche pas à publier ; obtient, en 1972, un diplôme de maîtrise spécialisée en littérature comparée à l’Université de Bucarest. Après une carrière de chercheuse en littérature roumaine ancienne et moderne, quitte définitivement la Roumanie en janvier 1983, avec son mari, l’historien des religions et poète Ara Alexandre Shishmanian, à la suite des persécutions politiques subies en raison de leur adhésion, en mars 1977, au mouvement pour les droits de l’homme initié par l’écrivain Paul Goma.

En France elle se lance, pendant quelques années, dans des études de langues anciennes et d’histoire des religions (en particulier, le catharisme albigeois) et exerce différents boulots occasionnels (bibliothèques, édition, enseignement). Suite à un stage intensif au CNAM, elle devient informaticienne en 1991.

Depuis cette même année elle recommence à écrire des poèmes, cette fois-ci, en français.


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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Dana Shishmanian
Le renoncement de Prakriti

Je dépose tous mes artifices toutes mes armes de séduction
je me retire de tous mes visages
j’assèche les racines de mes actes
je plante mes pieds dans le vide
dans ma tête s’enfonce le pilier de reconnaissance
de la vérité première
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La fugue 
 
Ma joie vous ne la connaîtrez pas
là où je danse vous ne me suivrez pas
mes pantoufles usées vous ne les retrouverez pas
mes plaisirs vous ne les éprouverez pas
mes poèmes vous ne les lirez pas
j’ai décidé de partir
en moi-même
dans mon rêve à moi
dans ma vie à moi
dans ma mort à moi
dans ma pensée à moi
dans ma langue à moi
n’y entreront
que des gens que je ne connais pas
des gens qui ne me connaissent pas
qui n’ont cure de moi
ma porte cachée ne se fermera pas
ne s’ouvrira pas
elle sera là
pour qui entre et sort
sans passeport
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Dana Shishmanian
D’une langue à l’autre
 
D’une langue à l’autre
on dit qu’on change de culture
de pays d’espace-temps d’humaine ambiance
ce n’est pas cela
ce sont nos organes de sens qui changent
en même temps que leurs objets
on flaire différemment les mots
on les sous-pèse autrement
on les goûte moins on les touche à peine
on les lance des yeux
on les entend bourdonner
sans rythme régulier
on en vient aux rimes faciles
aux calembours
on a alors envie de les écorcher
la sève doit être quelque part
mais peut-être pas sous l’écorce
peut-être est-elle à l’extérieur
dans le vide qui les fait cliqueter
elle est ce vide même
la manne que je mâche depuis toujours
dans le no man’s land de mes sans-rêves sans-paroles
elle est cette lumière blême
incurvée au bout de l’œil-tunnel
où le plus et le moins infini coïncident
sans se toucher
si la synchronisation est atteinte le cycle s’arrête
le nirvana – seule alternative
à l’écriture

(dans Mercredi entre deux peurs, L’Harmattan, 2011)
 
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Dana Shishmanian
Midas des mots
 
Ce qu’il touche
se transforme en mots
ce qu’il touche avec le cœur
avec le regard avec les mains
avec la pensée avec la non-pensée
avec la bouche
il mange des mots respire des mots renifle des mots
il les caresse les empoigne les défait les refait
son ouïe secrète des mots inouïs
sa langue restitue des mots omni-lingues
il couche avec eux comme avec des femmes et des hommes
il les enfante tels des nouveaux nés
les modèle comme sa propre chair
les donne à boire comme son propre sang
en réalité
ce qu’il touche devient lui-même
des mots s’il en reste derrière
ce ne sont que des pierres dans les eaux vives
témoins de son passage
insaisissable
des mémentos à notre usage
qui les prend dans son corps
se change en Sa chair
se change en Son corps
c’est ainsi qu’entre nous et le Poète
tout est transformation
 
 
(dans Mercredi entre deux peurs, L’Harmattan, 2011)
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Ce qui est

Tout ce qui est
est dans la langue
et tout ce qui est dans la langue
est dans l’homme
est passé par l’homme
est passé à travers l’homme
est vu senti vécu digéré secrété par l’homme
mais aussi ce qui n’est pas
ma poésie en fait partie
celle que j’écris celle que je n’écris pas
j’en fais partie
telle que je suis et ne suis pas
Dieu y est y est pas
langue sans l’homme ce n’est que
l’homme sans langue qui n’existe pas
et dont on ne sait pas
s’il existera un jour ou pas
alors langue et homme sont
ce qui est et ce qui n’est pas
ce n’est que la pensée
qui est limitée
à ce qui est
et encore
Parménide peut avoir eu tort
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Dana Shishmanian
Anti-mémoire
 
