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Critiques de Danny Goldberg (7)
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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994

Voilà un livre qui me laisse une impression amère. J'aime la musique de Nirvana, je l'écoute régulièrement dans le secret du mp3 où je choisis ce que bon me semble : Smells like teen spirit évidemment, mais aussi Come as you are, Lithium, ainsi que des titres de la session MTV unplugged, comme About a girl ou Where did you sleep last night. Je suis sensible à l'énergie qui s'en dégage. J'ai été très contente que la dernière masse critique me décerne l'autobiographie de Kurt Cobain : je connaissais évidemment son destin tragique, et j'étais curieuse d'apprendre quelle vie l'avait mené à la fois plus haut qu'aucun de nous ne va jamais, mais aussi plus loin dans les profondeurs sombres où il a décidé de quitter brutalement la vie en pleine gloire.



Après cette lecture, suis-je en mesure de dire que je comprends mieux Kurt Cobain ? Pas vraiment. Bien sûr, le livre est un témoignage et à ce titre, il ne peut qu'intéresser les historiens de la musique. Mais il ne faut pas oublier de qui émane ce témoignage : du manager de Nirvana, donc un de ceux qui se sont retrouvés sous le feu des critiques après la mort du chanteur. Il y a un effort d'auto-justification dans le récit, ainsi que des règlements de comptes, qui m'ont déplu et que je n'ai même pas envie de commenter davantage ; tout cela était sans doute inévitable et après tout, le lecteur n'est pas pris en traître puisque la quatrième de couverture précise bien qui est l'auteur.



Par ailleurs, le milieu du rock est décrit d'une manière qui confine à l'infantilisme, avec des conflits de personnes absurdes sur des points d'ego (entre Axl Rose et Kurt Cobain notamment), qui font plus penser à des échanges de cour de récré qu'à des débats d'idées. Pourtant, le livre montre aussi qu'il y a vraiment eu, dans la vie de Kurt Cobain, matière à alimenter des débats d'idées, notamment sur le rôle de l'artiste : il semble que le chanteur ait alterné entre un pôle de fidélité à ses idées premières, incarnées par le punk rock et l'indépendance vis-à-vis des gros labels, et l'envie d'avoir du succès et de diffuser ces idées « de l'intérieur ». Ce conflit revient plusieurs fois au fil du livre et il aurait mérité une mise à plat complète plutôt que des paragraphes embarrassés se concluant finalement (p. 228) sur l'idée que Kurt Cobain aurait incarné un « chemin intermédiaire ». Par ailleurs, le conflit avec Axl Rose n'est pas décrit uniquement comme une affaire d'ego, mais comme une divergence profonde entre un groupe homophobe et sexiste, et Nirvana, qui a soutenu la cause homosexuelle au moment de votes qui ont failli faire passer des lois très rétrogrades. Fallait-il pour autant présenter ce soutien comme sous-tendu par une sorte de regret de Kurt Cobain de ne pas être bisexuel, car il était « plus attiré par [sa femme] que par aucune autre personne » (p. 227) ? Peut-être a-t-il tenu de tels propos, mais la manière dont ils sont utilisés dans le livre diminue beaucoup la portée de son engagement. Pourquoi donc faudrait-il inventer la catégorie « presque gay » (sic, p. 221) pour justifier le soutien à la liberté d'être gay ?



J'ai quand même relevé au vol une phrase que j'aimerais pouvoir penser de toutes celles et ceux qui se suicident, choix respectable, mais éminemment difficile à accepter, et dont il est inévitable de se demander avec culpabilité comment il aurait pu être évité – car il aurait dû l'être : « Il a accompli plus de choses en très peu de temps que la plupart d'entre nous pendant toute leur vie » (Al Smith, p. 283). Ce n'est pas une consolation, mais c'est la possibilité de trouver quand même un sens dans une vie quittée parce qu'elle n'en avait plus pour celui ou celle qui la vivait ; la possibilité de nous dire « il est mort, elle est morte, mais il a vécu, elle a vécu ». Finalement, plus que le goût amer du livre, c'est cette phrase que j'ai envie de retenir.



