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Critiques de Sabrina Calvo (203)
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Maraude

J’en suis la première désolée, car je pensais aimer cette lecture, mais j’abandonne. Je suis péniblement arrivée à la page 36 sur 55 mais je n’arrivais pas à garder les yeux ouverts, rien ni personne ne m’accrochait dans ce récit. On ne fait que survoler, en suivant une patrouille et à l’aide de descriptions qui m’ont parues creuses et inintéressantes, de futurs quartiers qui se voudraient soi-disant utopiques et « autonomes ». D’habitude, surtout quand c’est court et encore plus à 20 pages de la fin, je vais au bout. Mais là rien n’a éveillé mon intérêt dans ce tour du quartier d’une Belleville « révolutionnaire », d’un Paris revisité où des quartiers résistent au capitalisme numérique par une réinvention d’une vie plus solidaire, libre : tout n’est que descriptions de cette « Commune » et elles ne m’ont rien apporté car je n’ai vu poindre aucune histoire réellement, aucun attachement à un personnage puisqu’on les effleure à peine (et oui je sais qu’effleurer veut déjà dire toucher à peine, c’est vous dire), juste la description d’un futur possible de cohabitation entre le vilain monde répressif plus ou moins actuel et des quartiers qui résistent avec l’esprit bobo, vert, féministe et plein d’autres mais tous manquant de contour, de coffre, d’être habité. Finalement, on voit bien que ces gens ont quand même besoin d’une économie et trafiquent avec le reste de la ville contrôlé par « les croisés ».

.

Bref, j’arrête avec les guillemets, vous avez compris ce que j’en pense. Pour autant, comme toujours, ce n’est que mon ressenti à un moment donné et je ne veux décourager personne de faire cette découverte, car si je l’ai commencé c’est que l’idée de cette exploration m’a rendue curieuse ; si j’étais curieuse c’est qu’on a su me la rendre attractive ; et si elle m’a attirée c’est parce que d’autres lecteurs, bien plus nombreux et sensibles à ce récit, ont adoré et sauront vous en parler mieux que moi, si jamais ça vous intéresse. Je suis juste passée totalement à côté et je pense toujours qu’il est bon, quand on se renseigne sur un livre, qu’on ne voit pas uniquement les bonnes critiques mais aussi la possibilité que le message ne nous atteigne pas. J’ai aperçu l’idée de la bonne idée, de la poésie, du potentiel mais n’ai finalement rien ressenti de tout cela à cette lecture ! Je vous souhaite néanmoins une bonne exploration si l’idée vous plaît.
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Toxoplasma

Impossible d’attribuer un nombre d’étoiles qui corresponde à ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman déjanté, foutraque, terriblement imaginatif et pourtant bien ancré dans un contexte qu’on aimerait imaginer lointain.





Le principal écueil concerne mes difficultés de compréhension : en ce qui concerne le lexique des hackers, c’est un moindre mal (d’ailleurs certains personnages disent ne rien piger également aux propos des génies du web, je devrais dire de la Grille, qui définit ce substitut d’Internet reconstitué après que la population de l’enclave insurgée de Montréal a été privée des flux d’information massifs de la toile mondiale). Par contre s'y ajoute le parler joual branché , en style chat :



J’ai fait un run sur Magnasoft en trois passes avec l’Hermès, j’ai scotché tous murs pis j’ai mis les bouts avec le pactole en découvrant le joker dans la boite à gants, me dis pas que qui que ce soir sur la grille peut faire mieux

ces daemons ont des fragments d’enochéens encodés danseurs routines, on n’arrivera jamais à trouver des failles



Seule solution , parcourir le dialogue passivement en espérant que ça n’est pas fondamental pour l’intrigue. Cela raccourcit le temps de lecture, et évite de rester bloqué en mode perplexe.



L’histoire est complètement folle, l’imagination est au pouvoir. Dans cette ile de Montreal où quelques résistants luttent encore contre la dictature qui contrôle la planète à l’exception de poches de résistance à bout de souffle, trois jeunes femmes tentent de comprendre la stratégie des occupants, soit par l’infiltration des réseaux informatiques, soit en remontant la piste d’un tueur d’écureuils grapheur. Là encore , pas sûre d’avoir tout compris. D’autant que le parcours du combattant hésite entre virtuel et réel, de quoi avoir le vertige. Là aussi, faire comme si on avait tout pigé et avancer. Rendez-vous à la fin!



Malgré toutes ces difficultés , qui s'amenuisent un peu en cours de route , la lecture n’a pas été désagréable et les personnages m’ont séduite. L’imagination foisonnante de l’auteur mérite qu’on s’y arrête. Et bien sûr une foultitude de craintes bien contemporaines raccrochant le récit à une actualité brulante.



A ne pas conseiller à des lecteurs hostiles par principe ou méfiance vis à vis de la science fiction, ce n’est sans doute pas la meilleure façon de débuter avec le genre. Pour les amateurs, ça se tente.


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Sous la colline

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions La Volte pour l'envoi de ce roman qui m'a fait voyager au sein d'une des oeuvres phares du grand Le Corbusier: La Cité Radieuse de Marseille.



Ce huis-clos se développe d'après l'incendie qui a eu lieu en 2012 et la découverte d'un placard pendant les travaux dans l'unité d'habitation.

L'auteur nous immerge donc dans une sorte d'uchronie dans laquelle on imagine sans difficulté cette fiction qu'il propose.

Doucement, on fait la connaissance du personnage principal pour le moins atypique et à la recherche de sa propre identité à travers son enquête.

L'histoire avance à un rythme plutôt lent, mais on ne s'ennuie pas car l'auteur jongle entre la fiction, les anecdotes à propos de l'architecte et quelques légendes grecques. On découvre également des personnages attachants: des habitants qui ont vécu l'utopie de ce projet et qui en parlent aujourd'hui avec force et nostalgie. Ce livre n'est qu'un roman mais l'auteur nous fait passer de nombreux messages qui nous font réfléchir.

Même si l'enquête n'est pas extraordinaire, cette lecture vaut vraiment le détour car elle est très instructive.

L'objet livre en lui-même est très agréable pour son format et ses pages épaisses. J'ai également adoré la couverture très colorée illustrant une des natures mortes de Le Corbusier.



Une bien belle découverte pour commencer l'année en beauté! Encore merci pour la superbe opération de Masse Critique, sans laquelle je serai passée à côté de ce bel ouvrage.
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Hacker la peau

Une bande dessinée cyberpunk queer qui reflète bien le style foutraque de Sabrina Calvo et ses thématiques habituelles, mais qui peine malheureusement à les mettre en valeur.



Sans rien enlever à la qualité des illustrations de Jul Maroh, j’ai l’impression que l’œuvre serait mieux passée en roman qu’en BD. Là, on a peine à suivre le fil de pensées des personnages, au point qu’on a du mal à s’y attacher et que leurs atermoiements finissent par nous perdre, voire nous agacer.



Dommage, parce que le fond m’intéressait beaucoup !
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Sunk

Challenge plumes féminines 2020 – item n°30



Livre découvert lors d’une récente virée en librairie. Il s’agit d’une réédition par Les moutons électriques tout du bleu vêtue, que ce soit la couverture ou l’intérieur du roman. Le résumé m’a intrigué mais c’est surtout le livre-objet en lui-même qui m’a donné envie de l’ouvrir le plus rapidement possible. L’histoire a été écrite à 4 mains, je ne connais qu’un des auteurs ayant tenté la lecture d’un de ces romans. J’en ai malgré tout d’autres dans ma pal.



