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Citations de David Simon (42)


"il était vivant quand on est arrivés, leurs avait dit le premier officier sur les lieux
-Ah ouais ? avait fait Coleman, plein d'espoir.
-Ouais. On lui a demandé qui lui a tiré dessus.
-Et ?
-Il a dit : "Plutôt crever".
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Pour les quartiers noirs déshérités de Baltimore, la présence de la fine fleur des gardiens de la paix ne fut, pendant des générations, qu'un fléau parmi d'autres : la pauvreté, l'ignorance, le désespoir, la police.
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Peut-être la seule personne à Baltimore susceptible de s'intéresser vraiment à l'affaire est-elle sur un brancard en partance pour la morgue. Plus tard dans la matinée, devant la porte d'un frigo en face de la salle d'autopsie, le frère de Rudy Newsome identifiera le corps mais après ça, la famille du jeune homme n'aura pas grand-chose à offrir. Le journal du matin n'imprimera pas une ligne sur le meurtre. Le quartier, s'il reste quelque chose qui ressemble vaguement à un quartier dans les alentours de Gold et d'Etting, passera à autre chose. West Baltimore, patrie où l'homicide est une simple broutille.
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Un cinglé. On lui file un flingue, un insigne et des galons de sergent, et on le lâche dans les rues de Baltimore, une ville qui a plus que son content de violence, de saleté et de désespoir.
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Un témoin ment pour protéger ses amis et ses parents, même ceux qui ont versé le sang gratuitement. Il ment pour nier ses rapports avec la drogue. Il ment pour cacher le fait qu'il a déjà été arrêté, qu'il est secrètement homosexuel, ou même qu'il connaissait la victime. Avant tout, il ment pour se distancier du meurtre et la possibilité de devoir un jour témoigner devant la cour. A Baltimore, quand un flic vous demande ce que vous avez vu, la réponse de rigueur, un réflexe involontaire ancré dans la population urbaine depuis des générations, sort machinalement avec un lent signe de dénégation et un regard entendu :
" J'ai rien vu.
- Vous étiez juste à côté du type.
- J'ai rien vu."
Tout le monde ment.
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La gravité fécale. Définition parfaite de la hiérarchie.
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Un inspecteur de Baltimore mène de front neuf ou dix enquêtes pour homicide par an à titre d'enquêteur principal et une demi-douzaine supplémentaire à titre d'inspecteur en second, bien que les directives du FBI suggèent une charge de travail moitié moins importante.
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Un pays armé jusqu'aux dents, enclin à la violence, trouve qu'il est parfaitement raisonnable de munir ses forces de l'ordre d'armes et de l'autorité d'en faire usage. Aux Etats-Unis, seul un flic a le droit de tuer à l'aune de son jugement et de son initiative personnelle. A cette fin, Scotty McCown et trois mille autres hommes et femmes étaient déployés dans les rues de Baltimore avec un Smith & Wesson calibre.38, pour lequel ils recevaient une formation au tir de quelques semaines et un passage annuel au stand de tir de la police. On considère que cette formation, alliée au bon jugement de chaque officier, constitue un savoir suffisant pour prendre la bonne décision à tous les coups.
C'est un mensonge.
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C'est l'illusion de larmes et rien d'autres, l'eau de pluie qui s'amasse en petites perles et coule dans les creux de son visage. Les yeux marron foncé sont grands ouverts, ils fixent le trottoir mouillé ; des tresses noires d'encre encadrent la peau d'un brun profond, les pommettes hautes et un petit nez coquin, retroussé. Les lèvres sont entrouvertes, dans une moue presque imperceptible. Elle est belle, même maintenant.
Elle est allongée sur le côté gauche, la tête inclinée, le dos cambré, une jambe repliée sur l'autre. Son bras droit est posé au-dessus de sa tête, son bras gauche est déplié, et ses petits doigts fins se tendent sur l'asphalte comme pour attraper quelque chose, ou quelqu'un, qui n'est plus là.
(...)
Elle a 11 ans.
Chez les inspecteurs et les simples flics attroupés autour du corps de Latonya Kim Wallace, pas de plaisanteries faciles, pas d'échanges de blagues grasses, pas d'indifférence blasée.
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" Qui c'est qui cogne à ma porte à une heure pareille ?
- Madame Thompson ?
- Ouais.
- Police.
