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Citation de Lefso


Son pouvoir était associé à une sensation précise, il s’en souvenait maintenant : une lourdeur derrière la tête, une sorte de pression sur le front. Il ferma les yeux et il lui sembla que ça allait un peu mieux. Ça venait. Pas fort, mais ça venait ; c’était comme si une vague montait en lui. Il se rappela quelque chose et glissa une main sous sa tunique pour poser la marque de sa paume sur son amulette. Amplifiée par ce contact, son énergie mentale devint un puissant rugissement qui allait crescendo. Il se releva sans ouvrir les yeux, puis les ouvrit et braqua un regard implacable sur la roche récalcitrante.
- Tu vas bouger ! marmonna-t-il.
Sans lâcher son amulette, il tendit la main gauche, la paume vers le haut.
- Maintenant ! déclara-t-il d’un ton farouche, en levant lentement la main.
La force qui était en lui se mit à monter en puissance, et le rugissement qui lui emplissait la tête devint assourdissant.
Tout doucement, le bord de la roche sortit de l’herbe. Des vers, des larves qui vivaient tranquillement terrés dans le noir prirent la fuite, paniqués par la lumière du soleil. La roche s’éleva de toute sa masse, obéissant à la main inexorablement levée de Garion. Elle hésita une seconde à l’angle de sa partie aplatie et bascula lentement sur le côté.
Il s’était senti vidé après avoir tenté de soulever la roche avec ses muscles, mais ce n’était rien par rapport à la lassitude mortelle qui l’emplit jusqu’au tréfonds des moelles au moment où il relâcha sa volonté. Il replia ses bras sur l’herbe et posa sa tête dessus.
Au bout d’un instant, ce fait commença à lui paraître étrange. Il était toujours debout, et pourtant, ses bras étaient confortablement croisés devant lui, sur l’herbe. Il releva précipitamment la tête et regarda autour de lui avec confusion. Il avait bel et bien déplacé la roche. Cela au moins était évident : la pierre était maintenant posée sur son sommet arrondi, le dessous humide tourné vers le haut. Seulement il s’était passé autre chose. Il ne l’avait pas touchée, mais elle reposait malgré tout sur lui de tout son poids lorsqu’elle s’était élevée au-dessus du sol, et la force qu’il avait dirigée vers elle ne s’y était pas engagée en entier.
Garion se rendit compte avec désespoir qu’il était enfoui jusqu’aux aisselles dans la terre de la prairie.
- Comment je vais me tirer de là, moi ? s’interrogea-il t-il, atterré.
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