Elles préfèrent qu'on leur mente pour survivre aux années de disparition.
Avec leur sourire bleu, elles exigent une passion simple en échange de ce qui les tient au berceau.
Elles sont nombreuses, insomniaques, belles à en crever, elles sont les scories sur la pierre et même leurs erreurs de rien sont impardonnables.
Elles dansent en furie quand elles sont seules et elles savent que leur amour le plus excédé est aussi le plus important. Elles voulaient créer la chose qui les tuerait avec passion. Elles ont réussi. Ce sont les mères de toutes nos portées.
Il existe de beaux paradoxes, comme celui-ci : ma mère m'aura offert la liberté de la fuir, offert les outils pour la quitter. Parce qu'elle m'aura donné la littérature.
Je cherche pourquoi toutes les femmes de ma famille ont tenté de se tuer. Je veux savoir si elle m'a faite, la mort. Si c'est elle, ma mère.
Une mère déçue fait des filles noyées.
Je deviendrai la lame dans le bonbon des enfants qui font semblant de n'être pas allés à l'université.
On se suicide et on se drogue dans cette pièce, ce réduit, ce sursis, on se cache pour ces choses et on cache aussi, ce faisant, la tristesse ou le désespoir, on répand les larmes en silence et les hommes pensent que nous mentons, ils pensent que de se cacher comme ça, de se taire, est une sorte d'hystérie, d'hypocrisie, mais c'est faux, s'il s'agit parfois d'une lâcheté, il y a aussi là une force, celle d'épargner les autres, en maquillant, en masquant, selon le niveau de fatigue dans l'océan de tristesse, toute la laideur humaine, la nôtre et la leur tout autant. Voilà pourquoi la salle de bain est le territoire le plus féminin de la maison.
(...) pour naître il faut trahir. Il faudra toujours trahir quelqu'un pour qu'advienne autrement l'histoire.
Elle est de ces femmes prises entre l'identité d'hier et celle d'aujourd'hui.