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Critiques de David Roberts (II) (13)
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Mallory & Irvine : À la recherche des fantômes..

Si vous connaissez Mallory et Irvine, si vous vous intéressez à l'histoire de l'alpinisme, je vous recommande fortement ce livre. Dans le cas contraire, ce n'est vraiment pas l'ouvrage idéal pour débuter dans ce domaine : de nombreuses considérations techniques et des références abondantes à des hommes et des faits de l'histoire de ce sport risquent de rebuter le lecteur débutant.

Ce livre est le fruit d'une enquête, une enquête passionnante.

Depuis 1924, la disparition de George Mallory et Andrew Irvine sur l'Everest reste un mystère. Que s'est-il passé depuis la dernière fois où ils ont été aperçus, grimpant à l'assaut du toit du monde ? Et surtout, la question fondamentale : ont-ils péri lors de leur ascension, près du but, ou sont-ils morts lors de la descente, ce qui ferait d'eux les premiers vainqueurs de l'Everest ?

Une expédition américaine de 1999 s'est donné pour but de lever le voile sur cette histoire. Une équipe part avec pour objectif, moins d'atteindre le sommet que de rechercher des indices, des traces, tout élément permettant de comprendre et de reconstituer les faits.

Le livre est construit comme une enquête policière : on trouve des indices, on teste, on fait des déductions, etc. C'est passionnant.

Au fil des pages, un portrait des deux héros se dessine, surtout de Mallory, à la personnalité fascinante. Le tout est enrichi de quelques rappels historiques bienvenus.

L'équipe marche sur les traces d'Irvine et Mallory, reconstitue leur parcours, analyse les difficultés qu'ils ont pu rencontrer en se remettant dans le contexte d'une époque où les vêtements et le matériel étaient loin d'être aussi performants que l'équipement moderne.

L'ouvrage est très complet, et j'ai beaucoup apprécié la rigueur intellectuelle des auteurs. Pas de déduction hasardeuse, pas de supposition en l'air : ils ne s'appuient que sur des certitudes, et lorsqu'il n'y en a pas, faute de preuves, ils avancent des hypothèses, mais ils ne prétendent jamais avoir trouvé la vérité absolue quand ce n'est pas le cas.

Leur récit prend d'autant plus de force, et constitue un formidable hommage à Mallory et Irvine, et à travers eux à tous les pionniers de l'alpinisme pour qui j'ai une profonde admiration.

Pour ceux que le sujet intéresse, je vous recommande le livre d'Edmund Hillary "Au sommet de l'Everest : il y a 50 ans, l'Everest, l'expédition qui a vaincu le toit du monde". L'arrivée au sommet y est décrite d'une très belle façon, pleine d'émotions. Et surtout, Hillary raconte qu'il a cherché des traces du passage de Mallory et Irvine. Alors que s'il en avait trouvé, cela l'aurait aussitôt privé du "titre" de vainqueur de l'Everest, titre qu'il venait tout juste de gagner !
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Annapurna, une affaire de cordée

Maurice Herzog, vainqueur de l'Annapurna en 1950, premier homme à plus de huit mille mètres, est devenu un héros, une légende vivante. Son livre "Annapurna, premier 8000", vendu à plus de dix milllions d'exemplaires dans le monde, est en tête des ventes des livres de montagne.

Cependant, au fil des années, des critiques sont apparues, de petites phrases ont été lâchées ça et là, des doutes sur la véracité de son témoignage ont émergé : la légende a commencé à se fissurer.

David Roberts, alpiniste et écrivain américain fasciné depuis toujours par cette épopée, a voulu en savoir plus. Pendant trois ans, il a mené une véritable enquête dont il nous donne ici les résultats. Et son livre, qui se lit comme un véritable roman policier, est passionnant. Son éditeur a dit de lui : "J'ai travaillé avec Colombo, il portait un anorak...". L'auteur ne cherche pas à polémiquer, il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu, il veut simplement comprendre et donner une version la plus proche possible de la vérité, arguments à l'appui.



Le titre est déjà révélateur ; "une affaire de cordée" montre d'emblée que l'exploit n'est pas à mettre au crédit d'un seul homme, mais bien d'une cordée de quatre hommes, dont les photos sont sur la couverture : Maurice Herzog, Louis Lachenal, Lionel Terray et Gaston Rébuffat. Ces quatre alpinistes ont joué un rôle indispensable dans la conquête du sommet et le retour au camp de base.

