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Critiques de Danielle Buschinger (4)
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Les chevaliers teutoniques

Danielle Buschinger et Mathieu Olivier ont produit un excellent travail, fait à la fois d'une analyse de structure et du rappel d'une histoire, commencée en Terre Sainte, poursuivie en Prusse orientale et sur les bords de la Baltique, dans des territoires qui correspondent actuellement à la Pologne, à la Lithuanie, aux États baltes, etc., comme une rude affaire de colonisation et de construction étatique aux dépens des populations et pouvoirs locaux et sous le couvert d'une entreprise de christianisation par le fer et par le feu de terres prétendument païennes, et continuée aujourd'hui pacifiquement dans des activités hospitalières et caritatives. Des États latins du Moyen-Orient constitués pendant et entre les Croisades jusqu'à l'installation du siège de l'Ordre à Vienne, en passant par le repli provisoire à Venise après la perte de Saint-Jean d'Acre en 1291, et par la réorientation de la communauté vers le soutien à la politique de poussée germanique très accentuée vers l'Est, cette communauté à la fois monastique et militaire, dont l'organisation fut calquée sur celle des Templiers et des Hospitaliers, s'implanta dans la zone d'influence allemande grâce à l'entente

scellée entre l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen et l'un des Grands Maîtres de l'Ordre, Hermann von Salza.

Les auteurs explorent aussi bien l'organisation hiérarchique de l'Ordre dans les différents territoires où il prit racine, que les sources de revenus qu'il tira de l'exploitation des richesses du sol et du sous-sol des terres placées sous sa garde, avec notamment le commerce de l'ambre, mais pas seulement celui-là.

Nous faisons aussi le tour des diverces provinces avec leurs commanderies.

Et l'ouvrage ne s'arrête pas à la période médiévale. Il traite aussi des secousses subies après la catastrophique défaite de Grunwald (Tannenberg, 15 juillet 1410), face aux forces rassemblées des Polonais et des Lithuaniens sous l'autorité d'un seul homme, Ladislas Jagellon. Ulrich von Jungingen, grand-maître de l'Ordre, périra au cours de la bataille avec quantité de chevaliers. Mais l'Ordre survivra et la capitale de ses États, Marienburg, tiendra grâce à la bravoure et l'esprit d'organisation du nouveau grand-maître, Heinrich von Plauen, qui n'en sera guère récompensé. Formidable forteresse en briques rouges, Marienburg profile toujours sa silhouette dans les eaux de la Nogat, mais ne nous laissons pas trop abuser par ce que nous voyons : c'est une belle reconstitution commencée au XIXeme siècle et achevée au XXeme après les ravages causés par la Seconde Guerre mondiale.

Danielle Buschinger et Mathieu Olivier disent ce que devint l'ordre avec l'arrivée de la Réforme protestante : la sécularisation de l'Ordre des chevaliers Teutoniques avec Albert de Hohenzollern puis la transformation de la Prusse en État laïque, la réduction progressive des possessions de l'Ordre et son déclin inévitable comme grande puissance du nord de l'Europe centrale. Cet effacement aurait pu être complet, mais il y eut volonté de survivance, et Napoléon ne parvint pas à mettre fin à l'existence de l'Ordre, lui qui avait eu raison du Saint Empire romain germanique.

Les auteurs montrent que les tentatives de récupération par Hitler, l'Ordre noir, et l'Empire SS de Himmler, d'une mythologie liée à l'Ordre teutonique ne furent que des emprunts de surface, et que de nombreux membres de l'Ordre refusèrent de tomber dans ce piège grossier.

Danielle Buschinger et Mathieu Olivier complètent utilement leur étude par une étude des travaux historiques faits au cours des siècles sur cette institution, certains tendancieux, empreints de nostalgie pour la grandeur passée de l'Ordre et idéologiquement orientés, d'autres, de plus en plus nombreux, impartiaux et d'une totale rigueur historique et ils ne négligent pas non plus la vision laissée par la littérature (renvoi inevitable au roman de Sienkiewicz, mais pas seulement) et le cinéma (films d'Eisenstein et d'Aleksander Ford).

De quoi satisfaire notre curiosité. Avouons toutefois que nous ne dédaignons pas de compléter ces lectures par celle des ouvrages de K. Toomaspoeg, de Sylvain Gougenheim, de Laurent Dailliez et d'H. Bogdan, même si ces deux derniers sont un peu sommaires.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu.
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La Chanson des Nibelungen : La plainte

La chanson des Nibelungen a inspiré Richard Wagner et Fritz Lang. Il en existe plusieurs versions, composées au 13ème siècle. Elles renvoient à un contexte historique antérieur : la cour des Burgondes −alliés des Romains−, et leur capitale Worms, sur les bords du Rhin. La chanson s’inspire des chansons de geste et de la littérature courtoise, tout en reprenant des motifs et des mythes scandinaves.