J’ai pris plaisir à détailler certains des dessins, ils sont très originaux. L’histoire parle d’une île qui coule, à moins que ce ne soit l’eau qui monte (?). On découvre différents personnages qui nous donnent tous leur vision de ce monde et de leur futur possible. Qui a tort ou a raison ? Qui va sombrer en premier ? Cette île ou ces habitants ? L’humour y est permanent, dans un sens comme dans un autre. On retrouve un groupe du même genre que Noob avec quelques stéréotypes, dont les dialogues sont universels (quoique ?…). Je me suis amusée à la lecture de ce roman car le fil rouge est visible de bout en bout et j’en apprécie l’humour terre à terre. Malgré l’édition et des auteurs français, quelques petites coquilles ont été oubliées (des lettres en trop ou en moins (surtout dans les parties bleues), des erreurs de mots, bon pour bond, pas pour par, …). Par certains côtés, cette histoire me fait penser au film « Idiocratie », à comment le monde pourrait devenir si on n’apprend plus à penser par nous-même et qu’on laisse les autres décider pour nous… On va à la catastrophe… Malgré tout, je me suis laissée porter par l’histoire, elle est complètement barrée mais on alterne toujours qu’entre trois mêmes personnages. On apprend à mieux connaître Arnaud et Sébastien, deux frères, mais le Sémaphore reste une énigme. Étonnant bouquin de bout en bout, la fin est surprenante, je ne m’attendais pas à ça. Je n’ai pas forcément ri à tout le roman mais certains dialogues sont assez rigolos.



Comme vous l’aurez compris, j’ai donc passé un très bon moment en compagnie de ce roman. Ça a donc été une excellente découverte. Je conseille ce roman aux amateurs du genre, il est très original. En vérifiant la bibliographie de Sabrina Calvo, elle a sorti un roman récent chez Mnémos (d’où la réédition de celui-ci) et j’ai lu une BD d’elle (« Kaalak »). Je crois donc que je vais fouiller un peu plus sa bibliographie ainsi que celle de Fabrice Colin.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Wonderful

À bien y penser, l'histoire n'est pas si différente de (l'excellentissime) Toxoplasma : face à une catastrophe inéluctable, les personnages coincés dans une ville aux accents surréels profitent d'une dernière parenthèse de liberté et de folie – le tout rythmé par une radio pirate. C'est très touchant sous des dehors loufoques et déjantés, ça donne envie de s'en mettre plein les oreilles avec Les Planètes de Gustav Holst (là où Toxoplasma donnait envie de réécouter la filmographie complète de David Cronenberg).



Pourtant, malgré pas mal d'éléments percutants (notamment les Victoriens convaincus de voyager dans le temps), l'ensemble global m'a moins marquée. Contrairement à Toxoplasma, je ne garde pas de cette lecture un souvenir impérissable et j'ai un peu de peine à m'expliquer pourquoi. Dans Wonderful, les enjeux sont beaucoup plus gros, mais on a bizarrement l'impression que ça va beaucoup moins loin – peut-être à cause de personnages moins creusés, d'un fond politique moins assumé, d'un traitement plus vieilli qui résonne moins bien avec l'époque, d'une plume plus classique, je ne sais pas exactement.



J'aurais tendance à penser que comme Wonderful a été écrit quinze ans avant Toxoplasma, c'est plutôt une bonne nouvelle que ça soit moins bon. Ça laisse penser que Sabrina Calvo a fini par trouver le ton juste et mettre sa plume en valeur, sans jamais renoncer aux éléments de base qui en font une autrice si particulière.
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Melmoth furieux

Il faut brûler Eurodisney. C’est le mantra de Fi, jeune femme un peu perdue dans un Belleville assiégé par les milices, la police, l’armée. Depuis que son quartier a été rasé, que son frère est mort dans des circonstances atroces, elle cherche un moyen de surnager. Et surtout, d’atteindre son but : raser Eurodisney et, ainsi, libérer le peuple de la tyrannie. En aura-t-elle la force ? En aura-t-elle le souffle ?



Fi a perdu une partie d’elle-même à la mort de son frère, Mehdi. D’autant que celui-ci n’a pas eu un accident, n’est pas mort de maladie. Non, rien de commun dans son décès : il s’est immolé dans l’enceinte d’Eurodisney. Suicide particulièrement violent, d’autant qu’il reste inexpliqué. Et cela démange Fi de comprendre. D’ailleurs, elle est en dialogue perpétuel avec son frère. Elle s’adresse à lui au fil des pages de ce roman, cherchant une réponse, cherchant une confirmation de ses intuitions. Elle mène l’enquête dans le quartier qu’elle a rejoint depuis peu, Belleville, dans Paris. Mais pas le Belleville que nous connaissons, un Belleville cerné par les forces de l’ordre, aux artères bloquées par des barricades. Car ce quartier s’est autoproclamé « Commune libre de Belleville », un rêve anarchiste où tout le monde s’organise (enfin, pour être sincère, tente de s’organiser) avec les moyens du bord, en respectant les autres et en s’entraidant.



Et c’est dans ces conditions que Fi va creuser son nid. Ou plutôt, le coudre. Car elle manie l’aiguille et la machine à coudre. Elle récupère des tissus à droite à gauche et coud. Tant qu’elle peut. Jusqu’à se faire saigner. Jusqu’à s’endormir sur son ouvrage. C’est un moyen de participer à l’effort de guerre d’abord. Mais aussi et surtout d’avoir une prise sur le monde, sur le réel. Car ne sommes-nous pas recouverts d’une peau, comme d’un vêtement très près du corps. On parle bien du fil de la vie, avec les trois Parques qui le tissent et le coupent. Pourquoi pas le tissu comme extension de notre peau, comme substitut, comme armure, même ? Sabrina Calvo tisse cette métaphore tout au long de son texte, de plus en plus pressante, de plus en plus présente. Et cela fonctionne. Malgré l’étrangeté de certains rapprochements, l’image s’impose à nous, puissante et tentaculaire.



Et il faut bien cette force pour imaginer affronter l’ennemi suprême, Eurodisney et ses créatures multiples. Dont la souris noire connue dans le monde entier. Décidément, Sabrina Calvo est attachée à Disney. Déjà, dans Minuscules flocons de neige depuis dix minutes, qui date de 2006, elle mettait en scène un narrateur parti sur les traces de Walt Disney et de son empire. Déjà, dans ce roman, onirique par moments, elle envisageait des souterrains et des places secrètes dans le monde de la souris. Et ce n’était pas des tunnels faits de joie et de couleurs, mais des lieux sombres, sources de secrets et d’horreurs. Dans Melmoth furieux, la tyrannie des troupes soumises à la bête noire est encore au centre de l’histoire. Car ce roman au verbe riche, parfois difficile à percer, instille l’idée que les concepteurs du parc Eurodisney auraient créé, dans leurs sous-sols, des prisons ignorées de tous, afin d’y enfermer leurs opposants, les délinquants de leur monde. Qu’ils assujettissaient leurs employés, les asservissaient, comme des potentats sans scrupule, sans pitié, usant de leur pouvoir dans cette enclave cédée par le gouvernement français. Et ainsi, ils deviennent le symbole de cette société qui emprisonne et met les gens dans des cases, comme derrière des barreaux, leur vole leur liberté et leur folie, leur singularité et leur vie.

