Dave Lowe

— Je propose qu’on parte à l’aventure !
Il m’a regardé à travers les barreaux de sa cage.
— À l’aventure ? il a postillonné. Tu peux m’expliquer comment je peux partir à l’aventure, Ben, alors que je suis coincé ici toute la journée ? Ah, oui ! Je peux monter dans ma roue pour une aventure « Courir sans arrêt mais aller nulle part ». Ou tenter une extraordinaire aventure « Sieste » dans ma maisonnette. Il y a aussi l’aventure « Je compte mes crottes »… Toutes ces aventures incroyables que je peux avoir dans ma cage, c’est fou !

– il est mort subitement en prison. Une sombre histoire de brocolis…
— De brocolis ? j’ai répété. J’ai toujours dit à Maman que les brocolis, ça pouvait me tuer ! J’avais raison !

— Il porte un casque, j’ai dit.
C’était celui que j’avais fabriqué pour lui quand il était astronaute.
— Un casque ? a dit mon père en rigolant. C’est juste une balle de ping-pong coupée en deux. Ça ne lui sera pas d’une grande aide quand il tombera de la table et atterrira tête la première sur le sol.
— Le pauvre chou, a dit Lucy. C’est vraiment cruel !
— Tu te rappelles la fois où tu lui as mis le maillot de bain de ta poupée ? j’ai dit. Ça, c’était vraiment cruel, je trouve.

C’est là que j’ai eu une idée du tonnerre.
— Je sais ! Il faudrait qu’un petit truc poilu, et qui court très vite, reste dans la classe pendant la pause pour regarder le dossier.
— Oh non ! il a dit. Non, non et non. Vraiment pas. Mais alors pas du tout.
— Je te mettrai dans ma lunch box où j’ai fait des trous, j’ai dit, tout excité. Puis je la rangerai dans mon cartable. Et je laisserai le cartable dans la classe. Quand on sera tous partis manger, tu sortiras, tu trottineras jusqu’à la mallette et tu grimperas dedans pour voir ce qu’il y a dans ce dossier. Après, tu retourneras vite fait dans ta cachette, et voilà ! mission accomplie !
— Mission pas accomplie du tout, il a dit en remuant la tête très fort. Parce que je serai pas là-bas. Je serai ici, à profiter de la vie.
— Allez, Stinky, j’ai dit. Qu’est-ce qui pourrait bien t’arriver ?
— Des tas de choses, il a répondu. Des tas de choses épouvantables.
— Mais je ferai très attention à toi.
— C’est bien ce qui m’inquiète, il a marmonné dans ses moustaches de hamster.

— Ma cage a besoin d’être nettoyée, il a dit.
— Mais je l’ai fait hier ! j’ai répondu.
— Quand je suis nerveux, je fais caca plus souvent, il a expliqué. Et quand c’est ton père qui conduit, j’ai de bonnes raisons d’être inquiet. Contrairement à toi, je n’ai pas de ceinture de sécurité.

— Pourtant, ça serait rigolo, j’ai dit. Imagine ce que ça doit faire de sentir le vent dans tes poils.
— Non merci, je ne veux même pas l’imaginer, il a répondu.
— En fait, t’es qu’une poule mouillée.
— Non, un hamster sec.

À la télé, c’est drôlement chouette d’être un espion. Mais en vrai, ça l’est pas du tout. C’est juste des heures et des heures d’attente. Avec des moments de grosse panique.

— Je ne suis pas certain d’avoir bien compris, il a dit. Si je gagne le concours de l’animal domestique le plus doué, je serai enfermé dans une boule en plastique transparent ? C’est bien ça ?
— Mais regarde la tête du hamster sur la photo, j’ai dit. C’est une balle magique ! Il s’amuse comme un fou !
— À mon avis, il est plutôt en état de choc parce qu’il est dans une prison et qu’il n’a aucun moyen d’en sortir, a répliqué Stinky.

Pat Hackett, c’est le caïd de l’école. Il a des poings énormes et un cerveau riquiqui.
— Tu ne dois pas te laisser faire, a dit Stinky. Il faut lui tenir tête. Les caïds n’aiment pas ça.
— Mais il est presque deux fois plus grand que moi, j’ai dit.
— Et dix-sept fois plus grand que moi, a dit Stinky. Ça ne m’a pas empêché de lui croquer le doigt, je te ferai remarquer.

— Tu sais quoi ? Je vais fabriquer une fusée !
— Fabriquer une fusée, toi ? il a dit. Tu n’arrives même pas à te faire un sandwich.