AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Daniel Boulanger (39)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Fouette, cocher !

Je retrouve avec plaisir l'auteur de Jules Bouc dans trois fois neufs histoires comme autant de chroniques intimes et presque patinées!

Tant de tranches de vie joliment contées, qui font de Daniel Boulanger, à mes yeux, un digne successeur moderne de certain Maupassant.

Boulanger emmène faire un tour dans d'étranges détours de l'âme, souvent au fond de ces provinces dans ces villes douillettes et bourgeoises... Dans ces inassouvissement qui étouffent, ces secrets parfois touchants, ces libérations comme des moments inestimables.

Toujours, pour moi, cette nostalgie d'un révolu que je n'ai pas vécu...

Le voilà, l'art mesuré du conteur!

Et Fouette, cocher! mérite vraiment, mais alors vraiment la visite de ses vingt-sept pièces dans l'ordre ou le désordre, qu'importe.
Commenter  J’apprécie          524
L'ombre

Dans une petite ville nommée Ici, un bibliothécaire nommé Meurtre écrit un roman, qui s'y déroule, révèle ou transfigure les habitants de la ville. Il va faire une drôle d'impression sur ses lecteurs, dont une demoiselle Crucifix (qui porte une croix).

L'admirable quatrième de couverture pourrait bien être de Daniel Boulanger lui-même, auteur que je découvre ; elle ressemble à l'écriture du roman, diverse, allusive, maligne et surtout variée. Car si ce livre est une tentative d'épuisement d'un lieu provincial, il est surtout une polyphonie réjouissante à la limite du fantastique, qui déconcerte un peu au début, entre le quotidien trivial et le fantasmé, entre une narration prenante (dont je ne peux dévoiler le principal ressort, qui justifie à lui seul cette lecture) et des descriptions pointillistes – le mot est d'ailleurs bien à sa place dans le livre.

Le récit ne s'articule pas uniquement autour d'une exploration des lieux, la galerie de personnages est aussi bien jolie, dans une relation de voisinage avec son lot d'espoirs, de fatigues, de jalousies. Les vies simples, les plaisirs, les fantasmes, parfois les ridicules de ces hommes, ces femmes, et même d'un chat amoureusement filmé, sont découverts peu à peu. Et toujours cette complexe variété de point de vue et de ton que j'ai beaucoup aimée et qui n’empêche pas que l'action progresse jusqu'à une fin qui m'a surpris et amusé.



Ce livre a été republié vingt ans plus tard, chez Gallimard, sous le titre Miroir d'ici. Mais c'est un volume de chez Minuit que j'ai lu, sauvé du pilon ; une fois encore la couverture blanche étoilée au titre bleu m'a incité à découvrir un auteur, et ça a été un grand plaisir. Comme vous l'avez compris, la construction et la langue ne sont pas simples, le livre parle d'un livre... pour moi on est bien chez Minuit.
Commenter  J’apprécie          358
Jules Bouc

Curieux....

J'ai terminé Jules Bouc l'autre jour, et j'ai cependant l'impression de n'avoir pas terminé le bouquin.

Étrange: Jules Bouc a été publié en 1987, et j'avais le sentiment de parcourir des pages écrites fin-19e ou début 20e siècle... De ce style un peu précieux et si agréable à déguster (enfin, pour moi...)

Dans Jules Bouc, premier opus d'un Daniel Boulanger que je découvre, je me trouvais à la fois dans L' abbé Jules (tiens donc) de Mirbeau, dans Je suis un soir d'été de Jacques Brel (allons donc!), et même chez Maupassant ou Flaubert.

Daniel boulanger possède la science de ces noms qui sonnent avec des prénoms adéquat: Jules Bouc, Valentin Thouin, et d'autres dont je laisse la jolie découverte au prochain lecteur... Des noms, au service d'une histoire qui chemine son train provincial dans une recherche de plus en plus effrénée sur la vie de l'énigmatique...Jules Bouc.

Clairement, Jules Bouc est un livre où flâner, traîner avec ces personnages d'une ville de province sans âge, restée dans un autre siècle.. Tout à fait "raccord " avec l'écriture singulière de l'auteur. Ces hommes et femmes, artiste, artisan, commerçants, notables... empressés d'offrir à Nocquoy une statue à la gloire de Jules Bouc. Cette œuvre du sculpteur Dièze dont le projet et l'emplacement n'arrêtent pas de changer tout au long du récit.

