Danilo Reato : L'esprit des cafés en Europe
Dans le
café "les quatre chats", à Trouville,
Olivier BARROT présente le livre de
Danilo REATO, "l'esprit des cafés en Europe", aux éditions Plume. En
illustration, BT
photos de l'ouvrage.
On appelait "larve" ou encore "visage" un masque blanc qui accompagnait toujours la bauta classique. Elle existait aussi en version noire, mais d'un usage très limité et documenté uniquement par une aquarelle de Grevembroch qui ne manque pas, dans la légende, d'en faire remarquer la singularité. Son premier nom est facilement rattachable au latin, qui indiquait par le vocable "larva", les fantômes et les phénomènes de caractère spectral. En effet, au clair de lune, dans une ville éclairée seulement par les lumignons des codegas, les Vénitiens qui rentraient chez eux après une nuit de plaisir passée au théâtre, au café, au bordel ou à la table de jeu de quelque maison patricienne, devaient bien avoir l'air de spectres un peu funèbres avec ces "visages" blancs au milieu de tant de noir.
La frêle structure en bois du pont de l'Accademia, éternellement provisoire, nous fait face. C'est le dernier bras du canal et, au fond, on entrevoit déjà la coupole de la Salute qui se découpe dans le ciel, dominant les autres constructions. Mais d'autres édifices évocateurs se dressent encore sur notre parcours : la "Casetta Rossa" où Gabriele d'Annunzio composa son "nocturne" et de l'autre coté, la façade inachevée du palais Venier dei Leoni où débarqua en 1946, l'Américaine, Peggy Guggenheim, qui y fit transférer son importante collection d'art contemporain.
Soutenues par le seul tricorne que l'on enlevait donc jamais de la tête, les "larves" étaient utilisées indistinctement par les hommes et par les femmes, comme la bauta, leur forme spéciale permettait de boire, de manger et de respirer à l'aise tout en préservant l'incognito et irritant parfois la curiosité obstinée des paparazzi de l'époque et autres assoiffés de commérages ("ciacole" en dialecte vénitien).
Le domino constituait une variante élégante de la bauta vénitienne.C'est un déguisement de carnaval typique avec cape. Les Français furent les premiers dans la seconde moitié du XVIe siècle à donner ce nom au manteau à capuchon utilisé par les moines et devenu, par caprice de la mode, un habit très répandu.