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4.43/5 (sur 67 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Daniel PAGES est né dans la vallée du Gijou, en Haut Languedoc.

Successivement éducateur de jeunes en grande difficulté, paysan et skipper professionnel de voiliers, il a longtemps accompagné des enfants dans la découverte du milieu marin sur l’île d’Oléron, en Corse ou ailleurs.

Depuis vingt ans, il écrit des contes et des romans qui emmènent ses lecteurs loin derrière l’horizon.
Il aime surtout embarquer les enfants et les ados sur la mer et dans les îles lointaines, partager avec eux les aventures de ses héroïnes et héros associés en vaillants équipages, sur un bateau aux grandes voiles blanches. Partir à la recherche d’îles cachées ou de quelque trésor oublié. Tenter d’échapper à quelques dangereux pirates...

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
...]
Ils prirent le chemin du phare puis abandonnèrent leur engin et descendirent prendre position sur les cailloux en contrebas, à l’abri du vent.
La tramontane avait un peu molli, comme d’habitude avec l’arrivée de la nuit. La baie s’assombrissait, à nouveau déserte et livrée aux cris des oiseaux. Les marins du dimanche avaient regagné, tôt le matin, leur place au calme dans les ports de la région. Clara des Tempêtes

Le garçon s’allongea à demi, le dos collé au rocher qu’il avait choisi. Laura l’accusa aussitôt de lui avoir volé son siège, mais après avoir cherché du regard un coin pour s’installer, elle écarta les jambes d’Alex, s’assit au milieu et se laissa aller contre sa poitrine.
–– Je retire ce que j’ai dit, tu n’es pas un sale égoïste, tu es le fauteuil le plus confortable du cap !
Les bras puissants du jeune homme se refermèrent sur elle. Elle abandonna sa tête sur son épaule et se décontracta.
Mais ce moment de tendresse ne dura pas. Sous leurs yeux stupéfaits, surgissant de nulle part, apparut la goélette blanche illuminée un instant par le premier éclat du phare.
–– Oh ! souffla Laura.
Elle s’appuya brusquement sur les genoux de son compagnon pour se relever.
–– Viens, on y va, je voudrais essayer de la toucher.
–– Tes doigts passeront sûrement à travers quand tu les poseras sur la coque, plaisanta le garçon avec un petit sourire. Mais il prenait de plus en plus au sérieux ces histoires de bateau fantôme.
Elle lui tendit la main et tira fort pour l’aider à se redresser.
–– La chaîne… Alexandre montra la proue de la goélette. Il n’a pas mouillé son ancre, mais reste immobile malgré le vent fort ! Tu trouves ça normal, toi ?
–– J’y vais, dit-elle en se débarrassant de ses vêtements. Tu m’accompagnes ?

Ils plongèrent d’une roche à ras de l’eau et s’approchèrent du voilier dont ils firent le tour. Le bordé paraissait en parfait état. Les bossoirs, en place à l’extérieur, comme si l’on venait juste de mettre à l’eau un canot de service.
–– Aucun bruit à bord, seulement le chant de la tramontane dans les haubans ! fit remarquer la jeune fille.
–– Allez, on touche ?
Les deux amis nagèrent jusqu’à frôler la coque blanche puis hésitèrent un instant. Ils se regardèrent brièvement.
Curieusement, l’esprit scientifique du garçon ne l’empêchait pas de se montrer parfois superstitieux et irrationnel, et il avait du mal, ce soir à passer à l’acte.
Laura, elle, était attirée par le voilier comme par un aimant. Le mystère qui l’enveloppait occupait ses pensées depuis la première soirée où elle l’avait aperçu. Et elle était bien décidée à découvrir la clef de ce mystère.

Sa main se posa la première sur la coque blanche. La peinture était lisse et tiède. Elle la caressa. Une sensation agréable toute en douceur. Du bon vieux chêne ! pensa-t-elle, soulagée. Elle chercha les yeux d’Alexandre.
–– C’est du dur, du vrai bois, confirma-t-il, un peu rassuré, en tapant de ses doigts repliés comme on frappe à une porte.
–– Mais alors… si ce n’est pas qu’une ombre, une illusion, comment peut-il apparaître et s’en aller comme ça ?
Alex haussa les épaules.

