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Critiques de Daniel Berthet (26)
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Comme un oiseau sur la mer...

J'ai à nouveau été conquise par le dernier roman de Daniel Berthet Comme un oiseau sur la mer.

Celui-ci débute en décembre 2001, à Khan Yunis, ville palestinienne du sud de la Bande de Gaza, par un bombardement sur le camp de réfugiés al Amal, dans lequel Mounir va perdre les membres de sa famille, sauf son frère Jamal et voir sa maison détruite. Ils devront dorénavant vivre sous une tente. Jamal s'était engagé dans le mouvement de résistance depuis la mort de son père, il y avait à peine plus d'une année, avant tout pour faire vivre sa famille. Il va alors financer les études de Mounir qui va réussir le baccalauréat, et son master, rencontrer Hadda qui vit dans le camp de Jabaliya.

Jamal sera tué, en 2012 par une balle tirée par un snipper du poste garde-frontière. Dans l'attente d'un visa pour l'Europe, pour fuir l'enfer de Gaza, Mounir et Hadda se marient et ont une fille Amal. Mais Hadda est tuée en même temps que ses parents par un bombardement sur Jabaliya.

En 2016, alors qu'Amal souffre d'une dermatose sévère, Mounir doit la conduire en Égypte pour y être soignée. Il décide alors de ne pas rentrer. Il va atteindre la Tunisie et embarquer avec d'autres migrants pour traverser la Méditerranée, avec son enfant, ayant pris soin de transformer le sac dans lequel elle dormait en véritable mini canot de sauvetage. "Ne pas mettre sa fille en danger, c'était devenu une obsession pour le père". Mais une chose plus qu'importante est à noter : Mounir a pris soin de glisser dans la poche intérieure du sac une enveloppe plastique contenant la clef rouillée et la photo jaunie de la maison de Burayr, village détruit lors de la Nakba. Jamal les avait confiées à son frère pour les transmettre à ses enfants. Cette petite fille sera retrouvée sur une plage française et un long chemin mouvementé l'attend.

C'est donc une véritable épopée avec beaucoup d'aventures et beaucoup de suspense que nous livre Daniel Berthet. Mais c'est avant tout l'histoire de ce peuple palestinien, ce peuple éclaté pour qui la liberté de circuler n'existe pas. Ils doivent chaque jour résister pour tenter de sauver leurs terres face aux colons toujours plus envahissants, sous l'oeil indifférent des autres nations. Ce sont les souffrances, les insultes, les attentes sans fin aux checkpoints, les bombardements subis depuis plus de soixante-dix ans, depuis la Nakba en 1948 qui a vu l'expulsion de plus 700 000 palestiniens de leur terre et de leurs villages par les troupes sionistes, processus continuant encore aujourd'hui, qui sont la trame de ce roman.

Ce roman permet de façon simple mais extrêmement bien documentée de comprendre la lutte que mène le peuple palestinien entré en résistance, qui exige que justice lui soit rendue et que cesse enfin l'apartheid.

Comme un oiseau sur la mer, l'histoire de cette petite palestinienne naufragée nous raconte la lutte menée dans ces territoires occupés pour sauver l'espace qui se réduit de plus en plus. Tout en sachant que le combat sera long, les palestiniens ne baissent pas les bras et même si les anciens meurent, les jeunes n'oublient pas ! C'est donc, à la fois un constat de combat voué à l'échec et en même temps un entêtement et une volonté qui ne se démentent pas et qui espérons-le seront finalement entendus. Comme le dit si justement Patrice Saunier dans sa préface : « Comment un peuple peut-il assujettir un autre peuple quand il a été lui-même tant persécuté ? » Je dirais même comment un peuple peut-il en assujettir un autre ?

Ce livre, une fois ouvert, ne peut se refermer tant on est happé par ces personnages que l'auteur a su parfaitement rendre vivants et attachants et à qui il a su donner une force remarquable. Par des histoires croisées, de femmes principalement, ce sont l'amour, l'entraide, le courage, la ténacité, la souffrance souvent mais aussi l'espoir qui sont mis en lumière et qui illuminent ce récit tout en sensibilité que je recommande chaleureusement.


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Ercilie d'Ourène, Baronne de Saint-Jérôme

Que d’aventures ! Que de souffrances ! Que de malheurs se sont abattus sur ce XVIIe siècle dans lequel Daniel Berthet m’a plongé sur les pas d’Ercilie d’Ourène, baronne de Saint-Jérôme !

Ce nouveau volet d’une trilogie intitulée Les Foudres du Ciel, commencée avec Au nom de notre bonne foi, poursuivie dans L’anneau de Saint-Jérôme, cette trilogie se termine avec la vie tourmentée d’Ercilie d’Ourène. C’est l’occasion, pour moi, de rappeler que cet écrivain a déjà publié huit romans auparavant : Justice aux Poings, 1851 Marianne des Mées, Porteurs de rêves, Putain de guerre ! et Comme un oiseau sur la mer dans la collection Résistances. Ercilie d’Ourène, baronne de Saint-Jérôme complète la collection Les Foudres du Ciel.

Que le titre de ce nouveau roman ne vous induise pas en erreur ! Avant de porter le titre de baronne, Ercilie a vécu quantité d’événements, subi beaucoup de désagréments, souffert souvent mais a aussi connu des moments de bonheur. Une vie bien remplie…

Avec son talent habituel de conteur, Daniel Berthet m’a permis de connaître un peu plus la vie de ces femmes et de ces hommes quelques siècles avant nous.

Ercilie, revenu enfin à Digne où elle avait vécu d’horribles sévices, victime d’une justice aveuglée par d’obscures croyances et par des rivalités interminables - voir L’anneau de Saint-Jérôme - Ercilie se confie à la jeune Antonine, sa filleule. Je précise, avant d’aller plus loin, que : Ercilie d’Ourène, baronne de Saint-Jérôme peut tout à fait se lire indépendamment des deux précédents ouvrages. D’ailleurs, avec beaucoup de délicatesse et un à-propos que j’apprécie, Daniel Berthet se contente de rappeler certains événements précédents indispensables à la compréhension de l’histoire.

Justement, l’Histoire avec un grand H, est au cœur de ce récit interrompu parfois par les questions pertinentes d’Antonine à sa Marraine.

Nous sommes en 1670, dans le château d’Oyse, sur les hauteurs dominant la bonne ville de Digne que l’auteur connaît très bien. Comme il le dit avec un brin d’espièglerie, Ercilie raconte le roman de sa vie et l’auteur l’écoute. Cela donne un récit, une écriture cinématographique, comme le remarque justement Patrice Saunier, auteur de la Préface.

Découpé en quatre parties, le roman de la vie d’Ercilie débute à Paris où, en 1610, elle vient d’avoir vingt ans. L’année précédente, elle était exploitée, maltraitée, servant de bonne à tout faire. Si elle réussit à fuir, son sort n’est guère enviable car elle se réfugie au cimetière des Saints-Innocents où, avec d’autres crève-la-faim, elle vit au milieu des ossements. Obligée ensuite de se prostituer, elle suit un certain Bonifacio qui lui fait découvrir, subir, les joies de l’amour physique.

Cela n’empêche pas Ercilie de se souvenir de son père, le Tiénot d’Ourène, un besogneux qui, avec sa mère, la Clermonde, étaient dans le clan des Parpaillots, des Huguenots, des Protestants, cette religion réformée qui déclencha tant de conflits, tant de guerres dont les plus humbles furent les victimes.

