Darja Stocker

Hémon - Quel est ton rêve pour Thèbes, Père ?

Créon - Mon rêve ? Il nous faut tout d'abord rassurer le peuple et repousser l'ennemi qui prépare sa vengeance.

Hémon - Rassurer ? Avec la peur,
cette peur bien sentie, saine et vigilante ?
A les regarder, Père, je doute que nos ancêtres
aient réellement été ces extralucides.
Je ne me rendrai à aucun autre enterrement, Père
mon frère s'est pendu
les frères d'Antigone ne sont entretués.
Était-ce bien Polynice, Père
qui a attaqué ou bien avez-vous décidé
durant l'attaque d'appeler Polynice
tous ceux qui sont morts innocemment
et qui mourront encore.
Je ne porterai plus aucune couronne mortuaire, Père
je n'irai pas pleurer les miens.

Créon - Tous ne seront pas pleurés.

Hémon - Je ne me tiendrai ni ne parlerai devant aucune tombe
car Thèbes m'enterre chaque jour.
Je suis enseveli,
ne le vois-tu pas.
Tu peux toujours parler, Père.

Ismène - Y a-t-il quelque chose que je puisse faire.
Puis-je soulager quelqu'un de son fardeau
ou puis-je encourager quelqu'un à continuer.

Antigone1 - Tu peux prouver que tu es une sœur.
Que tu es encore une sœur.

Hémon - Quel est votre plan ?

Antigone1 - Je ne pense pas qu'il soit mort.
Et même s'il est mort, il vit encore.

Antigone2 - Les non-vivants
ceux qu'on déclare morts là-bas, ce sont eux les plus vivants, Hémon.
Plus vivants que tous les êtres à demi-morts qui errent dans Thèbes
qui ont peur pour leur vie.
Quelle vie.