Merci à Babelio et aux éditions Kero.
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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994

J'entendis parler pour la première fois de Nirvana quand, en 1991, sortit leur album "Nevermind". Le single "Smells like teen spirit", en titre-phare du Lp, pilonné sur les ondes radio et TV, fit un tabac, devint hit planétaire incontestable. Le clip vidéo accompagnateur, modèle du genre, efficace et mémorable, squatta les chaînes françaises branchées musique. Suivit bientôt un autre bourgeon musical: "Come as you are" qui lui aussi envahit tout. La folie "Nevermind" boosta la Planète Musique à la périphérie du ghetto Grunge. Nirvana fut le catalyseur du mouvement de Seattle, le mit sur orbite. Kurt Cobain, auteur-compositeur-guitariste du groupe, amorça son ascension vers la starification et construisit peu à peu son destin tragique. Un mythe naquit et courre encore 25 ans après la mort de l'homme. La biographie "Kurt" de Danny Goldberg, récemment parue aux éditions Kéro, pose un regard nouveau sur une carrière hors normes, se veut reflet du passé, écho d'une empreinte musicale sur le présent et le futur. C'est une réussite parmi d'autres efforts similaires déjà parus. Il y est entre autres questions des raisons et moyens d'une ascension, des causes d'un suicide à l'apex du succès, et de la mort d'un groupe-phare privé du charisme de son leader omniprésent. Écrit par le manager du groupe (1990-1994), elle apparaît essentielle, de première main et est de plus confortée par des témoignages d'époque ou de 2019.



Je suis, à l'époque de son éclosion, passé à côté de Nirvana. Et pourtant les signes étaient là, je ne les ai pas vus, le groupe allait grimpé au firmament. J'aime immodérément le rock depuis le mitan des sixties. Mon intérêt pour le genre est ancré dans le blues (presque en exclusive) et s'est heurté au début des 80, loin du blues, à l'émergence du punk; à l'invasion à mon sens malheureuse des synthés et à celle d'Eddie Van Halen qui inventa une nouvelle manière d'aborder le hard, de manier la guitare loin des racines, de faire école auprès d'une cohorte de six-cordistes clones. J'abandonnai le rock près de dix ans durant, me replongeant dans ce qui le construisit, attendant un revival blues qui finit par venir ... et prit en marche, grâce à son énergie, pourtant loin du blues, l'émergence et le zénith du Grunge; en laissant à quai Nirvana (shame on me..!). Danny Olberg, l'auteur de Kurt, trouve ainsi lecteurs, au-delà du fan de la première heure, chez ceux venus sur le tard qui, comme moi, découvriront après coup Nirvana via les mots de la biographie et la musique d'album(s) en leur possession. Pour ma part ce furent "Nevermind" et "Unplugged in N.Y.", les deux faisant office de b.o.l. (bande originale de lecture) au gré d'une expérience sonore enthousiasmante.



Je n'ai pas cru en Nirvana, pressentant un feu de paille, entrevoyant un combo gentillet attirant un public juvénile, qui ferait trois petits tours et s'en irait le temps de quelques chansons aux refrains pop camouflés sous une musique empreinte de l'énergie du rock, un chanteur à belle gueule destiné à la pâmoison backstage. Pourquoi m'être trompé à ce point, les avoir enterrer si vite alors que de partout, dans toutes les jeunes têtes assoiffées de rock naissait une légende et que dans la mouvance jaillissait le Grunge et renaissait Neil Young..? Pourquoi, du Grunge n'avoir retenu que Pearl Jam et Soundgarden ? DannyGoldberg, dans "Kurt" explique très bien et longuement que la force de Nirvana était d'accoler au foisonnement musical une force mélodique implacable qui était dans les cordes du leader. Le biographe présente Cobain en mélodiste s'inspirant d'un modèle hors normes: les Beatles. Et vrai, y'a de çà, immanquablement.