Finalement, cela n’a guère évolué aujourd’hui, toujours avec des problèmes religieux sources de malheurs incroyables qu’un peu d’humanité et moins d’obscurantisme pourraient éviter.

Les aventures d’Ercilie débutent donc au plus bas de l’échelle sociale avec, en prime, le sort abominable réservé aux femmes subissant le joug impitoyable du pouvoir masculin.

Impossible de détailler tout ce que va vivre Ercilie car Daniel Berthet, sûrement après un énorme travail de recherches historiques et un vocabulaire employant les expressions de l’époque, m’a embarqué sur les traces d’Henri IV croisant malheureusement un certain Ravaillac - d’où le titre Le Roi est mort pour cette première partie -, de Marie de Médicis, du jeune Louis XIII puis de Richelieu, faisant au passage honneur à Lesdiguières dont le nom est rappelé souvent du côté de Grenoble.

Les hasards, plutôt heureux pour l’instant, permettent à Ercilie de gravir quelques échelons dans la vie sociale jusqu’à connaître le Palais du Louvre et découvrir les relations tumultueuses et les coups bas qu’échangent régulièrement ceux que l’on nomme, paraît-il, les Grands de ce monde.

Grâce à ses talents de brodeuse dans l’atelier de Nina, Ercilie se fait une place dans le monde de la couture et côtoie ainsi les princesses avec son amie Ortense.

Dans la deuxième partie, Vive le Roi, Ercilie raconte sa découverte des délices de la sensualité féminine juste après une enthousiasmante relation avec Jean, un moine bénédictin vite défroqué et au charme certain. On le reverra plus tard.

Avec précision et un souci constant de la vérité historique, Daniel Berthet, toujours sur les pas d’Ercilie d’Ourène, m’a permis de réviser cette période tumultueuse de notre Histoire.

Tout cela passe vite au second plan lorsque l’auteur me plonge dans cette Franche-Comté dépendant alors du Saint-Empire mais que la France, gouvernée effectivement par un certain Richelieu, convoite. Guerres, sièges, famine, peste ravagent la région où Ercilie est devenue baronne de Saint-Jérôme, suite à un mariage bien décevant. Cela ne l’empêche pas de venir en aide aux plus faibles qui n’en peuvent plus de donner pour la dîme du clergé et pour la taille, impôt prélevé par la noblesse.

Finalement, après bien des dangers, des doutes, des joies aussi, toujours sur un fonds religieux omniprésent comme cela s’imposait à l’époque, Ercilie est revenue à Digne, comme je l’ai appris dès le début de l’histoire. Après Les foudres du ciel (troisième partie) et La source du destin, quatrième et dernière partie, je ressors impressionné et très admiratif devant le travail et le talent d’écriture démontré, une fois de plus par Daniel Berthet. Ercilie d’Ourène, baronne de Saint-Jérôme mérite vraiment la lecture car vivre les tourments et les souffrances du peuple sans négliger ce qui se passe, se trame chez ceux qui gouvernent, fut un grand plaisir pour moi.


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Ercilie d'Ourène, Baronne de Saint-Jérôme

Quel plaisir de retrouver la plume ensorcelante de Daniel Berthet !

Il est un auteur sans pareil pour nous faire voyager dans le passé, en l'occurrence dans ce dernier roman, au coeur du 17ème siècle, en toute simplicité et en toute réalité.

Le troisième tome de la collection Les foudres du ciel, après Au nom de notre bonne foi et L'anneau de Saint Jérôme, s'intitule Ericile d'Ourène, Baronne de Saint-Jérôme.

Il peut être lu indépendamment, mais à l'issue de sa lecture, vous n'aurez qu'une hâte, lire les deux premiers pour approfondir votre connaissance d'Ercilie et de ses parents et le contexte historique dans lequel ils ont vécu. Car, oui, l'histoire de la vie d'Ercilie est étroitement liée à la grande histoire et c'est tout ce qui fait le charme de ce roman.

L'auteur, durant la pandémie, « cette longue épidémie de peste qu'on croyait à jamais oubliée », comme il la définit, s'est confiné dans un rêve et a retranscrit ce que la femme au beau prénom, Ercilie, retirée dans son château d'Oyse sur les hauteurs de Digne, confiait à sa dame de compagnie Antonine, pour occuper les longues soirées glaciales de l'hiver 1670.

Quatre parties composent le roman, la première intitulée le roi est mort.

Ercilie débute en effet le récit de ses souvenirs à partir des années 1610, année où Henri IV fut assassiné et année de ses vingt ans.

Grâce au talent de l'auteur, nous sommes transportés dans un siècle tout aussi terrifiant que les précédents où, au nom d'une religion, pour des ambitions personnelles ou pour des ambitions politiques, des atrocités sont commises.

À travers le destin d'Ercilie, ce sont les intrigues de cour, la religion, la guerre, la peste noire, l'exploitation des paysans corvéables à merci qui sont racontés avec moultes détails.

Difficile de ne pas faire certains rapprochements avec l'époque actuelle…

Mais à ces sombres tableaux s'opposent de nobles sentiments comme l'amitié, l'amour et la solidarité. Beaucoup de sensualité, de magnifiques scènes d'amour qui s'affranchissent de la morale bien-pensante éclairent, embellissent et donnent force et dignité au roman.

Les vrais héros de ce livre et de la vie ne sont pas ceux qui combattent pour gagner un bout de territoire ou quelques âmes mais ces petites gens qui n'ont rien de petit, qui tentent de survivre et ceux qui se battent pour les défendre en fermant les yeux parfois pour moins les pénaliser…

J'ai été subjuguée par la force de l'héroïne Ercilie, qui, de mendiante et de proscrite est devenue baronne d'Ourène. Elle n'a jamais oublié son enfance, ses parents, ses amies. Les mauvais et cruels moments de sa vie, tous comme les bons, l'ont aidée à « grandir » et à faire face à l'adversité. C'est en pensant aux dures épreuves qu'elle a vécues qu'elle tentera au mieux de venir en aide, une fois baronne, aux plus démunis.

De même, la fin de ses pérégrinations avec le retour à ses racines est très émouvant.

Je n'ai pu m'empêcher de penser à l'une des si belles chansons du regretté Jean Ferrat : Nul ne guérit de son enfance…

Cette étonnante histoire de vie avec de nombreux rebondissements au coeur de cette belle fresque historique qui m'a personnellement beaucoup appris sur la situation désastreuse de la Franche-Comté après la guerre de Dix Ans, guerre peste et famine ayant dévasté la région m'ont absolument conquise et enchantée.

De même, j'ai été ravie de faire connaissance avec quelques termes de vocabulaire d'époque telle cette ancienne mesure qu'était la canne ou le vertugadin, l'armature pour faire bouffer la jupe autour des hanches de ces dames…

À noter l'excellente préface de Patrice Saunier.

Je remercie chaleureusement et sincèrement Daniel Berthet pour m'avoir offert son neuvième roman, cette magnifique « mémoire d'une vie », Ercilie d'Ourène, Baronne de Saint-Jérôme.


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Comme un oiseau sur la mer...

Courageusement, fort de ses convictions humanistes, Daniel Berthet, pour son huitième roman, s’est lancé dans un récit essentiel, absolument nécessaire pour contrebalancer les versions officielles des grands de ce monde qui ne font même pas respecter les résolutions des Nations Unies. D’ailleurs, nous voyons en ce moment (avril 2020) où ils nous conduisent, où leurs choix de société mènent notre monde si fragile…



Tout là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, un peuple est brimé, terrorisé, martyrisé par un autre peuple qui a, lui aussi, subi les pires atrocités. Est-ce juste ? Est-ce normal ?