Siegfried est un Héros qui a triomphé, grâce à sa vaillance, des Nibelungen et conquis leur trésor, ainsi qu’une épée et une cape invisible qui accroissent ses prodiges. Attiré par la réputation de beauté de Kriemhield, il se rend à la cour de Worms. Celle-ci y vit, dans un faste quasi oriental, entourée de sa mère et de ses frères, dont le roi Gunther. Siegfried devient le vassal de Gunther et l’aide à conquérir lors d’une expédition en Islande la belle, mais diabolique, Brunhild qui, dotée d’une force prodigieuse, impose à ses prétendants des épreuves mortelles. Siegfried en récompense épousera la sœur de Gunther, mais très vite les deux femmes semblent animées d’un sentiment de rivalité et de jalousie. C’était Siegfried, muni de sa cape invisible, qui l’avait emporté dans les épreuves imposées par Brunehild et permis à Gunther de l’épouser, mais c’est aussi lui qui lui ravira sa virginité. L’anneau que Siegfried a pris alors et donné ensuite à sa femme, et que celle-ci exhibe, en est la preuve. Dès lors Hagen, l’un des vassaux de Gunther, planifie la mort du Héros. Siegfried s’était trempé dans le sang d’un dragon qu’il avait vaincu, obtenant ainsi une peau cornée qui le rendait invincible, sauf entre les omoplates, où une feuille s’était glissée. Fort de ce secret, appris par malice auprès de Kriemhield, Hagen, au cours d’une partie de chasse, plante son épieu dans le dos de Siegfried qui meurt près d’une source. Kriemhield, dépitée, épousera en secondes noces le roi des huns, mais n’aura plus dans son cœur que la haine et la vengeance. La seconde partie du chant voit l’affrontement entre les Burgondes et les Huns, le massacre de deux armées, et la terrible plainte qui en émane, dans un pays qui semble tout à coup privé de tout espoir face aux immenses destructions occasionnées.



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La Chanson des Nibelungen : La plainte

Les manuscrits les plus anciens de ce texte datent du XIIIe siècle, c’est le témoin le plus ancien de la légende de Nibelungen en langue allemande. Une tradition orale a sans doute précédée la mise par écrit, des manuscrits plus anciens ont pu exister. Comme pour beaucoup de textes de cette époque différentes hypothèses quand à la genèse coexistent voire s’affrontent. Sans oublier les liens avec les textes nordiques sur le même sujet.



Dans un premier temps, nous faisons connaissance avec Siegfried, fils de Sielglinde et Siegmund, noble chevalier. Sur sa réputation de beauté, il donne son noble amour à Kriemhild, sœur du roi burgonde Gunther. Il se rend à la cour de ce dernier, et conquiert le cœur de la belle. Pour avoir le droit de l’épouser, il aide Gunther à conquérir, Brunhild, la reine d’Islande. Siegfried abuse cette dernière en se présentant comme un vassal de Gunther, et en utilisant une cape magique en sa possession pour remporter les épreuves à la place de Gunther, qui en est bien incapable. Il l’aide encore pendant la nuit de noce, en dépouillant Brunhild de son anneau d’or et d’une ceinture. Il peut ensuite épouser Kriemhild, qu’il amène dans le royaume de son père.



Les deux reines se prennent de querelle, Brunhild considérant Kriemhild comme la femme d’un vassal et exigeant la préséance, ce que cette dernière refuse, jetant à la tête de Brunhild, les fameux ceinture et anneau. Comprenant qu’elle a été abusée, Brunhild décide de se venger. Hagen, un vassal dévoué aux rois burgondes, va arracher le secret de Siegrfied à Kriemhild (il n’est vulnérable qu’à un seul endroit, le reste ayant été immergé dans le sang du dragon qu’il a tué), et peut le tuer à une partie de chasse. Il dépouille aussi Kriemhild de l’or des Niebelungen, que Siegfried avait conquis.

Kriemhild épouse en secondes noces Etzel, le roi des Huns. Elle invite sa famille à sa cour, et tout finit dans un gigantesque massacre, provoqué par le désir de vengeance de Kriemhild.



