Journaliste spécialisé dans les loisirs audiovisuels, David Forrest s'impose dès 2011 comme un des premiers auteurs 2.0 made in France, grâce au formidable succès de son premier roman numérique, En Série - journal d'un tueur. Geek revendiqué, il ne se cantonne pas à un unique genre et réussit à imposer son style nerveux et son humour grinçant dans chacune de ses histoires, qu'elle verse dans l'horreur, le fantastique, la science-fiction ou le thriller.
L?hôtel-Dieu est-il hanté ?
Une série de meurtres sans mobile ni lien apparent fait trembler les murs de l?hôpital nantais.
Le capitaine de police Ael Guivarch, perfectionniste maladif et rationaliste méthodique, refuse de croire aux origines surnaturelles de cette escalade de violence, persuadé que sa source est bien plus rationnelle. Mais sa quête de la vérité va mettre en péril ses plus profondes convictions... et peut-être même plus encore...
Un thriller angoissant, nourri de faits historiques réels et de légendes urbaines, qui prend le lecteur dans sa toile.
Site web : http://www.bragelonne.fr/livres/View/legion
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Paul Chowsky détestait les acronymes.[...] Là-haut dans la hiérarchie, il y avait un abruti qui était payé pour pondre ce genre de truc. Et il aurait bien aimé le retrouver pour lui faire passer l'envie de Pondre des Acronymes de Merde (PAM - celui-là, c'était copyright Chowsky).
Comme tous ceux et celles qui côtoyaient la mort et la douleur chaque jour, elle avait dû se forger une carapace. La plupart choisissaient de se déchaîner dans leur vie privée pour se purger de l’horreur qui leur sautait à la gorge chaque jour. Alcool, drogues, pratiques sexuelles marginales et sports extrêmes permettaient à ceux qui flirtaient avec ces atrocités du quotidien d’évacuer la pression.
Le fait était qu’il n’avait pas rendu son ex-femme heureuse : il en prenait pleinement la responsabilité et se refusait de risquer de commettre les mêmes erreurs avec une autre. Étant donné qu’il ne savait toujours pas vraiment quelles fautes lui étaient reprochées, il préférait ne prendre aucun risque, quitte à passer pour un asocial ou pire, un goujat.
Il avait toujours eu le don de trouver instinctivement la meilleure façon de s’adresser aux autres. Cette empathie lui permettait non seulement de cerner assez facilement ses semblables, mais aussi de les manipuler – dans une certaine mesure. Il s’était découvert ce talent dès l’enfance et l’avait assez tôt utilisé pour arriver à ses fins, d’abord avec ses parents, puis, à l’adolescence, avec les filles. Évidemment, parfois, cela ne fonctionnait pas, par maladresse de sa part ou parce que certaines personnes restaient totalement imperméables à ce don.
Un prisonnier qui s’occupe ainsi passe moins de temps face à lui-même, attisant sa rancœur et sa colère. Ael y voyait hélas surtout une des grandes maladies de la société, qui préfère anesthésier les symptômes de son mal et détourner le regard de ses plaies plutôt que d’essayer de les soigner.
La lobotomie comme suppléant de la réhabilitation et de la rédemption.
Lorsqu’on étouffe, la volonté et le contrôle de soi sont vite submergés par l’instinct de survie. Par réflexe, on essaye d’aspirer, avec pour seul résultat d’enfoncer un peu plus l’obstacle dans la trachée. Puis des spasmes et éructations tentent d’expulser le corps étranger. L’estomac rentre alors dans la danse et régurgite son contenu, pour pousser l’intrus.
Je n’avais encore jamais admiré un tel regard. Vous avez peut-être déjà vu ces images documentaires où une antilope se fait happer par une lionne et reste immobile, bien qu’encore vivante, dans la gueule du prédateur. Devant ces images, on se demande si l’animal accepte son sort fatal ou refuse tellement d’y croire qu’il en est comme court-circuité.
Un suicide ternirait la réputation de l’établissement, mais un meurtre en donnerait une image bien pire. Cela entacherait en outre la réputation de son directeur. Ce ne serait pas une bonne publicité pour un établissement carcéral flambant neuf, présenté comme ce qui se faisait de mieux en France en la matière.
Je pense qu’elle a plongé dans l’inconscience dès ce moment, mais je continuai de frapper son crâne contre le mur, sur lequel s’épanchaient petit à petit de grotesques taches rouge sombre, presque noires. Je crois qu’elle est morte au bout de deux ou trois autres coups, mais je ne m’arrêtai que quand mes bras n’eurent plus la force d’écraser ce corps sans vie contre la dure pierre de la cave. Alors, je lâchai prise et ce qu’il restait de mon invitée s’effondra mollement sur le sol. Et moi, je me mis à crier et à pleurer. C’est après tout ce que font les nouveau-nés lorsqu’ils viennent au monde, non?
Rares étaient les hommes et les femmes qui pouvaient s’en enorgueillir.