Pour vaincre cette entité, Sabrina Calvo adjoint à Fi un grand poète, Villon. Poète et rebelle, en lutte contre l’ordre établi. Il erre, sans que l’on sache bien ce qu’il fait là et dans quel but. Ni même qui il est exactement. Du moins, au début. Car son personnage prend de l’épaisseur peu à peu, avant que de se déliter à nouveau. La symbolique est forte : le poète errant face à la souris noire ; les hordes d’anarchistes face aux tenants de l’ordre quasi-militaire. La déflagration sera sanglante, nécessairement.



L’autrice, enfin, refuse la tyrannie du verbe. Et pas seulement à travers l’histoire. Mais aussi dans la forme. Dans le verbe lui-même. Car, dans ce roman la façon d’écrire est symbole de lutte. Vous connaissez tous la règle de l’accord des adjectifs, qui se fait normalement au masculin dès lors qu’un seul nom d’une longue liste appartient à ce genre. Cela a créé assez de remous, l’injustice étant flagrante. Mais l’usage, que voulez-vous, l’usage ! Eh bien l’usage, Sabrina Calvo le piétine allégrement. Dans Melmoth furieux, le féminin l’emporte. À tel point qu’au début, j’avais l’impression que la commune n’était habité que de femmes. Mais non, l’autrice a juste remplacé un choix arbitraire par un autre. Et sincèrement, pourquoi pas. Quand j’ai eu compris le système, je ne me suis même plus aperçu de ce changement. Par contre, je n’ose pas imaginer la tête de certains Académiciens découvrant ces pages…



J’attendais avec impatience et curiosité la parution de ce nouvel opus de Sabrina Calvo. Et, malgré une légère surprise initiale, une légère période nécessaire pour m’adapter, je n’ai que du bien à en dire. Ce roman est précieux d’abord par sa singularité dans la production actuelle (ce n’est pas le seul, bien sûr : La Nuit du faune de Romain Lucazeau, par exemple, ne répond pas non plus aux critères classiques du genre). Il est précieux aussi pour l’univers qu’il crée, qu’il tisse, qu’il ose. Il est précieux, enfin, par les sensations et les sentiments qu’il fait naître, étranges, puissants, envoûtants.
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Hacker la peau

Cette BD suit 3 intrigues :

1- Il y a une guerre civile à Lyon. Fachos et antiracistes se disputent des territoires.

2- Il y a quelques tensions dans un polycule. (Un trouple polyamoureux.)

3- Un personnage cherche la source d'une rivière mythique, inconnue de Lyon.



Sans être mauvais, je crois que le livre gère mal le dosage entre les trois éléments et ne les relie pas suffisamment bien ensemble vers une chute satisfaisante.



Tout vient vers les personnages. Iels attendent les attaques des fascistes. Iels attendent que les circonstances atténuent leurs disputes. Et ils attendent que la rivière mystérieuse se présente à eux.



Cela ne rend pas la lecture passionnante, même si les thèmes abordés et l'univers le sont.
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Sous la colline

Je remercie Masse critique de Babelio et les éditions La Volte, qui m'auront permis de découvrir un roman que je n'aurais sans doute pas eu l'idée de lire dans d'autres conditions. J'ai découvert ici un genre très particulier, un livre presque inclassable (que je rapprocherais de ma découverte de Kafka sur le rivage de Haruki Murakami). Ce roman, Sous la Colline, nous fait découvrir Le Corbusier et son oeuvre architecturale "La cité radieuse" de Marseille. Tout se déroule en huis clos d'ailleurs dans ce bâtiment très particulier, avec des incursions dans la mythologie grecque. Un livre très spécial, mais qui est agréable à lire, d'ailleurs bien écrit. Une agréable découverte qui donne envie aussi d'aller visiter La cité radieuse ou "Maison du Fada".
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Toxoplasma

Acheté pendant les Étonnants Voyageurs de Saint-Malo 2018, après avoir écouté Sabrina Calvo parler de son livre et défendre ses convictions, Toxoplasma a en l’occurrence reçu le Grand Prix de l’Imaginaire, ce qui attire forcément l’attention.



De l’anticipation politique

Pour débuter ce roman, l’autrice ne nous facilite pas la vie et, en même temps, tant mieux. Les premiers paragraphes s’enchaînent dans un tourbillon étrange où on ne sait pas toujours ce qu’on doit penser de ce qu’on lit. Le lecteur découvre au fur et à mesure que Montréal est désormais organisé en une Commune libre, que le monde entier semble avoir subi un effondrement du réseau Internet, voire d’une partie du réseau électrique. Sur le modèle du moment, l’Islande, La Commune libre de Montréal met en contrepartie un régime politique davantage tourné vers la subsistance, l’anarchie et l’entraide. La vie quotidienne locale s’y organise désormais par d’autres manières que le néolibéralisme devenu habituel, à commencer par le fait qu’il n’y ait plus de monnaie unique. Toutefois, il semble évident que ce nouveau régime politique ne soit pas du goût de ses voisins fédéraux qui cherchent à le faire tomber, manu militari s’il le faut.



Du cyberpunk à Nanarland

Dans ce contexte un brin tendu, nous suivons Nikki, « conservatrice de VHS d’horreur », c’est-à-dire qu’elle cherche à refourguer à des clients très occasionnels des nanars de série Z dont elle connaît les moindres détails (et sa culture en la matière est gargantuesque). L’intrigue se centre sur l’enquête pittoresque de Nikki qui s’improvise détective privée pour retrouver des chats perdus et élucider l’énigme du raton laveur éviscéré dans le parc à côté de chez elle. On part donc très bien ! Dans son enquête, on croise tout ce qui fait son petit monde montréalais : des gens un peu perdus, des voisins plutôt étranges, des activistes politisés. Ainsi, sa copine, Kim, fait partie d’un groupe de hackeurs communiquant par un réseau informatique inaccessible au commun des citoyens ; son employeur au vidéo-club semble tout à fait hors du monde ; enfin, Mummy, sa voisine vieillissante, semble bien renseignée sur la vie montréalaise avant l’« apocalypse politique ». Chacun et chacune à leur manière sont des punks, des gens volontairement en marge de la société, qui cultivent un mode de pensée hors des poncifs imposés. Cette étude des marges mise à la fois sur la contre-culture de ces « nanars », ces films de genre sous-financés, sur la construction d’alternatives politiques ou économiques et enfin sur le militantisme pour partager ces réflexions.



Un thriller décalé qui questionne la réalité

Dans Toxoplasma, on croise des mondes virtuels, des actes antispécistes et la menace dystopique fasciste. Rien que ça ! Au fur et à mesure que Nikki déroule son enquête, chaque sujet vient ajouter à sa perplexité, elle qui finalement est une héroïne qui n’a pas d’avis préconçu sur la situation qui lui est offerte, mais qui s’éveille doucement sur la réalité, qui se politise progressivement finalement. Cette progression se construit à chaque petite découverte, chaque « bris » dans la réalité que Nikki peut rencontrer de manière plus ou moins brusque pour elle. C’est l’occasion pour elle de se questionner sur sa propre condition (ce qui semble être un thème récurrent chez cette autrice). Là-dessus, Sabrina Calvo ajoute aussi des éléments qui peuvent franchement paraître burlesques dans ce cadre, mais qui constituent une couche mytho-poétique – comme dirait Jean-Claude Dunyach – qui mise à la toute fin par petites touches sur une mythologie nord-amérindienne. Forcément, il y a aussi des chats, puisqu’on parle de toxoplasmose, mais dans son trip, il y aussi des crapauds-taureaux, des marionnettes qui sont conscientes et plein d’autres choses encore… Certains lecteurs trouveront ce livre trop barré, mais il est surtout très réflexif, n’ayez donc pas d’inquiétudes.