Le texte est assez surprenant, pour plusieurs raisons. L’histoire de Siegfried (le dragon, la conquête de l’or…) n’est jamais vraiment raconté, il y a juste quelques bribes qui sortent par-ci, par-là, presque par inadvertance, parce que le récit principal nécessite quelques éléments de cette histoire. Ensuite, il n’y aucune référence aux divinités païennes, tout le monde (sauf les Huns) est bon chrétien et fréquente régulièrement l’église. La magie aussi est présente à minima. Ensuite, nous sommes bien au Moyen-Age, avec les tournois de chevalerie, le code amoureux, le service d’amour du chevalier, les tenues vestimentaires, les armes et tout le contexte culturel. Alors que l’histoire racontée vient de beaucoup plus loin (les Huns). Cela fait une sorte de mélange étrange, entre l’univers des sagas, et celle des romans de chevalerie français.



La longue introduction (130 pages) n’éclaire que partiellement tout cela, je l’ai trouvé assez embrouillée, avec une grand place accordée à Wagner, ce que l’on peut quand même trouver ailleurs. Mais le texte est suffisamment intéressant en lui-même, le premier moment de surprise passé, pour compenser en grande partie ces insuffisances.



C’est ma première incursion dans l’univers de la littérature allemande du Moyen Age, et cela m’en donne une image un peu différente de celle que je pouvais avoir. Nous sommes au final dans un univers plus proche que je ne l’imaginais de la littérature française de l'époque, même si les sombres histoires de vengeances et de carnages, peuvent être considérées comme plus spécifiques.

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La Chanson des Nibelungen : La plainte

« La chanson des Nibelungen – La plainte », deux textes du XIIIe siècle… Et là, tu te dis… Mince, comment je critique ça moi…



Eh oui, pas évident pour donner son avis sur ces textes d’une autre époque et d’un tout autre style, surtout que je ne suis pas médiéviste de formation.



Pour commencer, dans ce volume, il fut attaqué pas loin de 180 pages de présentation. Certains pourront dire, on s’en fout, on saute. Sauf que pour comprendre ces œuvres, il est indispensable de lire ces pages… À moins, bien sûr, d’être un excellent connaisseur du sujet.

Surtout que c’est vraiment une partie que j’ai trouvé très intéressante. Elle revient sur les origines de cette histoire, des manuscrits où l’on retrouve ces histoires, les différentes variantes, ainsi que son lien avec les œuvres de Wagner. Bref, c’est vraiment ici que je me suis régalée.



Ma première surprise a été de voir que ces textes allemands mettent peu en avant l’aspect « fantastique » de cette histoire. En effet, l’histoire de Siegfried et du dragon n’est que très peu évoquée. En effet, ce récit allemand axe plus sur les Burgondes et « la fin du héros » et la vengeance de Kriemild. Donc petite déception de ma part, mais rien de méchant.

De plus, et ça se comprend, le texte est très christianisé. Aucune évocation de dieux ou déesses germaniques…



Sinon, j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à venir à bout de cet ouvrage. Les récits du XIIIe, c’est assez indigeste. Non pas que l’histoire n’est pas intéressante, mais c’est vraiment le style de l’époque est imbuvable.

À titre d’exemple, tout le monde il est beau, tout le monde il est noble et généreux, tout le monde est « gentil ». Même le personnage de Hagen, particulièrement horripilant et orgueilleux, est toujours évoqué de manière élogieuse, et même quand il se montre détestable.

Il y a aussi des formulations très redondantes. Il y a toujours de très belles jeunes filles, toutes plus nobles les unes que les autres, qui accompagnent et soutiennent n’importe quels personnages. Il y a les longues scènes d’échanges de présent…

C’est le style, c’est l’époque (c’est écrit, mais c’était avant tout des récits oraux), mais c’est assez saoulant à lire.



Néanmoins, même si j’ai eu toutes les peines du monde, je reste très contente d’avoir lu ces textes. Ils restent les bases de notre culture et des œuvres de références !

« La chanson » narre donc l’histoire des Burgondes, du « mariage » de Kriemhild et Siegfried (et Brunhild et Gunter), la mort de Siegfried, le remariage de Kriemhild et sa vengeance.

La plainte narre les quelques événements après la mort de tous les héros à cause de Kriemhild comme « le retour » des armes aux familles des morts (donc à Brunhild).



J’avoue vraiment avoir toutes les peines du monde à en dire plus sur ces récits.

Ce n’est pas vraiment un livre à mettre dans toutes les mains. Et surtout, ne pas le considérer comme un « roman », mais comme une lecture de culture G.

Pour un public vraiment averti !


Lien : http://xian-moriarty.over-bl..
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