Curieux,

Une lecture envoûtante, qu'il ma fallu quitter, mais que j'ai l'impression de ne pas quitter.
Commenter  J’apprécie          323
Fouette, cocher !

27 nouvelles. Rapides et brèves esquisses ou histoires d'une dizaine de pages. Aventures amusantes, vaudevillesques, ou graves, singulières et troubles. Des personnages humbles, provinciaux dont le destin semble anodin mais qui ont presque tous une vie cachée. Le lecteur chavire dans leurs rêves, leurs fantasmes, dans l'au-delà. Le suicide, le meurtre et la folie s'y donnent rendez-vous.



Daniel Boulanger, par la grâce d'un style éblouissant, campe leur vie en quelques pages. Un homme enmène sa femme dans un club d'échangistes, un invalide de guerre devient truand, les amours d'un pharmacien, les distractions insoupconnables d'un PGD, un notaire peu scrupuleux en peinture, une vielle femme fait de la lévitation, un homme qui procure des amants à sa femme.



Fait rare, Daniel Boulanger fait une incursion dans la nouvelle historique, à l'image de Paul Morand, Le Grand Ferré qui conte la vie et la mort héroique d'un bucheron en lutte contre les anglais au XIV ième siècle.



Couronné par le prix du Goncourt de la Nouvelle, Fouette Cocher ! est un des recueils les plus célèbres de Daniel Boulanger. A juste titre, son talent magnifie chaque page d'un éclat exceptionnel et sous sa plume, la réalité devient aussi fascinante qu'envoûtante.



http://www.danielboulanger.pagesperso.orange.fr

Commenter  J’apprécie          310
Retouches

Une oeuvre poétique aussi prolifique, exubérante et atypique que la vie de son auteur! Romancier, poète, scénariste, acteur, bourlingueur, il a touché à tout avec bonheur.



On peut dire que Daniel Boulanger a inventé un genre en poésie: ces fameuses retouches. Comme il l'explique lui-même, constatant que les lettres qu'il envoyait se ressemblaient toutes, il a voulu aller à l'essentiel, concentrer ses idées et ses sentiments en poèmes, ciselés et courts. Il en a écrit durant toute sa vie. Ce recueil , pourtant bien fourni, n'en retient que certains.Le résultat? Subtil, tout en finesse et en complexité.



Beaucoup de ces textes sont fulgurants de justesse, et les images superbes:



" Retouche à la halte



Sous les arbres

le temps se caresse



les feuilles inventent l'infini "



L'auteur mêle les ressentis, nostalgie, observation attentive du décor, de la nature, dérision et.... humour: je ne peux résister à la tentation:



Retouche à l'Ecosse



pressant la cornemuse du ciel

danse la mer en kilt

et l'on surprend

sous les grands rectangles gris et verts qui se déforment

son sexe bouclé "...



D'autres poèmes m'ont laissé perplexe, je ne vois pas toujours le lien entre le titre et le texte. Mais même dans ce cas, il y a toujours un vers qui me capte et m'éblouit:



" ton nom fait frissonner tous les haras du vent"



On pourrait penser que ces retouches sont juste un jeu, un peu à la manière des surréalistes, mais c'est bien plus que cela, l'auteur touche à la pureté des mots, à leur sens le plus abouti, le plus déroutant parfois. Comme il l'écrit dans " Retouche aux mots", " Comme les pavés devant ma maison, ils m'intéressent surtout pour l'herbe qui poussent entre eux." Alors, observons cette verdure avec Daniel Boulanger, débusquons la beauté et l'inattendu, grâce à lui!









Commenter  J’apprécie          250
Un été à la diable

J'ai découvert cet auteur (eh oui, vous ne rêvez pas, j'ai bien dit découvert car, j'ai un peu honte de l'avouer mais jusqu'à présent, je ne le connaissais pas...mais à présent, je comprends mieux pourquoi) suite aux conseils de Mon directeur qui s'étonnait que j'eusse encore rien lu de lui puisque, selon lui, il s'agissait d'un grand romancier, un incontournable de notre XXe siècle.