En somme, il est souvent détestable de voir les adjectifs s’amonceler sur la quatrième de couverture pour décrire un roman, mais là, en l’occurrence, ce « thriller proto-cyberpunk, déclaration d’amour aux nanars d’horreur » et « roman poétique et politique, qui réussit à allier le burlesque à la tension d’une intrigue fantastique » remplit son contrat et tient toutes ses promesses.

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Maraude

Dans Melmoth furieux, Sabrina Calvo dessinait les contours de la Commune de Belleville : ses habitants, son architecture, ses (non)-règles de vie. Une utopie faite de bric et de broc, portée par des désirs de liberté et de respect de l’autre. Mais toujours sur le fil du rasoir car entourée, cernée par des forces armées hostiles à ce mode de vie, à ce non-respect de la norme établie. Dans Maraude(s), Dilem & Bri nous font faire le tour de cette enclave fragile mais précieuse.



Place Krasucki (que de souvenirs à l’évocation de ce nom !), point de départ des maraudes de ce petit opuscule. Je suis navré d’utiliser Google Maps tant cela va à l’encontre de tout ce que véhicule l’ouvrage, mais n’habitant pas Paris ni sa proche banlieue, et désirant tout de même mettre des images sur ces lieux, je saute le pas. Le petit bonhomme jaune me transporte sur une place construite autour d’un arbre au feuillage accueillant : « le Micocoulier – increvable et déjà centenaire ». Ça met tout de suite dans l’ambiance. Et nous partons pour une promenade. Je laisse de côté la carte électronique pour me plonger dans les mots. Maintenant que j’ai une image de départ, je reviendrai aux pixels après ma lecture complète de Maraude(s).



Huit courtes balades à travers cette commune, morceau de Paris sorti de son carcan rigide et mortifère, empli d’yeux espions et de groupes armés. Point de départ, à chaque fois (ou presque), la place Krazu. Et les auteurs nous convient à un parcours au fil des rues, des cours, des immeubles. Entre ceux qui sont libérés, ouverts à l’échange, à la réflexion, à l’expérimentation. Et ceux qui se cloîtrent, fermés sur eux, avec des murailles faites de grilles et de codes, enclaves dans l’enclave. Promenade parmi des gens différents, parfois en désaccord, mais toujours prêts à discuter, à échanger, pour améliorer le quotidien dans le respect de l’autre.



Face à eux, le reste du monde. Et les relations ne sont pas au beau fixe. « Car c’est une guerre. » Guerre interne et externe. Comme je le disais plus haut, certains « riches » n’ont pas quitté Belleville et se recroquevillent dans leur propriété, enfermés, protégés par des barrières. Ils militent pour tenter de bloquer les changements impulsés par la Commune en proposant leur propre vision du monde, à base de « bouts de métal anti-clodo sur les bancs publics. » (Brassens doit se retourner dans sa tombe). Les contrôleurs de la CAF se sont regroupés et effectuent des contrôles sans raison. Traces anciennes de la vie d’avant qui n’ont pas réussi à passer à autre chose. Et les joggers continuent à courir, en régiments, en « véritables cyborgs mercenaires ». Heureusement, certains ont mis leur besoin au service de la Commune, produisant de l’électricité.



Mais le danger rôde, car la guerre externe avec la « cité connectée » n’est pas terminée. Loin de là. Toujours plane « la menace policière ». Les barricades sont dressées et tiennent. Enfin, pour la plupart. Et les militants affûtent leurs armes. Certains vont jusqu’à fabriquer des explosifs. Une guerre, je vous dis. D’autant que des espions tentent sans cesse de pénétrer la Commune et d’y disposer ses « yeux » : les « bubons-caméras ». Observer pour mieux détruire. Mais ils auront du travail, à vouloir cartographier et organiser ce labyrinthe tortueux et varié.



Cette Commune est foutraque (plus encore que le monde des Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert), pleine de différences et d’oppositions. Mais elle est vivante. On y retrouve des gens passionnés par ce qu’ils réalisent. Et c’est merveilleux. Par exemple, comme dans Melmoth furieux, le tissu est encore et toujours là : les copines couturières tissent et cousent des « manteaux impossibles ». Et quand l’une d’entre elles est embarqué hors de cette zone de liberté, on organise un commando pour la récupérer. Au nez et à la barbe des « normies », des forces de l’ordre, de ces représentants d’un Empire guerrier et violent.



J’ai fini de lire Maraude(s) et, la tête pleine d’images, je vais les confronter à celles, pixellisées, de Google. Prolongement finalement bienvenu, qui me permet d’ancrer ce monde dans le monde réel. De comprendre que cette lutte décrite n’est pas que de papier et d’encre mais également de béton et de sang, de chair et de bitume. De donner encore davantage de vie à une Commune dont on ne peut qu’espérer qu’elle va continuer à résister.
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Maraude

Déambulations dans les rues et les lieux emblématiques de la Commune imaginaire de Belleville : « Ici, c’est le radeau des naufragés de Paris – cielleux qui ont fui la grille smart de la cité connectée pour activer des liens réels. »

(...)

« Comment inventer l'avenir si le passé nous échappe ? » se demandent Dilem & Bri. Cette description jubilatoire d’un futur possible, assemblage d’utopies désirables en prise avec les (inévitables ?) reliquats d’oppressions existantes, existera les imaginations et semble poser une question complémentaire : Comment inventer l’avenir si on ne commence pas par l’imaginer ? Sans être pessimiste pour autant, leur récit évite la facilité de l’idéalisation et refuse l’économie des écueils : d’ailleurs, « la rue de l’Avenir est une impasse où l’horizon est bloqué par un haut mur d’immeuble ». « Nous avons besoin d’un but, pas simplement de résister. Il nous faut un dégagement, un nouveau monde à construire. Mais comment articuler l'impossible quand le simple possible paraît impensable ? La lutte contre la répression est continue, sans limites. Nos moyen, eux, sont limités, et si nous pouvons contenir des assauts depuis nos murailles, il est peu probable que cela suffise. »



Article complet sur le blog :
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Hacker la peau

Club N°55 : BD non sélectionnée

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Je suis resté complètement hermétique à cette histoire qui m'a ennuyé.



Le vocabulaire n'est pas le mien.



Trop moderne ?



Cette BD me laisse la désagréable impression d'être un vieux c...



Jean-François

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Sauve qui peut : Demain la santé

Après Nos Futurs, excellente anthologie de textes et d'articles mêlant science et fiction, voici que les éditions La Volte nous offrent une anthologie SF autour de la santé. Une initiative plus qu'alléchante qui rassemble aussi bien des auteurs et autrices connu(e)s que des petits nouveaux en pagaille. Confectionnée par Stuart Calvo, 15 textes nous attendent de pied ferme…



Que conclure du point de vue littéraire de cette anthologie ?

