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Critiques de Danièle Laufer (33)
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La danse du couple

Non Monsieur, je vous entends bien, vous avouez danser aussi bien qu'un balai brosse de la dernière guerre, ce livre ne prétend faire de vous ni un Fred Astaire ni un Rudolf Noureev! Pour le boléro de Ravel vous repasserez un autre jour...

Ce livre est une réflexion sur le couple, dont la plupart d'entre nous attendons beaucoup...

Ce livre nous rappelle l'alchimie de cette rencontre entre deux êtres différents, le rapprochement, les éloignements inéluctables!

Parce que la vie tout court nous amène à une perpétuelle adaptation et encore plus quand nous la partageons avec quelqu'un.

Il est important de respecter ce rythme lent de fusion, défusion dans lequel chaque entité se construit et surtout évolue sans se momifier.

Je conseille cette lecture passionnante à tous ceux qui ont envie de réfléchir sur le couple qu'il ou elle forme, une réflexion positive et constructive!
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L'année du Phénix

Un emprunt à ma médiathèque… par curiosité, me trouvant dans ce même SAS particulier, cette année de transition et de « reconstruction »qu'est la première année de retraite. L'auteur, journaliste, et spécialiste depuis plus de 30 ans, de questions de psychologie et de société, a rencontré des dizaines de jeunes retraités, issus de tous les milieux sociaux, qui se confient sur cette période qui peut être tout à la fois : Libération, euphorie, soulagement comme sentiment de panique et d'angoisse sur « Comment organiser cette nouvelle tranche de vie » hors cadre, et soutien d'une vie collective, d'une raison et statut sociaux…qui justifie notre place dans la société , et ce n'est pas rien de quitter tout cela !



L'auteure nous fait rencontrer, croiser des personnalités, hommes-femmes très différents, aux métiers les plus différents ; certains pleinement choisis et faisant comme une seconde peau aux personnes et les autres, n'ayant pas eu cette chance, finalement impatients d'être libérés du monde du travail. Cette enquête nous propose à travers ces récits de vie une double réflexion : ce temps de « la retraite » à préparer, construire, inventer… et seconde grande question : la place que le travail occupe dans nos vies respectives ! Ce qu'il a signifié pour nous : central, omniprésent, captivant… ou est-ce qu'il ne fut qu'un « moyen de gagner sa vie « ?



Je n'ai rien appris de fort nouveau, ayant souvent réfléchi ces dernières années à ce passage à la fois heureux et douloureux de « la mise à la retraite », si on ne l'a pas suffisamment anticipée…

Le plaisir de lire, découvrir des hommes, des femmes faisant de leur mieux pour assumer ce « grand chamboulement » de vie…qui doit être RENAISSANCE, Liberté de réaliser des projets que l'on n'a pas pu mener à bien, faute de temps !



Je me permets une parenthèse avec une anecdote lointaine vécue personnellement. Cet « incident marquant » date du tout début des années 1980, alors que je faisais mes premières armes de Libraire, je me trouvais sur le quai du métro, et me rendais à mon travail, je croise un homme d'un certain âge, d'une fort belle prestance, attaché-case…costume trois-pièces très élégant, l'image d'un cadre sur-actif, se rendant à ses abondantes responsabilités.. Ce dernier m'aborde de la façon la plus déstabilisante qui soit ! Cet homme, au demeurant enviable… m'avoue qu'il est désorienté, perdu ; C'était sa toute première journée de retraite… et il n'avait pu s'empêcher de faire les mêmes gestes qui avaient été ceux de tant d'années de responsabilités professionnelles …Il n'avait pu réfréner son besoin de se rendre à son travail, se retrouvant sur le quai du métro…bêtement, comme un automate. Il devait se rendre à l'évidence : on ne l'attendait plus ; il devait faire demi-tour et rentrer chez lui, dans sa nouvelle vie de « retraité » qu'il n'avait pas préparé et vu venir !! Cette image pathétique et poignante ne m'a jamais quittée, espérant que je ne me laisserai pas surprendre aussi violemment !



Je reprends une phrase de cette enquête, parfaitement en accord avec la panique de cet homme, qui se retrouvait, comme dénudé de tout ce qui faisait « son existence » : « le mot « retraite » est insupportable. Il est insupportable parce qu'on n'est pas en retrait. C'est comme si on tirait un trait » (p. 88) »



Une lecture qui nous met face aux questions existentielles universelles : l'approche de la vieillesse, la peur de la mort de nos proches, la troisième période de la vie ( après la jeunesse, la vie adulte avec la carrière, la construction ou non d'une famille)offrant un espace géant de LIBERTE, de temps disponible, à inventer, à construire au plus près de « ses rêves » et comme l'exprime fort justement Danièle Laufer, La liberté, ce n'est pas si simple que cela , finalement!!?