Ils longèrent à nouveau la coque. Rien de particulier. Les palans pendaient sous les bossoirs débordés à tribord, attendant le retour d’une annexe. Une échelle de corde à barreaux de bois sombre descendait dans l’eau, juste à côté. Une véritable invitation à embarquer.
[...]
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(p 11 à 14, Le dernier gardien)

Si vous grimpez tout en haut de la pointe, vous l’apercevrez au loin, ceinturée de noir, quand la marée court vers le large. Au point que tout le monde a oublié son nom et l’appelle l’île noire.
Émaillée de taches blanches. Les goélands y passent leur journée, chaque fois que le dur vent d’ouest les laisse tenir debout.
La côte au noroît est découpée comme une mâchoire un peu dégarnie qui ne posséderait que des canines. Des millions d’années de vagues ont attaqué le granit. L’ont tordu. Déchiré. Affûté.
Du continent, vous ne verrez pas la pente verte qui glisse vers quelques mètres carrés de grossier sable gris et de galets ronds que n’ont jamais osé couvrir les laminaires géantes et le varech gluant.
Les houles énormes des grandes tempêtes n’arrivent pas jusque-là, brisées par d’autres écueils, déchirées par d’autres mâchoires. Mais les vagues courtes se font cassantes dès que le vent se lève, la mer blanchit et les rocs chassent vers le ciel des gerbes d’eau écumeuse.
Certaines nuits d’hiver, les embruns planent sur toute l’île. Seule reste alors au sec la tête illuminée du phare qui fait tourner son œil géant pour effrayer les navigateurs et les éloigner de ces eaux recelant mille récifs cachés.




Kleden Tévennec détaillait son royaume. Le canot de service l’avait déposé à midi. Les hommes avaient déchargé et transporté au pied du phare deux semaines de ravitaillement pour compléter les stocks déjà entreposés à l’intérieur. Vite, ils s’en étaient allés, profitant du jusant qui les ramenait vers leur port d’attache sur le continent.
Juin éclairait l’îlot de toute sa lumière. À près de soixante mètres au-dessus des flots, on dominait le monde. Chaque rocher pouvait être comptabilisé. Seul, restait à l’abri du regard le creux de la minuscule plage où aucune baigneuse ne viendrait jamais troubler la solitude du gardien.
Un coup de chiffon sur les lentilles et les cuivres les avait débarrassés des cristaux de sel abandonnés par les embruns des tempêtes précédentes. La lanterne allait, cette nuit, briller d’un nouvel éclat. Personne ne s’en apercevrait. Kleden aimait le travail bien fait.


Un dernier tour d’horizon. Il dévala prestement les marches de pierre et s’assit sur le muret qui courait devant la tour. Il tourna le visage vers le soleil qui se préparait à plonger dans le lointain de l’océan. Ce soir, seule une légère ondulation venait clapoter sur le socle de l’île, y déposant une moustache blanche.
Les filaments qui s’étiraient dans le ciel annonçaient une dépression pour le lendemain. Du gros temps pour plusieurs jours. Une météo à ne pas mettre une mouette dehors. Heureusement, le phare fonctionnait sans flamme à allumer. À surveiller. Sans bidon de carburant à soulever, à hisser, marche après marche jusqu’au sommet. Le gardien n’avait plus besoin de passer sa nuit dans la tête du colosse, au cœur des hurlements de la tempête déchaînée.
La fée électricité était arrivée jusque-là grâce à son gros câble qui serpentait au fond de la mer. Kleden Tévennec avait seulement pour mission de vérifier, surveiller, informer les techniciens qui, de leurs bureaux sur la terre ferme, la vraie, préparaient l’automatisation complète de cette lueur d’espoir pour les marins perdus.
D’ici quelques mois, on n’aurait plus besoin de gardien pour le phare de cette île maudite. […]
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Ah ! Le poisson n'aime pas les voyages... ni l'air du supermarché ! Ici, il sort de l'eau, il ne peut pas avoir le même goût.
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Ils longèrent à nouveau la coque. Rien de particulier. Les palans pendaient sous les bossoirs débordés à tribord, attendant le retour d’une annexe. Une échelle de corde à barreaux de bois sombre descendait dans l’eau, juste à côté. Une véritable invitation à embarquer.