Nirvana n'est pas venu seul vers le succès. Il a été porté par un punk-rock underground, presque sous-marin, qui ne cherchait pas tant le succès que la reconnaissance de ses valeurs rejetant l'enrobage commercial du rock. Ce fut une époque où il convenait pour les groupes d'être vrais, loin de l'influence des majors. Ce punk-rock militant, lui-même issu du punk de la fin des 70's, celui des Sex Pistols et autres Clash. Tout pour l'énergie, l'apparente et fausse simplicité, les morceaux brefs filant à l'essentiel, les soli avares voire absents. Nirvana en est héritier. Le biographe insiste longuement sur cet aspect et offre ainsi à son ouvrage un aspect qui vaut Histoire du genre. Sacré bonus. Il y est ainsi beaucoup question de Courtney Love (sujet polémique).



Cobain fait partie du "Club des 27" regroupant les célébrités rock décédées à l'âge de 27 ans. Et en sous ensemble, il appartient au groupe de celles et ceux s'adonnant à l'usage immodéré de toutes sortes de drogues peu recommandables. Jimi Hendrix, Jim Morisson, Janis Joplin...etc. Cobain ressemble à cette dernière via leur mal-être commun de personnalités hypersensibles. "Kurt" de Danny Golberg trace sans concession une descente aux enfers dans le sillon des drogues, et ce jusqu'au suicide.



Si un étonnement persiste en moi c'est celui de percevoir la personnalité de Cobain compartimentée en entités différentes contradictoires. Par exemple celles s'affrontant pour trouver un équilibre entre un punk-rock fidèle aux origines et son ouverture nécessaire à un public plus ouvert. Cobain a réussi le pari étonnant de rester fermé et de s'ouvrir. A l'image du vieux blues, parler de vendre ou ne pas vendre son âme au diable fut vraiment de circonstance.



Danny Golberg trace une biographie d'intérêt sur un destin de vie hors norme, complexe et contradictoire, qui a marqué et marque encore l'histoire du rock d'une empreinte forte et indélébile.



Merci à Babelio, à Masse Critique, à Danny Goldberg et aux Ed. Kero pour cette lecture qui m'a permis de reconstruire un pan du rock que, bêtement j'avais court-circuité.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994

Kurt Cobain raconté par celui qui était le manager de Nirvana ? Un livre fait pour moi !



Je dois tout d’abord reconnaître que l’ouvrage en lui-même est un bel objet, avec ce superbe portrait de Kurt ornant la couverture rigide. Danny Goldberg, le manager en question, nous permet de pénétrer dans l’intimité du groupe, et de son leader. Kurt Cobain apparaît ainsi comme un être tourmenté, anxieux, de plus en plus addict à l’héroïne. Mais il est aussi décrit comme quelqu’un de perfectionniste, d’abordable, d’attentif aux autres, particulièrement épris de Courtney Love. Un ardent défenseur des droits des femmes et des homosexuels. Une personnalité marquée par les articles virulents parus lors de la naissance de Frances, sa fille. Un Kurt par ailleurs pas véritablement copain avec Axl Rose (quelle surprise…), les relations entre les membres de Nirvana et de Gun’s n’ Roses ressemblant à des affrontements de cour d’école.



Si le récit est parfois un peu décousu, il n’en demeure pas moins un ouvrage à conseiller pour tout fan de rock… lequel donne furieusement envie de réécouter (en version plugged évidemment) « School », « Pennyroyal Tea » ou « Come as you are », parmi mes titres préférés…

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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994





Quand Kurt Cobain est mort, le 5 avril 1994, j’allais avoir 13 ans. À cette époque (et aujourd’hui encore), j’écoutais Nirvana. Les CD coûtaient cher, alors on se mettait parfois d’accord : « J’achète cet album, toi, tu prends celui-là », et on s’échangeait des cassettes qu’on rembobinait avec un stylo pour ne pas user trop vite les piles du Walkman. La mort de Kurt Cobain, c’était un événement. J’étais triste. La télé en parlait et montrait des images de fans qui se rendaient à Seattle, en pèlerinage. Vingt-cinq ans ont passé, et le mythe reste intact : Kurt Cobain est toujours une légende, des ados continuent de découvrir et d’aduler Nirvana, et nous, la génération précédente, on écoute nos chansons préférées avec un pincement au cœur.



