Japon, 1600. Musashi Miyamoto était le plus grand guerrier de tous les temps. Avant que lui et ses hommes ne soient vaincus lors de la bataille de Sekigahara qui a vu les Armées de l?Est renverser l?ancien pouvoir.
Survivant mais seul, Musashi doute. Jusqu?alors, il avait vécu et combattu comme un samouraï, fier de sa tradition, loyal aux préceptes de la Voie. Depuis sa défaite, se soumettre aux exigences de l?Honneur, l?une des sept vertus du samouraï, signifie se donner la mort. Et Musashi veut vivre.
Mais, considéré comme un ennemi de la nation, sa tête est mise à prix. S?il a renoncé à la violence, il lui faut se protéger et préparer sa vengeance contre ceux qui veulent sa mort. Pour cela, il n?a qu?un adage : « le sabre donne la vie. le sabre donne la mort. »
Après le somptueux Samouraï, David Kirk livre une épopée captivante du Japon au XVIIe siècle et fait revivre une figure emblématique : le guerrier de légende Musashi Miyamoto, auteur du célèbre Traité des Cinq Roues.
http://www.albin-michel.fr/ouvrages/lhonneur-du-samourai-9782226320735
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- L'honneur ? Quel honneur ? s'écria Musashi, dont la voix se fêla sous l'effet de la souffrance et de la fatigue. La Voie... La pure idiotie ! Rien de plus. Le seppuku... un brouillard , une brume malfaisante que je ne sais quel esprit a introduit dans la tête des hommes. A quoi rime notre venue au monde si notre démarche ultime consiste à anéantir notre être, et toutes nos actions passées et à venir ? Mon père a fini ainsi. Et des milliers d'hommes, des millions, qui sait combien ? Anéantis. Imagine ce qu'ils auraient pu accomplir si ils n'avaient pas tout abandonné ? Faire un tel choix ! Qu'un seigneur l'ordonne est déjà assez vil, mais qu'un homme accepte de s'y soumettre, voilà qui est intolérable ! Tu possèdes une volonté propre, ne laisse pas des textes et des codes désuets la briser, pour ne trouver à la fin que le néant stérile qui a accueilli ceux qui t'ont précédé.
Ne suis pas aveuglément les us et coutumes du monde.
Quinzième précepte du Dokkodo (la voie du marcheur solitaire)
Musashi Miyamoto, 1645
Le monde est ce qu'il est. Une rébellion aveugle ne résout rien; Musashi Miyamoto 1645.
(p522)
- Mon très noble seigneur, hasarda un des hommes, combien d'ennemis reste-t-il à convaincre ? Ils ont tous été massacrés, soumis ou jetés aux fers.
- Vous ne pensez qu'au présent. jamais personne n'éliminera tous les ennemis, et avec le temps ils finissent toujours par se relever, pendant que des nouveaux sortent de l'ombre. Quand régneront mon fils ou mon petit-fils, ces chiens ne suivront-ils pas la lumière si elle continue de briller ?
On ne peut vivre sous le joug d'un sentiment aussi pauvre et aussi vil que la haine.
La seule vérité, la voici : il n'y a que vous-même que vous pouvez changer. Vous ne maîtrisez rien d'autre que ça.
Dans le fond, la vie se résumait à une question d'honnêteté. Musashi se savait honnête par nature, savait qu'il l'était aujourd'hui plus que jamais alors qu'il défiait le monde - bien plus qu'autrefois, lorsqu'il restait terré dans sa cachette, renonçant à toute forme de résistance. Honnête envers lui-même, envers le cœur qui battait dans sa poitrine et l'esprit qui palpitait de farouches réflexions derrière son front. C'étaient les autres , tous les autres, qui étaient malhonnêtes, parce qu'ils s'écartaient de la voie la plus juste en se soumettant à des codes et des dogmes obsolètes. Ils se niaient eux-mêmes tout en privant le monde de ses potentialités.
Il réalisa alors qu'en dix-neuf ans d'existence, il avait plus souvent décapité des hommes que bavardé avec des femmes.
Kyoto ne se résume pas au bois et au fer. C'est dans le cœur de ceux qui la connaissent que cette ville vit éternellement, ce sont eux qui la définissent - un être immortel doté de millions de facettes, et pourtant uni dans ce qui ressent. C'est là la vérité fondamentale qui a toujours échappé au Régent : qu'est ce qu'une ville sinon la somme de ses habitants ?
- Est-ce que c'est plus beau dans ma langue ?
Musashi ne répondit pas.
- Qu'est ce qui compte le plus ? Si je chantais avec vos mots à vous, est-ce que ma chanson vous plairait davantage ? Ou tout autant ? Ou bien le ... (Elle buta sur le mot, puis, à voix très basse pour ne pas réveiller les dormeurs, se mit à fredonner une mélodie sans paroles.) C'est ça que vous aimez, tout simplement ? Qui entre droit dans votre cœur ? Quelque chose qui n'a pas de sens, et à quoi vous pouvez donner le sens que vous voulez ?
Musashi ne savait que dire.
Ameku lui sourit de nouveau.
- Je vais vous dire : j'ai connu le Japon, j'ai connu Ryukyu. C'est la même chose. Un chien est un chien. Un homme est un homme et une femme, une femme. Les mots sont différents, mais leur sens... (Elle traça un cercle autour de son cœur et tapota sa poitrine.) Là, c'est bien pareil. Pour tout le monde.