Comment ne pas penser à ce qu’a écrit Janina Hescheles Altman dans son livre paru en 1946, Les Cahiers de Janina ? Elle l’a écrit alors qu’elle avait douze ans et se trouvait dans le ghetto de Lvov, en Ukraine, ajoutant ceci en 2015 : « Notre passé tragique ne nous donne pas le droit, en Israël, de confisquer des terres, de détruire des maisons, d'arracher des champs d'oliviers entretenus pendant des générations. »



En écho à cette phrase essentielle, l’histoire que conte Daniel Berthet est d’un réalisme terrible. Elle débute en 2001 pour se terminer en 2048, en une dystopie avec, tout de même une petite pointe d’espoir. Prétendant se défendre contre des attaques terroristes, l’État d’Israël n’hésite pas à bombarder, détruire hôpitaux, écoles, immeubles, dans cette bande de Gaza où tentent de survivre plus de deux millions de Palestiniens, réfugiés ici depuis 1948. Cette année-là, s’est produit la Nakba, la destruction de quatre cents villages palestiniens et l’expulsion de plus de 800 000 personnes après la création de l’État d’Israël. Puis, de provocation en représailles, Gaza est devenu une prison à ciel ouvert.

Dans son récit, l’auteur ne masque aucune des contradictions opposant les factions palestiniennes. Il s’attache avant tout au côté humain, ce qui est la base de toute vie possible sur Terre. Comme le reconnaît Rachel, un personnage du roman, j’ai longtemps pensé nécessaire la création de l’État d’Israël, indispensable après l’atroce Shoah. Hélas, le souci sécuritaire primant tous les droits de l’Homme, c’est le sionisme qui s’impose et n’hésite pas à chasser les Palestiniens, nommés Arabes de façon simpliste et méprisante. Comme Élisa qui découvre Hébron cadenassée par les colons et Éléonore, avocate franco-israélienne, il faut déconstruire les idées reçues à propos de la création de l’État d’Israël.

L’attitude de ces colons, juifs orthodoxes ou pas, qui n’hésitent pas à s’installer de force sur des terres attribuées par l’ONU aux Palestiniens, est un scandale absolu. Ce livre permet d’en prendre conscience en suivant l’histoire de la famille Belhadj. Si tout débute et revient à Gaza, quelques échappées m’ont emmené en Roumanie puis en France avant de partager la fuite de Mounir qui conserve précieusement la clé et la photo de la maison de Burayr dont sa famille a été chassée, village détruit et remplacé par le kibboutz Bror Hayil. Une partie du livre se passe aussi à Hébron, en Cisjordanie, où la pression des colons n’a pas de limites.

Quand il réussit à sortir de Gaza, côté égyptien, Mounir n’est pas seul car il emmène avec lui sa fille, Amal qui, Comme un oiseau sur la mer, dans sa nacelle sur laquelle est brodé Gaza Libre, va connaître une aventure incroyable et très complète, profondément révélatrice du sort terrible réservé à tout un peuple qui trouve quand même la force de résister mais qu’il faut absolument aider comme le fait l’Association France-Palestine Solidarité : http://www.france-palestine.org/.




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Putain de guerre !

Dans les années '50 à Augès, un petit département des Basses-Alpes devenu aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence, un petit garçon prend plaisir à écouter les récits de deux vieillards, rescapés de la guerre 14-18 : Tous dans le village les connaissent sous les surnoms de Baldenuit et Demi-Lune mais ils avaient leur propre identité et surtout leur histoire. Tous deux revenus estropiés, défigurés de cette "putain de guerre", l'on détournait souvent le regard lorsqu'ils sont revenus du front, par honte, hypocrisie, que sais-je encore, par refus de reconnaître ce dont est capable la barbarie humaine devant ces deux gueules cassées.



Penchons-nous un peu sur leur histoire : Demi-Lune, autrement dit Amédée d'Oraison de son vrai nom s'est retrouvé de nombreuses lésions dont un œil en moins mais la plus importante étant probablement celle de ses souvenir de tout, et ce, pour son plus grand malheur (quoique...). Quant au second, Baldenuit, son histoire est encore plus complexe car, au contraire de son camarade, lui est tombé dans une amnésie totale lorsqu'on l'a amené à l'hôpital , on a retrouvé sur lui le registre matricule d'un certain Albert Brignaud, donc on n'a pas cherché plus loin. Ne se souvenant absolument de rien, celui-ci a été incapable de nier ou de confirmer l'identité qu'on lui attribuait jusqu'au jour où...il se souvient ! Ils étaient cinq à avoir été envoyés en première ligne face à l'armée des "Boches" pour trahison ou simple rébellion à la place du peloton d'exécution et "Albert" qui, si vous suivez ma logique, n'était pas réellement Albert, était l'un d'entre eux. Je vous invite à venir découvrir son histoire ainsi que celle d'Amédée !

L'histoire de nos deux poilus est liée car ils ont tous les deux servis pour le 3e Régiment d'Infanterie de Draguignan et le restera à jamais de par leur condition d'une part et de par ce que l'on peut appeler destin d'autre part !



L'auteur dénonce ici l'injustice faite à tous ceux qui sont morts pour la France et qui ne figurent pas sur nos monuments aux Morts car ils ont été "fusillés pour l'exemple" donc considérés comme des traîtres mais est-ce réellement une traîtrise que de ne pas vouloir se battre ? De s'indigner de la cruauté des hommes ?



Un roman engagé extrêmement fort que je ne peux que vous encourager à venir découvrir car l'on ne doit pas oublier...jamais !
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Comme un oiseau sur la mer...

Daniel Berthet nous plonge une nouvelle fois dans des histoire mais aussi dans l'Histoire avec un grand H, celle du conflit israélo-palestinien. Soucieux de dénoncer des injustice, comme il l'a fait dans ses sept précédents romans, l'auteur nous interroge ici sur de nombreux problèmes, à la fois politiques certes, de guerre mais aussi s'interroge sur la question de l'identité. Un simple nom ou une appartenance à un groupe religieux, certains objets ayant appartenu à nos aïeuls peuvent-ils définir à eux seuls un individu, quel qu'il soit ? La réponse est à la foi Oui et non, ai-je envie de répondre.



Après un avant-propos de Monique Etienne, fortement engagée dans l'association AFPS (Association France Palestine Solidarité), tout comme l'auteur d'ailleurs et une préface rédigée par Patrice Saunier, l'auteur nous plonge au cœur de l'horreur en décrivant ce conflit entre Palestiniens et Sionistes (à ne pas confondre avec tout le peuple juif bien évidemment). Ici, nous ne devons pas faire de généralisation mais l'auteur, en dénonçant vertement s'appuie sur des faits concrets, dates et chiffres à l'appui. Ouvrage divisé en quatre parties, le lecteur fait d'abord la connaissance de Mounir, un jeune garçon innocent et de son grand frère Jamal, d'origine palestinienne tous les deux et dont d'aîné est fortement engagé par le voie des armes concernant la résistance. Voulant protéger son cadet, celui-ci tiendra à distance son cadet de cette lutte armée, guerre qui dure depuis trop longtemps notamment sur la bande de Gaza mais pas que, de ce conflit qui ne le concerne en rien, tout comme de milliers d'autres jeunes de quelque partie à laquelle ila appartiennent. Il lui finance ses études et soutient son mariage, encourageant ce dernier à avoir une vie aussi normale que possible suite au décès de leurs parents alors que lui, Jamal, se doit de continuer la lutte. Du mariage de Mounir naîtra une jeune fille qui connaîtra par la suite une histoire des plus incroyables qui soit. Retrouvée seule, alors âgée de même pas deux ans, dans un sac rempli de bouées de sauvetage sur les côtes de la Méditerranée à Marseille, celle-ci sera considérée comme une miraculé. Recueillie ppar une jeune roumaine, Irina, elle aussi sortie difficilement du milieu de la prostitution par celle qui deviendra sa compagne, Rachel, une brillante journaliste, la petite fille sans nom se verra appelée "Gaza Libre"par ce couple, seules inscriptions marquées sur ce sac de fortune. A l'intérieur de ce dernier se trouvaient une vieille clé rouillée et une photo jaunie par le temps, seuls éléments qui rattacheront cet enfant à son passé. Les jeunes femmes n'auront alors plus qu'une obsession en tête : s'occuper de la petite fille et lui redonner son identité mais cela s'avère très compliquée, notamment pour l'une d'entre elle qui est dépourvue de papiers français ou de quelconque papiers d'identité d'ailleurs.