- Nan ? "
Bon sang, pense Pellegrini : à part ça, qu'est ce qu'un Blanc en trench-coat pourrait bien foutre sur Gold Street après minuit ?
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T'arrives à le croire, qu'un petit merdeux comme ça arrive à rester en cavale pendant si longtemps ? déclare McLarney, revenant d'une nouvelle opération chou blanc sur une cachette de Milligan. Tu tues un mec, bon, ça passe, ajoute le sergent en haussant les épaules. Tu tues un autre mec - bon, d'accord, on est à Baltimore. Tu descends trois types, il est temps de reconnaitre que t'as un problème.
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« Eddie Brown n’en revient pas.
-Z’avez vu la taille de ce monstre ?
-Bah, fait Ceruti, j’en ai vu bien assez.
-Ça fait longtemps que je suis dans cette ville, dit Brown en secouant la tête, et j’ai jamais, jamais vu un rat faire reculer un chat comme ça.
Mais ce soir-là, dans cette ruelle, derrière cette rangée irrégulière de bicoques sur Newington Avenue, l’ordre de la nature a été vaincu. Les rats courent après les chats, on fourgue des sachets plastifiés d’héroïne à des inspecteurs de police, on utilise des écolières pour le plaisir d’un instant, puis on les étripe et on les jette.
-J’en ai plein le cul, de ce quartier, fait Eddie Brown en remontant dans la Chevrolet ».
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Fat Curt est dans le corner.
Il s’appuie sur la canne en aluminium que lui a fournie l’hôpital, courbé sous le poids de son business sans fin : assurer sa survie. Ses mains épaisses, criblées de trous d’aiguille, ne verront plus jamais le fond d’une poche ; ses avant-bras sont en cuir, enflés ; ses jambes boursouflées semblent coulées dans le béton. Et pourtant ces membres obèses convergent vers un torse décharné : au cœur de l’homme, Fat Curt n’a plus rien de gras
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Je baignais dans l'enquête sur les meurtres, envisagée comme un travail à la chaîne, une industrie en plein essor pour une Amérique gagnée par la rouille, qui avait depuis longtemps cessé de produire grand-chose en gros, si ce n'est le malheur.
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"Il a l'air coopératif.
- tu trouves ?
- ouais. Jusque-là
- moi je trouve qu'il est trop coopératif. Je crois que cet enfoiré nous pisse dessus et qu'il essaie de nous faire croire qu'il pleut"
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"Ivrognes, toxicos, dealers, prostituée... La naissance, la pauvreté, la mort violente, puis un enterrement anonyme dans la gadoue de Mount Zion. Dans la vie, la ville n'avait pu trouver aucun but pour ces âmes à la dérive; dans la mort, elle les avait perdues tout à fait."
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On est à Baltimore mon chou...Attention aux balles!!!
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Les meilleurs romans de Dashiell Hammett et Agatha Christie font valoir que, pour traquer un assassin, il faut d'abord établir le mobile; sur l'Orient Express, peut-être, mais à Baltimore, connaître le mobile peut être intéressant, voire utile, mais c'est souvent hors sujet. On s'en fout du pourquoi, vous dira un inspecteur; découvrez le comment, et neuf fois sur dix vous aurez le qui.
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A ceux qui déplorent le manque de moyens et de personnel éducatif de ce pays, on peut asséner cette réalité antagoniste mais tout aussi tragique : l'école ne sauve plus. (...) Le système éducatif n'ose pas s'attaquer au cœur du problème : les élèves viennent désormais d'un monde à part. (...) Les administrations et les bureaucrates ont camouflé leurs échecs pendant des décennies, à grand renfort de méthodes éducatives de pointe, de programmes scolaires remaniés et de terminologies à la mode, comme si changer d'approche ou de technique pouvait changer la donne. Retour aux fondamentaux, écoles alternatives, privatisation, pôles d'excellence, lycées expérimentaux - on offre des slogans plutôt que des efforts significatifs, comme si le Titanic avait pu regagner le port de New York s'il avait été équipé de meilleures chaises longues. (...) Le système éducatif joue avec les chiffres exactement comme le fait le département de la police ; une administration qui cherche inlassablement une réponse proportionnelle à un problème totalement disproportionné.
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On a mené une guerre contre la drogue dans un trou noir économique et social, jusqu'à ce que le désespoir et la rage poussent les damnés de nos villes à ne plus se battre que pour le désir humain et le profit, contre lesquels personne n'a jamais pu trouver une arme efficace.
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