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Critiques de Daniel Gillès (5)
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Le Cinquième commandement 1 Le Festival de Sa..

Le baron Daniel Gillès de Pélichy (1917-1981), scion d'une famille noble francophone des Flandres, est surtout réputé pour ses biographies de grands écrivains : Tolstoï en 1959, D. H. Lawrence en 1964 et Tchékhov en 1967. Avec ce dernier ouvrage, il a gagné en France, le Grand Prix de la Critique. Il est également l'auteur de 9 romans et du cycle "Le cinquième commandement", 5 romans couvrant la période de la Première à la Seconde guerre mondiale, publiés entre 1974 et 1981, et duquel "Le Festival de Salzbourg" constitue le premier volume.



À ne pas confondre, toutefois, avec Daniel Gilles (sans accent grave), qui est le coauteur avec Jacqueline Tabarly de "À Eric" un hommage au navigateur légendaire, Eric Tabarly (1931-1998).



Notre baron était le 7e enfant d'une famille brugeoise qui en comptait 9. Il n'a pas suivi l'exemple de ses parents, car avec son épouse, Simone Lambinon, il n'a eu qu'une fille, Daniela née en 1952. Après des études de droit, il s'est inscrit au barreau de Bruges pendant la guerre, tout en étant actif dans la résistance. Son frère ainé Adrien, par contre, fut gouverneur de la province du Brabant sous l'occupation allemande en 1943-1944. Sa soeur, Marie, eut en 1931 à Cap d'Antibes, une brève liaison avec l'écrivain Joseph Roth et pour calmer ses ardeurs, sa mère l'enferma dans un couvent avant de la forcer à un mariage avec un riche homme d'affaires bruxellois, de qui elle divorça presque aussitôt pour partir au Congo, où elle a eu 5 enfants. Dans une lettre à son ami Stefan Zweig, Roth note : "Elle vient me voir toutes les nuits, fait un signe de la croix et commence à pécher". Chaque fois que je me rends à Bruges et que je passe devant l'immense château des Gillès de Pélichy, je me dis que tout de même l'histoire des grandes familles n'est pas toujours simple.



Après la guerre, Daniel a fait de l'écriture son métier et mené une vie régulière et active.



L'histoire commence dans les magnifiques montagnes tyroliennes, où un groupe de jeunes Autrichiens et Belges jouissent de superbes vacances de ski. Seulement nous sommes en février 1938 et le ciel s'assombrit. À cause des pressions exercées par Adolf Hitler sur son pays natal, le chancelier Kurt Schuschnigg dans un ultime effort pour contrecarrer les ambitions nazies d'incorporer son pays, organise un plébiscite. Hitler, fou de rage, envoie des troupes à Vienne, fait renvoyer le chancelier, et organise son propre référendum sur le rattachement de l'Autriche au Reich. Le résultat en est stupéfiant : 99,7 % de "ja". Un résultat "démocratique" qui laisse rêveur ! Sur les 4,4 millions d'inscrits, seulement 11.929 ont eu le courage de voter "Nein" ou de remettre un bulletin blanc.



Que les 8 millions d'Autrichiens ne sont pas tous fous de joie est évident. Rentrés dans leurs foyers, nous assistons aux réactions des familles des jeunes skieurs. Il y a par exemple le jeune Friedl, admirateur d'Adolf, dont le grand-père, le prince von Rosegg, un ami des Habsbourg qui se souvient de la gloire de son empire sous François-Joseph, est au bord du désespoir. Sa petite-fille, la belle Renata, en revanche, est ferme partisane d'une Autriche libre et indépendante. Pour parfaire sa connaissance de la langue de Molière, elle avait passé 2 ans à l'Institut du Berlaymont à Bruxelles, où elle s'était faite de nombreux amis. Ce qui explique la composition du groupe de skieurs à Sankt Anton am Arlberg, près d'Innsbruck, où avant leur départ précipité, ils ont tous prêté un serment de fidélité.



Vu la situation politique dramatique et l'origine noble de certains skieurs, l'ouvrage de Daniel Gillès m'a fait penser au film inoubliable de Luchino Visconti de 1969 avec Dirk Bogarde (de son vrai nom Derek van den Bogaerde et d'origine à moitié hollandaise), Ingrid Thulin (l'égérie du grand réalisateur suédois Ingmar Bergman) et Helmut Berger (l'incarnation de la perversion) "Les Damnés". Un film faisant d'ailleurs référence à l'opéra de Wagner et ainsi au "Festival de Salzbourg". Salzbourg, la ville de Stefan Zweig d'où les chemises brunes le chasseront en février 1934.