L'histoire se déroule dans une petite ville de province où notre héros, un jeune et bel avocat, Maître Henri Deloise s'est rendu pour le festival du Surintendant où sont présentés divers ballets, récitals et autres. Dans cette petite ville où il fait atrocement chaud - à côté de Paris où se situe le cabinet d'Henri, qu'il tiens avec son supérieur et sa secrétaire -, notre protagoniste fera la connaissance de nombreuses figures, toutes plus étranges les unes que les autres, telles sa logeuse Madame Oriane, Hortense Delapalme - une femme d'un certain âge, cleptomane et mythomane sur les bords mais très attachante - ou encore le couple Andréa / Nicolette et dont il aura une aventure avec la dernière. Mis est-ce vraiment cela l'amour et peut-on réellement s'éprendre d'une femme qui est déjà liée à une autre ? L'amour ne se situerait-il pas plutôt ailleurs ?



Bref, une histoire où il ne se passe quasiment rien à part ce méli-mélo de rencontres plus improbables les unes que les autres mais où je me suis littéralement ennuyée ! Une belle écriture néanmoins mais trop poétique à mon goût lorsqu'il s'agit d'un roman ! Un ouvrage vite lu et c'est tans mieux ! A découvrir pour les curieux qui sauront peut-être apprécier ce roman à sa juste valeur, ce qui ne fut pas mon cas !
Commenter  J’apprécie          193
Retouches

Daniel Boulanger est un des poètes contemporains les plus importants. Écrivain par excellence de la concision, il invente sa propre forme poétique qu’il nomme la retouche . Poèmes brefs en vers libres, les retouches sont comme des apostilles sur le réel qui le perce à jour et le réenchante.



« Tout voyage est de conquête, tout regard est un raid. Au soir des randonnées, nous sommes vainqueurs si nous le voulons et nous ornons notre tente d'étendards, d'images et pensées, dépouilles qui nous font chérir l'ennemi et retoucher son portrait. Les Retouches sont les trophées de mes chasses baroques. Les vues d'optique voisinent avec les graffiti, les tapis avec les coupes, et les cailloux avec mon œil taillé. »

D. Boulanger
Commenter  J’apprécie          180
Retouches

si peu de mots, pour éclairer l'essentiel

chapeau l'artiste
Commenter  J’apprécie          151
Mes coquins

C'est la culpabilité qui m'a conduite a poursuivre ma lecture jusqu'à la 173 ème page, et un éclair de lucidité à m'y arrêter malgré seulement 30 pages pour la finir!:Le message du roman n'est-il pas,en effet,de s'autoriser à la liberté quitte à tout quitter!? La 4ème de couverture m'avait tentée: l'appel de la liberté,la recherche d'un père disparu,la musique,la bohème...Or , la forme du roman va à l'encontre complète du fond.Ce n'est que mon humble avis mais je me suis ennuyèe et sentie prisonnière d'un carcan.Il est indéniable que D.Boulanger ait pris un plaisir savoureux à mijoter des phrases avec des ingrédients raffinés,à saupoudrer de poésie chaque feuille du menu, à pimenter par quelques mots rares et inutilisée depuis longtemps mais tout ce savoir,cette recherche littéraire rend le repas indigeste! La volonté de l'auteur d'illuminer et d'embellir chaque chose est louable mais à aucun moment je n'ai pu m'évader et quitter l'impression désagréable de déchiffrer un exercice de style.
Commenter  J’apprécie          101
Retouches

si peu de mots, pour éclairer l'essentiel

chapeau l'artiste
Commenter  J’apprécie          90
L'Autre rive

Le Comte Louis Palot de Fissat rêvasse plus qu'il ne travaille dans l'agence immobilière héritée de son grand-père. Sa rêverie s'alimente de la contemplation d'un paysage breton fixé au mur de son hôtel particulier et qui satisfait tous ses besoins d'évasion. Seules, ses promenades nocturnes en quête de frissons et d'aventures l'arrachent à ce tableau et à ses rêveries. Un jour, une de ses clientes l'emmène à Versailles voir son appartement pour qu'il l'évalue. C’est un choc : au mur, le même paysage breton ; et la cliente qui tombe folle amoureuse de lui…

Curieux personnage : le héros est constamment plongé dans ses pensées, écoute à peine lorsqu'on lui parle. Bref, un être distrait, rêveur, immobile et méditatif, comme étranger au monde.