« Au moment où on leur enlève leur carte de visite professionnelle, leur statut et leur utilité sociale, beaucoup d'hommes et de femmes ont le vertige. On ne peut pas échapper au questionnement. Comment se présenter ? Que faire désormais de ses journées ? Quelle communauté intégrer ? Quelles relations conserver avec les compagnons de route que l'on a côtoyés tous les jours pendant de longues années ? (p. 94)”



Bien que les personnes aient préparé ce temps de “leur retraite”, cette fameuse première année comporte sa part de flottement et d'adaptation .

“Ceux qui refusent le statut de retraité ont intériorisé les stéréotypes. Ils ne veulent pas être au rencart de la société. Ils ont besoin de temps pour décompresser et trouver des raisons de vivre qui ne soient pas de simples passe-temps. Ils traversent forcément un moment de désarroi; comme s'ils se retrouvaient désormais au chômage à perpétuité. (...) Vivre libre n'est pas aussi facile qu'on l'imagine.” (p. 115)



Il est aisé à comprendre que les individus qui n'ont pas tout investi dans leur univers professionnel, possédant des passions, des centres d'intérêts parallèles, se sentiront moins désorientés… Je bénis la chance…d'avoir premièrement exercé la majeure partie de ma carrière le métier que j'avais choisi ; celui de Libraire… Les boulimies de la culture, du Savoir, des Livres , de l'Ecriture sont des domaines merveilleusement « infinis »…où de multiples ouvertures se déployent… La seconde chance en ce début d'année ,complètement imprévue fut de prendre ma retraite en même temps que mon meilleur ami ; Sur-actifs, tous les deux, les discussions et partages sur cette période charnière nous ont aidé à clarifier ce que nous voulions profondément, et surtout ce que nous souhaitions éviter à tout prix : l'immobilisme, le repli, l'inactivité…Rester dans les projets, l'envie de faire… une dynamique de Vie à conserver intacte !



En plus du temps plus abondant de partages avec les amis aux quatre coins de l'hexagone, il y a nos « violons d'Ingres » , expression bien choisie, puisque cet ami est un musicien confirmé, qui va pouvoir se consacrer plus librement à la musique, aux concerts à organiser avec d'autres amis de longue date , musiciens… de mon côté, reprendre différents projets d'Ecriture, restés inachevés, faute de temps…



L'auteur pointe aussi diverses difficultés qui peuvent jalonner ce passage à la retraite : la vie de couple, trouver un équilibre avec son conjoint où subitement, on est ensemble 24h sur 24 ; les inégalités sur les moyens financiers de chacun, pouvant freiner les projets de voyage ou autres…



Restent … l'envie de faire, de se projeter , de partager, de retrouver l'Essentiel, et surtout oeuvrer pour nourrir encore et encore les liens sociaux, éviter à tout prix de se « désocialiser ». Si je n'ai guère appris de nouveau dans cette enquête, elle a eu le grand mérite de m'aider à clarifier cette période de transition, ambivalente… qui reste pour chacun, délicate à vivre. MERCI donc à l'auteur pour ce travail d'enquête des plus « éclairants » et positifs…



"A une époque qui prône le bonheur, le jeunisme, la réussite et le pouvoir de la volonté, l'ouverture d'esprit et la joie de vivre qu'émanent de ces "jeunes" retraités au bout de quelques mois sont pour moi un plaisir et un réconfort. Les entendre disserter sur leurs projets, leurs coups de coeur, leurs découvertes, leurs passions quand ils ont enfin trouvé ce qui leur donne envie et les fait vibrer montre à quel point le travail, même quand on l'aime, peut parfois détourner les individus de leurs aspirations. Sortis des obligations de performance et de rentabilité auxquelles ils ont souscrit pendant quarante ans, ils peuvent enfin prendre le temps d'emprunter des chemins de travers pour chercher à mettre du sens et de l'essentiel dans leur existence." (p. 135)

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Le Tako Tsubo: Un chagrin de travail

J'enquête sur ce qui m'est arrivé lors de mon dernier remplacement, qui devait être de cinq mois pas de deux ans dans un service social. J'ai travaillé dans le sordide de la vie des gens, dans la violence extrême. Mais cette violence, parfois, était à l'intérieur du service. D'hypotension depuis toujours, je me suis retrouvée aux urgences cardio pour de l'hypertension un matin à 8h30, plus de 15 de tension.J'ai résisté un an et demi de plus et l'histoire s'est mal terminée, alors pour me reconstruire et rebondir même si la terreur de retravailler dans les mêmes circonstances est toujours là, et en plus du suivi médical, traitement à vie, psy et des séances d'EMDR, j'enquête.