Dans un même temps, à Hébron, ville de Cisjordanie ou prés des monts de Judée et dans de nombreuses autres zones, le combats s'intensifie et c'est au cœur-même de ces dernier que notre "Gaza Libre" renommée "France Libre par la cour d'appel sera envoyée, non pas pour se battre bien sûr mais pour y être adoptée.

Trois noms différents pour qualifier un seul être humain, cela commence à faire beaucoup, non, d'autant plus qu'en arrivant dans sa nouvelle famille, elle sera "rebaptisée" Judée mais en attendant, cette dernière ne sait toujours pas qu elle est vraiment et au fur et à mesure qu'elle avancera en âge, elle n'aura de cesse de s'interroger sur sa véritable identité mais s'opposera farouchement aux idées extrémistes de son père adoptif et de son frère Ismaël ( frère adoptif là aussi il va sans dire).



Je ne voudrais pas trop en dire sur cet ouvrage, extrêmement fort et puissant, accusateur certes mais révélateur aussi dans un sens pour certains. IL ne faut certes pas généraliser, comme je le disais en commençant cette critique car car certains personnages dans cet ouvrage démontrent bien qu'il y a des exceptions mais sont-elle suffisantes pour que cette guerre et ce carnage qui durent depuis trop longtemps déjà cessent enfin un jour ? Bien trop naïve, je le sais mais je me force à y croire et ne peux que vous encourager à découvrir cet ouvrage par vous-mêmes ! Ce n'est peut-être pas la lecture idéale en ce moment-même mais cela nous permet de relativiser sur beaucoup de points et surtout nous amène à nous poser de nombreuses questions...A découvrir !

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L'anneau de Saint-Jérôme

Dans le petit village d'Ourène en plein coeur de la Provence, près de la ville de Digne, le Tienot comme on l'on se plaisait à appeler ses connaissances en ce temps de grâce 1599, vivait paisiblement avec son épouse Clermonde et leur fille Ercilie. Bien que vivant en reclus, puisque huguenots et donc en marge de la société catholique de l'époque, la vie était dure jusqu'au jour où le père fut cruellement assassiné, laissant femme et enfant sans ressource.

La petite Ercilie étant cependant bien dégourdie, elle se débrouillait toujours pour aller chasser et ramener de quoi se substanter ainsi que sa mère jusqu'au jour où, elle fut surprise par le fils du Seigneur d'Astignac et accuser de chasser sur les terres de son père et à partir de là, les événements dramatiques ne vont aller que crescendo. La Clermonde ayant voulu toucher, au moins une fois dans sa vie, l'anneau de Saint-Jérôme, présenté une fois par an aux paroissiens lors de la messe de minuit en cette veille de Noël, elle va, sans le vouloir, emmener sa fille avec elle dans une tourbillon d'aventures des plus horribles qui soient. Accusées à tort de sorcellerie, une seule issue les attend : la mort sur le bûcher...



Un roman d'une justesse extraordinaire quant à la précision des lieux, du langage employé à l'époque, des différends entre lois des tribunaux ecclésiastique et civil, une histoire qui vous tient en haleine jusqu'à la toute dernière page et avec des personnages très variés. En effet, autant certains sont très attachants, les autres au contraire sont extrêmement répugnants et atroces dans leur manière d'agir ; d'où le fait que je n'ai pas mis la note maximale à cet ouvrage (qui l'aurait amplement mérité) car certaines scènes, très crues, m'ont assez choquées (c'est cependant en connaissance de cause que je me suis laissée entraîner dans cette lecture, ayant reçu les avertissements de l'auteur au préalable). A découvrir !
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Justice aux poings

L'auteur (enfin, dans ce cas-là, il s'agit des auteurs puisqu'il s'agit d'un ouvrage écrit à quatre mains) a toujours été révolté contre toutes sortes d'injustices sociales, quelles qu'elles soient et ici, il le fait bien ressentir à son lecteur, qui, comme lui, ne peut trouver cela qu'horriblement injuste. Accusé à tord d'avoir assassiné une prostituée, retrouvé morte dans le hangar du Bronx à New-York qu'il occupe pour donner ses cours de box, Sam est un jeune homme qui ne croit plus en la justice, du moins celle des hommes. Certes, Sam n'est certainement pas tout blanc puisqu'il traîne avec l'une des mafias qui fait loi dans le quartier mais comment faire autrement puisque c'est là seule chose à faire si l'on veut survivre dans un tel endroit ? Dans un quartier où les clans se font la guerre (c'est ce que j'entendais pas les différentes mafias qui ont la main prise sur le Bronx), dans un état corrompu par l'argent, dans un pays où la justice elle-même est sous l'influence de l'argent, comment faire pour vivre en paix ? C'est quasiment impossible. De plus, étant noir de peau, Sam est le coupable idéal lorsque le cadavre de cette prostituée est retrouvé dans son local, mais si la vérité, elle, était toute autre ?

Une fois sorti de prison, Sam entend bien faire la vérité sur cette affaire et est bien décidé à faire justice lui_même.



Un ouvrage sur la vengeance donc mais aussi, aussi étrange cela puisse paraître, sur l'amour, celui de Sam et d'Irina, une prostituée venue des pays de l'Est, exploitée par des hommes sans scrupules qui lui ont volé ses papiers d'identité et son visa pour l'empêcher de s'échapper à cet enfer dans lequel ils l'ont plongée contre son gré. Nouvelle injustice, et peut-être la plus triste de toutes (à mon goût) puisqu'Irina sera arrachée trop tôt (par la grande faucheuse cette fois) à Sam alors que ces deux-là auraient très bien pu vivre encore bien des jours heureux ensemble et peut-être même tenter de faire table rase du passé pour se concentrer uniquement sur l'avenir.



Aussi, pourrait-on croire que la vie a décidé de s'acharner sur Sam car lorsque ce n'est pas la mafia qui veut lui-mettre des bâtons dans les roues puisqu'il dérange et ferait un bouc-émissaire idéal, c'est la Mort qui se déplace en personne pour lui arracher la seule personne qui aurait pu lui redonner confiance dans la Vie mais Sam est loin d'avoir dit son dernier mot...





