Citations de Daniel Guérin (37)
Éveille-t-on chez l'homme l'idée de liberté, les hommes libres ne songent qu'à se libérer eux-mêmes encore et toujours ; n'en fait-on, au contraire, que des hommes instruits, ils s'adaptent à toutes les circonstances de la manière la plus raffinée, ils tombent au niveau d'âmes soumises et serviles. Que sont, pour la plupart, nos beaux messieurs pleins d'esprit et de culture ? Des esclavagistes ricaneurs, eux-mêmes esclaves.
MAX STIRNER, Les faux principes de notre éducation.
Grand faiseur de boutades (telles que "la propriété c'est le vol") Pierre-Joseph Proudhon s'est annexé le mot ANARCHIE. Comme s'il voulait choqué au maximum, il engagea, dès 1840, avec le philistin, ce provocant dialogue :
- Vous êtes républicain ?
- Républicain, oui ; mais ce mot ne précise rien. Res publica, c'est la chose publique....Les rois aussi sont républicains.
- Eh bien ! vous êtes démocrate ?
- Non.
- Quoi ! vous seriez monarchique ?
- Non.
- Constitutionnel ?
- Dieu m'en garde.
- Vous êtes donc aristocrate ?
- Point du tout.
- Vous voulez un gouvernement mixte ?
- Encore moins.
- Qu'êtes-vous donc ?
- Je suis anarchiste.
Par ANARCHIE, qu'il fit, parfois, la concession d'orthographier AN-ARCHIE pour moins prêter le flanc à la meute de ses adversaire, Proudhon, plus constructeur, malgré les apparences, que destructeur, entendait, comme on le verra, tout le contraire de désordre. A ses yeux, c'était le gouvernement qui est fauteur de désordre. Seule une société sans gouvernement pourrait rétablir l'ordre naturel, restaurer l'harmonie sociale. Pour désigner cette panacée, arguant que la langue ne lui fournissait point d'autre vocable, il lui plut de restituer au vieux mot ANARCHIE son strict sens étymologique.
Les exemples abondent de personnages élus par acclamation, et qui, sur le pavois où ils s'offraient aux regards du peuple enivré, préparaient déjà la trame de leurs trahisons.
A peine si, sur dix coquins, le peuple, dans ses comices, rencontre un honnête homme...
L'égalité n'implique pas le nivellement des différences individuelles, ni l'identité intellectuelle, morale et physique des individus.
Cette diversité des capacités et des forces, ces différentes de races, de nations, de sexes, d'âges et d'individus, loin d'être un mal social, constituent au contraire la richesse de l'humanité.
Bakounine //////// 1870
Pour la première fois un homme d'Etat français (Léon Blum) a proclamé que la paix ne peut être sauvegardée que si les pays pacifistes sont résolus à employer tous les moyens contre l'agresseur, y compris la guerre.
Quelle est la raison d'être d'un gouvernement ?
Pourquoi abdiquer entre les mains de quelques individus notre propre liberté ?
Pourquoi leur donner la faculté de s'emparer de la force de tous et d'en disposer à leur gré ?
Sont-ils donc si doués qu'ils puissent se substituer à la masse et pourvoir aux intérêts des hommes, mieux que ne sauraient le faire les intéressés ?
Sont-ils infaillibles et incorruptibles au point qu'on puisse confier le sort de chacun et de tous à leur bonté ?
Comment s'imaginer que des gens qui ont changé la politique en un métier et connaissent son but, c'est à dire, l'injustice, la violence, le mensonge, la trahison, puissent croire sincèrement à l'art politique et à la sagesse de l'Etat générateur de la félicité sociale ?
L'Eglise et l'Etat ont été de tous temps de grandes écoles de vices. L'Histoire est là pour attester leurs crimes : partout et toujours le prêtre et l'homme d'Etat ont été les ennemis et les bourreaux conscients, systématiques, implacables et sanguinaires des peuples.
Bakounine
De tout temps les hommes, pour arriver au pouvoir, ont abusé les masses par des déclarations de principe qui, dans le fond, n'ont jamais été que des déclarations de promesses !
Ils ont promis :
La liberté, l'égalité, la fraternité, le travail, le progrès, le crédit, l'instruction, l'association, l'ordre, la paix, l'équitable répartition de l'impôt et de la richesse, la justice juste, l'affranchissement du prolétariat, l'extinction de la misère !