Danny Goldberg, manager du groupe pendant 4 ans (de 1990 à 1994), donne une idée du paysage musical de l’époque : la case commerce/marketing, les divergences d’opinions quant à la « conduite » à tenir quand on est une star (et qu’on tient à le rester) et le statut de star lui-même, dont les privilèges et le m’as-tu-vu ne sont pas compatibles avec l’esprit punk, les rivalités qui existaient entre les groupes de la scène punk/rock. Dans ce portrait assez intimiste de Kurt Cobain, il évoque les relations professionnelles et amicales qu’il entretenait avec l’artiste puis sa femme, Courtney Love (qu’il ne blâme à aucun moment, j’ai beaucoup apprécié sa position), revient sur la personnalité compliquée, torturée de Kurt – ses élans créatifs, ses phrases de dépression profonde – et sur le professionnalisme qui l’a animé durant sa trop courte carrière. On saisit toute la singularité de Nirvana, replacé dans son contexte, et les raisons du succès du groupe, l’héritage qu’il s’apprêtait à laisser, son impact artistique et social. Rien ni personne ne ressemble à Nirvana : si vous tombez par hasard sur un de leurs morceaux à la radio aujourd’hui, vous reconnaissez illico la voix de Kurt, les guitares lourdes, saturées, cette énergie hors du commun.



Pas évident d’apporter quelque chose de nouveau sur Kurt Cobain au vu du nombre de livres et de reportages qui circulent depuis plus de deux décennies, et le point fort de cette nouvelle biographie est la sincérité qui s’en dégage, et le point de vue à la fois professionnel et personnel de Danny Goldberg. Le plus ? Une très belle édition, avec une couverture superbe.

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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994

(Lu en VO)

J'avais 16 ans quand Nirvana et la vague de groupes de Seattle qui l'a accompagné ont explosé à la face du Monde... j'ai eu un peu de mal à assimiler le "grunge"... que je mets entre guillemets car le terme a un peu servi de fourre-tout pour un certain nombre de groupes qui, à part le fait de mal s'habiller et de faire du bruit, n'avaient pas tant de choses en commun !

J'étais sans doute un trop jeune fan de metal pour me rendre compte du rafraîchissement que ces groupes amenaient à un rock américain qui s'enlisait dans le maquillage et le "larger than life".



J'ai appris à apprécier certains de ces groupes plus tard, sur la durée, comme Alice in Chains, Soundgarden puis, encore plus tard, Pearl Jam.

Mais j'avais et j'ai toujours du mal à comprendre ce qui distinguait Nirvana.

Ce n'est à mon avis pas une plus grande qualité musicale... c'est un peu plus sûrement le sort tragique de Kurt Cobain qui n'a pu franchir la fameuse barre des 27 ans... mais pas que... Nirvana avait en effet déjà plus de succès que les autres groupes de la vague.



Cet ouvrage de Danny Goldberg, ancien manager du Groupe, m'a justement permis de mieux appréhender la spécificité de ce groupe qui savait combiner comme nul autre rébellion punk et mélodies pop, avec une réelle sensibilité quant aux évolutions sociétales et, plus particulièrement, quant à la cause du féminisme.



De là à faire de Cobain le personnage culte qu'il est devenu, je persiste à trouver qu'il y a une exagération certaine.
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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994

Intéressant témoignage de l'intérieur sur la montée en puissance de Nirvana à travers la vie de son leader. Final poignant renforçant le manque et l'impression de gâchis face à l'absence de Kurt. A lire pour tout les nostalgiques d'une époque ou pour tous les jeunes curieux qui veulent comprendre quoi parlent leurs parents.
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Kurt Cobain ; Nirvana 1967-1994

Le livre de Danny Goldberg, manager du groupe Nirvana de 1990 à 1994, offre un regard privilégié sur ce métier de l’ombre, à travers le prisme d’un destin exceptionnel, celui de son leader Kurt Cobain, qui s’est suicidé en 1994.
Lien : https://www.lemonde.fr/cultu..
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