En Belgique aussi la situation se détériore rapidement avec la montée de toutes sortes de mouvements d'extrême droite, tant en Flandre qu'en Wallonie avec le succès de Léon Degrelle (1906-1994), surnommé affectivement par ses fans "le beau Léon" et de qui le Führer aurait dit que cela lui aurait plu d'avoir un fils comme lui.



Bref, une situation explosive et plein de dangers qui mettra à rude épreuve le serment d'amitié éternelle des jeunes Autrichiens et Belges.



Ce roman de Daniel Gillès constitue une vaste fresque d'amitié - et même d'amourettes-, de fidélité, de trahison et de courage... bien conçue et racontée et qui m'a plu, sans que je n''éprouve cependant le besoin de m'attaquer dans l'immédiat aux 4 autres épisodes de ce cycle romanesque et historique.
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Belem

A l’occasion de l’anniversaire des 120 ans du Belem, les éditions du Chêne publie un beau livre qui invite le lecteur aussi bien dans la vie quotidienne à bord de ce navire que dans son histoire.



A vrai dire, j’avais jusqu’à présent à peine entendu le nom, peut être l’avais-je vu vaguement sur des photos sans y prêter plus d’attention et le mot Belem évoquait plus pour moi un quartier de Lisbonne et ces pastéis de Belem.



"Belem 120 ans d’histoire", est divisé en 6 quarts couvrant l’ensemble de la manœuvre ayant lieu à bord, le premier quart correspondant au créneau horaire 8-12h (la transition entre la vie nocturne et la journée), ainsi de suite et chaque quart est illustrée par de magnifiques photos (en particulier les levers et les couchers de soleil depuis le pont du bateau).



Ce beau livre nous montre aussi à travers des clichés certains gestes très précis de navigation avec le vocabulaire spécifique à ce milieu (un lexique se situe à la fin du livre pour les néophytes).



J’ai aimé voir la vie à bord de ce navire, des cuisines au charpentier qui fabrique des pièces de bois sur mesure en passant par le salon du Capitaine dans lequel ce dernier reçoit ses invités.



Côté histoire, ce livre revient sur les grandes étapes de l’histoire du Belem de sa construction en 1896 dans les chantiers Dubigeon de Nantes à sa conversion en bateau école. J’ai aussi appris que le Belem était un ambassadeur de la France à l’étranger (à New York lors de la célébration du centenaire de la statue de la Liberté, dans le ville de Québec en 2008 par exemple) .



Le Belem c’est un équipage, 16 hommes à la manœuvre dont certains témoignent dans ce livre (et parmi ces 16, une seule femme, chef de quart).



Tous les ans, la Fondation Belem organise des visites publiques à bord de ce navire et après cette première traversée, j’avoue que j’aimerais bien mettre un pied sur le pont.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tolstoi

J'ai longtemps vu dans les recommandations bibliographiques de Michel Aucouturier, le grand spécialiste en France de Léon Tolstoï, apparaître avec constance le nom de Daniel Gillès. Comme je ne savais rien de cet homme là, je ne vais pas dire que l'évocation de son nom est resté lettres mortes ; mais après avoir lu beaucoup de choses à propos du grand romancier russe, mes sources commençaient à s'épuiser et je commençais à gratter les fonds de tiroir pour repérer de nouvelles pistes susceptibles de satisfaire mon insatiable curiosité. C'est alors, au bout d'une décennie ou pas loin de deux que j'en suis venu à voir de quoi il en retournait à propos de ce Daniel Gillès. Il est vrai aussi que mon admiration envers Michel Aucouturier pour l'important travail qu'il menait de front sur tolstoï, Pasternak, l'histoire russe, les séminaires, les articles, les publications, revêtait de plus en plus d'acuité à mes yeux et n'avait cessé de croître ; c'est donc avec prédilection finalement que mon choix s'est porté sur le livre présent : tolstoï de Daniel Gillès.



Pour avoir attendu, je n'ai rien perdu au change.

Pour ce qui est de cette biographie, Daniel Gillès a une plume magique, sensible, merveilleuse pour raconter ce qui l'a probablement passionné hors limites chez l'auteur russe, il y a trouvé des affinités certaines pour qu'il s'en empare de la sorte avec un raffinement exquis, suprême, ainsi qu'un grand sérieux pour ne pas parler d'érudition. Je comprends mieux à sa lecture ce que voulait dire Michel Aucouturier en consignant son nom dans le marbre.