Ils ont tant promis qu'après eux, il ne reste rien à promettre.
Mais aussi qu'ont-ils tenu ?
Proudhon ///// 1848
Le vocable anarchie est vieux comme le monde. Il dérive de deux mots du grec ancien : (an) et (arkhé), et signifie quelque chose comme absence d’autorité ou de gouvernement. Mais le préjugé ayant régné pendant des millénaires, selon lequel les hommes ne sauraient se passer de l’un ou de l’autre, anarchie a été entendu, dans un sens péjoratif : un synonyme de désordre, de chaos, de désorganisation.
C'est dimanche qu'elles ont lieu ces sacrées élections ! Turellement c'est pas les candidats qui manquent ; y en a pour tous goûts et de toutes les couleurs. Mais, nom de Dieu, si la couleur et l'étiquette des candidats changent, y a une chose qui ne varie pas : les boniments ! Réacs, républicains, socialos, etc..., tous promettent au populo de se faire mourir de fatigue !
Ecrits de 1889
La revue du 14 Juillet avait été une fracassante manifestation "d'union de la nation française". Nos braves troufions avaient été ovationnés par une double haie de nationaux-communistes au poing levé et de fascistes à la main tendue, aux cris alternés de "vive l'armée républicaine" et de "vive l'armée" tout court.
Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu'on appelle une Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l'état d'un pays sont presque toujours ceux qui le représentent.
La peur du peuple est le mal de tous ceux qui appartiennent à l'autorité :
le peuple, pour le pouvoir, c'est l'ennemi.
Proudhon
Et tout ce fatras scolaire, qui n'exerce aucune influence sur notre comportement moral, nous l'oublions souvent, d'autant plus aisément qu'il ne nous sert de rien : on secoue la poussière de l'école quand on la quitte.
pourquoi ? Parce que l'éducation consiste uniquement dans le formel ou le matériel mais non point dans la vérité, dans la formation de l'homme vrai.
Dans le domaine pédagogique, on s'applique à ne pas laisser pénétrer la liberté, ce qu'on veut , c'est la soumission. Un dressage purement formel pour que ne sortent que des "citoyens utiles".
Max Stirner
Nous connaissons ce jeu subtil de votre esprit ondoyant qui, excellant dans l'art de plaire, s'est efforcé de marier les contraires.
Mais gouverner ce n'est pas préparer des dosages florentins, ces ingénieux compromis, ce n'est pas effectuer ces virevoltes savantes entre la chèvre et le chou, ou ces laborieux croisements entre la carpe et le lapin.
Propos adressés à Léon Blum
Je suis un amant fanatique de la liberté.
J'entends cette liberté illimitée de chacun par la liberté de tous, la liberté par la solidarité, la liberté dans l'égalité ; la liberté triomphante de la force brutale et du principe d'autorité qui après avoir renversé toutes les idoles célestes et terrestres, fondera et organisera un monde nouveau, celui de l'humanité solidaire, sur les ruines de toutes les Eglises et de tous les Etats.
Bakounine
La liberté est anarchie, parce qu'elle n'admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l'autorité de la loi, c'est à dire de la nécessité.
Proudhon
Les pays riches sont ceux où l'on est ordinairement pauvre.
De la même façon on pourrait dire : ce sont les peuples faibles qui font les gouvernements forts.
Nous n'acceptons rien qui aille contre nos idées anarchistes, qui sont une réalité, étant donné qu'on ne peut agir différemment de ce que l'on pense !
"J’ai vu, de mes yeux, le fascisme. Je sais aujourd’hui ce qu’il est. Et je songe qu’il nous faut faire, avant qu’il soit trop tard, notre examen de conscience. Depuis dix ans, nous n’avons pas prêté au phénomène une attention suffisante. César de Carnaval, blaguait Paul-Boncour. Non, le fascisme n’est pas une mascarade. Le fascisme est un système, une idéologie, une issue. Il ne résout certes rien, mais il dure. Il est la réponse de la bourgeoisie à la carence ouvrière, une tentative pour sortir du chaos, pour réaliser, sans trop compromettre les privilèges de la bourgeoisie, un nouvel aménagement de l’économie, un ersatz de socialisme."
Du moment que l'homme cherche les motifs de la volonté souveraine, de ce moment là, l'homme est révolté.
Proudhon