David Roberts dans ses recherches et dans ses discussions avec de nombreux proches de membres de l'expédition, notamment les veuves de Lionel Terray et Gaston Rébuffat, a réuni un très grand nombre d'informations et de documents écrits qui permettent de mieux comprendre toute l'histoire, car chacun des alpinistes avait pris des notes ou tenu un journal de bord. Et ces écrits se révèlent être une mine d'informations, que David Roberts analyse, recoupe méticuleusement, tel un enquêteur scrupuleux.

Dès le départ la communication autour de l'expédition avait été verrouillée, tous les membres avaient signé un accord leur interdisant de publier quoi que ce soit pendant cinq ans : voilà qui laissait au chef, Maurice Herzog, le champ libre, étant le seul à pouvoir s'exprimer.

Les "Carnets du vertige" de Louis Lachenal, édités initialement en 1956, soit après la mort de l'auteur, ont été mis en forme d'après les notes de l'alpiniste, par Gérard Herzog, le frère de..., et ont été expurgés de tout ce qui pouvait gêner : rien ne devait ternir la belle légende de l'Annapurna et de son vainqueur. En 1996, Jean-Claude Lachenal, fils de Louis, viendra trouver l'éditeur Michel Guérin, spécialiste de montagne, avec l'ensemble des notes de son père, et une nouvelle version, bien différente de la première, sera éditée.

Tout ceci ternit l'image d'un alpinisme glorieux et désintéressé, le héros n'est plus si beau. Gaston Rébuffat, écœuré, dira d’ailleurs au retour de l'expédition : "Je ne crois plus en l'amitié".



Je ne vais pas vous lister toutes les révélations, toutes les anecdotes, toutes les petites phrases écrites par les uns et les autres et mises au jour par David Roberts. Lisez vous-mêmes ce livre passionnant dans lequel on découvre des héros humains, avec leurs faiblesses d'hommes. L'exploit sportif ne s'en trouve pas diminué, mais vu sous un jour plus réaliste, moins idéalisé. Pour moi, "Annapurna, une affaire de cordée" est un complètement de lecture indispensable au livre de Maurice Herzog "Annapurna premier 8000" si l'on veut avoir une vision plus juste de ce que fut cette extraordinaire aventure.

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Nous étions libre comme le vent

Histoire de la mort d’un peuple fier, libre et nomade, annoncée… Une fois que l’Homme Blanc a posé son pied sur le continent du Nouveau-monde, cela a sonné le glas pour bien des peuples.



Bizarrement, alors que l’Anglo-saxon et les autres européens fuyaient les dictatures royales, les famines, les différentes oppressions, qu’ils se voulaient libre, ils n’ont eu de cesse de brider les libertés des autochtones, les Amérindiens.



C’était un peuple nomade, chasseurs, et le Blanc voulait en faire un sédentaire agriculteur, du jour au lendemain, alors que dans l’évolution humaine, ce changement radical de mode de vie n’a pas eu lieu du jour au lendemain.



Ce roman n’est pas une fiction, il n’est même pas romancé. C’est l’histoire des guerres indiennes, la vie des grands chefs Indiens, que ce soit Cochise, Geronimo, Juh, Mangas Coloradas et Victorio. Avec des plus grands passages consacrés à Cochise et la rébellion de Geronimo qui ne voulait pas se faire enfermer dans une réserve.



Ce que j’ai apprécié, dans ce roman historique, c’est que l’auteur n’a pas présenté tous les Hommes Blancs comme des vilains méchants pas beaux et les Amérindiens comme des gentils écolo bobo version Bisounours.



Les exactions ont eu lieu des deux côtés, les Amérindiens ont torturé aussi, pendus, assassinés, violés des victimes innocentes (ou pas) et même tué des Blancs qui étaient leurs amis. S’il est facile de tuer un ennemi, il est bien plus difficile de tuer un ami.



Certains Hommes Blancs ont essayé de les comprendre, même s’ils n’y sont pas toujours arrivés, les barrières de la langue et de la culture étant compliquées à surmonter.



Mais il est un fait certain, c’est que les Blancs avaient la langue fourchue, ne respectaient pas la parole donnée ou les traités signés et que dans le registre des meurtres, les Amérindiens étaient des petits artisans, ils tuaient au détail, tandis que les Blancs massacraient en gros. Ils ne jouaient pas dans la même catégorie.



Hélas, l’être humain de l’époque se révoltait pour chaque mort de son peuple (celui des Blancs) et applaudissait pour 100 assassinats d’Indiens, perpétrés loin de son jardin. De nos jours, des gens s’offusqueront toujours bien plus pour un homme tué que par 6.000 décédés sur des chantiers (et loin de chez nous).



