Daniel Wilhem

Ce qui court derrière l'exemple d'un fait divers devrait nous aider à répondre à la question, non de savoir si l'on peut rire de tout, mais de savoir reconnaître, lorsque le rire éclate, qui est celui qui a été blessé.

La scène a lieu en Amérique, dans une petite ville de Caroline du Sud, au début des années soixante. Un voyageur se présente à l'hôtel, où aucune chambre pour les blancs n'est disponible. Il interroge, il s'inquiète, il insiste et finit par se loger, après s'être passé la figure au cirage. Avant de se coucher, il demande au garçon au garçon d'étage de le réveiller à sept heures. Il ajoute qu'il ne doit pas rater son train et qu'il ne faudra pas hésiter à le secouer dans son lit. Le lendemain, un peu en retard, il se précipite à la gare, saute dans le convoi et se rendort. Le contrôleur des billets est trompé par le barbouillage. Il tire le dormeur par la manche, puis du sommeil, lui donne l'ordre de quitter le compartiment réservé aux blancs. L'homme s'excuse et tente de se débarbouiller avec un mouchoir, qui reste immaculé. Il rejoint alors le cabinet de toilette, se regarde dans la glace. Il s'exclame : " Le crétin m'a réveillé s'est trompé de chambre."

Un peuple heureux n'a pas besoin d'humour. Joseph Staline

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L'affaire des dessins danois a éclaté en février 2006. Elle paraît aujourd'hui oubliée. Certes, elle a été commentée copieusement. Elle a provoqué des remous, des ripostes et des empoignades. Elle a entrainé des réactions en chaîne, des manifestations, du vandalisme dans les ambassades et dans les églises. Elle a suscité un inepte "concours international de dessins sur l'Holocauste", organisé par un quotidien iranien à grand tirage. Elle s'est concentrée, on le sait, sur un dessin du prophète, qui montre une bombe plantée dans un turban. On a fait de cette image une affaire dans l'affaire. Les commentateurs ont insisté sur l'amalgame par quoi l'auteur du dessin suggérait que tous les musulmans n'étaient que des terroristes en puissance. Évidement, le débat journalistique n'est pas terminé. L'examen des arguments des éditeurs nous aiderait à relancer la question, non des dessins de presse, mais des caricatures. Car cette question a été refoulée par la plupart des interprètes des dessins suspects. Les propos tenus par les défenseurs, les procureurs, les arbitres, sont passés à coté d'une analyse esthétique. Ils sont restés très en deçà d'une approche sérieuse du fait caricatural.