Curieuse histoire, également : Daniel Boulanger nous dépeint l’absence, le vide … celui là même qui poussera le Compte à se jeter d’un pont fluvial. Pour rejoindre l’autre rive, peut-être ?

Commenter  J’apprécie          90
La Porte noire

Roman paysan, traversé d'éclairs et d'oiseaux cloués sur les portes des granges, « La Porte Noire » raconte l'histoire d'un vagabond, Petitgris, qui de pays en pays, loue ses services comme saisonnier. Il est embauché chez un notable du village, Nolleghem, mais finalement renvoyé pour fainéantise. Il est hébergé au château et se lie d'amitié avec la plus jeune des filles, Stéphanie. Au cours d'une partie de chasse, Nolleghem meurt accidentellement, puis c'est au tour du cafetier, Coin, d'être frappé par une attaque. Bientôt, le village est gagné par la peur et soupçonne Petitgris d'être leur âme noire ...

Dans cette « Porte noire », Daniel Boulanger nous livre un bien étrange avatar issu de l’union d’un drame paysan à la Giono avec la féerie d’un Giraudoux. Le romanesque le dispute à l'insolite et la rusticité des us et coutumes villageoises n'empêche pas la poésie de s’inviter au fil des pages. On traverse ce récit comme un somnambule…

Le village est comme sous l'emprise d'un maléfice, d'un envoûtement tout comme le lecteur est sous l'emprise d'un merveilleux conteur. De la belle ouvrage…

Commenter  J’apprécie          90
Jules Bouc

Un livre qui est facile à lire, amusant, mais avec une histoire avec peu d’intérêt qui a du mal a retenir votre attention, ce sont surtout les personnages, bien décrit qui eux donnent envie de poursuivre la lecture.

C'est donc un avis mitigé....
Commenter  J’apprécie          60
La dame de coeur

Zoé la cartomancienne meurt. Elle est remplacée dans sa roulotte par sa nièce Marthe qui, bien que dépourvue des dons de voyance, s'emploie à prédire à la clientèle, et selon sa fantaisie, un avenir heureux. Elle vit avec Marcel un amour passionné, fusionnel, dans une alternance de coups et d'étreintes, entre les visites de clients des plus singuliers…

« La Reine de Cœur » est un petit livre qui constitue la meilleure introduction à l'univers de Daniel Boulanger. Ses thèmes favoris sont ici magnifiés par l'humour et la fantaisie ; l'atmosphère ludique du récit, rappelle Raymond Queneau . La roulotte de Marthe devient un joyeux théâtre : la vie devient drôle parce qu’on y ment joyeusement ; la terne réalité s’illumine parce qu ‘on la masque… avec de la poudre au yeux.

Telle semble être la morale de Daniel Boulanger qui fait de la vie un vaudeville grave, une tragi-comédie burlesque, et onirique et poétique.

Commenter  J’apprécie          60
Un été à la diable

Pourquoi trois étoiles. Parce que j'hésite entre 4,79 et 1,21, la moyenne donnant trois.

Parce que ce livre est particulièrement bien écrit. En fait, beaucoup trop bien écrit, ce qui rend la lecture... ardue. (Et je n'avais pas envie d'une lecture ardue.)

Parce que c'est un livre d'érudit, quel que soit le sujet ou sous-sujet, ça sent le travail, la recherche et/ou la connaissance profonde.

Parce que ce livre est pure poésie en prose, tout le temps. Trop tout le temps. (Pour moi-même bien parler.)

A croire que M. Boulanger a cherché à systématiquement faire compliqué. Parce que, la poésie, c'est compliqué ? Demandons à Christian Bobin son avis.