Un roman très dur il est vrai mais extrêmement bien écrit, même si certaines expressions employées m'ont un peu gênées car j'ai trouvé qu'elles étaient en léger décalage avec l'ambiance général du livre (simple détail, je vous l'accorde, mais qui explique le fait que je n'ai pas mis la note maximale à cet ouvrage) mais que je ne peux que vous recommander. A découvrir !
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1851 - Marianne des Mées

Avec ce nouveau roman, Daniel Berthet nous plonge une nouvelle fois dans une grande page de notre Histoire : celle du coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. Certes, nous avons tous entendu parler sur les bancs de l'école de ce Bonaparte qui décida de s'auto-proclamer empereur mais a-t-on réellement pris le temps d'étudier son histoire et de comprendre les raisons qui l'ont poussées à agir de la sorte ? Président de la République avant de prendre les pleins pouvoir, si Bonaparte a agi de la sorte, c'est qu'il ne pouvait pas se représenter aux prochaines élections présidentielles. Un seul mandat, telle était la règle et cela, Bonaparte et les bonapartistes ne pouvaient pas le concevoir. Mais le peuple dans tout cela, lui a-t-on réellement demandé son avis ? A tous ceux qui se disaient Républicains ou encore Montagnards, qu'en pensaient-ils eux ?



Dans ce roman historique, Daniel Berthet replace non seulement les choses dans leur contexte mais en dénonçant, une fois encore, non pas seulement une injustice, celle du coup d'Etat, mais plusieurs autres qui se glissent dans le roman au travers de ses personnages. Lantoine et Simon en sont le parfait exemple. Originaires tous deux des Basses-Alpes, de Digne exactement, ils ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et pour tous les notables de l'époque, il vaut mieux ne pas trop s'appesantir sur les faits, quitte à envoyer deux pauvres innocents au bagne. Ces deux jeunes hommes étaient là...il y a eu un cadavre retrouvé non loin d'eux et un vol de surcroît : leur conclusion : ils sont coupables. Heureusement que la justice a bien évolué depuis même si l'on n'est jamais à l'abri d'une erreur judiciaire mais malheureusement, une fois que celle-ci est faite, l'on ne peut jamais la réparer car, même si la personne est acquittée, le doute et les rumeurs, elles, ne disparaîtront jamais et laisseront des traces indélébiles. le titre du roman vous interpelle et vous auriez bien raison ! Tous concluront trop vite à la Marianne, symbole de la République française et ils auraient probablement raison dans un sens mais pas seulement. La Marianne de l'auteur est également une femme de chair et de sang qui a marché depuis le village des Mées jusqu'à Digne au côté des résistants où elle a arboré le drapeau de la République sur la bâtiment de la Préfecture. Marianne est aussi une mère, celle de Lantoine, qui a souffert de voir son fils injustement accusé. Si il peut y avoir des personnes qui doutent, le coeur d'une mère, lui, saura toujours la vérité.



Plus qu'un roman historique, il s'agit ici d'un pan de l'Histoire que Daniel Berthet nous offre à découvrir, celui de deux départements que furent les Basses-Alpes et le Var et qui ont résisté plus que ce que la seule raison pouvait leur dicter en enfin l'histoire d'hommes et de femmes, qu'ils soient fictifs ou non, qui ont marqué à leur manière, ce temps et qui perdureront dans nos mémoires . Si vous ne les connaissez pas, ce qui est bien normal pour certains d'entre eux puisqu'ils sont sortis tout droit de l'imaginaire de l'auteur, je ne peux que vous inviter à vous plonger dans cette lecture !
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Il faut sauver le Saint-Esprit

Ce livre est tout simplement une véritable bombe à retardement. on y découvre les ravages que peut faire la justice lorsque celle-ci n'est pas menée de façon cohérente et logique.



Ici, c'est le jeune Benjamin Atlan, notre protagoniste, qui en fait les frais. Surveillant dans l'internat de l'établissement du Saint-Esprit, il est accusé ainsi que trois lycéens, de viols. La présumée victime est un jeune garçon de 13 ans du nom de Fabien (appelé Bibi) Chaigne qui se plaint régulièrement de maux de ventre et angoisse à chaque retour dans l'internat où il fait ses études, l'internat étant le seul moyen qu'ont trouvé ses parents afin que Fabien ne fasse plus l'école buissonnière. Cependant, au bout d'un certain temps, Fabien commence à se plaindre auprès de ses parents en prétextant qu'il aurait été victime de viols de la part de trois surveillants et de trois lycéens. Certes, ces derniers ne sont pas des anges (loin de là) puisque l'un d'entre eux est en effet déjà connu des services de police pour des trafic de drogue mais de là à faires des attouchements sur l'un de ses camarades, il y a plus qu'un pas. Cependant, pour le policier en charge de l'affaire, l'adjudant Morales, cela ne fait aucun doute que cette dénonciation sera rapidement suivie d'une mise en examen et d'une peine de prison qui reste à déterminer. Cependant, il faut noter plusieurs faits étranges : non seulement Benjamin (Ben) est le seul surveillant à être impliqué dans cette affaire mais en plus, les accusations du plaignant varient de semaine en semaine, devenant à chaque fois plus atroces (cela peut se comprendre si il a été victime d'un choc traumatisant) mais les dates ne coïncident pas et les surveillants ne sont pas cités à chaque fois. N'y aurait-il pas quelque chose qui dérange ? Apparemment, cela n'a pas l'air de déranger le procureur de la République Pierre Phinéas mais le père de Ben qui sait son fils innocent ne l'entend pas de la même oreille !



Un roman qui dérange car il dénonces des erreurs judiciaires qui arrivent à briser la vie de celui ou ceux qui en sont les victimes mais qui est réellement bien écrit et dans lequel le lecteur se plonge sans difficultés. A découvrir et à faire découvrir !
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Au nom de notre bonne foi

Daniel Berthet, avec ce nouveau roman, se fait une fois de plus le défenseur de toutes les injustices qui ont pu existé en ce monde et continuent d'ailleurs bien trop souvent de se répéter, sous d'autres formes certes mais cela reste la même chose au final puisqu'il y a des gens qui souffrent ! Avec la publication de cet ouvrage et comme il l'a toujours fait pour ses publications précédents, l'auteur choisit de reverse le tiers de la vente à une association. Cette année, c'est au Téléthon que ces dons sont destinés, via l'intermédiaire du coordinateur qui se trouve dans me petite ville et et qui se trouve aussi être celle de l'auteur. Je dois cette rencontre fortuite à mon père qui a durant plusieurs années enseigné dans le même institut que Daniel Berthet et je ne peux que lui en être reconnaissante de nous avoir présentés l'un à l'autre puisque, de ce premier contact, est né une amitié sincère, je l'espère et je soutiens cet homme au grand coeur dans toutes ses luttes.



Bon, passons plutôt à ce qui vous intéresse, vous, lecteurs à savoir, l'ouvrage en question. Ici, l'auteur s'est intéressé aux guerres de religions qui ont terrassé l'Europe au cours du XVI ème siècle (bien que cela ne fut qu'une nouvelle vague) entre Protestants et Catholiques. Les Protestantes d'un côté, encore appelés huguenots ou parpaillots et les Catholiques rangés du côté de Rome de l'autre et entre les deux, il y a tous ceux et celles qui ne trouvent entre les deux, n'ayant rien demandé à personne et pourtant bien obligés de se placer quelque part ! C'est le cas de celui que l'on appelle Le Borgne et de son fils Tienot, en quelque sort les héros de cet ouvrage qui vont d'abord s'engager aux services des capitaines Furmeyer et Mauvans, servant l'une des armées huguenotes voulant délivrer la citadelle de Sisteron.

Ah oui, j'ai oublié de vous préciser que ce roman historique se passe dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans des villes avoisinants la mienne, ce qui, vous l'aurez bien compris, n'a fait que renforcer mon intérêt pour cette lecture.