Il va sans dire que le plaisir de mes lectures participe de ces rencontres, comme des balades uniques dans "Les Brouillards de Bruges"(*) qui enveloppent dès l'automne le Béguinage bordant les eaux domestiquées depuis le moyen âge de la vivifiante Reie..



Puisque je suis sur les vertus de l'eau, il ne faut jamais dire : 'Fontaine je ne boirai pas de ton eau". La Belgique me sortait par les trous de nez, et voici quelques années, à l'appel de quelqu'un qui m'est cher, je me suis mis à adorer la Flandre occidentale, Bruges, Gant.. Un week-end là-bas m'est toujours salutaire, je plonge dans cette histoire de Bruges fantastique comme dans un berceau de l'Europe. Bruges était partie et revient miraculeusement, sort de son marasme de manière inattendue (je suis sur le temps long). Comme il arrive encore, mais rarement, Bruges était resté dans son jus et se défripe ! J'ai lu ce tolstoï de Daniel Gillès, de son vrai nom baron Daniel Gillès de Pélichy, né à Bruges en 1917, docteur en droit qui fit ses premières armes au barreau de Bruges, et après guerre, il devint écrivain. du baron au comte, il n'y a qu'un pas que Daniel Gillès a franchi allègrement ..



Ce tolstoï du romancier biographe belge a été sélectionné par le Club des Editeurs, paru chez Julliard en 1959. Il a également commis deux autres biographies, celle de DH Lawrence ou le puritain scandaleux en 1965, et celle de Tchékhov ou le spectateur désenchanté en 1967 qui lui valut en France le Grand Prix des Critiques Littéraires. Je suis sûr que cette information fera plaisir à MH17 que j'ai littéralement sonnée par un D Ormesson qui lui paraît indigeste ..



Ce livre avait bien des raisons de s'accrocher à moi puisqu'il a été écrit probablement sur les terres de Bruges que je remonte maintenant à l'envers.



(*) Les Brouillards de Bruges, oeuvre écrite par Daniel Gillès que je n'ai pas lue mais que je compte bien lire.



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Le Cinquième commandement 1 Le Festival de Sa..

J'ai lu tous les tomes de cette saga familiale qui démarre gentiment, par d'agréables vacances d'hiver, et se termine par un conflit familial, un arrêt sur image.

Moments de plaisir, ce beau spectacle de La flûte enchantée, opposés à la guerre, résister ou pas résister, être pour ou contre.

Daniel Gillès nous a quitté trop tôt.

Eclairez ma lanterne : a-t-il pu achever cette saga avant de mourir ?
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La termitiere.

Mettez une poignée de coloniaux dans un poste minier éloigné, du Congo belge à la fin des années cinquante, entourez ceux-ci d’une main d’œuvre locale mise au travail forcé, saupoudrez le tout de fantasmes missionnaires ou de pseudo rationalisme « scientifique », ajoutez-y encore une grosse louche de paternalisme et de mauvaise conscience, le bouillon de culture est prêt pour une intrigue policière aux senteurs exotiques mais poisseuse, agrémentée d’amours et même d’un peu de sexe. Le tout s’absorbe sans difficulté et parfois avec un réel plaisir, si l’on veut bien se glisser dans le cerveau du narrateur, citoyen belge de l’époque (écrit en 1958, deux ans avant l’indépendance du Congo belge), très critique à l’égard de la colonisation mais dispensant parfois des commentaires non dépourvus de clichés ethniques. 

Gillès fait dire des horreurs à ses personnages, ce qui a une valeur quasi documentaire sur les mentalités de l’époque, mais le narrateur tient lui-même des propos dont on ne sait pas toujours exactement si cela est censé contribuer au climat du roman ou au ressenti de l’auteur. 

En même temps, ce roman représente un bel exercice d’honnêteté intellectuelle, en traitant vraiment tout le monde sans concession, ce qui était rare dans une Belgique au mieux prisonnière d’un discours bien-pensant et au pire en état de prédation assumée.

Pour finir, l’humanité triomphe et ce sont les discours et représentation culturelles du colonisateur qui en prennent un sacré coup, clergé compris. Celui-ci jouait dans la colonie belge un rôle que l'on a peine à imaginer aujourd'hui et c'est un des mérites du livre de le mettre en lumière.

A ce jour, le livre n’a malheureusement pas été réédité.
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