Ce roman historique est des plus intéressants, mais il est à réserver à des lecteurs (lectrices) qui sont passionnés par le sujet. Il n’y a pas d’action, l’auteur rapportant des témoignages, se basant sur les études réalisées par d’autres, sur des théories d’historiens, afin de nous éclairer sur cette période des guerres Indiennes.



Le récit pourrait sembler long à quelqu’un qui n’est pas intéressé par le sujet. Il n’est pas toujours aisé à lire, du fait qu’il y a beaucoup de matière à avaler, à digérer, mais dans mon cas, le repas s’est bien déroulé et mon rythme de lecture était correct, le roman n’a pas trainé plus de 48h.



Attention que certaines scènes rapportées dans ce récit pourraient heurter les âmes sensibles, ce n’est pas Tchoupi dans son bac à sable, on parle tout de même de guerres, de massacres, de génocide et d’être humains placés dans des réserves où ils crevaient de faim, de soif, de maladie…



Mon seul bémol sera pour le fait qu’un tel récit est assez froid, il a manqué les émotions brutes, comme celles que j’avais pu ressentir avec d’autres récits historiques sur les Amérindiens.



Les Apaches mènent une vie en fuite, tentant d’échapper aux soldats lancés à leurs trousses, ou dans des campements insalubres, souffrant de tout, et le ton de l’auteur m’a paru froid, comme s’il énonçait des faits bruts. Je ne demande pas que l’on sombre dans le pathos, mais j’apprécie lorsqu’il y a les tripes qui se serrent, en lisant ce genre de récit.



En ce qui concerne l’instruction, ce livre m’a rassasié ! Les détails dans le récit étaient précis, l’auteur donnant souvent plusieurs versions (les témoins se contredisent souvent, les mémoires flanchent, les égos interdisent de dire la vérité,…), au lecteur de se faire sa propre idée.



Un récit copieux, rempli de détails, de vie de chefs Indiens, de guerriers libres, chevauchant des jours et des jours. Un récit sur la rencontre de deux peuples qui ne se sont jamais compris et sur l’un deux qui voulu asservir l’autre, le parquer, l’empêcher de bouger, de chasser, bref, de vivre, tout simplement.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Solo intégral

Une excellente biographie du jeune prodige de l'escalade passé à la postérité avec ses ascensions en libre intégrale (sans corde, sans matériel autre qu'une paire de chaussons et, quand il ne l'oublie pas au camp de base, un petit sac de magnésie). J'ai toujours eu les mains moites en visionnant ces vidéos hallucinantes, où l'on hésite à tirer un diagnostic sur la folie du grimpeur ou sur la maîtrise incroyable, technique et surtout psychologique qui rend ces prouesses possibles. La biographie est construite à deux voix, celle de David Roberts, l'auteur d'Annapurna une affaire de cordée et celle d'Alex Honnold lui-même qui commente, précise, justifie ses choix, ses excès. On y découvre l'intelligence et la finesse d'un personnage au caractère bien trempé, frôlant souvent l'arrogance et plein de contradictions entre son désir d'indépendance et son besoin de présence médiatique, entre ses aspirations écologiques et ses expéditions coûteuses à l'autre bout du monde. Si ses exploits dans le granit du Yosemite sont fascinants, la narration de la traversée intégrale du Fitz Roy, incursion d'un grimpeur dans un monde d'alpinistes et qui lui vaudra la reconnaissance ultime du Piolet d'Or, est réellement magique.
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Mallory & Irvine : À la recherche des fantômes..

L'Everest est l'Aventure par excellence, et l'ultime tentative d'ascension de Mallory et Irvine, probablement l'histoire de montagne la plus fascinante qui soit.

Depuis ce jour de juin 1924 en effet, le mystère demeure : les deux alpinistes ont-ils atteint le plus haut sommet du monde avant de disparaître avalés, dans son ventre, de roches et de glaciers, monumental ?

La découverte du corps de Mallory en 1999, jette un éclairage nouveau sur ce mythe des temps modernes, mais elle n'a pas levé le voile, au contraire, certains éléments contribuant à épaissir le mystère.

Quel sens donner à la lettre trouvée contre le torse de Mallory?

Quid de l'absence de photo de sa femme dont il déclarait vouloir déposer un portrait au sommet?