Le titre de ce livre ne me plaisait pas plus que ça mais l'auteure l'explique bien dans son récit ; cet état est celui d'une personne à bout de souffle.



Danièle aime son travail même si elle doit demander l'autorisation pour tout ce qu'elle écrit et que ses articles passent par la censure. Elle explique bien que cette ambiance délétère n'est pas seulement le fait de ses collègues mais ne serait-ce que de la place physique de chacun dans une pièce ridiculement petite où les bureaux s'entassent et les meilleures places réservées aux plus hargneux (dans mon cas deux bureaux et deux téléphones pour trois secrétaires), les différentes réorganisations et les changements de logiciel, les nouvelles consignes. Elle a défendu son gagne pain et sa présence comme elle le pouvait mais du coup était cataloguée comme agressive, pourtant elle passait sur beaucoup de choses insignifiantes qui se sont retournées contre elle par la suite. Les réunions qui se transforment en pugilat, en tribunal. La fatigue extrême et la nervosité, les essais d'explications de son état à la famille et aux amis qui en ont marre puisque pas concernés et ce coeur qui s'affole en permanence. La peur d'y retourner matin après matin, les recherches de solutions pour s'en sortir, la médecine du travail impuissante, les collègues qui partent malades ou pas les uns après les autres, tout y est.



J'ai vécu ce témoignage et je l'ai lu sans reprendre mon souffle jusqu'à l'épilogue. Ces histoires se finissent toujours mal et Danièle reconnaît qu'elle aurait dû abandonner plus tôt, plus vite, mais elle s'est accrochée à ce travail qui lui permettait de vivre tout simplement. Quel est le plus important selon vous : se retrouver sans travail en bonne santé ou être malade et sans travail ? Non, ne cherchez pas il n'y a pas d'autre choix.



Un ouvrage à lire si vous êtes concerné. J'avoue que je ne l'aurais pas lu de la même façon si je n'avais pas vécu cette situation. Un grand merci à Petitsoleil pour ses listes sur le monde du travail.



Le mot de la fin avec une citation de David Foenkinos : Elle sortit subitement prendre l'air. Je pense souvent à cette expression prendre l'air. Cela veut dire que l'on va ailleurs pour le trouver. Cela veut dire littéralement : où je suis, je m'asphyxie.
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Le Tako Tsubo: Un chagrin de travail

Un livre tout récent, repéré dans une revue puis dans une librairie bordelaise. J'ai trouvé très intéressant ce témoignage. Inspirant je ne sais pas, mais ça interpelle. Ce livre contient tout à la fois un témoignage sincère et une véritable enquête sur un mal méconnu. Méconnu car le Tako Tsubo touche surtout des femmes, méconnu car les liens entre stress, stress prolongé, stress chronique et malaises cardiaques ne sont pas si souvent évoqués.

J'apprécie vraiment que les trentenaires ne soient plus la seule génération à écrire sur le monde "merveilleux" de l'open-space, que médecins et psys ne soient plus les seuls à nous alerter sur les dérives du monde du travail.
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La danse du couple

Révision de ma bibliothèque (14).



Les livres lus avant mon adhésion au grand réseau littéraire connaissent peu de succès, sont peu critiqués. Pour celui-ci, les citations sont nombreuses et ce n'est que justice.

La danse du couple un des meilleurs livres que j'ai lu sur ce sujet inépuisable, surtout lorsque l'union tangue.

Serge Hefez a une longue expérience d'aide aux couples en souffrance. Il les aide à pointer et à démêler les causes possibles de la discorde : influence du milieu social, héritage familial, attentes déçues, difficultés matérielles. Les couples qui ne se posent pas de questions n'existent plus, dit-il.

Les "vieux" duos le savent, cheminer à deux est parfois épineux. Pas de roses sans épines, mais la rose du bonheur ensemble demeure une belle fleur à cultiver.

J'ai lu ce pas de danse à mi-chemin de notre parcours toujours en cours, - je devrais écrire en long -, c'était il y a 22 ans, faites-le compte et ajoutez deux. À l'époque, cette lecture m'avait beaucoup apporté ainsi qu'à mon épouse, lectrice dans la foulée. L'apport de la journaliste, Danièle Laufer, est perceptible, évitant au thérapeute patenté le jargon propre à ses qualités de psychiatre, psychanalyste et thérapeute de couple.