Très vite, nos deux héros, qui tandis que l'un est fait prisonnier et laissé pour mort et que l'autre continuera de se battre tant bien que mal, vont se rendre compte qu'en réalité, il n'y a pas de bon ou de mauvais côté, pas de bons ou de méchants et que tout ceci ne peut mener qu'à un effroyable massacre. Pour quoi ? Pour rien si ce n'est des idées qui ne s'accordent pas sur certains points. Et alors, ne peut-on pas tous vivre en harmonie en ayant des religions, des points de vue différents ? Voici le grand thème de ce livre et qui, je crois, restera l'éternel questionnement des hommes jusqu'à la fin des temps ! C'est au cours de son aventure en pays de Forcalquier, que Tienot, faisant de nombreuses rencontres aussi variées les unes que les autres, va amener le lecteur à s'interroger sur ce pont.



Un roman historique mais aussi moralisateur à bien des égards qui mérité d'être découvert ! L'auteur ne prend nullement parti, contrairement à ce que le lecteur pourrait penser au départ pour une cause ou pour l'autre : il dénonce simplement les atrocités d'un point de vue historique et admirablement romancées qui ont été faites par les uns et les autres afin de nous faire passer un message : Plus jamais ça !

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Porteurs de rêves

Ce serait trop long à vous expliquer comment j'en suis venu à lire cet ouvrage mais toujours est-il que je ne regrette vraiment pas de l'avoir fait, loin de là.

On parle beaucoup du centième anniversaire de la Première Guerre mondiale, du soixante-dixième anniversaire du débarquement mais qu'en est-il du soixantième anniversaire (enfin, je trouve que le mot est un peu mal choisi lorsqu'il s'agit de célébrer une guerre, mais bon, passons) de la Guerre d'Algérie alors ?

L'ayant très peu étudiée lorsque j'étais au lycée, j'ai eu envie d'apprendre pour ne surtout pas oublier.



Dans cet ouvrage, Daniel Berthet nous fait explorer les deux bords de ce conflit qui opposa la France et l'Algérie de 1954 jusqu’à l'indépendance de cette dernière en 1962 mais il va même encore plus loin puisque le lecteur, se trouve, en tout début de ce roman, en 2009 dans l'hôpital de la Timone à Marseille et y reviendra d'ailleurs régulièrement puisque c'est cet ancien militaire appartenant au régiment des "Cobras", qui se souvient et nous transmet, à nous lecteurs, les souvenirs de cette guerre. De l'autre côté, il y a un personnage surnommé El Batar car il n'a jamais connu ses parents, un jeune algérien qui nous raconte aussi ce que fut sa guerre à lui, d'autant plus que ce dernier en a mené une autre bien plus importante à ses yeux puisque sachant sa mère vivante, il voulait à tout prix la retrouver...retrouver sa "Source" comme il l'appelle afin de mieux comprendre qui il est.



Loin de ma pensée de faire de la politique dans cette critique ni de dire qui avait tord et qui avait raison dans ce conflit mais toujours est-il qu'il y eu énormément de morts (comme dans toute guerre d'ailleurs) et que nous nous devons de nous souvenir. L'auteur réussi à merveille à intercaler les faits historiques dans ce roman avec des personnages très attachants et surtout, beaucoup de philosophie ! A découvrir ! La raison pour laquelle je n'ai pas mis la note maximum à cet ouvrage est dûe à mes lacunes historiques, ce qui fait que je me retrouvais de temps en temps perdue dans le fil des événements, mais rassurez-vous, le lecteur s'y retrouve généralement très facilement !
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Putain de guerre !

Cent ans après, parler de la Première guerre mondiale, cela a été fait et c'est normal car il faut sans cesse rafraîchir nos mémoires qui effacent trop vite des années de souffrance et de mort.



Pourtant, avec Putain de guerre !, Daniel Berthet a su écrire et raconter d'une façon originale le cauchemar des tranchées, de tous ces hommes envoyés à la boucherie par d'autres aux épaulettes étoilées, à la solde des marchands d'armes et des banquiers, comme c'est si bien dit à la fin du livre.

Ne pas oublier, c'est aussi rappeler que des hommes ont été fusillés par leurs propres camarades portant le même uniforme ou envoyés à l'abattoir, mains liées, sans casque, « pour l'exemple », comme on disait. L'auteur leur dédie son livre comme à tous ceux que l'on nommait les poilus et c'est une belle initiative qui débute avec des souvenirs d'enfance.

Ils sont vieux. Dans le village d'Augès, on les surnomme Baldenuit (Jules Latour) et Demi-Lune (Amédée d'Oraison). Ils faisaient peur avec leurs terribles blessures. Ils appelaient cette guerre La Madelon, la putain, et les pages qui suivent sont d'une force extraordinaire, faisant de Putain de guerre !, une lecture passionnante et tellement émouvante.

Sans me laisser le temps de respirer, l'auteur m'a plongé dans la bataille autour du fort de Vaux, près de Verdun avec ces patelins sans âme : « Bombardés, pilonnés, canardés par les Boches, dans leurs contre-attaques, tous les bleds des alentours en étaient réduits à des amas inertes de pierre et de tuiles que les camarades contournaient dans l'indifférence générale pour éviter les obus non explosés. »

Il faut aller dans ces lieux aujourd'hui où il est bien difficile, voire impossible d'imaginer la vie d'un village, même si certains ont retracé une rue, fixé une plaque pour rappeler qu'il y avait ici une mairie, une école, un presbytère, qu'habitait là un cantonnier, un sabotier, un vigneron, un marchand de cochons… Bref, la vie… et ces hommes venus du sud de la France, un régiment de Draguignan, savent qu'ils vont mourir, qu'on les envoie à la boucherie. D'autres venaient d'Afrique, du Sénégal par exemple, comme David Diop le rappelle si bien dans Frère d'âme, un livre dont je parlerai bientôt..

Le roman est bien mené, ménage des surprises, du suspense et s'attache surtout à l'après, ce qui est souvent négligé. Il parle aussi d'amour avec La Tide, restée au village. Si certains ont la chance de revenir, c'est dans quel état ? L'accueil qui leur est réservé n'est pas toujours sympathique et des personnages sans scrupules n'hésitent pas à s'enrichir en trafiquant, comme l'avait mis en scène Pierre Lemaitre dans Au revoir là-haut.

Daniel Berthet nous fait entrer dans l'hôpital des blessés de guerre puis nous emmène dans la capitale de la coutellerie : « Thiers n'avait d'âme que pour tout ce qui était tranchant, couteaux, dépeçoirs, hachoirs, couperets, rasoirs. » Enfin, c'est à Banon, dans ces Basses-Alpes, Alpes de Haute-Provence aujourd'hui, que nous revenons, au pied de la montagne de Lure.



Le temps passe et fait son oeuvre. Lutter contre l'oubli, c'était faire parler ceux qui restaient, qui avaient pu survivre aux blessures, échapper à la grippe espagnole et j'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur fait s'exprimer ces hommes. Retenue, pudeur, peur de choquer, ce n'était pas facile pour eux mais Putain de guerre ! est là pour ça avec un sens du récit bien maîtrisé, un style efficace, précis, au vocabulaire riche et toutes les réflexions jalonnant le récit sont bien actuelles.
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Putain de guerre !

Daniel Berthet, en écrivant Putain de guerre !, rend un hommage vibrant à tous les poilus mais plus particulièrement à ces gueules cassées et à ces fusillés pour l’exemple.

