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Citation de KATE92


Sylvie était la femme d’Édouard. Je l’avais rencontrée pendant ma dernière année de lycée. Cela remontait donc à plus de vingt ans. À l’époque, elle avait déjà deux ans de plus que moi ; l’écart d’âge est la seule distance impossible à modifier entre deux personnes. Si j’avais été attiré par elle au tout début, elle avait toujours vu en moi un petit garçon. Elle m’emmenait parfois le samedi visiter des galeries improbables, ou des expositions temporaires que nous étions les seuls à arpenter. Elle me parlait de ce qu’elle aimait et de ce qu’elle n’aimait pas, et je tentais de former mon goût d’une manière autonome (en vain : j’étais systématiquement d’accord avec elle). Elle peignait déjà beaucoup et incarnait à mes yeux la liberté, la vie artistique. Tout ce à quoi j’avais renoncé si vite en m’inscrivant à la faculté d’économie. J’avais hésité pendant un été, car je voulais écrire : enfin disons que j’avais un vague projet de livre sur la Seconde Guerre mondiale. Et puis finalement je m’étais rangé à l’avis général en optant pour une orientation concrète. Sylvie, étrangement, m’avait également poussé vers ce choix. Pourtant, elle n’avait rien lu de moi ; son conseil n’avait donc rien à voir avec une quelconque dépréciation de mon travail. Elle ne devait pas croire en ma capacité à vivre une vie instable, pleine de doutes et d’incertitudes. J’avais sûrement le visage d’un jeune homme stable. Le visage d’un homme qui finirait, vingt ans plus tard, dans un pavillon de banlieue avec un mal de dos.
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