Darragh McKeon vous présente son ouvrage "
Le dimanche du souvenir" aux éditions Belfond.
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le-dimanche-du-souvenir
Note de musique : © mollat
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"Tu connais l'histoire du paysan qui élève des poulets ? demande-t-il à Maria.
- Non, je ne crois pas.
- Un matin, un éleveur de poulets se réveille, il va nourrir ses volailles. Dix d'entre elles sont mortes. Sans la moindre raison. Elles étaient en pleine santé, parmi les plus solides, alors il se pose des questions. Il a peur que le reste du poulailler soit touché, aussi il décide d'aller demander de l'aide au camarade Gorbatchev. "Donnez-leur de l'aspirine", lui répond le secrétaire général du Parti. Le paysan fait comme il lui a dit et dix autres poulets meurent dans la nuit. Il retourne voir Gorbatchev, qui lui conseille de leur administrer de la pénicilline. Il leur en donne, mais le lendemain matin toutes les volailles ont crevé. Le fermier est désespéré. "Camarade Gorbatchev, lui annonce-t-il, tous mes poulets sont morts. - Quel dommage, répond le premier secrétaire, j'avais encore plein d'autres remèdes à essayer."
Nous sommes des masses liquides avec nos marées, nos tourbillons, nos courants sous-marins.
- Vos talons sont trop pointus. Comment pouvez-vous porter ce genre de chaussures avec un temps pareil ?
- Les femmes ont un équilibre naturel, vous l'ignoriez ?
Elle reste debout sur une jambe, puis l'autre, ôte ses escarpins l'un après l'autre, les tient au bout des doigts. Il se met à rire. Un petit gloussement de gamin qui les surprend tous les deux.
M. Leibniz lit des partitions comme d'autres lisent des livres. Souvent, quand Evgueni vient prendre sa leçon, le vieil homme est étendu sur le canapé, une liasse de Chostakovitch posée sur la poitrine, tandis que sa femme est au lit, et il lève un doigt en l'air pour empêcher Evgueni de parler ; "Laisse-moi terminer la dernière section" lui dit ce doigt, à croire qu'il n'a de cesse de savoir comment ça se finit.
(Immédiatement après l’explosion du réacteur de la centrale de Tchernobyl, les techniciens cherchent la bonne procédure)
Par miracle ils retrouvent le manuel des opérations, humide mais utilisable. Arrivent à la bonne section. La section existe donc. Oreilles vrillées par l’alarme. Yeux larmoyants. La section. Les pages feuilletées. Un titre : « Procédure d’opération en cas de fusion du réacteur ». Un bloc noirci à l’encre, sur deux pages, cinq pages, huit pages. Tout le texte a été effacé, les paragraphes masqués sous d’épaisses lignes noires. Pareil évènement ne peut pas être toléré, ne peut être envisagé, on ne peut pas plus prévoir une telle chose qu’elle ne peut se produire. Le système ne dysfonctionnera pas, le système ne peut dysfonctionner, le système est la glorieuse patrie.
La dispute s'est ainsi poursuivie pendant une demi-heure, jusqu'à ce que Grigori, vaincu, ramasse son sac et le pose sur ses genoux.
"La ville possède des réserves d'iode - je connais la procédure en cas d'attaque nucléaire. Au moins, versez-les dans l'eau potable.
- Vous l'avez dit vous-même, docteur, ces réserves sont là pour être utilisées en cas d'attaque nucléaire.
- Donc nous protégeons les nôtres de l'impérialisme capitaliste, mais pas de leurs congénères ?
- Sortez d'ici avant que j'ordonne votre arrestation pour propagande antisoviétique.
- Il n'y a pas que l'air qui est contaminé. Il y a votre esprit aussi.
- Dehors !"
"Lâche ça. Tu rentres tout de suite !"
Son père élève rarement la voix. Artiom est assez grand pour mal accepter qu'il lui donne des ordres, mais il ne l'est pas assez pour désobéir. Il n'est pas certain que cet âge-là existe.
Andreï est capable de tout ralentir autour d'elle. De freiner le temps. Quand ils faisaient l'amour dans leur lit, malgré sa mère à lui qui dormait dans la pièce à côté, une femme dure, portant toujours de terribles jugements, le moindre bruit suscitait la tension - la vieille avait l'ouïe fine. Andreï prenait alors mille précautions, tout en se révélant si généreux. Ils s'aimaient sans presque bouger. Il la prenait dans un murmure de mouvements et elle l'amenait jusqu'à la jouissance par la simple chaleur de son souffle dans son cou.
Le langage est bien réel, constitué de mots solides, pas détournés de manière à plaire à un supérieur, ou au supérieur d'un supérieur, et ainsi de suite au fil d'une illusion parfaitement orchestrée.
Ils voient une bougie de cire rouge représentant un buste de Lénine, elle a un peu servi, du coup on dirait qu'il a eu droit à une lobotomie.