Louis Guilloux
Jacques CHANCEL s'entretient avec
Louis GUILLOUX, écrivain
ses débuts dans le
journalisme comme traducteur au
journal "L'Intransigeant", son
interview d'
Anatole FRANCE, la notion de "provincial", les livres qu'il a écrits et les prix qu'il a reçus. Ses rencontres littéraires avec
André CHAMSON et
Daniel HALEVY. Son souvenir de Paris des
années 20, la
mélancolie de ses
récits, n'a pas un...
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Je fais la chasse aux hommes comme un véritable corsaire, non pour les vendre en esclavage, mais pour les emporter avec moi, dans la liberté.
p. 230
Le gouvernement était-il libre d'agir contre ces financiers ?
NDL : Dans "La dîme du Roi", son dernier mémoire/essai, Vauban accuse les financiers/usuriers d'appauvrir les petites gens.
Ouuuuuuuuuuuuh que j'aimerais vivre dans un monde sans "financiers" !
Que de mérites, d'héroïsmes obscurs, de génies tranchés dans leur fleur ! Voilà sur quoi se fonde la grandeur, la sécurité d'un peuple. Beaucoup l'ignorent ou, l'ayant su, l'oublient ; Vauban le sait et n'oublie pas.
"Ce sont les hommes faits comme cela, écrit-il à Louvois, qui sauvent les Etats."
Louvois a lu le mémoire de Vauban avec attention. Il connait le problème ( 1 ), mais Louvois craignait le roi ; le roi mettait son honneur à tenir ferme.
( 1 ) : NDL problème des conséquences de la révocation de l'édit de Nantes, en 1687.
Lettre de Nietzsche à Wagner, 1875.
Si j'ai pu, moi, un enfant de ce temps, acquérir des connaissances qui sont si peu à sa mesure, c'est parce que je suis disciple de temps plus anciens, et premièrement des Grecs. Je pratique, par métier, la philologie classique, et j'avoue ne pas savoir quel sens elle peut avoir parmi nous, si ce n'est de travailler à l'encontre du temps où nous sommes, par là même sur ce temps, et, espérons-le, pour nourrir les temps qui viennent.
Voici que pour un simple soldat déserteur, Vauban sollicite auprès de Louvois même ; il supplie très humblement qu'il soit permis de l'excuser :
"C'est un misérable, qui a cinq ou six petits enfants qui meurent de faim, et qui me fait compassion."
J'ai voyagé et, suivant des voies mal frayées, j'ai découvert des pays étonnants. Mais - ceci est peut-être assez particulier - mes explorations, je les ai faites dans Paris même, et les pays que j'ai trouvés étaient encore des pays parisiens. Certes, j'ai été, comme tout le monde faisait alors, voir le Rhin et l'Italie. Mais quoi ! il n'y a là que des parcours tracés pour des flâneries traditionnelles. On y suit à la piste Hugo, Schumann, Mme Sand, Musset ou Stendhal; on n'y découvre rien. Non, mes explorations m'ont conduit vers des pays, vers des humanités plus neuves, et ces humanités étaient de notre ville même, toujours d'elle. Dans notre monde uniformisé, c'est sur place et en profondeur qu'il faut aller; le dépaysement et la surprise, l'exotisme !e plus saisissant, sont tout près. Une heure sur les impériales des lents tramways de ce temps-là, il n'en fallait pas plus : au débarqué, je foulais le sol d'un pays aussi différent de mes pays familiers que si j'avais franchi mille lieues ou reculé vers le passé de quatre ou cinq siècles. Où étais-je ? Dans les faubourgs, la banlieue populaire , à Montreuil-sous-Bois, à La Villette ou à Belleville. Quel déplacement inouï ! Et dans notre ville, toujours en elle.
Daniel Halévv, Pavs parisiens, Grasset, Les Cahiers Rouges p.152 et suiv.
"Je me suis rendu compte, peu à peu, de ce qui a été, jusqu'à présent, toute grande philosophie : une confession de son auteur, et une sorte de Mémoires involontaires et inaperçus." (Par-delà le bien et le mal, § 6). Dans "Humain, trop humain I (§ 513) : "l'homme a beau s'étendre, autant qu'il peut, par sa connaissance ; il a beau s'apparaître aussi objectivement qu'il le veut, il n'en retire cependant, pour finir, que sa propre biographie." Aurore, fragment posthume [§ 4 (285)] : "J'ai toujours écrit mes oeuvres avec tout mon corps et ma vie : j'ignore ce que sont des problèmes 'purement spirituels'".
Note p. 18
Nul homme n'a davantage marqué le sol de sa patrie. Toutes ses villes-frontières, Vauban les a armées, et fortement ceinturées.
Une ville construite par Vauban est une ville sauvée, une ville attaquée par Vauban est une ville perdue.