La tentation était forte. La main d’Alex retint Laura qui avait saisi l’escalette dans l’évidente intention de grimper sur le bateau. Leurs yeux s’affrontèrent un court instant, puis la jeune fille se tourna vers le navire et cria de toute sa voix.

–– Ohé, Vanillia, y a-t-il quelqu’un à bord ? Peut-on vous rendre visite ?

Le minimum de politesse avant de s’inviter.

Elle répéta son appel en anglais, puis en espagnol. Aucune réponse, aucun mouvement.

Elle se hissa de trois échelons, accrocha ses bras au-dessus du pavois et interrogea à nouveau le voilier vide. Pas davantage de réaction. Alors, sans attendre ni consulter le garçon, elle prit souplement pied sur le pont. Alex hésita une seconde. Une inquiétude diffuse. Puis il grimpa à son tour.

Au sol, les lattes de bois couraient, propres comme si une armée de matelots les avait récemment passées au sable fin. Les vernis semblaient neufs. Les cordages parfaitement lovés et prêts à être utilisés.

Une grande barre à roue de chêne sculpté dominait la poupe, derrière un compas à demi masqué par un capot de cuivre poli. Navigation à l’ancienne. Aucun répétiteur d’équipement électronique ou cadran électrique n’était visible à proximité du poste du timonier.

Les deux explorateurs se dirigeaient à pas de loup vers l’avant quand un premier frémissement, une longue vibration, parcourut le navire. La surprise les immobilisa un instant. Alex, tout à coup paniqué, saisit vivement le poignet de son amie et l’entraîna vers le pavois. Elle ne se fit pas prier pour le suivre. Le voilier blanc frissonna une deuxième fois et, sans échanger un mot ni se lâcher la main, les deux jeunes plongèrent par-dessus bord. […]
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(Page 44-46)

[…] Ils longèrent à nouveau la coque. Rien de particulier. Les palans pendaient sous les bossoirs débordés à tribord, attendant le retour d’une annexe. Une échelle de corde à barreaux de bois sombre descendait dans l’eau, juste à côté. Une véritable invitation à embarquer.
La tentation était forte. La main d’Alex retint Laura qui avait saisi l’escalette dans l’évidente intention de grimper sur le bateau. Leurs yeux s’affrontèrent un court instant, puis la jeune fille se tourna vers le navire et cria de toute sa voix.
–– Ohé, Vanillia, y a-t-il quelqu’un à bord ? Peut-on vous rendre visite ?
Le minimum de politesse avant de s’inviter.
Elle répéta son appel en anglais, puis en espagnol. Aucune réponse, aucun mouvement.

Elle se hissa de trois échelons, accrocha ses bras au-dessus du pavois et interrogea à nouveau le voilier vide. Pas davantage de réaction. Alors, sans attendre ni consulter le garçon, elle prit souplement pied sur le pont. Alex hésita une seconde. Une inquiétude diffuse. Puis il grimpa à son tour.

Au sol, les lattes de bois couraient, propres comme si une armée de matelots les avait récemment passées au sable fin. Les vernis semblaient neufs. Les cordages parfaitement lovés et prêts à être utilisés.
Une grande barre à roue de chêne sculpté dominait la poupe, derrière un compas à demi masqué par un capot de cuivre poli. Navigation à l’ancienne. Aucun répétiteur d’équipement électronique ou cadran électrique n’était visible à proximité du poste du timonier.
Les deux explorateurs se dirigeaient à pas de loup vers l’avant quand un premier frémissement, une longue vibration, parcourut le navire. La surprise les immobilisa un instant. Alex, tout à coup paniqué, saisit vivement le poignet de son amie et l’entraîna vers le pavois. Elle ne se fit pas prier pour le suivre. Le voilier blanc frissonna une deuxième fois et, sans échanger un mot ni se lâcher la main, les deux jeunes plongèrent par-dessus bord. […]


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(Page 102)

