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Citations de Daniel Arsand (127)


Son sourire était tranchant, il humiliait. Il faut soigner ta crédulité, mon fils, me dit-elle plus tard. Je la haïs sans cesser de l’aimer. Évidemment. Son souhait était un ordre. Elle précisa sa pensée : On n’a pas à dilapider son temps avec des inconnues.
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Toute sa personne fleurait une eau de toilette – tantôt chypre, tantôt fougère – et la lessive. Sur ses genoux dormait un vêtement mal visible. Je ne voyais que l’aiguille qui plongeait et ressurgissait d’un puits d’étoffes et le fil qui tremblait, s’entortillait, se contorsionnait, se rebellait. Elle cousait, aurait-on dit, pour l’éternité. Ou brodait-elle, car parfois le fil était de coton perlé rose, vert ou jaune. Elle ne tricotait jamais.
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Là, si on se désolait de mes navrants résultats scolaires – je jouais la carte du garçon peu doué de naissance, le raté orgueilleux de l’être, l’humble hypocrite –, on ne m’engueulait ni ne giflait une joue sur laquelle refusait encore de percer le poil de la virilité. Plus je dé­­cevais, plus on me chérissait et plus on gémissait. J’étais un chanceux qui ne mesurait pas sa chance. À table, déjeuner ou dîner, mes parents discutaient clientèle exigeante, sinon tatillonne, fidèle un jour, infidèle l’autre (mon père exerçait le métier de tailleur ; il avait le grade nulle part écrit de meilleur artisan de la ville dans sa branche ; ma mère remplissait le rôle de secrétaire et de comptable ; tous deux étaient de haute taille ; elle était fort jolie, il était magnifique, et moi, j’étais moche, pensais-je), ils parlaient affai­res donc, ils divergeaient peu d’opinion sur tel ou tel industriel, et si la voix montait, si le ton se faisait sec, c’était sans conséquence sur leur entente.
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Il était beau. J’étais trop jeune pour apposer sur mon émotion le terme de désir .
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Ma mère choisissait ses mots, tissait ses histoires – elle n’inventait rien, elle colportait, elle rapportait, héraut en jupe et corsage, s’en gargarisait avec aplomb. Je gobais tout. Je m’allaitais, m’alimentais à sa voix et à ses contes. J’étais au chaud parmi eux. À treize ans j’avais encore un berceau. J’étais son fils, j’étais à elle.   Lorsque j’eus ce que ma mère considérait le début de l’âge de raison, et ce fut vers dix ans, elle commença à m’envoyer, seul, chez l’épicière.
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Tu en es, où, dans tes fouilles ? Tu t’es réfugié où ? Dans quelle lâcheté plus ou moins heureuse et que tu t’escrimes à justifier ? Tu veux aller où ? Questions telles des flèches, un lancer tant de fois répété qu’il finit par te bercer.
 
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Il est des jours où je suis à peine certain de ce dont je me souviens. Je me force pourtant à refaçonner un panorama, un sentiment éprouvé à un instant précis. La relation que j’eus avec qui je fus, cet autre si proche de moi, je la lave à fortes eaux. La défiguration n’est jamais complète.
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D’une enfance, la mienne, qu’écrire ? Elle est fleuve ou ru, elle fuit de toutes parts, elle se caparaçonne d’arrêts sur image, elle flambe avec juste un fragment de souvenir, elle s’éteint comme un brin de paille. Une ribambelle de clichés et à chacun une porte plus ou moins verrouillée, et parfois un seuil qu’on ne voit pas, tant de grisaille, et tant d’occupations, et tant de fatigue, et tant de bonheurs, et cette grande détresse-là, et ce sésame en est-il un, vraiment ? Qu’a-t-elle à me restituer ? Que peut-elle éclairer de moi, des autres, des paysages traversés ?
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Tôt, aux réunions de famille, en vacances, je m’emmerdais, je m’emmerdais à parler, à écouter, je me vivais à côté des autres, différent je ne sais pas, mais pas concerné par eux, ça, c’est sûr. Ce qu’on disait ne m’intéressait pas. Les garçons m’excitaient, mais je ne tombais amoureux que de filles. Je les sublimais sans doute, et m’arrêtais à leur visage.
