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Critiques de Daniel Perrier- Bonnet (1)
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Les convois de la bonne mort



Siegrinde Wolf-Schumacher, 35 ans, est la mère d'un petit enfant atteint d'une infirmité cérébrale, Günther, 6 ans, qui lui donne bien sûr du fil à retordre, mais rien que l'amour d'une mère pour son gosse handicapé ne saurait entraver. Seulement, la famille Wolf habite Berlin et l'action se déroule en 1939, l'année où le régime nazi a décrété, que pour assurer la pureté de la race allemande, tous les dégénérés doivent être éradiqués.

Un programme lunatique d'euthanasie à une échelle sans pareille dans l'histoire de notre planète.



Sur les crimes du régime diabolique du sieur Adolf Hitler, l'on pourrait remplir des mégas bibliothèques. "Les convois de la bonne mort" a cela d'original qu'il s'agit de l'unique roman, du moins à ma connaissance, qui traite de cette tragique opération d'euthanasie. L'auteur, Daniel Perrier-Bonnet, né à Fribourg en Allemagne en 1950, a, à mon avis, le grand mérite d'aborder un sujet délicat, à la fois horrible mais non sans beauté, puisqu'il relate l'amour d'une mère pour son malheureux bambin contre la raison d'état (et quel état) !



Le récit démarre au cinéma, le couple Wolf est allé voir "Le juif Süss", la version nazie de l'oeuvre de Lion Feuchtwanger. L'avant-film, un produit du service de propagande du nabot Goebbels, est une métaphore des dangers pour la pureté de la race aryenne par la faute des Juifs, Tsiganes et les sous-hommes ("Untermenschen") tels les handicapés. Notre Siegrinde pense à son petit Günther, en est si écoeurée qu'elle doit se précipiter aux toilettes pour vomir. L'ouvreuse qui lui est venue en aide soulève l'éventualité d'une grossesse. Ce sur quoi arrive son charmant bonhomme qui lui déclare : ... Je ne veux plus d'enfants de toi. Un Günther, ça suffit." Sa pauvre femme nie qu'elle soit enceinte.



Quelles sont les réactions des différents protagonistes confrontés au malheureux petit Günther ?



Le père Hermann, 35 ans, dans une entrevue avec son chef, où il cherche son appui pour être incorporé dans les Waffen SS, lorsque celui-ci lui remarque qu'auprès de l'élite de la garde prétorienne du Führer la pureté raciale est considérée primordiale, répond : "Et pour ce qui est de mon fils...j'ai tellement d'aversion pour lui, que ça ne me fait ni chaud ni froid qu'il soit euthanasié". L'amour paternel ne fait donc pas de doutes !



Son frère aîné, Siegfried 11 ans, se trouve dans une situation guère confortable, puisque 'à l'école les copains se moquent de son petit frère et il lui est même arrivé de se battre pour lui. Cependant l'attitude du père et la propagande agressive et omniprésente font qu'une nuit, il murmure à Günther : "Je veux que tu disparaisses, ... Je veux que tu sois mort...T'es pas un Wolf ! T'es qu'une erreur de la nature !"

Comme Günther n'a pas l'usage de la parole, personne ne sait ce que le môme comprend et pense au juste.



La mère qui estime qu'il s'agit de son enfant et non celui du Reich, est la seule à entourer le môme de petits soins affectifs et à essayer de deviner ses pensées et désirs. Günther la récompense de son unique mot : "A-an" et à se sentir vraiment bien dans ses bras.



Que les choses ne peuvent aller qu'en s'empirant est évident, pourtant je n'entends pas résumer le récit de Daniel Perrier-Bonnet, et me limiter, au contraire, à quelques remarques.



D'abord un mot sur l'auteur, qui a grandi en Allemagne, où son père était officier dans l'armée de l'air française, et qui a fait des études à l'École Supérieure de Commerce de Lyon. Selon la 4ème de couverture, "il est rattrapé à 30 ans par le handicap" et se consacre ensuite à l'écriture. J'ai essayé d'en savoir un plus sur Daniel Perrier-Bonnet, mais sans succès.



Bien que Hitler ait fait coïncider son programme atroce d'euthanasie avec son invasion "victorieuse" de la Pologne, le peuple allemand n'a pas suivi. Sous l'influence de l'Église protestante et catholique, le Führer a dû arrêter son programme. Et il l'a fait ! Un cas unique dans les 12 ans du nazisme. N'empêche qu'en 20 mois, de janvier 1940 à août 1941, cette campagne abominable et criminelle a tout de même fait entre 70.000 et 80.000 victimes !!!



Comme dans l'excellent ouvrage de Géraldine Schwarz "Les amnésiques" - en fait, un des meilleurs des quelque 200 livres que j'ai lu l'an passé et dont j'ai fait une chronique le 14-10-2017 - Daniel Perrier-Bonnet dans son "Les convois de la bonne mort" nous montre comment il a été possible que ce fou furieux d'Adolf Hitler soit suivi si longtemps par tant de millions de gens. Comme l'auteur a opté pour la formule d'un roman, il nous livre la réalité effroyable à une mini-échelle : Comment cela a dû être pour une famille d'Allemands frappée par l'infortune d'un enfant handicapé dans une société qui préconisait leur élimination physique !
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