Et surtout, où est donc le fameux kodak vest pocket de l'alpiniste, pourquoi n'a t-il pas été retrouvé sur sa dépouille, et que peut-il bien receler?



Le traitement médiatique de cette découverte est sans doute critiquable, et le débat éthique qui l'a accompagnée, légitime. Ce livre n'en est pas moins passionnant.
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Annapurna, une affaire de cordée

David Roberts revient sur la polémique liée à l’ascension de l'Annapurna en 1950 (premier 8000 !) par Herzog, Lachenal, Rebuffat, Terray...

L'auteur a fait de nombreuses recherches et a comparé les récits des différents alpinistes présents au sein de l’expédition, notamment le célèbre Annapurna, premiers 8000 écrit par Herzog dès son retour en France.



Alors qu 'Herzog devient un héros, les autres sont plus ou moins oubliés. David Roberts tente de comprendre ce qu'il s'est réellement passé pendant l'expédition himalayenne mais aussi à leur retour. Il revient sur la vie, la personnalité et l'expérience de chacun des protagonistes et fait en filigrane de merveilleux portraits de Lachenal, Rebuffat et Terray.



Un travail de recherche impressionnant d'un amoureux de la montagne et de l'histoire de l'alpinisme.
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Annapurna, une affaire de cordée

1950, une année décisive dans le domaine de l’alpinisme. Le premier sommet de plus de 8000 mètres est vaincu, par une cordée française, menée par son charismatique chef d’expédition, Maurice Herzog.



Après une étonnante hésitation, c’est sur l’Annapurna que se porte le choix de l’assaut, car en effet, élément surprenant, l’équipe a hésité entre l’Annapurna et ses 8091 mètres, et le Dhaulagiri, et ses 8167 mètres. Et le choix ne se fit qu’après divers tâtonnements.



L’Annapurna est le 10ème plus haut sommet du monde, mais reste à ce jour le plus dangereux de l’Himalaya, environ un mort pour deux ascensions réussies, et pour comparaison ces chiffres se portent à un pour quatre sur le K2 et un pour 9 sur l’Everest.



L’expédition de 1950 est de fait extrêmement médiatisée. Les droits pour photos et récits sont vendus à prix d’or aux magazines, et un seul récit sera admis, et cela sous contrat, pour une durée de cinq ans. Ce récit c’est celui du chef d’expédition, Maurice Herzog, afin qu’aucunes voix discordantes ne viennent enrayer une histoire qui doit entrer dans la légende.



Mais la victoire, comme pour toutes expéditions de cette envergure, n’était pas acquise.



Dans son équipe, Herzog compte des grimpeurs parmi les plus prestigieux. Un tandem qui avait déjà fait ses preuves, sur la célèbre face nord de l’Eiger par exemple, Lionel Terray et Louis Lachenal, tout deux guides à Chamonix, Gaston Rebuffat, le célèbre grimpeur marseillais, mais aussi d’autres que l’histoire à moins retenu, comme Jean Couzy, Marcel Schatz, Jacques Oudot et Francis de Noyelle.



David Roberts est américain, alpiniste et journaliste, passionné depuis son plus jeune âge par ces hommes de légende, dont il rêve adolescent de se faire remarquer.



Il s’étonne. Si la majorité des français connaissent Maurice Herzog pour sa grande première sur l’Annapurna, peu sont capables de citer ne serait-ce que le nom du second pionnier du premier 8000 foulé par l’homme, Louis Lachenal, et encore moins sont ceux capables de citer les membres clés de l’expédition de sauvetage héroïque qui fut entreprise par Lionel Terray et Gaston Rebuffat pour permettre à leurs deux compagnons de revenir vivants.



Sans nul doute, la carrière politique de Maurice Herzog, ministre des sports et de la jeunesse, allait peser lourd sans sa notoriété. Mais peut-être pas autant que son livre, véritable best seller, « Annapurna, premier 8000 » qui allait s’écouler à des milliers d’exemplaires, un tirage qui, si on mettait les livres les uns sur les autres, dépasserait la hauteur de l’Annapurna à en croire son auteur !



Un livre effectivement incroyable, qui narre la conquête d’un extrême qui semblait interdit à l’homme, et qui fut réalisée grâce à l’héroïsme et la fraternité d’une cordée de compagnons soudés contre le déchaînement des forces de la Nature. Cette thématique romantique par excellence allait permettre au livre de dépasser largement le cercle restreint des amateurs de littérature d’alpinisme.