D'abord, qu'il s'agit avant tout d'un recueil de révolte et d'indignation où les idées politiques de gauche (et notamment d'extrême-gauche) essaiment à tout-va. En soi, la chose n'a rien de négatif mais son emploi forcené dans la plupart des textes, au moins 10 des 15 présents, vient souvent occulter le sujet censément principal : la santé (mais nous en reparlerons après). Présentement, ce qui pose problème, c'est que les textes de l'anthologie sont soit des textes militants purs et durs soit des expérimentations littéraires dans le prolongement du style d'Alain Damasio. Et ces deux angles d'attaques annihilent le reste du texte à chaque fois ou presque (avec l'exception notable des nouvelles de Theodore Koshka, Tristan Bultiauw et Benno Maté). 

Et c'est bien dommage, car, si l'on en reste strictement au plan littéraire, les textes remarquables se comptent sur les doigts d'une main, le plus abouti semblant sans surprise être celui de Sabrina Calvo.

Le problème ici, c'est que cette anthologie s'attaque à la problématique de la santé et qu'il s'agit là d'un axe capital pour ne pas dites essentiel pour le lecteur qui s'intéresse au sujet de la fiction (voire de la science-fiction) et du médical. C'est ici que les choses se compliquent énormément…



Synthèse médicale :

Je quitte ici l'emploi de la troisième personne pour apporter mon point de vue médical puisque je suis également médecin généraliste exerçant en tant qu'urgentiste pédiatrique.

L'annonce de cette anthologie sur la santé de demain était pour moi une énorme attente, ravi de voir un éditeur sérieux s'emparer d'un sujet aussi pléthorique et divers. La déception est donc à l'avenant.

Sauve qui peut n'est pas une anthologie sur la santé. Elle est en réalité (et revendiquée dans la post-face comme telle) une anthologie sur la politique de santé et sur un certain militantisme, notamment LGBT+. Ce qui, encore une fois, n'a rien de négatif à priori mais voilà qui va grandement décevoir ceux qui, comme moi, s'attendaient à voir la santé traitée sous un angle prospectif ou, tout du moins, scientifique.

Ici, la science n'est jamais citée, du moins pas comme on l'attend. Ce qui saute aux yeux quand je lis les textes rassemblés dans cet ouvrage, c'est que sur 15 auteurs, aucun n'est une personne qui travaille dans le milieu médical.

C'est comme si on écrivait un livre sur la mécanique sans aucun mécanicien dedans. Jusque dans la post-face, Demain la Santé se réfère à la philosophie plus qu'à la science médicale. le lecteur se doit donc d'être prévenu, l'anthologie ne se penche que sur le système de santé (et cela de façon uni-dimensionnelle et orientée à gauche toute) et non sur le soin en lui-même.

De façon plus pragmatique, en tant que soignant, ce recueil a de quoi faire déprimer. Sur 15 textes, onze abordent la médecine actuelle comme néfaste pour le patient, 5 mettent en avant la médecine alternative et représente la médecine actuelle comme un danger, notamment les médicaments. Une constatation terrible pour moi en tant que praticien qui résulte de deux choses certainement : aucun ici n'est soignant et tous tissent donc des histoires à partir du « vécu patient » et donc l'interrogation, qu'est-ce qui coince tant pour que la médecine soit autant haïe ?

Préférant privilégier des réflexions sur le genre et l'inclusivité, l'anthologie zappe tout le reste. Tout. Et il y avait matière à faire dans le domaine médical !

Des exemples en vrac ? La montée en flèche du taux de BMR (Bactéries Multi-résistance) et l'abus des antibiotiques, la balance bénéfice-risque des traitements, la propagande anti-vax et le recours à une médecine de charlatans, l'IVG, le contenu et l'interprétation des études, l'euthanasie, les effets secondaires des médicaments, l'incertitude médicale dans la maladie, la relation médecin-malade, l'impact de la vieillesse de la population sur l'émergence des maladies dégénératives, le manque de moyens pour les maladies orphelines, la propagation des épidémies, les thérapies géniques, la neuromodulation et l'apport de technologies mécaniques au corps humain… et la liste serait encore très longue. Aucun de ces thèmes n'est abordé sérieusement ici, aucun. Tout reste superficiel et orienté pour correspondre davantage à un tract politique qu'à une réflexion sur la santé face à l'humain. On se consolera avec quelques éléments philosophiques chez Tristan Bultiauw ou Lauriane Dufant, mais c'est bien mince à l'arrivée. le tout en précisant que je suis absolument d'accord avec la vision du recueil quand au démantèlement de notre système de santé pour le profit pur et dur. Mais la vision simpliste de ce qu'il faut faire pour redresser la situation démontre simplement que les personnes qui en parlent ne se rendent pas compte que, oui, la médecine de qualité a un coût. La vraie question reste comment faire pour que cette médecine de qualité reste gratuite et strictement gratuite pour tous ?

Dernier point et non des moindres, j'ai été révolté de lire au sein de ces quinze nouvelles un texte ouvertement anti-vax. Ce qui n'est pas véritablement une surprise tant l'idéologie ici se veut anti-médicament et donc anti-science. Bien évidemment, les médicaments n'ont pas que des avantages, les laboratoires ne sont pas des saints du tout (il faudrait être bien naïf), mais tout se passe dans l'anthologie comme si la réponse de demain serait un retour au naturel. 

Un naturel qui donnait une espérance de vie de 30 ans par le passé. Merci bien, on vous le laisse.

La présence de ce seul texte suffit à déconseiller l'acquisition de cette anthologie de mon point de vue strictement médical. Il est absolument catastrophique de voir une partie militante de l'imaginaire glisser vers une philosophie anti-scientifique juste parce que cette partie militante assimile le riche à la technologie et à la science et, par ricochet, aux médicaments et aux vaccins.



Vous l'aurez compris, Sauve qui peut ne présente qu'un intérêt congru pour le lecteur de science-fiction. Il s'adresse avant tout à un milieu déjà acquis aux principes énumérés au fil des pages, et devrait donc plaire à tous ceux qui attendent quelque chose où la révolte et les idées politiques prennent le pas sur le reste. Si vous cherchez des textes sur la médecine, vous serez amèrement déçus. Pour ceux qui recherchent une anthologie d'anticipation mêlant rigueur et littérature, jetez-vous sur Nos Futurs. Vous voilà prévenus.



(Retrouvez en lien la critique complète, nouvelle par nouvelle)
Lien : https://justaword.fr/sauve-q..
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Utopiales 2011 : Anthologie

Le Radeau du Titanic – James Morrow (50p) *****



Dans une ligne historique parallèle – une uchronie – le Titanic fait naufrage... façon « la Méduse » ! Par journal de bord interposé, voici le récit des survivants, d'avril 1912 à novembre 1914.

Quelle agréable surprise d'entamer ce recueil d'aussi belle manière ! Après un démarrage un tantinet laborieux du fait des nombreux personnages et d'une chronologie peu claire – défauts qui s'estompent rapidement, la lecture devient rapidement plaisir, soutenue par un style à l'ancienne irréprochable, parfaitement adapté à l'époque ciblée. Les évènements s'enchainent au rythme fluide des pages du journal. Progressivement, le récit d'aventures classique fait place au récit de survie glauque, qui lui-même se mue en récit décalé et comique où l'ironie, la satire et l'absurde font merveille.

D'une façon étonnamment similaire à ce que propose José Saramago dans L'Aveuglement, l'auteur exploite une situation chaotique artificielle pour donner libre cours à sa critique des mœurs humaines. C'est drôle et dérangeant à la fois.

Note : un récit très, très anglo-saxon. Dans le style, les personnages, les références, la culture. Je ne suis pas un expert, mais je pense que cette nouvelle vaut le détour rien que pour cela.

