David Plante

Je refuse de donner un nom à ce que j'éprouve. Je n'aime pas donner un nom aux sentiments. les mots ne peuvent jamais rendre compte de l’imprécision des sentiments.

Ce pays a changé en ton absence, Nancy. Ce pays a toujours été incontrôlable, et c'était une grande vertu, car ce qui est incontrôlable demeure libre. Mais il est devenu tellement incontrôlable, il s'est tellement affranchi de toute espèce d'entrave que j'ai peur pour ma famille. C'est une peur sérieuse. Il faut faire quelque chose pour unifier l'Amérique. On a cruellement besoin d'un principe unificateur. Ne te méprends pas, je suis à fond pour le multiculturalisme et tout ça, mais pour mes enfants, je veux savoir ce qui fait qu'un Américain est un américain.

Gerald dit : Si on m'avait pris au sérieux, ainsi qu'on l'aurait dû, j'aurais pu devenir sénateur américain, comme mon père. Et je ne doute pas que, si j'étais devenu sénateur, j'aurais été jusqu'à la présidence des Etats-Unis d'Amérique. Mais personne ne m'a pris au sérieux. Gerald lampa sa vodka en une gorgée. Et c'est sûr que tout le monde avait raison de ne pas me prendre au sérieux, parce que le fait est que je ne suis pas sérieux, je ne fais jamais ce que je dis que je vais faire et je suis d'une incompétence totale. Tu ne me croirais pas, hein, ajouta-t-il à l'adresse de Joe, si je te disais que ma vie est complètement ratée, totalement et complètement dépourvue de promesses. Et j'accepte ça. Je l'accepte.