Par le récit que font deux rescapés de cette tuerie à un jeune écolier, qui, lui, a pris le temps de les écouter, de les entendre, l'auteur a réussi de façon originale à nous faire toucher du doigt ce qu'ont vécu ces jeunes hommes plongés dans cette horreur, cette boucherie, bref, cet enfer qu'était le front.

Il a su non seulement nous faire ressentir ce qu'ont pu vivre ces gars de façon terriblement poignante mais également nous replonger dans la vie à la campagne dans les Basses-Alpes à cette époque, ainsi que dans la vie, dans des villes comme Thiers.

C'est un roman bouleversant, sensible, poétique, à la portée universelle qui, en voyant ce qui s'est passé depuis et se passe encore aujourd'hui, nous interroge :

- l'homme cessera-t-il un jour la guerre ?

- Est-il donc impossible de vivre en paix sur cette terre ?
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Porteurs de rêves

Délaissant les déboires des habitants de la Haute-Provence à la fin du XVIe siècle, Daniel Berthet, pour son quatrième roman, après "Il faut sauver le Saint-Esprit", "Justice aux poings" et "L'anneau de Saint-Jérôme", traite de la guerre d'Algérie et de ses conséquences. Sa façon d'aborder un sujet très délicat est vivante, passionnante et riche d'enseignements.

Tout commence à l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 15 janvier 2009. Nous sommes dans la chambre de Béjan, à 4 h du matin et notre homme qui fut sergent en Algérie, se réveille d'un cauchemar lui ayant fait revivre les tortures appliquées dans une villa dominant Alger. Ce Cantalien d'origine a abandonné la ferme familiale pour l'armée, à 18 ans. Parachutiste, il est passé de « l'Amen du curé » à « Oui, Chef ! » Appréciant d'aller « casser du fell, dans le djebel », il se souvient de la réalité du terrain : « Arrestations arbitraires, interrogatoires musclés, détentions administratives, torture, viols, exécutions remplacèrent nos rêves d'accrochages nocturnes avec les fellaghas. »

L'autre personnage essentiel de l'histoire arrive très vite mais nous sommes maintenant le 25 juin 1957, dans la forêt de Bouarfa, et on l'appelle El Batar ! Ce qu'il vit est terrible car « chaque millième de seconde est une éternité quand tu attends le coup fatal ! » Dans le Bordj Medeira, il est rejeté par tous car il n'a pas de parents. Un colporteur, El Moutanabi, lui a révélé ses origines et il est parti rechercher sa mère dans les bordels du pays ce qui lui a valu d'être arrêté et torturé pendant trois jours : « La torture n'est pas que blessure de chair, c'est aussi anéantissement de l'esprit… La torture tue définitivement le droit au repos. »

Ainsi, l'histoire se poursuit, haletante, alternant entre ce qui s'est passé en 1957, là-bas, et Marseille. L'auteur maîtrise bien son sujet, situant précisément chaque scène, chaque épisode, en indiquant la date et le lieu. L'action se déplace aussi à Nanterre, à Paris où l'on côtoie ceux qui militent pour le Front de libération nationale, le FLN, et subissent une répression policière qui s'abat sans discernement ni pitié. Daniel Berthet nous fait vivre de l'intérieur le massacre du 17 octobre 1961 et comment le Préfet de police, Maurice Papon, publia son communiqué outrancièrement mensonger.

Les rêves s'envolent pour les harkis comme Ben Gouasmi cherchant sa famille dans les camps de Saint-Maurice l'Ardoise (Gard), de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) et du Larzac (Aveyron). L'histoire se termine par un croisement de destins peu ordinaire que nous laisserons découvrir au lecteur.

Il fallait du courage et une profonde connaissance du terrain pour aborder un sujet aussi délicat mais la lecture de "Porteurs de rêves" permet d'avoir un autre regard sur la vie quotidienne de personnes assez ordinaires prises dans une tourmente qui les dépassait mais dont ils étaient les acteurs.
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L'anneau de Saint-Jérôme

Quelle plongée dans la vie du peuple de Haute Provence ! Henri IV règne sur la France mais si l'on est sorti officiellement du Moyen-Âge, le quotidien des gens n'a guère évolué, comme l'esprit des puissants.



S'appuyant sur des recherches historiques précises, Daniel Berthet plonge sans ménagement le lecteur dans un quotidien plein de souffrance, de douleur, le malheur se trouvant à chaque coin de rue.

L'histoire commence le lundi 23 février 1598, avec le Tiénot d'Ourène qui travaille courageusement avec sa jument. L'auteur est cru, trivial, au plus près d'une réalité difficile à imaginer de nos jours mais nous y sommes bien plongés et le récit est aussitôt haletant, captivant, les descriptions d'un réalisme sans concession. le peuple souffre, se bat au quotidien et, parfois, la peste vient s'ajouter aux malheurs qui anéantissent déjà les plus faibles.

Voici maintenant, Ercilie, la fille du Tiénot, aux prises avec le fils du Seigneur d'Astignac qui règne en maître sur la région. À peine un mois plus tard, c'est la nuit du Noël 1599. La mère d'Ercilie, la Clermonde, fait comme tout le monde et se rend à la cérémonie qui rassemble la population dans la cathédrale Saint-Jérôme. La pauvre femme est transcendée par l'ambiance de fête. Ce serait comique si le drame ne rôdait pas à chaque instant alors que chacun bouscule l'autre pour aller embrasser l'anneau de Saint-Jérôme…

Voilà maintenant la mère et la fille accusées d'être des sorcières. Lorsqu'elles sont livrées au bourreau chargé de les faire parler, c'est très gore, l'auteur nous livrant à nouveau une scène mémorable ! Entre alors le grand inquisiteur qui vient spécialement d'Aix-en-Provence et l'humour côtoie le tragique. Ainsi, il est évident que la justice que prétendent rendre les hommes n'a guère évolué : un but est donné et tous les moyens sont bons pour l'atteindre. La Vérité n'intéresse par beaucoup de monde.

Daniel Berthet décrit aussi remarquablement l'arrivée de l'hiver à Digne : « Après la neige et la pluie des derniers jours, le mistral lança ses bras tentaculaires à l'assaut de la cité pour le grand nettoyage du début de saison. » Un peu plus loin, il ajoute : « Si le mistral avait voulu s'attaquer aux prisons, il aurait pu lui (Ercilie) ouvrir les portes de la liberté mais, pressé d'installer Sa Majesté (l'hiver),il préférait défoncer les masures, plutôt que les forteresses. »



Bien sûr, il ne faut pas dévoiler comment se termine cette histoire peu ordinaire car il faut laisser au lecteur tout le plaisir d'une lecture captivante jusqu'au bout.




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Il faut sauver le Saint-Esprit

Le récit est brillamment mené et tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Il est bien montré les incohérences de ce type d'enquête où le ragot et le fantasme ont valeur de preuves !



On y voit également l'acharnement incroyable de quelques enquêteurs faisant tout pour qu'un jeune homme, surveillant dans un internat (Le Saint-Esprit), soit présumé coupable. Petit à petit, l'engrenage infernal se met en place et l'institution judiciaire n'est pas en reste pour aller jusqu'au bout de cette logique terrible et destructrice d'innocents. Non seulement, ce livre est très juste concernant des choses vécues et ressenties mais les auteurs ont eu le mérité de mettre en relief certaines collusions comme d'obscures compromissions qui pourraient bien expliquer comme, avec de simples paroles, on en arrive à condamner un INNOCENT »
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1851 - Marianne des Mées

Il ne faut pas oublier ces événements importants qui ont marqué l'histoire de notre pays. La menace d'un renversement de la République plane toujours puisque nous voyons des faits identiques se produire pas si loin de nous. Un homme politique au pouvoir, démocratiquement mis en place suivant les critères de l'époque, décide brutalement de confisquer ledit pouvoir, réalisant ce qui est pudiquement nommé un Coup d'État.