La psychologie énoncée clairement mérite toute notre attention, elle fixe la mémoire. Je me souviens très bien de cette danse où chaque pas a son importance.



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Une mère étrangère

Dans ce récit, l’auteure tente d’« immoler l’enfance », de la reconstruire pour se réparer. Durant trente-cinq ans, elle a essayé de ne pas perdre pied, de surnager dans l’absence de tendresse parentale, en particulier maternelle. Elle est née en 1952, à Casablanca ; trop tôt après la sortie de l’enfer de sa mère, trop tôt après la libération de cette dernière du camp de concentration de Bergen Belsen. En manque d’amour, la petite s’est efforcée d’attirer son attention, tout en ne se faisant pas trop remarquer. Elle a grandi avec des phrases qui empêchent de s’aimer soi-même et d’avoir confiance en soi.



Avec l’âge, elle en comprend la cause : « Les fantômes de la déportation rôdaient mais rien n’en avait jamais été dit. ». (p. 129) Pendant longtemps, elle a supplié sa mère de raconter. Celle-ci a accepté lorsque Danièle Laufer avait trente-cinq ans. Son témoignage ponctue les confidences de l’auteure. Comme pour offrir une preuve d’amour qu’elle n’a jamais réussi à démontrer, elle s’est dévoilée.



Une mère étrangère explore la difficile construction d’une enfant, à qui il manque l’essentiel : l’amour maternel. L’auteure a entendu des mots qui font mal, qui se gravent dans la chair et impactent l’image de soi. Elle s’interroge, également, sur l’histoire de sa mère, sur la mémoire traumatique et la transmission généalogique.



J’ai été émue par la petite fille, en quête d’estime. J’ai reconnu des scènes des expressions qui ont peuplé mon enfance, alors que ma mère (de l’âge de l’auteure) n’a pas connu les souffrances de la sienne. « Peut-être un jour rencontrerai-je des gens qui ont souffert aussi, sans plus de justification ni de raison. Il n’y a ni justification ni raison à la souffrance. Jamais. […] Il est temps d’immoler l’enfance. » (p. 113) Ce texte vibrant semble un exutoire, une main tendue vers la petite qu’elle a été, une manière de consoler cet enfant meurtrie.



Ce roman est aussi un bouleversant devoir de mémoire. J’ai été ébranlée par les confidences de la mère de la narratrice. Juive dans l’Allemagne nazie, elle déroule son passé, elle raconte les horreurs de la Shoah et des camps de concentration. Sa voix m’a émue, ses souffrances m’ont chavirée. Comme une offrande à sa fille, elle affronte ce qu’elle a voulu effacer de sa mémoire. Cette tentative, de briser les chaînes de la transmission de génération en génération, est celle d’une rencontre tardive, essentielle et déterminante entre une mère et sa fille. J’ai été très touchée par Une mère étrangère.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Une mère étrangère

La collection Bayard Récits est une toute nouvelle collection, née au printemps 2023, et qui a pour objectif de mettre en récit le réel. Les deux textes lus pour cette rentrée sont courts, mais intenses, condensés. Je suis ravie d'avoir choisi de les lire… Nous sommes à Casablanca, dans les années 50. Danièle Laufer vit une enfance ensoleillée mais où l'amour maternel semble absent. Sa mère a grandi en Allemagne, a subi le nazisme, les camps. Mais cela la petite fille l'ignore. Il faudra qu'à l'âge adulte, elles se retrouvent, dans ce récit à deux voix, pour raconter l'indicible. Danièle Laufer peut accueillir alors l'histoire à la fois rocambolesque et tragique d'une jeune femme qui a vécu tant d'évènements, tant d'horreurs, qu'elle ne sait peut-être plus ensuite comment aimer… Ce livre est le résultat d'un magnifique échange, même si j'ai eu un peu de mal au départ à y trouver ma place de lectrice. le ton des deux femmes est en effet très différent, et le lien ne se fait pas d'emblée entre les deux voix. Pour autant, j'ai aimé que soit abordé ce sujet très intéressant de la transmission, de ce qui passe malgré soi, malgré les silences, d'une génération à une autre. En tant que mère, comment éviter la distance quand on a subi de tels traumatismes ? Comment laisser passer l'amour malgré tout ? La parole sera ici tardive, mais bénéfique. Un livre refermé, encore une fois, avec tendresse.
Lien : https://wordpress.com/post/l..
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Venir après

Beaucoup de choses dans ce livre sont intéressantes. C’est un éclairage sur la génération venant après la Shoah. L’indicible de cette tragédie n’ayant pas pu être transmis, puisque la parole a souvent été réduite au minimum. Cependant, l’ambiance autour des silences inexpliqués, des douleurs psychosomatiques, des colères sans lien avec le présent, de la dépression ou du déni, cette ambiance a marqué les familles. Rares sont celles qui racontaient le vécu dans les camps, mais l’effet dévastateur est tout aussi flagrant.