Thèmes abordés : uchronie, naufrage, roman d'aventures maritimes, guerre mondiale, survie, critique de la société, lutte des classes, politique, pouvoir, humour.



Le Train de la réalité (fragment) – Roland C. Wagner (40p) *



Note : le texte est présenté comme un « spin off » du roman « Rêve de Gloire ».

« Ceuc qui t'disent queul' la casbah dans les soixante c'était l'pied d'acier, y z'en rajoutent tous un sacret paquet, genre cadeau d'Noël mais en p'us gros, tu vois ? »

Bon, c'est comme ça 40 pages...

Pour donner une idée, on est tout à fait dans le type de récit et le style des films biographiques sur les groupes ou les stars de la musique. C'est donc du pur récit, des tranches de vie qui de succèdent, remplies d'anecdotes croustillantes, de confessions. Il y a souvent de nombreuses pointes d'humour (les scénaristes y veillent pour maintenir l'intérêt).

Ce texte est le récit – par l'un de ses survivants – d'un des rares groupes de rock français du réseau underground qui réussit à traverser toute la décennie des années 60.

Au contraire des films du genre que j'ai pu voir, j'ai trouvé ce récit plat, sans humour, finalement peu intéressant et surtout pénible.

Enfin, je n'ai pas compris le choix de ce texte dans une collection consacrée aux littératures de l'imaginaire...

Thèmes abordés : rock français, 60s, sexe, drogue, musique, circuit underground.



L'Invention du hasard – Norbert Merjagnan (40p) ***



Dans un avenir relativement proche où le capitalisme atteint des sommets, une jeune fille accepte la proposition d'un vieillard immensément riche d'échanger leurs corps et... leur vie.

Du bon et du mauvais.

L'écriture est singulière. Évocatrice et puissante. Un style prononcé que j'ai trouvé parfois excessif. De la recherche dans les images, mais au prix d'une lecture alourdie.

L'atmosphère futuriste est très bien rendue.

Par contre j'ai trouvé que le message se perdait dans les divers thèmes explorés. La chute n'améliore pas ce problème.

Thèmes abordés : biotechnologie, critique de la société, capitalisme, lutte des classes



Lignes parallèles – Tim Powers (20p) ***



Deux vieilles femmes, jumelles. L'une meurt, mais persiste à communiquer avec les vivants.

Une petite nouvelle sans prétention, mais correctement construite, avec une chute qui fonctionne.

On nage dans le fantastique ici, avec un thème ultra-classique et des ressorts tout aussi classiques.

Thèmes abordés : fantastique, gémellité, phénomènes paranormaux, communication avec les morts, domination



K**l me, I'm famous ! – Eric Holstein (10p) ****



Décidément, un recueil très rock !

Cette fois-ci, nous voilà plongés dans les années 70, et c'est le récit d'un journaliste de la presse spécialisée qui nous est conté.

Véritable antithèse du texte «  Le Train de la réalité », on a le droit ici à une nouvelle de très bonne facture. Courte et agréable à lire, croustillante, avec une chute sympathique. Une touche de fantastique.

Thèmes abordés : rock, 70s, sexe, drogue, dépendance, musique, fantastique.



Salvador – Lucius Shepard (40p) ***



Une unité combattante américaine se retrouve engluée dans la jungle du Salvador.

Je connais trop peu l'histoire de cette région du monde pour savoir si la nouvelle ici contée s'inscrit dans une réalité historique.

Quoiqu'il en soit, l'auteur a été correspondant de guerre au Vietnam, et il semble avoir beaucoup à dire de ce type de guerre. Et il en parle bien.

Ce qui frappe dans ce texte, au-delà de l'écriture agréable et fluide, c'est la qualité d'immersion. On s'y croirait, à la place de ces jeunes guerriers américains.

Pour ce qui est de l'histoire, j'ai apprécié l'intrigue et les thèmes, mais je n'ai pas été tout à fait convaincu par le traitement global, ni par la chute.

Thèmes abordés : guerre du Salvador, drogue de guerre, hallucinations, chamanisme, antimilitarisme



Pragmata – David Calvo (10p) **



Un jeune homme – un cas social – raconte son quotidien sur une très courte période, façon journal intime.

Sur le thème de la procrastination, l'auteur brode un court texte qui fait très improvisation. Le style est fluide, agréable et très moderne. On se reconnaitra... ou pas dans le personnage-narrateur.

C'est un style qui me fait penser aux Bridget Jones autres romances (en plus cru), auxquelles on aurait jeté la part romance pour ne conserver que la part réflexion/monologue.

Un texte détente sympathique, avec pas mal d'humour qui fonctionne, mais qui me paraît trop éloigné de la forme de la nouvelle pour figurer dans ce recueil, sans parler du fait qu'il n'incorpore aucun élément de littérature de l'imaginaire...

Thèmes abordés : procrastination, dépendances, cas social, humour.
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Melmoth furieux

Toutes les quatre semaines, j’ai institué avec mon meilleur ami un rdv devenu incontournable : la visite à la médiathèque. Quel plaisir de baguenauder ensemble dans les rayons, de laisser traîner nos regards sur les livres rangés ou exposés, de chercher un ouvrage précis ou d’en découvrir un jusqu’alors inconnu...

Et toujours la même scène finale au sortir du bâtiment : « Comment va-t-on trouver le temps de lire tout ça?!? », pour immanquablement éclater de rire devant ce comique de répétition : nous répétons cette réplique à chaque fois, et ce, pour notre plus grand plaisir.



Et c’est ainsi que j’ai trouvé « Melmoth furieux ».

Quelle couverture ! Quel titre en même temps ! Je ne pouvais que m’y arrêter, m’interroger et parcourir la quatrième de couverture : l’histoire d’une couturière qui a rejoint la commune solidaire de Belleville et qui veut détruire Eurodisney avec une bande de gosses pour venger son frère… What ? Ce roman m’appelait littéralement.



Et tout est dit en ces quelques mots. C’est effectivement l’histoire de Fi, qui joue de fils et d’aiguilles pour vivre, s’exprimer, refréner sa colère… Parce qu’elle est un peu abîmée la demoiselle, angoissée, torturée même. Il faut dire que dans le monde dans lequel elle vit, dans cette zone auto-gérée en lutte contre un État autoritaire, c’est bien au jour le jour que la vie se gère.

Fi est hantée par la mort de son frère, une fin terrible alors qu’il travaillait dans l’enceinte et pour Eurodisney. Mais elle l’est encore plus par le combat qu’il menait contre cette structure qu’il soupçonnait d’être la pire engeance d’un capitalisme néo-libéral, au solde de l’État, prêtant ainsi ses murs pour emprisonner les opposants, exploiter les enfants et leur voler leurs amis imaginaires. Alors elle imagine le projet fou d’y mettre fin, rejointe par la bande de gamins qu’elle a recueilli mais aussi d’un ami de son frère, un dénommé François Villon.

Autour d’elle, du refuge qu’elle s’est choisi, le bastion de Belleville gronde et s’échauffe, les barricades se dressent ; ses occupants ne veulent pas disparaître et voir leur cité rasée comme d’autres ont déjà pu l’être. Bientôt le chaos ?