C’est la fierté nationale de la France qui vibrait réellement au claquement muet du drapeau tricolore accroché à un piolet, que Herzog arbore, victorieux, sur une photo qui allait faire le tour du monde.



Nul doute qu’en 1950, une telle victoire était plus qu’attendue pour faire renaître de ses cendres la dignité nationale ternie par des années de collaboration et de guerre. Le partenariat politique entre de Gaulle et Herzog symbolisait précisément l’affirmation d’un pays indépendant et fort.



Alors pourquoi tant d’ombres et de malaises dans le milieu de l’alpinisme autour de cette victoire ?



Face à un Herzog triomphal, Lachenal disparaît relativement de la scène médiatique. Las et presque écoeuré de la gestion publicitaire de cette ascension, qui lui couta à lui, comme à Herzog, doigts et orteils, des suites de gelures …et diminuaient de fait leurs incroyables aptitudes sportives…



Que c’est-il passé sur le toit de l’Annapurna ?



Une polémique existe depuis des années sur cette victoire.



Fasciné par ces personnages, David Roberts mène l’enquête, et retrace la vie, les exploits et les désillusions de cette cordée d’exception.

Que Louis Lachenal n’était pas prêt à sacrifier ses pieds pour le sommet, et qu’il ait mal vécu cette marche forcée est un fait désormais établit.



Mais était-il prêt à accepter de mentir sur leur victoire en jouant le jeu des photos triomphales afin qu’un Herzog exalté accepte de faire demi-tour ?



C’est la théorie de certains.



C’est même celle relayée par Félicité Herzog, la propre fille de Maurice Herzog, dans un livre poignant écrit sur son père, « Un héros », paru quelques mois avant la mort de celui-ci.



Pour d’autres, Herzog et Lachenal étaient de taille à réussir un tel exploit, et en payèrent le prix élevé qui allait avec.



David Roberts retrace ces scènes incroyables, où Herzog et Lachenal se font amputer leurs orteils à même le wagon indien qui les ramène à Dehli où un avion les attend, ou encore lorsqu’il dépeint la stupeur qui saisit les médecins en France lorsqu’ils enlevèrent les bandages de fortunes qui maintenaient les pieds de Herzog, et en virent jaillir des asticots de la tailles de « crayons » se gavant des chairs mortes…



Aucun doute n’est permis sur la force et l’endurance de ces hommes.



Nul doute non plus sur les enjeux d’avantage politiques que sportifs qui divisèrent sans doute la cordée idyllique dépeinte par Herzog. Seul Lionel Terray allait continuer sa carrière – et quelle carrière ! – d’alpiniste.



Pour conclure, cet ouvrage est fascinant, car traite de tous les sujets propres à la nature humaine ; l’amitié , la rancune, la force, la faiblesse, l’intégrité et la politique…mais dans ce cadre de la démesure, qui pousse l’homme à se hisser jusqu’à un sommet sur ses pieds gelés… Est-ce que Lachenal et Herzog auraient dû faire demi tour avant d’en arriver là ? C’est sans doute la grande question qui anime et animera toujours les pensées de chaque alpinistes lorsqu’ils se retrouvent seul face à la terrible question qui fût posée au guerrier Achille par les dieux eux-mêmes.


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Annapurna, une affaire de cordée

Ce livre est passionnant. Il a pour objet de confronter les témoignages des quatre principaux grimpeurs français ayant réussi l'ascension de l'Annapurna en juin 1950.



En effet, pendant longtemps, seul le best-seller "Annapurna" de Maurice Herzog fut connu du grand public. Ce n'est que longtemps après que la version des autres grimpeurs, Lachenal, Terray et Rébuffat, sera connue.



Il y a donc deux récits dans ce livre : le récit incroyable, extraordinaire de l'Ascension de l'Annapurna où ils risquèrent la mort à plusieurs reprises. Et le récit qui s'apparente à une enquête policière, voulant découvrir en quoi la version "officielle" de cette ascension diffère de celles écrites par les autres protagonistes.



L'auteur, David Roberts, veut malheureusement en faire à tout prix un règlement de compte, un livre à charge contre Herzog qui avait été désigné chef de l'expédition. Cette obsession nuit à l'objectivité du récit et elle est bien inutile, car le récit lui-même est palpitant !