[…] Le premier dimanche de janvier de cette année 1898, nous n’avions pas eu de chance. Un de nos équipiers était passé par-dessus bord au premier virement. Nous avions perdu de précieuses minutes à le récupérer et la coupe nous avait échappé.
Lorsque je sautai sur le quai au milieu des proches qui venaient féliciter les vainqueurs ou consoler les autres, je me trouvai arrêté par un adolescent qui me dévisageait depuis notre arrivée.
À vrai dire, je mis un moment à me rendre compte qu’il s’agissait, en fait, d’une jeune fille habillée en garçon. Et c’est seulement sa voix douce et musicale qui m’en donna la certitude.
« Théodore Winslow, pourriez-vous m’accorder un instant, j’aurais plaisir à vous parler ? » me demanda-t-elle en se découvrant.
Les mèches de ses longs cheveux bruns, jusque-là dissimulées sous son chapeau, retombèrent sur ses épaules, venant encadrer un magnifique sourire.
« Je m’appelle Clara », se présenta-elle. Et elle me tendit sa main.
[…]
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Naissance

L’île secrète est née au printemps 2009, sur l’île d’Oléron où je travaillais avec les enfants en classes de mer.
C’est par l’histoire de deux jeunes navigateurs recherchant l’île de leurs rêves dans les mers du Sud qu’elle a vu le jour. L'île de Menorca s’est tout de suite imposée comme cadre de mon deuxième récit, avec l’image de ce pêcheur triste souquant sur ses avirons pour aller relever son trémail, sur la côte nord où subsistent encore des vestiges d’une guerre trop vite oubliée. Puis vint le dernier gardien de phare, isolé sur son navire de pierre breton. Marin immobile, mais marin solitaire. Encerclé. Enserré, même, dans la poigne de l’océan. Bercé par ses humeurs et emporté par les fantasmes qu’il diffuse dans ses embruns.
L’île secrète est bâtie de tout cela. De rêves bleus, d’amours fortes et d’atroces souffrances, de peurs et de fantasmes. De voyages dangereux au cœur d’un monde où les légendes se mêlent tellement à la vie réelle, qu’il arrive parfois que l’on n’y ait plus pied.
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Un bruit léger dans la salle. Une ombre monstrueuse se détache sur le mur à l’entrée de notre souterrain. Je sens Lucie se raidir et se coller contre moi.
— On court ? demande-t-elle d’une voix tremblante.
— Attends ! C’est un chien, je crois ! Il vaut mieux faire face. Reculer doucement.
Je la retiens par son poignet. Et nous partons à reculons vers les profondeurs sombres.

Il est là. Une dizaine de mètres nous sépare. Un grand chien au pelage clair et fourni. Un peu efflanqué. Il s’est immobilisé tout à coup et nous a fixés. Lucie a levé instinctivement le fanal et un rai de lumière a éclairé l’animal. Je la sens frissonner.
— Un loup ! On dirait… un loup ! Il n’a pas l’air méchant, comme ça…
Mais la bête s’est mise à avancer, juste quelques pas de ses pattes maigres, et a retroussé ses babines laissant apparaître des dents de tueur. Derrière lui, une autre ombre a jailli au bout du tunnel. Puis une troisième.
— Oh, misère ! On recule ! Garde la lumière bien haute !
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Ils arrivèrent bientôt sous l’écoutille vitrée et s’effacèrent pour laisser le Capitaine ouvrir sa porte. Une simple pression sur la poignée suffit. Les regards des jeunes gens se rencontrèrent furtivement. Pas plus difficile que ça ! pensait Laura. On va enfin savoir… disaient les yeux d’Alex.

La pièce était plus exiguë que la chambre d’en face. Une vraie cabine de marin. Le strict minimum pour vivre en mer dans le spires conditions. Elle ne comportait qu’une couchette étroite encastrée dans la cloison, sous une petite bibliothèque remplie de livres reliés de cuir, serrés les uns contre les autres.

Un large bureau, identique à la table à cartes, était arrimé au sol par une chaîne tendue.

Sur les panneaux de bois qui recevaient la belle lumière dispensée par l’unique hublot cerclé de métal doré, cinq dessins sobrement encadrés étaient exposés.

Laura sut avant de s’en approcher qu’elle allait y retrouver Clara.
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Chaque fois que la marée se retire, elle laisse sur certaines plages des montagnes de débris d'algues ou de possidonies, taillées de frais par l'équipe de l'ancien petit cantonnier dans les jardins de Posséidon.
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