Ce livre se présente comme un recueil de témoignages sur le vécu des enfants de déportés, il est utile pour comprendre.

Hélas, l’autrice écrit comme elle parle, avec des clichés. Elle étale sa relation avec sa mère, toxique parce que rescapée de la Shoah, toute son histoire est vue par ce prisme. Au bout de quelques chapitres, cette analyse subjective devient lassante. Il est dommage que l’autrice ne soit pas davantage restée en observatrice et se soit placée au centre des témoignages néanmoins intéressants.

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Venir après

L’auteur a vécu une enfance traumatisante, "cumulant les handicaps", selon ses propres paroles, avec une mère très peu affectueuse, des parents divorcés, qui se partagent leurs enfants, la séparant ainsi de sa sœur, vivant les quinze première années de sa vie dans "un pays dont elle n’a jamais parlé la langue", …. On comprend qu’elle en ait gardé de ce cumul d’épreuves des séquelles dont elle éprouve le besoin de creuser la nature et l’origine.

Mais pourquoi attribuer son mal-être au seul fait que sa mère soit une rescapée de l’horrible déportation à Auschwitz ? Or ce livre vise du début à la fin à montrer que c’est bien là l’origine de tous ses maux.

Et elle se lance dans une enquête auprès d’autres enfants de déportés rescapés, avec visiblement en tête le désir d’apporter des éléments à cette thèse que les enfants de déportés rescapés des camps souffrent nécessairement de tels traumatismes psychologiques.

Une de ses interlocutrices, à qui ses parents, pour éviter à leurs descendants de revivre un jour cette tragédie, n’ont voulu rien transmettre qui puisse lui faire penser qu’elle était juive, se trouve totalement désemparée en le découvrant à travers les injures antisémites d’une camarade d’école. Et Madame Laufer de faire alors, comme s’il s’agissait d’une évidence, le lien avec la déportation de son père ; mais d’autres personnes, au regard de ce qui s’est passé, sans avoir pour autant vécu la déportation, n’en ont-elles pas tiré les mêmes conséquences pour leurs enfants, les laissant découvrir leur origine dans ces mêmes conditions ? bien sûr que si ! et de nous décrire la réaction, en sens opposé, d’une mère qui, quand sa une fille vient présenter son fiancé non juif, s’écrie, sans s’apercevoir de l’effet dévastateur que cela peut avoir sur l’intéressée, "qu’elle n’a pas survécu à Auschwitz, avec tout ce que cela signifie, pour que sa fille épouse un goy" ; mais, là encore,d’autres n’ont-ils pas pu vivre ces mêmes circonstances psychologiquement ravageuses sans pour autant que leurs parents aient connu la déportation ? Évidemment que si ; de nombreuses publications peuvent en attester, de telles situations ont été vécues par des jeunes gens dont aucun des parents n’avaient subi l’horreur des camps.

Par ailleurs, il se trouve que l’auteur de ces lignes a connu des enfants de quatre familles dont l’un des parents était un rescapé des camps, plutôt superficiellement pour deux de ces familles, assez bien pour une autre, et de manière très proche pour la dernière. Certes, dans celle-ci, le parent revenu des camps faisait très souvent, au dire de son épouse, des cauchemars, et criait régulièrement dans son sommeil, mais il n’en était pas moins, comme dans les trois autre cas, un père aimant, très proche des enfants, dont il suivait les progrès scolaires avec attention. C’était du reste le cas de toutes ces quatre familles, dont les enfants semblaient parfaitement équilibrés, même si, en cherchant bien, on trouverait facilement à tel ou tel ce que certains pourraient considérer comme des défauts de caractère. Mais, si l’un d’entre eux, par exemple, ne parvenait pas à rester très longtemps avec les compagnes qu’il a successivement épousées, faut il vraiment se hâter d’attribuer cela au passé de ses parents ? J’ajoute que, comme dans les témoignages recueillis par Madame Laufer, dans deux des familles, les parents ne parlaient pas de ce qu’ils avaient vécu, alors que dans les deux autres cas, au contraire, ils éprouvaient un besoin de témoigner bien au-delà du cercle familial. Madame Laufer présente également ces deux situations, les premières plus nombreuses que les secondes. Et pour elle, dans le premier cas, les enfants sont traumatisés parce que les parents ne disent rien de ce qu’ils ont subi, et dans le deuxième cas, ils ne le sont pas moins, car l’expérience rapportée est trop lourde à porter pour les enfants. Bref, il faut toujours trouver à expliquer les éventuels mal-être en remonter ce fil là exclusivement.