Je retiens pourtant deux accusations importantes : subventionnée par le Comité de l'Himalaya, dont le président est Devies, un ami gaulliste de Herzog, les 3 autres participants, guides de montagnes, doivent jurer obéissance à leur chef d'expédition. Une pratique inconnue qui a beaucoup choqué. Pire, le lendemain sur le tarmac devant l'avion, Herzog leur fait signer à tous les trois un "contrat" leur interdisant pendant 5 ans d'écrire ou de publier ou d'intervenir publiquement sur l'expédition à leur retour ! Cette exigence déplacée a été très mal vécue par les trois autres. D'autant plus que, financièrement, gagnant leur vie grâce à la montagne, ces trois guides n'allaient rien gagner pendant les mois de l'expédition himalayenne.



Pour les autres griefs, entre autres les coupes que Herzog et Devies font dans le journal de Lachenal avant de l'éditer (Lachenal étant décédé en 1955, et Herzog étant devenu le tuteur de la famille) , je trouve que l'auteur fait "monter la mayonnaise" comme on dit pour pas grand-chose.



Bref, un livre passionnant, à lire pour le récit détaillé, à 4 voix, de l'Ascension de l'Annapurna mais sans accorder trop d'importance aux soi-disant "accusations" de l'auteur. Il faut se rappeler qu'en 1950, ces grimpeurs ne disposaient ni de cartes de terrain, ni de bouteilles d'oxygène (ils les ont refusées), ni de souliers adaptés (d'où les engelures et pertes d'orteils), ceux-ci étaient encore de simples souliers de montagne en cuir, ni de médicaments adaptés pour la montagne ou contre les engelures – ce qu'ils ont accompli est un véritable exploit !







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Annapurna, une affaire de cordée

L' Himalaya , mythe des sommets les plus hauts .

Conquête de l' altitude, mais aussi conquête de la reconnaissance, de l' orgueil et de la médiatisation pour certains .

Le côté sombre est ici évoqué par David Roberts avec ce livre édité en 2000 par les éditions Guérin, spécialisées en ouvrages de Montagne.

Est ce qu'un seul alpiniste doit profiter du succès et tirer seul le profit d' un exploit qui ne peut être que collectif ?

Maurice Herzog a-t-il sciemment oublié ses compagnons dans l'exposition au Monde qui a suivi l' exploit de la cordée engagée vers le sommet et a-t-il seul profité de la victoire sur ce 1er 8000 ?

Roberts pose la question et développe les réponses.

Il faut avoir lu auparavant " Annapurna, premier 8000 " de Maurice Herzog et se forger une opinion avec cet ouvrage de Roberts qui vient nous éclairer .

La montagne est grande et demeurera grande mais que les hommes sont petits parfois avec leurs vilains défauts qui viennent gâcher le paysage !
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Annapurna, une affaire de cordée

Très belle enquête qui donne des clefs de compréhension pour beaucoup d'expéditions de cette époque.



Lecture très agréable.
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Nous étions libre comme le vent

Le récit des dernières luttes apaches , des derniers résistants indiens , des derniers hommes libres Nord Americains. Un récit sans complaisance , mais poignant , émouvant , dont pour tomber dans les clichés " on ne ressort pas indemne"
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Annapurna, une affaire de cordée

David roberts s'est basé sur divers ouvrages abordant la question de la première ascension de la de l'Annapurna en 1950. Principalement : Annapurna premier 8000 de Herzog, le récit de Louis Lachenal non censuré, et conquérant de l'inutile de Lionel Terray. EN plus des livres, il s'entretiendra avec divers acteurs de l'époque, alpinistes et proches de l'équipe.



Il constate et analyse les différences nombreuses entre les récits et tente d'en tirer la "vérité". Se pose alors la question de savoir si un récit d'aventure, de voyage, se doit de rester neutre et de ne pas enjoliver la vérité. Eternel débat qui ne sera jamais clos. C'est d'ailleurs, si cela vous intéresse, la question que se posait Sylvain Tesson dans son livre l'axe du loup.



Mais l'objet principale du livre est de déboulonner une idole : celle d'Herzog et David Roberts le fait bien, à la suite de nombreux articles de journaux, et même d'un livre écrit par ça fille, mais après le livre de Roberts.

On le sait donc maintenant, Herzog n'était pas une personne particulièrement sympathique, pour ne pas dire plus...



Au fil du livre, les polémiques se suivent et se ressemblent que se soit entre les membres de l'équipes ou les journalistes spécialisés montagnes et cela finis par lasser ferme. Au final le milieux montagnard n'en ressort pas grandit. On comprend que s'élever sur les plus hautes cimes n'est pas forcément s'élever humainement.

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Annapurna, une affaire de cordée

Comme tous les livres traitant de ce sujet j'ai adoré,
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