Dès l’entame de ce roman d’une grande et belle complexité, j’ai très vite compris qu’il me fallait me laisser porter par le texte, par les mots, par la poésie de Sabrina Calvo. Accepter d’abandonner une certaine forme de réalisme pour me laisser bercer par le fantastique et l’onirique ; de pénétrer ce monde nouveau et étrange, et pourtant, provoquant le sentiment de déjà-vu, de déjà vécu, un univers à la fois proche et très éloigné du nôtre. L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?



Moi qui n’ai jamais vraiment apprécié le monde féerique de Disney, me voilà servie. Moi, la fan de The Cure, de Bauhaus, me voilà ravie. Ce roman me parle proprement mais va plus loin encore, il m’emmène vers un inconnu si séduisant sous cette plume : la couture. Depuis le travail à la chaîne jusqu’au travail minutieux de l’artisan, tout y est : le vêtement-identité, le vêtement-protecteur, l’enveloppe, la seconde peau ; et puis, plus fort encore, le travail de tissage social, de tissage politique.



L’insurrection qui naît là, dans cette commune libre de Belleville, se vit au quotidien, à chaque instant, dans un mode vie volontairement différent, où tout se trouve ré-inventé ; l’habillement bien sûr mais pas que, le relationnel aussi, la manière d’être. Homme, femme, être surnaturel, peu importe véritablement, nous voilà plongés dans un monde non genré, ou plus exactement, au-delà du genre. Et c’est juste magnifique.



Bon, vous l’avez compris, je suis sous le charme de Sabrina Calvo.

En une phrase : « Récit d’une lutte sociale émaillé de fantastique, Melmoth furieux nous donne à voir les failles de notre époque et les combats qu’il faudra encore mener ».



Je crois que j’ai vu Toxoplasma à la médiathèque… Il est pour moi !

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Elliot du néant

Après avoir découvert Toxoplasma en 2017, il peut être intéressant de se replonger dans la bibliographie déjà fournie de Sabrina Calvo : Elliot du néant, par exemple, est paru en 2012 et fut son premier roman chez les éditions La Volte, dont on connaît la ligne éditoriale volontairement expérimentale.



Islande, petit peuple et course-poursuite

Bracken est un professeur de dessin français exerçant en Islande. En 1986, il séjourne à Hafnafjördur où il vient de démissionner de son poste dans l’école du coin. Pourtant, un collègue l’appelle paniqué pour venir l’aider à retrouver le concierge de l’école qu’il apprécie, mais qui est aussi très vieux et très muet (sauf pendant les cours de dessin de Bracken puisqu’il lui permet de s’exprimer autrement). Dans tous les cas, il semblerait que de sa chambre au sous-sol de l’école, le dit concierge, Elliot, a disparu sans laisser de traces et sans passer par les issues habituelles. Or, dehors l’école va normalement accueillir une kermesse locale, ce n’est pas le moment de faire mauvaise impression, d’autant plus que nous sommes en plein dans une contrée où le petit peuple, celui des fées et des elfes, est particulièrement présent (Hafnarjördur est d’ailleurs un site touristique réputé pour ses voyages de « l’Autre Côté » avec ses rochers dissimulant trolls et lutins). Bracken et son collègue ne sont bientôt plus les seuls à chercher l’infortuné Elliott : le principal, deux autres collègues ainsi que deux tortues recueillies par Elliott se mettent en quête, en quête de quelque chose que nous ne voyons apparemment pas.



La quête du Néant

Déjà dans Délius, Sabrina Calvo mettait en scène une histoire d’enquête loufoque sur fond de monde féérique, mais ici, dans Elliot du néant, elle va franchement plus loin dans le concept, puisque les personnages sont censés trouver le Néant. Rien de moins ! Dans ce but, Elliot est un puissant « McGuffin », car le lecteur ne se le représente pas forcément bien au départ, mais il est la puissance qui fait agir chacun des personnages. Bracken, alors qu’il n’est plus censé être à l’école, s’est pris d’affection pour cette personne et s’inquiète vraiment pour lui ; chacun des autres personnages également a quelque chose à trouver en suivant la piste d’Elliot. De plus, dans cette quête, régulièrement les deux tortues d’Elliot interviennent sans que les personnages ne les entendent, s’échangeant des pensées toujours utiles ou amusantes ; de temps à autre également, intervient un certain « Kor » qui prononce des sentences qui raisonnent comme des haïkus. Étrange donc comme ambiance, loufoque pour le moins, mais qui ne doit pas faire oublier que nous cherchons le Néant : non pas le vide, ni ce qui est « derrière les choses », mais bien ce qui est entre les lignes, dans l’impossible, l’intangible. Plus récemment, et toujours chez La Volte, à peu près les mêmes concepts sont utilisés dans Black Bottom, de Philippe Curval, mais cette fois dans l’espoir de trouver le Néant (ou l’ « aréel ») dans l’art contemporain. Dans Elliot du néant, cela nous emmène très vite dans des réflexions et des considérations assez métaphysiques sur ce qu’est un créateur, ce qu’est un personnage et ce à quoi nous renvoie n’importe quelle histoire, de science-fiction ou non. L’imagination de l’autrice emmène Bracken, et le lecteur, particulièrement loin dans les méandres du Néant.



Transtextualité

Comme toujours finalement avec Sabrina Calvo, le récit n’est qu’une petite composante dans un champ bien plus vaste. D’ailleurs, le récit en lui-même peut se résumer en gros à quatre scènes principales (la première dans la chambre d’Elliot dure à elle seule au moins 75 pages). Cela fait peu de scènes, mais l’essentiel est sûrement ailleurs. À l’image de la plupart des textes poétiques, il y a la recherche claire, franche et assumée d’une transcendance : jusqu’où va nous emmener spirituellement cette quête ? Sabrina Calvo met également à profit, pêle-mêle, sa connaissance des anciens jeux vidéo, son goût pour la féérie et son amour pour la poésie de Stéphane Mallarmé qui est particulièrement mise en scène dans une intertextualité assez nette. Chaque art est une voie possible pour atteindre une forme de quintessence de la vie et du pouvoir de création. Elle passe de l’un à l’autre, usant même de quelques symboles graphiques pour faire traverser le lecteur d’un monde à l’autre ou d’une réalité à une autre.



Elliot du néant est donc un roman diablement troublant : d’un côté, on peut s’y perdre en trois phrases ou juste complètement être déconnecté de cette histoire au départ simplette et qui vire au loufoque (pour être sobre), d’un autre, il offre en peu de pages des possibilités assez folles sur l’écriture. Difficile d’oublier ce genre de sensations de lecture.



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Toxoplasma

Un « triller proto-cyberpunk ». Voilà comment les éditions La Volte définissent le dernier roman de David Calvo, récompensé il y a quelques mois par le Grand Prix de l'Imaginaire dans la catégorie « meilleur roman francophone ». Sur le coup, ça ne me disait pas grand chose, et c'est finalement après avoir eu l'occasion d'entendre l'auteur en conférence lors du festival des Étonnants Voyageurs que je me suis décidée à sauter le pas. Malheureusement, si l'expérience s'est révélée franchement atypique, je ne peux pas pour autant dire qu'elle m'ait vraiment plu, et ce pour tout un tas de raisons. D'abord, l'auteur ne s’embarrasse pas vraiment de détails concernant le contexte, si bien que j'ai eu un peu de mal à m'imaginer le décor : nous sommes à Montréal, à une période indéterminée mais néanmoins relativement proche de la notre, et l'armée encercle l'île sur laquelle s'est retranchée des anti-systèmes. On a donc affaire à sorte de Commune de Paris version canadienne, avec l'armée sur le point d'entrer dans la ville et provoquer un bain de sang que les habitants ne peuvent que se résoudre à attendre. Seulement tout cela, on met un peu de temps à le comprendre, si bien qu'on ne cerne pas tout de suite très bien les enjeux, d'autant que la situation n'est vraiment exposée qu'à de rares occasions, sous forme de podcast radio.