Je le redis : ce livre mérite d’être lu par la richesse et l’intérêt des témoignages recueillis. Mais enfin, le lecteur doit garder un certain recul par rapport à l’analyse qui en est faite, qui est vraiment trop dans l’air du temps de l’analyse psychologique qui cherche absolument à découvrir une source expliquant tout comportement, qu’il s’agisse de criminologie, de pédagogie, d’analyse littéraire ou de bien d’autres domaines encore.

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Venir après

On se réjouit souvent de constater que les déportés revenus des camps ont réussi à fonder une famille et reprendre, en quelque sorte, le cours de leur vie. Cet ouvrage, qui compile un certain nombre de témoignages d'enfants nés après, montre qu'on reste marqué au fer rouge par les épreuves subies pendant la Shoah. Enfants de "parents étranges" et de "familles pas comme les autres", ils ont dû grandir dans un contexte souvent plein de non-dits, et précisément très lourds de ces non-dits. Témoignage douloureux et très intéressant.
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Venir après

Je lis beaucoup sur la Seconde Guerre et en particulier sur la Déportation et l'Occupation. Je ne sais pas pourquoi, c'est une période historique qui me passionne autant qu'elle me fait froid dans le dos. Je n'avais pas entendu parler de ce témoignage de Danièle Laufer mais je dois dire qu'il m'a tenté dès que j'ai lu son résumé. Un immense merci à Babelio et aux Editions du Faubourg pour cette découverte.



"Je suis une fille de déportée. En relisant ces mots, j’ai un sentiment d’étrangeté et d’irréalité. Ma mère a été déportée."

Comment dire cette enfance singulière, ces parents qui parlaient avec un accent, ces toutes petites familles déracinées, ces traces de la Shoah sur la deuxième génération qui n’a pas connu les camps, mais a grandi dans le traumatisme de cette tragédie ?

Danièle Laufer a recueilli les témoignages d’une vingtaine de femmes et d’hommes, comme elle nés de survivants des camps nazis. Tous ont estimé que l’heure était venue pour eux de parler afin de transmettre la mémoire de ce qui les a "à la fois détruits et construits".



Ce livre est un recueil de témoignages d'enfants de déportés, dont ceux de Danièle Laufer et sa soeur. C'est un récit passionnant qui nous permet de mieux comprendre les réactions de certains parents qui ont connus l'enfer des camps. Toutes les parties du récit ne m'ont pas plu de la même façon, j'ai particulièrement été sensible à celui qui concerne la "révélation", comment les enfants ont-ils appris que leurs parents avaient (l'un, l'autre ou parfois même les deux) un douleur passé. Ces témoignages sont tous touchants, tout en restant très pudiques.



Cet ouvrage nous permet également de découvrir combien il était difficile au sortir de la guerre de parler de la Shoah et de comprendre le "monde Juif" et ses rituels. J'ai appris beaucoup en lisant ce livre, je me suis posée des questions qui ne m'avaient pas effleurée jusque là. Comment se construire et grandir en tant qu'enfant de déportés, de Juifs mais aussi en tant que simples citoyens ? C'est un livre important à lire, un texte fort et poignant qui est essentiel pour ne pas oublier.



De beaux et touchants témoignages, de magnifiques messages d'amour à des parents qui n'auront pas toujours su comment s'y prendre ...
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L'année du Phénix

Je cherchais un livre sur la retraite sans avoir un recueil un peu bateau de ce qu'il faut ou non faire arrive à cette étape de ma vie. Le livre est le résultat dune enquête faite sur différents profils de nouveaux retraités. Bien sûr j'y ai trouvé les principales réactions voire pathologies de quelques retraités mais j'aurais souhaité des histoires plus complètes, plus romancées. Si ce devait être une enquête, j'aurais attendu que soient évoqués d'autres catégories que quelques nantis de carrières intellectuelles et non manuelles . L'avantage est que cette lecture fût très rapide.
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La mère parfaite, c'est vous

Un livre qui fait du bien, surtout lorsqu'on peut avoir le sentiment par moments d'être "nuisibles" pour ses enfants.
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L'année du Phénix

Un livre qui nous nombre témoignage sur cette année particulière qui est celle de la cessation du travail, lors du passage à la retraite. Utile pour nombre de jeunes retraités et de retraités en devenir.

