La communauté du prix Orange du livre a récompensé "Un silence de clairière", de David Thomas (Albin Michel), roman choisi parmi une sélection de 6 ouvrages découlant d'une pré-sélection de 35 livres.
Puis elle eut cette phrase : " Je serai toujours dans le camp des femmes."
Si j'avais été armé ce jour-là, je crois que j'aurais calmement sorti mon revolver de ma poche, et je le lui aurais tendu. Mais je n'étais pas armé, et, comme un éternuement que l'on ne peut contenir, je me suis entendu dire : " En amour, il n'y a pas de camp, il n'y a que des infirmeries."
- Je serai toujours dans le camp des femmes.
...
- En amour, il n'y a pas de camp, il n'y a que des infirmeries.
J’ai perdu ma femme parce que j’ai perdu ma libido. J’ai perdu ma maison parce qu’elle était au nom de ma femme et qu’elle m’a foutu dehors. J’ai perdu dix ans de ma vie parce que j’aurais jamais dû épouser cette salope. J’ai perdu mon boulot parce que j’ai perdu ma femme et ma maison et que je devenais complètement chèvre. J’ai perdu ma voiture parce que j’ai perdu mon boulot et que j’avais besoin d’argent. J’ai perdu mes papiers parce que j’ai pris une énorme cuite et que je ne sais plus ce que j’ai fait. Et j’ai perdu les derniers billets qui me restaient parce que j’ai joué au PMU. J’ai misé sur un outsider, Où va-t-il il s’appelait, il était à vingt-sept contre un, j’aurais pu me refaire et repartir du bon pied, mais bon, il a perdu, ce con.
Je sais qu’elle m’a aimé mais qu’elle ne m’aimera jamais plus. Je n’en souffre pas. J’accepte son absence comme quelque chose d’irrémédiable. Je n’attends rien, je ne souhaite que de me retrouver seul sans son image floue. Je trouve cela long, si long qu’il m’arrive d’en désespérer. Alors, parfois, pour me rassurer et parce que je refuse de me battre inutilement contre ce qui me dépasse, je songe à ces buffles dans ces plaines africaines qui, lorsque l’orage s’abat sur la savane, se maintiennent solidement sur leurs quatre pattes, baissent la tête et attendent, immobiles, que cesse la pluie.
Slip
Tu sais quoi ? Je crois qu'il va falloir inventer une façon plus sexy de mettre son slip. Parce que de te voir tous les matins plié en deux, les bras qui pendouillent et les jambes qui visent le trou, franchement, ça va pas. Ça colle pas avec ton image d'homme élégant. Ça casse quelque chose. Alors, je sais pas, débrouille-toi comme tu veux ,mais trouve une autre façon d'enfiler ton slip.
Croire,tu vois, ce n'est rien d'autre que ça. C'est avoir tout contre toi et miser quand même. C'est oser tordre le destin.
Je me demande souvent qui mène la danse. Si c'est ma vie qui fait de moi ce que je suis ou si c'est moi qui fait de ma vie ce qu'elle est.
Un paysage, tu peux te raconter tout ce que tu veux, ça bluffe pas. Quand c'est beau, c'est beau, quand c'est moche, c'est moche. Un paysage, ça parle pas c'est brut, ça se présente et tu ressens ou tu ressens pas. Eh ben, les hommes, je les prends comme ça.
Trois fois par semaine je vais prendre ma femme dans le centre-ville en rentrant du boulot. Elle sort plus tôt que moi et elle en profite toujours pour voir ses copines ou faire des courses. Ma femme n'est jamais arrivée une seule fois à l'heure à ces rendez-vous. A chaque fois, elle me fait poireauter entre dix et quinze minutes. J'ai fait le calcul, depuis que nous sommes ensemble, j'ai attendu ma femme 16 224 minutes. Un soir je suis arrivé au rendez-vous pile à l'heure, comme à l'habitue, et comme c'était à prévoir, elle n'était pas là. Alors je suis parti. Je suis rentré onze jours, six heures et vingt-quatre minutes plus tard. On est quittes.
Ne me retire pas l'idée, aussi incertaine soit-elle, que s'aventurer est toujours plus vivifiant que se contenir, que ce qui s'élance a plus de grâce que ce qui se ramasse. Un jour qui se lève, aussi merdique soit-il, même en novembre, même par temps de pluie, est toujours plus prometteur qu'un soir de juin qui a tout dit.