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Citation de Darkcook


Ces hommes qui ne frappent jamais aux portes, qui jamais ne se présentent, ces hommes qui restent assis à vous dévisager, qui me surveillent et qui me suivent, dans tous les coins et dans chaque encadrement de porte, le visage couvert d'un masque protecteur, aux pieds des chaussures de caoutchouc. TOUJOURS AIMABLES, TRES AIMABLES. Mais je sais que je ne verrai jamais leurs visages, que je ne connaîtrai jamais leurs noms, car ils portent tous des masques - des masques de singes, des masques d'écureuils, mais surtout des masques de souris, des masques de rats - des masques blancs en argile. CE SONT LES RATS QUI MONTENT À BORD DU NAVIRE EN TRAIN DE COULER, qui me testent, qui se livrent sur moi à des expériences, dans cette ville qui est devenue leur laboratoire, avec ses fenêtres à double vitrage et ses murs couverts de papier peint, CETTE VILLE EMPOISONNÉE qui est leur laboratoire de l'Apocalypse.
Dans ce laboratoire, DANS CETTE VILLE EMPOISONNÉE, ici, alors que ma fin est proche, je vois l'Ange de l'Histoire et l'Ange de la Pestilence, et à présent je sens sur moi le souffle de leurs ailes, et je ferme les yeux.
Dans l'histoire du monde, il y a eu autant de pestes que de guerres. Elles surgissent et elles triomphent, puis elles déclinent et disparaissent. Mais elles reviennent toujours, ces pestes et ces guerres. Elles reviennent toujours, ces pestes et ces guerres, pour prendre les hommes par surprise de la même façon. Jusqu'à aujourd'hui, aujourd'hui où les hommes ont uni la peste et la guerre par les liens d'un mariage païen, d'un mariage impie.
Et j'ai des visions, des visions de peste, les yeux grands ouverts / les yeux fermés, les mêmes visions. Le rat mort sur la marche, gris et jaune, le chat pris de convulsions dans la cuisine, une fleur rouge sang s'épanouissant entre ses mâchoires. Voilà comment cela va commencer. Les rats en plein jour, sortant des murs, de dessous les planchers, ils viendront d'abord en files, et puis ils mourront en tas, six mille rats morts en un jour, brûlés sur des bûchers pendant toute la nuit, et puis quand les rats auront disparu se déclareront les fièvres, le gonflement des chairs et les vomissements, avant l'asphyxie puis la mort, la mort rouge et la mort noire, la mort rouge et la mort noire des gens, la mort de cette ville, cette ville grise et jaune d'yeux gris et jaunes, puis d'yeux rouges et noirs, d'efflorescences jaunes et de fleurs rouges çà et là dans les coins et l'encadrement des portes, cette ville grise et jaune, rouge et noire dans laquelle les hommes se coucheront dans leurs lits, qu'ils quitteront sur une civière, dans un cercueil, dans un corbillard, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de civières, plus de cercueils et plus de corbillards.
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