Un exemple :

"L'étroit puits de lumière dans un angle, au-delà d'une cheminée Louis XV, posait une carpette grise sur le pavage en brique. Des chaises à haut dossier dominaient une humble table et symbolisant l'attente mieux que je ne l'avais jamais vu dans aucun tableau. Une poudre de calcaire longeait le bas des murs. C'était le suint de leur vie triste et ils paraissaient en pénitence sans rien qui les ornât, faïences, photographies, fleurs séchées, miroirs aux âmes successives, comme il u en a chez Madame Oriane. L'odeur de chat m'incommodait et je ne cherchais plus qu'à fuir. Que de misères apporte la curiosité !"

Voyez-vous...



Le contenu ? Un homme avocat se retrouve dans une drôle de ville et se fait balader par divers personnages, essentiellement des femmes, dont une trouve une place pour crever son coeur. Il est naïf bien qu'instruit. S'ajoute une figure masculine dominante au-dessus de la mêlée de cette ville, figure à déboulonner. Comme chaque homme, dans cette histoire, finalement. Il y a de l'art puisqu'on est en plein festival. Et une sombre histoire de tableau en i. Et puis à la fin, le type s'en sort, (car) il s'en va. Et gagne son procès. Puisqu'il est avocat, je le rappelle. Mais on ne sait pas trop bien s'il gagne quelque chose, ou ce qu'il fallait gagner. En tout cas, j'ai l'impression qu'il n'a ni tout perdu ni tout gagné. Et on ne sait pas ce que devient cette étrange ville et ses étranges habitants.

Bref, vous aurez compris que je n'ai absolument rien compris.



Trois étoiles parce que si ces mots m'éblouissent, cet éblouissement me laisse sur le bord de la route, figé dans le noir de mes yeux clos, et mon cerveau, débile et lassé.
Commenter  J’apprécie          50
Miroitier



N°222

Avril 2000







Le MIROITIER - Daniel BOULANGER – Éditions GALLIMARD..



Au moment où un grand éditeur choisit de republier des nouvelles de Daniel Boulanger, il m’a paru intéressant de me replonger dans son œuvre.

J’ai déjà dit dans cette chronique que la valeur d’un livre ne saurait, à mes yeux, résider dans sa seule nouveauté. Son existence, sa permanence sont une invite constante à le découvrir. Bref, j’ai donc choisi Le Miroitier.



C’est là une histoire d’amour comme il en existe tant dans les ouvrages de fiction dont notre auteur place le déroulement à Aussoy sur Orbe, une ville qu’il serait sans doute difficile à situer sur une carte de géographie. Il y fait vivre tout un petit peuple de personnages originaux, insolites, furtifs parfois mais toujours attachants, une véritable galerie de portraits qu’il serait vain d’épeler ici. Le lecteur en découvrira tout le charme, la truculence parfois comme il notera, au fil des pages, l’histoire et les histoires de cette petite ville, au demeurant bien semblable à toutes les autres.



Mais, le titre semble l’indiquer, ce qui est intéressant c’est moins l’environnement de cette agglomération que le personnage principal, Lucien Médard, miroitier de son état qui vit son commerce plus qu’il n’en vit. C’est, en fait, un véritable office, presque une institution. C’est avec lui que Grazina, sa femme, ex-danseuse de Cracovie a choisi la liberté. Elle donne des cours de danse, fait tourner quelques têtes, mais son côté exotique en fait l’âme de cette improbable bourgade.



C’est vrai que Médard, à l’hypothétique lignée a un sens tout particulier du commerce qu’il tient. Vend-on des miroirs si l’on a pas un sens particulier de la vie, sans limite, sans contrainte ? Tient-il des objets qu’il vend un don particulier de voyance ? Allez savoir ! Mais quand même, la complicité avec les miroirs n’est pas quelque chose de banal. Ce simple instrument ne renvoie-t-il pas deux images en une seule, une réelle et une virtuelle dont on nous dit qu’elle se forme derrière la plaque de verre. Ah, l’optique a décidément des mystères délicieux et la virtualité dont on nous rebat maintenant les oreilles à tout propos a toujours eu pour moi un attrait tout particulier !



Et puis rappelons que les poètes ont toujours voulu le traverser. La glace est une surface lisse à laquelle il est bien juste de prêter des pouvoirs magiques. Après tout le miroir ne réfléchit pas seulement notre propre image, mais aussi nos défauts, nos lâchetés, nos renoncements… Il n’est pas seulement un piège pour les alouettes ou pour Narcisse et à travers lui tout est beau, l’image bien souvent plus que l’original ! Et puis l’Orbe qui baigne cette incertaine localité, n’est-elle pas, elle aussi un miroir pour les Aussoyens ?