C'est d'ailleurs un autre élément intéressant mais aussi déstabilisant du roman : le changement fréquent de style. Émissions de radio, vidéo, échanges informatiques... : l'auteur varie souvent de modes de narration, parfois au dépend de la compréhension du lecteur. Je pense notamment aux conversations « internet » entre l'un des personnages et ses compagnons dans lesquelles on retrouve un jargon technologique très pointu auquel je suis restée totalement hermétique. Autre aspect déstabilisant : le caractère burlesque (voire complètement barré) de l'intrigue. On a quand même affaire à une héroïne qui attend la fin du monde en jouant au détective pour animaux, se met à avoir de grandes conversations avec une chaussette/marionnette après s'être découvert des talents de ventriloque, et connaît sur le bout des doigts absolument tous les pires nanars d'horreur de l'histoire du cinéma (si vous êtes fan, prenez de quoi noter parce que les références abondent). Je ne peux pas dire que ça m'ait déplu, en revanche j'ai eu beaucoup de mal à comprendre où voulait nous emmener l'auteur. L'intrigue repose en effet sur un ressort et des rebondissements tous aussi barrés que le reste de l'histoire dont je ne suis toujours pas certaine d'avoir saisi le fin mot.



« Toxoplasma » est donc un roman bourré d'idées intéressantes, qui ose expérimenter pas mal de choses, mais qui m'a déstabilisée plus que séduite. Trop burlesque, trop de références que j'ai pas saisi, trop de jargon... trop barré, tout simplement. Cela dit si tous ces éléments ne vous font pas peur, n'hésitez pas à tenter la découverte, vous devriez apprécier.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Sous la colline

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose plus un voyage, une ballade dans ce Marseille étrange et cette mystérieuse cité du Corbusier qu’une simple enquête teintée de fantastique. En effet ce qui fascine c’est cette cité, la vie de ses habitants mis aussi pour moi une découverte de cette cité qui est loin du blocs de bétons qu’elle laisse imaginer, mais dévoilant initialement un idéal social et un véritable travail architectural qui donne envie d’être découvert. L’ambiance de Marseille vient aussi, je trouve, se coller à merveille au récit à la fois étouffante, élégante tout en dévoilant en fond un léger sentiment de danger et de corruption. Limite maintenant je me laisserai bien tenter par une visite de la ville. Les autres points intéressants sont les nombreuses réflexions que soulève l’auteur que ce soit sur la cohésion sociale, l’identité, la reconnaissance et l’acceptation des autres ainsi que le travail mythologique à la fois captivant et soigné. Les personnages ne sont pas non plus en reste proposant une galerie de protagoniste haut en couleurs, bien porté par Colline héroïne complexe, déroutante et efficace. Au final je regretterai simplement que parfois l’auteur s’enfer dans des passages qui lui sont tellement propres qu’on a du mal à y entrer et les comprendre, ce qui m’a parfois donné l’impression de passer à côté de quelque-chose, mais rien de non plus trop bloquant. La plume de l’auteur s’avère efficace, soignée et je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.





Retrouvez la chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Délius, une chanson d'été

Ce roman a été écrit dans les années 90 et c’est toujours un plaisir de voir des rééditions de livres plus anciens. Surtout que l’écrin de Délius, une chanson d’été est remarquablement belle et poétique. Sabrina Calvo nous entraîne dans une enquête entre meurtres curieux, fleurs et féérie. Qu’en ai-je pensé ?



L’autrice choisit de mettre en scène un duo pastiche de Sherlock Holmes et Charles Watson. Lacejambe, le français botaniste aux cheveux qui changent de couleur, et Fenby, elficologue gentleman anglais, forment un duo atypique et plein de charme. Les dialogues sont ciselés et offrent de beaux moments d’échanges entre les deux. J’ai beaucoup aimé la personnalité de Fenby, très humain et empathique dans sa manière d’aborder les choses, là où Lacejambe est beaucoup plus cérébral et excentrique dans son approche. On se demande qui est Watson et Holmes, pas vrai ? Les personnages secondaires sont aussi attachants et bien écrits.



Le roman se veut très onirique, ce qui confère à la lecture une sensation très étrange d’irréalité et de poésie. La plume est très belle, emprunte d’une vraie personnalité, qui s’exprime à travers différents formats, lettre, articles, narration traditionnelle… L’autrice construit un univers très originale grâce à sa plume atypique. Elle joue également beaucoup avec des thèmes qui prêtent à la création et à rêverie. La féérie, présente mais discrète, représente très bien cet aspect. Notamment car elles voyagent à travers les rêves, des artistes en particulier.



Tout au long du récit, Sabrina Calvo dresse de nombreux parallèles avec les notions de créativité et d’art. C’est notamment visible à travers de multiples références. Il y a des personnages réels qui font leur apparition. Ils viennent aussi bien du monde de la musique, comme Frédérick Délius. Le monde littéraire, comme Arthur Conan Doyle. Une grande partie du mystère aussi bien sur la fameuse chanson d’été du titre que sur les poésies. Il y ainsi plusieurs scènes de bal qui animent le récit.



Il est également fait référence à un Diadème. Curieux élément, très cryptique, qui hante les rêves des artistes et s’y épanouit comme une fleur vénéneuse. Je pense qu’il s’agit d’une image de la folie créative qui anime les artistes, oscillant entre génie et démence. Mais cet aspect est resté très énigmatique, peut-être même un petit peu trop, ce qui nuit à certaines parties du roman.



Le dernier paragraphe vous laisse un court indice sur ce qui m’a déplu dans le livre. J’ai en effet eu parfois beaucoup de mal à rentrer pleinement dans l’histoire. C’est tout simplement car le scénario est parfois un peu confus. En effet, on alterne entre enquête, absurde et poésie. Des genres qui ne font pas bon ménage. Ceci pour la simple raison que le côté policier nécessite de suivre une certaine logique, logique qui est souvent réfutée par le roman.



Du coup, l’enquête fait des bonds de manière mystérieuse. On passe d’une scène à une autre sans lien scénaristique apparaissant. Il y a, il me semble, des deux ex machina. En somme, ne partez pas sur l’idée que vous allez découvrir une enquête traditionnelle à la sauce fantasy. J’ai même trouvé que les meurtres devenaient quasiment accessoires. Mais pensez plutôt que vous partez plutôt sur une histoire originale peuplée de personnages truculents dans une ambiance onirique.



J’ai du mal à dire si j’ai aimé ce roman ou si j’ai eu du mal à accrocher. Un peu des deux j’imagine. Je trouve la plume très belle, poétique et très immersive, avec une vraie recherche et une vraie singularité. Les personnages sont délicieusement excentriques, ce qui donne naissance à des scènes cocasses et des échanges qui ne manquent pas de piment. Cependant, à trop vouloir donner cette atmosphère énigmatique, j’ai trouvé que le tout manquait de cohérence, de liant. Les scènes s’enchaînent sans qu’il semble qu’il y ait de cause à effet, avec des symboles cryptiques qui laisseront les plus cartésiens d’entre vous sur le carreau.


Lien : https://lageekosophe.com/202..
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