Cela s'est passé en France le 2 décembre 1851 et Daniel Berthet nous plonge dans la vie de l'époque dans ce département nommé les Basses-Alpes jusqu'en 1970 avant de prendre le nom actuel : Alpes-de-Haute-Provence. Pour que le tableau soit complet, il ne néglige pas le camp des puissants, de cette haute bourgeoisie où l'on se gargarise de titres de noblesse jamais complètement disparus depuis la Révolution.

Le récit, passionnant de bout en bout, débute en mai 1850 avec la légende du Pas de Marie, un lieu devenu arrêt de messagerie entre Manosque et Digne. C'est là qu'arrive la patache, la diligence que Marianne va prendre. Elle marche en sabots. « Enfoncé sur ses oreilles, un vieux bonnet phrygien dont le rouge avait pris la couleur de la terre à force de sueur et d'intempéries lui donnait des allures de sorcière. Ses mâchoires vides de dents accentuaient le trait lorsqu'elle ouvrait la bouche par saccades pour retrouver un peu d'air… »

C'est elle l'héroïne de 1851, Marianne des Mées. Ce bonnet phrygien était porté par son père assassiné par une bande de royalistes sous « la monarchie de juillet dans les années trente alors qu'il s'opposait au remplacement du drapeau tricolore par le drapeau blanc au fronton de la mairie de Digne. »

Les mots du terroir fleurissent « fan de chichourle, fan de pute » dans la bouche du père Laburlière et de Jules Sainfoure qui détaillent Marianne. Les descriptions sont savoureuses. À bord de la patache, Cunégonde de Louvion de Saint-Cyr est avec son mari, M. Dupré qui vient d'être nommé préfet dans ce département lointain.

Le décor est planté mais c'est à Digne que les événements se bousculent avec l'arrivée de ce nouveau préfet, un procureur et un colonel de gendarmerie n'hésitant pas à arrêter et condamner des innocents pour préserver les intérêts d'une caste regroupée dans l'Ordre de Pentacrine, des nostalgiques de l'Empire.

Les trois parties qui suivent portent des titres évocateurs : Haro sur la justice ! Haro sur l'assemblée ! Haro sur le peuple ! le récit est haletant, plein de rebondissements, nous emmène jusqu'au palais de l'Élysée où le Président Louis-Napoléon, surnommé Badinguet, prépare son Coup d'État. Au passage, l'auteur ne néglige pas les amours de Cunégonde et de Magloire.

Lantoine, le fils de Marianne, côtoie Ailhaud qui mena la seule révolte pour le maintien de la République. Farouches partisans de la démocratie, ils avaient pris la préfecture de Digne et jeté les bases d'un fonctionnement juste, respectant les droits de tous les habitants de leur département. Hélas, la répression fut très dure.



Daniel Berthet raconte cela très bien car « Pendant ces journées de communion du peuple dans la révolte, Marianne des Mées fut le symbole même de la lutte pour la liberté. »
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Au nom de notre bonne foi

Délaissant l'époque récente remarquablement mise en scène dans "Porteurs de rêve", Daniel Berthet revient dans la région qui lui est chère, plongeant à nouveau « dans le passé pour se détacher de l'absurde du présent… », afin de pouvoir « continuer à vivre et espérer. »

Nous nous attachons aux pas de Tienot qui n'a que 12 ans et marche aux côtés de son père, le Borgne, et des vieux Fougasse. de Forcalquier à Sisteron, ils conduisent un vieux fardier tiré par le Noiraud, un cheval qui aura son importance avant la fin du livre.

Nous voilà plongés en pleine guerre civile entre protestants et catholiques, même si certains chefs peuvent passer d'un camp à l'autre par pur opportunisme. Les premières victimes sont, bien sûr, les gens du peuple devant subir batailles, ruine de leur cité mais aussi faim et perte d'êtres chers.

Dans Sisteron, les conditions de vie sont de plus en plus dures avec la peste qui sévit toujours. Corisande de Gaussan, la châtelaine voisine, a délaissé « les parpaillots » pour le camp catholique, séduite par le comte de Tende, père de Sommerive, lieutenant-général du Roi. Corisande saura se venger de l'affront qu'elle subit mais révèle aussi l'existence d'un trésor des Templiers.

Furmeyer et Mauvans, capitaines protestants, font appel au baron des Adrets, François de Beaumont, et partent pour libérer Grenoble. Quand la troupe quitte Sisteron pour le Dauphiné, Tienot s'engage. le passage par Gap n'est pas sans souci. L'attaque de Tallard donne l'occasion à l'auteur de nous livrer une scène mémorable.

Peu de temps après, Tienot sympathise avec le fils du notaire des Disguières. Il l'appelle les Disguières et c'est sous ce nom que François de Bonne passera à la postérité. Corps, La Mûre, Laffrey, Vizille, Tienot supervise les attelages et se lie avec Joue-creuse et Coeur-en-joie qui lui apprennent une incroyable nouvelle.

Se confiant à Lesdiguières, Tienot lâche : « Mais moi, simple fils de charretier, je n'ai jamais fait confiance qu'en ma bonne Étoile, à l'image de mon père. » Il ajoute qu'il n'est « ni huguenot, ni catholique » et pose la question : « Pourquoi se battre pour une religion ? » Son ami lui confirme ce qu'il pressent : « La religion n'est qu'un moyen de convaincre le peuple d'aller se faire tuer, pas une fin en soi ! L'histoire des croisades le prouve. » D'ailleurs, quelques années plus tard, Lesdiguières se convertira au catholicisme pour devenir connétable de France.

Tout au long du livre comme au fil des péripéties qui nous mènent jusqu'à la fin de l'aventure où une certaine Adèle prend une grande importance, Daniel Berthet sait bien mettre son lecteur dans l'ambiance de l'époque, utilisant un vocabulaire adapté. C'est ainsi qu'il nous parle d'éfourceau, de haquet, d'absconse, de souquenille, de fourquine, d'andrônes, etc…

Ainsi, "Au nom de notre bonne foi", tout en nous faisant revivre quelques siècles en arrière, donne de belles leçons pour les temps si difficiles que nous vivons.




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Justice aux poings

Après "Il Faut sauver le Saint-Esprit", "Justice aux poings" est le second livre de Karim et Daniel Berthet. Les auteurs me plongent sans ménagement dans l'univers carcéral d'une prison new-yorkaise et je suis Sam qui s'en sort et retrouve son quartier, le Bronx.



Ce roman se lit comme un polar, avec de l'action, des retournements de situation et du suspense. Brusquement, me voilà emporté dans les plus hautes sphères, dans le grand monde et la triste et tragique comédie humaine se met en place. Trafic de drogue et réseaux de prostitution font remonter au plus haut niveau où la volonté de domination politique ne recule devant aucune combine, devant aucun stratagème. Ceux qui devraient faire respecter la loi et protéger les plus faibles ne reculent devant rien pour défendre leurs privilèges et augmenter sans cesse leur richesse.

Ce second roman est relié au précédent par l'intermédiaire d'Angelika qui joue ici un rôle important. "Justice aux poings" se termine en rappelant l'actualité récente, certaines affaires qui ont défrayé la chronique… mais je laisse la surprise aux lecteurs.




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