Il y a aussi une dimension intemporelle ici, à la manière de ce Médard qui annonce toujours l’heure qu’il est à l’autre bout du monde plutôt que de soucier du temps qui s’égrène chez lui. Quand la pendule sonne à l’ église des Pénitents, il feint de l’ignorer et communique, Dieu sait pourquoi, sautant par dessus les fuseaux horaires, ce que marque la montre d’un Chinois ou d’un Américain !



Dans cette foule d’ individus, il y a quand même la bonne conscience du lieu, Basile, sorte de Diogène qui vit en complicité avec un cheval. C’est une sorte de mélange de philosophe, dispensateur de bon sens et un fervent admirateur de Bacchus.



Mais peut-être que tout cela est faux, à l’image des fantasmes du miroitier. Après tout peu importe « Le mensonge sert parfois de canne » et l’important est que cela fasse rêver le lecteur.



Ne vous privez pas d’entrer dans l’univers de ce roman écrit comme une nouvelle, avec son humour au ras des mots. Ce qui compte en ce bas monde, c’est le merveilleux !





© Hervé GAUTIER.


Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          50
Histoires de...

Recueil de 9 nouvelles, écrites par 9 auteurs différents, et qui toutes racontent, de manière plus ou moins longue, plus ou moins poétique, avec plus ou moins de suspense, 9 événements ayant marqué la vie des personnages.

Découverte de qui est vraiment celle à qui on est marié depuis 25 ans, de notre réaction face au mépris des autres, du désir de savoir, de comprendre ce qui se passe autour de nous.



Ma préférence va clairement à la dernière nouvelle du livre: "La Louve" de Claude VINCENT.

Vision poétique d'un enfant sur sa vie, sur la nature et sur sa mère, cette "elle" si seule, solitaire, qualifiée de "louve" par les gens du village qui la méprisent pour une raison que l'enfant ne comprend pas... Histoire de cet enfant qui veut savoir, comprendre et qui petit à petit, finira par découvrir toute la vérité.

De toutes, c'est la seule où le style était vraiment agréable, magique et où les informations arrivant au compte goutte, on se sentait vraiment comme ce petit garçon qui ne comprend pas tout et qui découvre petit à petit des éléments de réponse.
Commenter  J’apprécie          50
La mer à cheval

Un matin, un homme découvre que sa femme, Jeanne, est partie… alors que lui-même la rêvait sur le départ. Dans la campagne Picarde, Charles part à la recherche de Jeanne. Jeanne reviendra-t-elle, elle pour qui a la fugue est une seconde nature qui la fait « disparaître » de temps à autre ?

Elle revient … et c'est une femme nouvelle qui raconte à un homme nouveau son escapade, ses voyages, ses rêves, ses désirs. Charles est réceptif tout en sachant que nul ne se défait de sa vraie nature …

Dans une langue sensuelle et poétique, précise, attentive au moindre détail, Daniel Boulanger nous livre un de ses chefs-d’œuvre : un grand roman d'amour dans lequel Dame Nature joue un rôle essentiel.

Commenter  J’apprécie          50
L'Enfant de Bohême

Recueil de nouvelles, tendres, amères, douces et, parfois, terribles qui font du quotidien un monde aussi sombre que lumineux. Livre à savourer lentement.
Commenter  J’apprécie          40
Histoires de...

Je n'ai vraiment apprécié aucune des neuf nouvelles policières de ce recueil. J'ai malheureusement trouvé mes lectures ennuyantes, peu originales et surtout peu enlevantes. J'aime bien les recueils de nouvelles, peut-être en ai-je trop lu sur ce thème? Ces nouvelles-là m'ont laissée complètement de glace.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Daniel Boulanger (297)Voir plus

Quiz Voir plus

Culture générale en bleu

A quelle discipline fait référence le film de Luc Besson "Le grand bleu" ?

ski nautique
natation
plongée en apnée
sauvetage en mer

12 questions
941 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , chanson , cinema , poésie , art , nature , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}