Bien sûr, il n'y a pas de recette, si ce n'est peut être celle d'anticiper et de se projeter un peu dans l'avenir.

Le titre, très bien trouvé à mon sens, évoque bien le contenu de l'ouvrage: la possibilité d'un retour à la vie après le passage par le feu!
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Une mère étrangère



Ce texte est un texte autobiographique à deux voix. La maman raconte son enfer lors de la deuxième guerre mondiale et sa fille raconte son sentiment de ne pas être aimé.



Ce récit raconte l'enfer des camps et le après. Comment peut-on survivre à ça. Comment élever des enfants après ça. La relation mère fille est explorée dans cet ouvrage. Les sentiments sont mis à nu pour tenter de comprendre. Je pense que certains pourront se reconnaître avec l'héritage intergenerationnel, la reconstruction et la quête de soi.

On apprend aussi un peu la culture marocaine vu que la famille habite au Maroc aussi 🤭.



Il pourra plaire à beaucoup d'entre vous j'en suis sûr!



Merci aux éditions pour l'envoi! Produit offert pour collaboration commerciale non rémunérée.



Il sort le 6 septembre dans les librairies !
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Venir après

La Shoah est l'une des horreurs les plus abominables qui soit arriver dans l'histoire humaine. La déportation, la mise aux camps de la mort et les exterminations par gaz où par balle de millions de personnes innocentes et coupables aux yeux de leurs tortionnaires d'êtres juifs a marqué à jamais dans la douleur et la stupeur les témoins tout comme les survivants de l'Holocauste, ceux qui ont pu échapper au trépas indigne qu'ils devaient être destinés. Mais ces survivants ont eu des familles et des enfants après ces effroyables événements. Qu'en est-il justement de ces rejetons, de ces bambins qui ont du grandir avec la conscience d'être la descendance de véritables rescapés d'un enfer ayant pris forme sur la Terre et dont la barbarie avait dépassé toutes les limites imaginables ? Comment cela fait d'être justement d'être le fils où la fille d'un déporté ?

C'est justement le cœur de ce bouleversant et poignant ouvrage de Danièle Laufer, elle-même fille d'une rescapée de Bergen-Belsen. Elle regroupe en plus de son témoignage, celui d'une vingtaine individus tous de métiers différents : des médecins, des psychanalystes, des artistes, des cadres où encore des femmes au foyer. Tous ont le point commun dolosif d'avoir eu des parents ayant survécu à l'inimaginable, à l'indicible et d'avoir du supporter le poids du cauchemar génocidaire dont leur parentèle a du éprouver l'abjection totale.

Leurs pères et leurs mères n'ont pas étés des parents parfaits où du moins ce qu'on imagine être de parents normaux : taciturnes, silencieux, ressentant la culpabilité d'être en vie là où les autres sont morts, susceptibles d'une lourde sensibilité à la vie et à la mort. Certains n'ont pas su entourer d'affection leur progéniture car ayant été conditionné dans les camps à ne pas manifester ses affections. D'autres ont été violents et dures envers les leurs, leur reprochant d'êtres faibles et gâtés et de n'avoir pas connu les souffrances qu'ils ont vécus. D'autres au contraire les ont couvert, surprotégé de tout mal et de tout chagrin qu'ils pourraient ressentir en lien avec les affres de leur passé. Mais tous ces parents n'ont pu guérir leurs traumas qu'ils ont transmis à leurs enfants qu'ils ont encaissé malgré eux. Des enfants qui se permettaient de ne pas se révolter et s'opposer à leurs parents car comment remettre en cause les survivants de la Shoah ? Des enfants qui protègent par conséquent leurs parents et briment en eux leurs états d'âmes et leurs blues en étant par conséquent frustrés. Des enfants qui après le choc de la révélation du secret, ont en fait une force pour leur existence, pour leurs convictions sur la justice, la défense des faibles et lutter contre la haine.