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Plutôt jolie et petite bonne femme. C'était ainsi que Klaus Hirschkuh jugeait l'épouse de René.
Il n'était pas le bienvenu.
Sympathique par intermittence, un peu sotte, la politesse compassée. Anne Bayonnat n'appréciait pas trop les populations traversant les frontières françaises.
Non, il n'était pas le bienvenu.
Et puis. Et puis cet homme tout en angles et le visage bleui par une barbe de plusieurs jours, une chevelure brune, il était allemand, et des mèches bouclaient sur son front, à ses temps, dans son cou. Plus beau que René. Gênant pour la femme. Un déséquilibre assuré dans la sphère familiale.
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Je salue la mémoire de ces déportés pour homosexualité qui témoignèrent de leur expérience concentrationnaire.
Plus aucun d'eux n'est parmi nous.
Il n'y aura bientôt plus de témoins oculaires de ces temps de peste, et les temps de peste sont sur le point de revenir.
Nous devons combattre leurs artisans et les foules bercées de haine. Combattre est une règle de vie. Nous sommes les héritiers de ceux qui sont morts à Buchenwald et dans tout autre camp de concentration ou d'extermination. Nous devons écrire que des êtres pareils à nous y ont crevé, et que certains ont pu échapper à un destin programmé. Ils ne sont plus parmi nous, mais c'est à nous de continuer à dresser le poing et à affûter nos colères.
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Passer son temps depuis à combler ce vide. Des pensées, des réminiscences, des fétus de vies anciennes, de cris et de leurs indestructibles échos. Ce n'était pas cela vivre, pas ce qu'on lui avait enseigné. Qu'il était dur de se rappeler qu'on avait été un enfant, qu'on avait éprouvé la douceur, la confiance, des peurs sans abîme.
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Cette aventure n'existait pas, crois moi, elle n'existait pas. Où es tu ? Il y avait ta voix sur ma peau, et tes paumes, et ton ton corps. On n'avait même pas à se dire que c'était cela vivre.
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Le sang, vous vous en apercevez, est un bon engrais.
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Depuis ma puberté, ma mère m'avait seriné que courir le guilledou finit toujours en vérole.
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La distance entre ma honte et la haine de moi était courte : je la parcourais toujours. Mauvaise conseillère, cette haine coriace réussissait régulièrement à me persuader qu'aucun mot de contrition ne peut effacer le mal que l'on a commis. Ce qui est peut-être vrai. Mais un simple mot de repentir peut avoir l'effet d'un baume. Ce mot, je ne l'ai pas prononcé du vivant de ma mère. Je ne sais formuler des excuses qu'à des morts. En conséquence les regrets gangrènent jusqu'à mes rêves.
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La distance entre ma honte et la haine de moi était courte : je la parcourais toujours. Mauvaise conseillère, cette haine coriace réussissait régulièrement à me persuader qu'aucun mot de contrition ne peut effacer le mal que l'on a commis. Ce qui est peut-être vrai. Mais un simple mot de repentir peut avoir l'effet d'un baume. Ce mot, je ne l'ai pas prononcé du vivant de ma mère. Je ne sais formuler des excuses qu'à des morts. En conséquence les regrets gangrènent jusqu'à mes rêves.
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Je n'avais que le désir de me soûler encore et encore et m'aboucher derechef avec mes funestes fantaisies. Idéaliser l'alcoolisme, la déchéance et la démence eut pour résultat de me faire échafauder un scénario entartré du romanesque étriqué de ceux qui n'ont pas encore beaucoup vécu : Je divague dans Roanne, je rencontre l'homme qui m'entraîne aussitôt chez lui où il me possède, nous nous revoyons, je consens à devenir sa chose, et de rencontre en rencontre je glisse vers l'abjection.
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Les vins coulent, les vins se succèdent, mais je n'ai pas le droit de les goûter. Chez nous, l'ivresse est réservée aux adultes. Ah ! que j'ai envie de porter à mes lèvres le verre de cristal gravé rempli d'un nectar mordoré, couleur de mirabelle, dont il a d'ailleurs peut-être le parfum.
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J'ai exhumé d'un passé plus ou moins lointain Renaud, Eric, Christophe et Serge. Est venu le moment de me raconter. De raconter l'histoire d'un dieu.
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