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Citation de genou


Extrait du "rebouteux des montagnes" de Daniel Crozes
Tout avait commencé à Saint-Laurent-de-Muret alors qu’il n’avait pas encore vingt ans et qu’il était cantalès d’hiver. Des habitants de la bourgade puis de la commune, constatant qu’il avait le « biaïs » pour remettre sur pied facilement les animaux, l’avaient convaincu qu’il pourrait procéder de la même manière sur les hommes et avec sûrement la même réussite. Il avait de la puissance, de la patience, de l’habileté, de la douceur, qualités requises pour un rebouteux. Saint-Laurent-de-Muret ne comptait aucun médecin. Les blessés et les malades n’avaient pas d’autre choix que de prévenir le médecin de Nasbinals, localité distante de dix-huit kilomètres, alors que son confrère de Marvejols qui était plus proche puisqu’une douzaine de kilomètres seulement séparaient Saint-Laurent-de-Muret et la sous-préfecture lozérienne. Les deux praticiens acceptaient rarement de s’y déplacer avec leur voiture à cheval, surtout entre la Toussaint et Pâques. Encerclés de sommets dépassant une altitude de 1200 et parfois même 1300 mètres, le chef-lieu et ses fermes ressentaient l’isolement pendant la période hivernale. Ils étaient bloqués par des tempêtes et des congères pendant des semaines. Les hommes se blessaient parfois dans les étables en s’occupant de leurs animaux, ou dans les granges en s’affairant autour des meules de fourrage, souffrant alors d’une simple entorse, d’une foulure, d’une luxation ou d’une fracture. Les accidents étaient ensuite nombreux dès que les éleveurs s’activaient à l’extérieur pour le domptage des bœufs, l’abattage des arbres qui étaient débités en billots pour le chauffage ou la réparation des murettes de clôture en pierres sèches dans les Devèzes et les champs. Pierrounet n’avait pas l’habitude de refuser un service. Malgré son manque d’expérience, il avait considéré que « rhabiller » une femme, un homme, un enfant ou un vieillard n’était peut-être pas au-dessus de ses forces. Sans promettre de résultats probants pour qu’il n’y ait pas d’amère déception, il s’y était essayé et il avait souvent réussi. Il n’avait jamais prétendu être médecin ou chirurgien ni les remplacer.
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