A travers ces témoignages délicats se dresse aussi le portrait d'une société qui a eu du mal à parler et comprendre la Shoah tant l'abominable de la chose était incompréhensible, tant l'effroyable avait atteint un paroxysme jamais inégalé depuis dans la cruauté. Une société qui a du mal à assumer qu'elle s'est produite et qui laisse revivre petit à petit l'antisémitisme qui l'avait conduit au siècle dernier, avec l'extrême-droite en vogue dans les mentalités, les attentats du Casher où le bond des agressions contre les juifs pour la politique d'Israël. Mais si une partie de la société veut effacer cette mémoire pour mieux recommencer, une autre veut la perpétuer pour combattre justement les maux qui l'ont construit. C'est aussi le portrait du monde juif qui s'offre à nous, un monde cabossé par l'Holocauste qui voit la plupart de ses croyants devenir apostat devant la transcendance assassinée par Auschwitz où d'autres fuir pour Israël : cependant que pour d'autres, au contraire l'identité juive est devenue plus vibrante et nécessaire que jamais et faire survivre des traditions et coutumes qui ont été menacés par la Seconde Guerre mondiale.

C'est un livre fort et déchirant à lire pour se rappeler sur la Shoah. Un livre que même beaucoup de gens peuvent s'y reconnaître quand bien même ils n'ont pas été victime de ce grand massacre : c'est un ouvrage que tous les enfants des survivants de guerres et de meurtres de masses peuvent s'y reconnaître, tant ils ressentent et comprennent les mêmes anxiétés en leur sein liée aux tragédies de leurs géniteurs, comme la culpabilité d'exister et de se sentir comme illégitime devant la douleur vécue par leurs ascendants. Un recueil de témoignage profondément humain pour se rappeler et combattre la monstruosité de la haine en général, celle des autres, pour que ne se reproduise plus jamais de tels horreurs.
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L'été de mes treize ans

C'est un livre que j'ai déniché dans une librairie d'occasion. Je l'es acheter car le résumé me tenté un peu. Et ce n'est ps un coup de coeur. Il est bof. Il est très court et il manques énormément de détaille... J'ai été un peu décu par ce bouquin
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Dimanche : Le temps suspendu

J'ai trouvé cet exemplaire de la revue "Autrement" dans une brocante et immédiatement 2 souvenirs de mes "jeunes années" sont remontés à ma mémoire. Le premier est celui des différents numéros d'"Autrement" que j'ai eu l'occasion de lire. Le deuxième est celui des dimanches de mon enfance et de mon adolescence, car je me retrouve bien dans certains des souvenirs évoqués au fil de ce numéro.

On y trouve des éléments historiques comme l'histoire du mot "dimanche" , le dimanche dans les campagnes françaises du XVIIIe siècle, la tentative de remplacer le dimanche par le décadi, les luttes pour le repos dominical ou l'évolution des rituels dans les paroisses rurales de la 2e moitié du XXe siècle.

Il y a aussi des éléments plus philosophies ou sociologiques comme les musées, le sport, la télé, les pharmacies de garde, les urgences psychiatriques ou le dimanche des enfants de divorcés.

Le tout est agrémenté de quelques nouvelles et de photographies en noir-blanc d'Anne Testut et de Robert Doisneau.

Tout cela est bien nostalgique car même si le sous-titre est "Le temps suspendu", le temps a poursuivi son cours et les dimanches eux aussi ont bien changé !
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Une mère étrangère

Bonjour,

Un récit autobiographique aujourd’hui avec « Une mère étrangère » de Danièle Laufer . Un récit sur l’amour maternel, sur les relations mère-fille, sur la possibilité d’aimer après avoir vécu l’horreur. L’auteur s’interroge au travers de sa propre histoire sur toutes ces questions.

Très émouvant, très intéressant et se lisant d’une traite. C’est aux @editions Bayard récits. Merci Anne Vaudoyer de cette belle découverte.



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Une mère étrangère

Entre autobiographie et enquête, Danièle Laufer nous offre un récit à deux voix d'une belle intensité et d'une vérité parfois cru face aux vécues de ces deux femmes. Elle se livre dans son enfance à Casablanca qui loin d'être merveilleuse est en quête permanente de l'amour maternel. Et en parallèle, la voix de sa mère lui fait écho en se livrant à son tour sur une enfance en Allemagne en pleine montée du nazisme. Toujours à la première personne, elle offre pourtant un texte qui résonnera chez beaucoup par les thématiques qu'elle traite comme la transmission, le transgénérationnel, la quête de réponse.

Peut-être que certains lecteurs seront hermétiques au récit de ces deux femmes qui prennent place dans des contextes bien spécifiques et empêcheront une certaine empathie et identification. Le côté un peu journalistique dans le style prive parfois de l'émotionnel mais cela reste cependant cohérent vu que la gestion de l'émotionnel et la manière de le dévoiler est justement au cœur du récit.

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