C’est un pays de l’initiation.
Qui en meurt – vivra.
Qui en sort vivant vivra.
Qui en vit, mourra.
J’en mourus,
j’en suis sortie vivante,
j’en suis née deux fois.
Je ne mourrai pas
car jamais je n’en ai
vécu
 
Sauf de la langue
comme d’un terreau secret
comme d’un lait tété la nuit
à des mamelles enfouies
comme d’un néant rose au petit matin
déposé sur les pierres du désert
(le mystère de la manne
sacrement de la communion des anges
déchus)
 
C’est la langue
dont s’échappe mon âme
quand je parle aux amis
(c’est d’ailleurs le signe pour moi
que je les ai adoptés)
dont suinte mon sang
quand je me blesse
(c’est le signe pour moi
que les saillants rocheux de ma route
sont authentiques)
dont s’envolent mes rêves
dans des villes inexistantes sur cette terre
(c’est le signe pour moi que mon esprit
s’est échappé du paradis)
 
C’est la langue à l’image et ressemblance de laquelle
est fait mon corps
quand même mon âme mon sang mon esprit
ne se trahiraient pas
de mon corps s’écouleront toujours
des demi-mots roumains
continuellement
lui il parle la langue maternelle
à en avoir la nausée
mais personne apparemment ne s’en rend compte
sinon on m’aurait interpellée
comme une somnambule
comme une incontinente
comme une folle parlant toute seule
 
Mais mon corps à lui seul
n’épuisera jamais
le gisement
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Dana Shishmanian
Révélation

personne n’est lié personne ne se libère
juste la compréhension d’un instant
que tu laisses là dans l’abîme
suspendue
sans toi
tu n’y seras pas
tu souffriras ton martyre dans ta chair
sans aucune issue
seulement tu sauras
et c’est cela le salut –
il n’y a pas de sauvé pas de sauveur
seulement le savoir
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Trio des esprits



Le violoncelle déchire tes entrailles dilate ton ventre
fait fondre ton désir tel un océan devenu cosmos
passe ensuite la main au violon qui tend ton cœur l’étire
l’étiole l’enroule le noue le dénoue –
le fait éclater sous la lune – l’assombrit dans le couchant
tu te déverses dans leurs chants réunis
tels deux amants menés au supplice
quand vient le piano disloquer ton cerveau
tu l’entends de partout remplissant tous les espaces
plaisir et souffrance indissociables délice du miracle

Mais ce qui subsiste aux embouchures
dans les passages – les failles – comment le dire —
le moi impuissant –
fait le yo-yo sur l’échelle de Jacob, en espérant
être absorbé par le haut
tout en se faisant le plus humble possible —
ce n’est pas à lui de décider qu’il plaide coupable ou non

inter lacrymas et luctum
ma bouche veut boire — ou peut-être
verser de l’eau-de-vie sur mes mains engourdies —
le crâne frissonne — un papillon
l’explose de ses ailes
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… à moins que vous ne retrouviez hélas
que mon crâne non mes paperasses
ainsi que mes os de hanches
et vous penserez que j'étais blanche
et vous m'appellerez Lucy
et votre ancêtre-mère pardi
qui s'est noyée au bon milieu du gué
ne sachant nager qu'à moitié
ayant un pied plus égal
à l'avenir venir à cheval
ci-gît maîtresse de maison
et nourricière de mots bidon
maintenant la boucle est bouclée
de mes poèmes de mes corvées
et l'autre univers je le forgerai
sur la pointe d'une dent de lait (Lucy)
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Sagittaire

Je me fais la promesse de ne pas m’arrêter
quand la flèche partira – jamais m’arrêter
jamais regarder derrière – comment saurai-je
que je vole toujours quand je me sentirai à l’arrêt
à cause du trop grand espace parcouru
et de la trop grande vitesse – je me sentirai immobile –
tout me semblera immobile dans l’immensité de l’espace
j’aurai alors la certitude de l’infini et donc de la fin
du mouvement – puisqu’il s’aligne sur l’infini
et s’y confond dans une synchronicité absolue –
alors je devrai me dire
que ceci est encore une illusion – et je devrai continuer
de monter dans l’immobilité du mouvement –
de voler dans l’absence du vol – à travers l’arrêt
je devrai pénétrer la cible
indéfiniment
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